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lundi 31 octobre 2016

Happy Halloween from the rabbit hole : "the phantome of the Opera is here...!"


  Le jour est arrivé! Pas de pommes empoisonnée ni de balais cette année, mais un invité de taille pour mettre l'ambiance dans mon terrier : puisque le fantôme de l'Opéra a boudé le théâtre Mogador où je devais allé le voir, j'ai décidé de l'invoquer chez moi. Oui, carrément! Et il a répondu présent, cette fois!


 "Le fantôme de l'Opéra a existé. J'avais été frappé dès l'abord que je commençai à compulser les archives de l'Académie nationale de musique par la coïncidence surprenante des phénomènes attribués au fantôme et du plus mystérieux, du plus fantastique des drames, et je devais bientôt être conduit à cette idée que l'on pourrait peut-être rationnellement expliquer celui-ci par celui-là."


  Entre les archives de la presse (le grand lustre de l'Opéra subitement décroché du plafond pour s'abattre sur le fauteuil numéro 13!) et l'affiche du Faust donné à cette époque en représentation, git le célèbre luminaire (qui a bien pris la poussière depuis toutes ces années...). Un ancien daguerréotype de Christine Daaé, la jeune cantatrice convoitée par le fantôme, nous rappelle à son humble souvenir, et l'on n'ose jeter un œil à travers ces anciennes lunettes de théâtre, de peur d'assister comme par magie à quelques sombres scènes issues du passé. Du fantôme ne reste plus qu'un masque, un costume, et une partition de son grand chef-d’œuvre Le Don Juan Triomphant, oublié de tous. A moins qu'un disque de cire enregistré n'ait survécu aux années...?


   Une ambiance qui, j'espère, compensera la frustration jusqu'à la réouverture aux réservations du théâtre Mogador!


"Le fantôme de l’Opéra a existé. Ce ne fut point, comme on l’a cru longtemps, une inspiration d’artistes, une superstition de directeurs, la création falote des cervelles excitées de ces demoiselles du corps de ballet, de leurs mères, des ouvreuses, des employés du vestiaire et de la concierge. Oui, il a existé, en chair et en os, bien qu’il se donnât toutes les apparences d’un vrai fantôme, c’est-à-dire d’une ombre"

    En attendant, j'ai exhumé de ma dvdthèque les adaptations cinématographiques et télévisées du chef-d'oeuvre de Gaston Leroux, auxquelles il me manques les vieux classiques en noir & blanc, qu'il faudra que je dégotte aussi! J'y ai ajouté le fraîchement acquis Love Never Dies, pour faire bonne mesure : la version filmée du Musical D'Andrew Llod Weber, et qui fait suite à son propre spectacle du Phantom of the Opera (l'histoire se déroule dix ans plus tard, dans un univers très "freaks & circus" =D ).


  Mais parce qu'il ne faut pas se limiter, j'ai aussi de quoi occuper mes soirées dans la veine "british" du challenge de cette année : Deux versions de Sweeney Todd pour comparer, le Mary Reilly de Frears pour faire suite à la lecture commune, ou encore l'excellente adaptation du Crime d'Halloween de la série Hercule Poirot avec David Suchet. En revanche, nous délaisserons la médiocre transposition de la Ligue des Gentlemen extraordinaires au profit de la série Penny Dreadfull, décidément plus stylée. Puis, pour rester encore un peu plus dans une ambiance londonienne, pourquoi ne pas s'offrir un petit visionnage de From Hell


  Enfin, tout cela, ce sera pour plus tard car ce soir, à l'heure où les monstres sortiront de leur tombe, je serai... au travail, à m'occuper de mes propres petits monstres. Mais on ne laisse pas de côté les coutumes d'Halloween, aussi je leur réserve une sélection de films thématiques qui leur sera adaptée ;).


  Du reste, pas de doute, au dehors, c'est Halloween aussi, et dans le paysage se glisse des anomalies et curiosités de saison. Allez, je partage avec vous ces quelques découvertes, mais attention, certaines sont surtout à mourir... de rire!


  Dans les commerces, on trouve de biens curieuses choses au rayon cuisine... pas de doute, Mrs Lovett est passée par là!


  Et au rayon fruits et légumes, les cucurbitacée du Dr. Jonquille de Fantômette, qui ont bénéficié de son engrais surnaturel, ont une bonne place au milieu des courges.


  Dans certains parcs d'attractions, des mises en scène morbides nous rappellent à quel point il est dur, pour nous autres passionnés de cuisine, de se débattre avec le film alimentaire transparent, et nous laisse imaginer dans quel état on pourrait un jour retrouver nos corps...

  
  Heureusement, après cette débauche d'anomalies, on peut se fier aux bons vieux cimetières pour des ballades effrayantes, dans la pure tradition : entre les tombes tordues et les caveaux séculaires, on trouve...




   ...hum... des talkies-walkies! Une façon novatrice de communiquer avec les morts peut-être?


  Heureusement, on peut s'en remettre à Mère Nature elle-même pour semer quelques clins d’œil horrifiques dans le paysage, et revêtir les arbres de leur costume d'halloween. A moins que ce soit une interprétation de notre pauvre cerveau d'humain? Assez impressionnant pour figurer au journal local tout de même...


***


  Pas de doute, en effet : c'est Halloween! Mais l'heure tourne. Car au terme d'une petite semaine de vacances, comme je le disais plus haut : je reprends le travail aujourd'hui... Alors je profite des ultimes heures de repos pour continuer les notes concernant les quelques dernières chroniques à publier cette semaine pour le challenge (attendez vous encore à deux ou trois romans de saison), en sirotant un Pumpkin Spice latte maison comme à Starbucks (merci les épiceries américaines en ligne pour dégoter le sirop adéquat =P) !



