...Du mystère...
Elizabeth s’ennuie au lycée. Sur les conseils de son professeur
préféré, elle se présente pour un emploi de bibliothécaire. Après un
entretien étrange, la voilà engagée. Or, elle s’aperçoit que le Dépôt
n’est pas une bibliothèque ordinaire : aucun livre à l’horizon,
uniquement des objets Mais surtout plane un mystère autour d’une
collection située au sous-sol : la mystérieuse Collection Grimm. Elle
abrite des objets de contes de fées, comme les bottes de sept lieues ou
le miroir magique de la belle-mère de Blanche-Neige…
...De la magie...
Curieusement une paire de bottes disparaît et réapparaît, des objets
semblent animés d’une vie propre… Les objets seraient-ils magiques?
Mais ce n’est pas tout : les gens peuvent les louer, à leurs risques et
périls. Car la magie est parfois dangereuse, et le genre de caution que
doit laisser l’emprunter est assez insolite …
Une enquête en territoire magique, des éléments de contes merveilleux
remis au goût du jour, pour un récit d’aventure fantastique et
intriguant.
***
Enfin! Enfin, ce roman voit le jour dans l'hexagone! Bien avant que la mode des contes de fée ne revienne sur le devant de la scène culturelle, alors que j'avais déjà un grand intérêt pour cette mouvance, j'avais repéré ce livre de Polly Shulman dès sa sortie aux États-Unis. Publié en 2010 sous le titre The Grimm Legacy, le résumé de ce livre avait de suite titillé mon imagination et j'envisageai déjà l'achat de l'édition VO afin de le découvrir avant tout le monde (désolé, orgueil de lecteur compulsif) dans la crainte qu'il ne soit jamais traduit.
Puis finalement, les éditions Bayard m'ont coiffé au poteau. Bien que la couverture et le titre soient différents, j'ai de suite reconnu le roman dès sa sortie française et me suis jeté dessus avec l'énergie du lecteur affamé!
Dans les quartiers historiques autour d'un Central Park enneigé, nous faisons connaissance avec la jeune Elizabeth Rew. Élève brillante mais solitaire, la jeune fille mène un quotidien bien triste aux côté d'un père absent, d'une belle-mère superficielle qui l'ignore, et de deux demi-sœurs caractérielles. Affrontant cependant chaque nouvelle journée avec entrain et énergie, elle laisse le hasard la conduire jusqu'au Dépôt des Objets trouvés empruntables de la ville de New-York (New York Material Repository), où son jovial professeur d'Histoire lui décroche un job étudiant. Cet ancien bâtiment historique à l'architecture ensorcelante s'organise comme une gigantesque Bibliothèque, dont le fonctionnement tient autant du musée que du service de location et propose le prêt d'objets usuels de toutes sortes moyennant finances. Mené par le mystérieux et extravagant (mais non moins sympathique) Dr Rust et ses magasiniers hauts en couleurs, le Dépôt ne tarde pas à révéler des collections moins communes que de simples vêtements ou ustensiles de cuisines... Toute une aile du bâtiment abrite en réalité la collection Grimm, du nom des célèbres conteurs, et rassemble les objets clefs qui auraient inspiré leurs histoires. Bientôt mise dans la confidence, Elizabeth ne tarde pas à découvrir que ces objets -Miroirs, Bottes, plumes ou encore clefs- sont réellement magiques, et donc à manier avec précaution. D'ailleurs, les rares personnes dans le secret ne peuvent les emprunter sans laisser en caution des possessions bien plus précieuses que de la simple monnaie : promettre son âme, son futur premier né ou encore son sens de l'orientation, tel est le prix à payer pour remporter un peu de magie avec soi. Alors forcément, quand des magasiniers disparaissent et que certains objets de la collection sont remplacés par des faux, tout se complique...
Qu'en dire? Un mot suffit : Un enchantement. L'atmosphère dans laquelle nous plonge Polly Shulman est le premier point fort de ce livre : d'une plume fluide, elle nous plonge dans les quartiers historiques d'un New York enneigé et confiné, ses bâtiments de briques rouges longeant un Central Park figé dans le givre de Décembre qui vient étouffer l'agitation habituelle des rues. C'est avec talent que l'auteur fait se confronter ce monde urbain et l'univers lycéen (et encore, ce dernier étant exploité juste ce qu'il faut, évitant ainsi à l'histoire de se perdre dans les intrigues secondaires propres aux mauvais teen-movies) avec celui archaïque et secret des contes de fées. Si la magie se fait de plus en plus présente au fil de la lecture, elle ne tombe pas comme un cheveux sur la soupe et nous est amenée par petites touches, permettant au lecteur de s'introduire dans la part fantastique de l'histoire au même rythme que l'héroïne. Contrairement à d'autres romans se basant sur les contes de fées où ces derniers sont réellement très présents (à l'image du Pays des contes, chroniqué récemment), Poly Shulman y fait plutôt des clins d'oeil, des rappels de-ci de-là, ce qui rendent son roman plus digeste et crédible malgré son genre surnaturel. Elle enrichit la myhtologie alors instaurée de multiples références (littéraires avec des allusions à H.G.Wells, ou philosophiques avec des proverbes et citations bien trouvées) et idées originales (la meilleure étant la caution à laisser pour l'emprunt d'un objet magique, une "part" de soi-même qu'on laisse par enchantement dans un kuduo, une urne africaine ancienne).
Chaque nouveau chapitre est illustré d'une gravure d'un objet du Dépôt, accompagné de sa cote comme dactylographiée à la vieille machine à écrire. Cet élément, certes infime vient compléter à merveille l'atmosphère du lieu clef de l'histoire. Les descriptions du Dépôt d'Objets empruntables, splendide bâtisse de grès brun-rouge aux abords de Central Park, nous donnent envie de nous y perdre avec délice pour peu qu'on soit un amoureux des vieilles bibliothèques. On s'imagine sans peine les étagères chargées de bric à brac, l'odeur de poussière et ses particules en suspension dans l'éther, le grincement des chariots de retour d'emprunt et des monte-charges, ou encore le grésillement des néons fatigués et le sifflement du mécanisme à pneumatiques. J'ai particulièrement aimé la restitution de cet univers, qui m'a replongé dans mes souvenirs d'enfance, à l'époque où je fréquentais activement une bibliothèque de ce type (nous dirons "à l'ancienne") qui avait été aménagée dans l'aile d'une cathédrale médiévale.
Les personnages sont tous très attachants et très bien décrits, Elizabeth en tête. Drôle (parfois malgré elle) et spontanée, son charme discret et sa personnalité volontaire mais un peu étourdie la rendent d'autant plus ordinaire qu'on se reconnait merveilleusement bien en elle. Elle m'a ainsi fortement rappelé la Rory de la saga Hantée (Shades of London), de même que ce roman y fait penser dans son intégralité : on y retrouve la même confrontation entre les mondes urbain et adolescent à celui plus archaïque d'une magie souterraine et secrète, racontée avec la même fluidité et que j'ai lu avec le même plaisir. Les personnages secondaires sont introduits et décrits avec une qualité équivalente, offrant une gallerie de portraits diverse et variée où tout le monde, même le plus insignifiant des protagonistes, saura nous surprendre et aura son rôle à jouer.
On referme ce livre à regret, mais rassuré à l'idée qu'une suite, basée cette fois sur la "collection H.G.Wells", est déjà sortie Outre-Atlantique...(édit : et en France! Retrouvez ma chronique ICI)
En bref: Un roman des plus agréables qu'on lit avec délice. L'auteur dépeint des personnages attachants et nous plonge dans un univers où elle mêle avec brio la magie sourde et profonde héritée des contes au monde contemporain et adolescent que nous connaissons. Un régal, autant pour un pré-adolescent à l'aise en lecture que pour le lecteur young adult confirmé.
Pour aller plus loin...
Trailer officiel du livre.
Qu'en dire? Un mot suffit : Un enchantement. L'atmosphère dans laquelle nous plonge Polly Shulman est le premier point fort de ce livre : d'une plume fluide, elle nous plonge dans les quartiers historiques d'un New York enneigé et confiné, ses bâtiments de briques rouges longeant un Central Park figé dans le givre de Décembre qui vient étouffer l'agitation habituelle des rues. C'est avec talent que l'auteur fait se confronter ce monde urbain et l'univers lycéen (et encore, ce dernier étant exploité juste ce qu'il faut, évitant ainsi à l'histoire de se perdre dans les intrigues secondaires propres aux mauvais teen-movies) avec celui archaïque et secret des contes de fées. Si la magie se fait de plus en plus présente au fil de la lecture, elle ne tombe pas comme un cheveux sur la soupe et nous est amenée par petites touches, permettant au lecteur de s'introduire dans la part fantastique de l'histoire au même rythme que l'héroïne. Contrairement à d'autres romans se basant sur les contes de fées où ces derniers sont réellement très présents (à l'image du Pays des contes, chroniqué récemment), Poly Shulman y fait plutôt des clins d'oeil, des rappels de-ci de-là, ce qui rendent son roman plus digeste et crédible malgré son genre surnaturel. Elle enrichit la myhtologie alors instaurée de multiples références (littéraires avec des allusions à H.G.Wells, ou philosophiques avec des proverbes et citations bien trouvées) et idées originales (la meilleure étant la caution à laisser pour l'emprunt d'un objet magique, une "part" de soi-même qu'on laisse par enchantement dans un kuduo, une urne africaine ancienne).
Le Dépôt : un bâtiment de grès rouge aux abords de Central Park...
Lorsque les vitraux Tiffany éclairent les rangées d'objets, caisse et tiroirs à fiches d'emprunt...
Toute l’atmosphère du Dépôt est là!
Les personnages sont tous très attachants et très bien décrits, Elizabeth en tête. Drôle (parfois malgré elle) et spontanée, son charme discret et sa personnalité volontaire mais un peu étourdie la rendent d'autant plus ordinaire qu'on se reconnait merveilleusement bien en elle. Elle m'a ainsi fortement rappelé la Rory de la saga Hantée (Shades of London), de même que ce roman y fait penser dans son intégralité : on y retrouve la même confrontation entre les mondes urbain et adolescent à celui plus archaïque d'une magie souterraine et secrète, racontée avec la même fluidité et que j'ai lu avec le même plaisir. Les personnages secondaires sont introduits et décrits avec une qualité équivalente, offrant une gallerie de portraits diverse et variée où tout le monde, même le plus insignifiant des protagonistes, saura nous surprendre et aura son rôle à jouer.
On referme ce livre à regret, mais rassuré à l'idée qu'une suite, basée cette fois sur la "collection H.G.Wells", est déjà sortie Outre-Atlantique...(édit : et en France! Retrouvez ma chronique ICI)
En bref: Un roman des plus agréables qu'on lit avec délice. L'auteur dépeint des personnages attachants et nous plonge dans un univers où elle mêle avec brio la magie sourde et profonde héritée des contes au monde contemporain et adolescent que nous connaissons. Un régal, autant pour un pré-adolescent à l'aise en lecture que pour le lecteur young adult confirmé.
Pour aller plus loin...