***

Sur cette note gourmande, je vous souhaite encore une fois un délicieux, effrayant et joyeux halloween, puis m'en vais prendre mon fiacre spécial pour rejoindre mon lieu de travail...


dimanche 30 octobre 2016

Gourmandise littéraire : Snapdragon


  Pas vraiment une gourmandise en fait, mais un jeu gourmand en tout cas, mis à l'honneur dans la littérature. Souvenez vous : au tout début du crime d'Halloween, Ariadne Oliver passe la soirée à une petite fête d'Halloween typique donnée à Woodley Commons, charmant bourg anglais. Tous les enfants, déguisés, s'amusent des attractions et défis organisés par la famille Drake et les bénévoles du village : jeu des pommes flottant dans leur bassine, jeu du gâteau de farine dissimulant un penny, jeu du miroir magique et... jeu du Snapdragon! Mais quel est-il, ce jeu? Sous les yeux méfiant d'Ariadne, les marmots se réunissent en cercle autour d'une vasque de raisins secs arrosés de brandy au-dessus desquels on craque une allumette : tandis que les flammes bleues lèchent les fruits sucrés, les enfants tentent d'en saisir et en manger le plus sans se bruler les doigts...ni la langue!


"Les restes du repas avaient disparu. Au milieu de la table recouverte de feutre, trônait un plat immense où une montagne de raisins secs flambait dans du cognac. On se pressa, se bousculant pour attraper le plus de fruits encore brûlants. Petit à petit, les flammes bleues disparurent et le plat vidé, les lumières furent rallumées. La soirée venait de prendre fin."

Agatha Christie, Le crime d'Halloween, chapitre 1.


  Cette pratique, peu connue en France, est un jeu traditionnel des fêtes britanniques, et plus particulièrement du soir de Noël (et parfois Halloween comme ici, ou aux Etats-Unis). Cette coutume particulièrement courue au XIXème siècle serait néanmoins plus ancienne : on en trouverait des traces dès l'époque élizabethaine et les hypothèses quant à son origine sont multiples (jeux inventés d'après la mythologie grecque, ou héritage de pratiques druidiques...). La tradition associait à travers ce jeu l'image de la gueule brulante d'un dragon contenant moult trésors et gourmandises... Alors pour se donner du courage, les participants chantait cette comptine tout en piochant les raisins brulants :
"Here he comes with flaming bowl,
Don't he mean to take his toll,
Snip! Snap! Dragon!
Take care you don't take too much,
Be not greedy in your clutch,
Snip! Snap! Dragon!
With his blue and lapping tongue
Many of you will be stung,
Snip! Snap! Dragon!
For he snaps at all that comes
Snatching at his feast of plums,
Snip! Snap! Dragon!
But Old Christmas makes him come,
Though he looks so fee! fa! fum!
Snip! Snap! Dragon!
Don't 'ee fear him but be bold —
Out he goes his flames are cold,
Snip! Snap! Dragon!"
 
  Les nombreux cas de brulure et blessures sont certainement à l'origine de la disparition de cette coutume, même si on la croise encore de temps à autres outre-Manche.

Ingrédients:

-200g de raisin sec,
-20 cl de Rhum, brandy ou cognac.

A vos tabliers!

-Faite chauffer l'alcool à faux doux dans une casserole.
-Pendant ce temps, verser les raisins secs dans un récipient posé sur un dessous-de-plat.
-Lorsque les participants sont prêts, les rassembler autour du récipient. Une fois l'alcool chaud, le verser sur les raisins puis y craquer dans la foulée une allumette pour les faire flamber.
-Eteindre la lumière et laisser les participants attraper et manger le plus de raisins possibles : le gagnant sera marié dans l'année ou pourra prétendre à une faveur auprès des maîtres de maison en récompense!

Alors, saurez-vous affronter le dragon?

 

Le crime d'Halloween - Agatha Christie

Hallowe'en Party, Collins Crime Club, 1969 - La fête du potiron (trad. de C.Duriveaux), Editions du Masques, 1971 - Le crime d'Halloween, Editions du masque, Editions Le livre de poche, 1999, puis nombreuses rééditions depuis.

   Le 31 octobre, les sorcières s'envolent sur leur manche à balai : c'est Halloween, la fête du potiron. À cette occasion, Mrs Drake a organisé une soirée pour les "plus de onze ans". Les enfants participent aux préparatifs, sous l’œil nonchalant de Mrs Oliver, qui croque son éternelle pomme. "Savez-vous que j'ai eu l'occasion d'assister à un vrai meurtre ?" se vante Joyce, une fillette à la langue bien pendue, devant la célèbre romancière. Tout le monde lui rit au nez : Joyce ne sait plus qu'inventer pour se rendre intéressante. La fête est un succès, et les enfants font un triomphe au jeu du Snapdragon qui clôt la réception. Tous les enfants ? C'est en rangeant la maison, après le départ des invités, qu'on découvre le cadavre de la petite Joyce dans la bibliothèque. Bouleversée, Mrs Oliver fait aussitôt appel à son ami, le grand Hercule Poirot. 

***

  Il était difficile de passer à côté de ce roman pour célébrer le thème anglais du challenge Halloween de Lou & Hilde, ce qui me permet tout en même temps d'inaugurer ici ma première chronique consacrée à Agatha Christie. Si je ne l'ai jamais évoquée ici, elle n'en reste pas moins une de mes auteures favorites. Je ne vous embêterai pas en vous la présentant, c'est tout à fait inutile (en tout cas je l'espère!) et m'attarderai plutôt sur le titre qui nous occupe...


" Rien ne se propage plus vite, dans une communauté, que la nouvelle d'une catastrophe, et d'autant plus vite que la catastrophe est plus qu'épouvantable. De toute façon, ajouta-t-il, on ne peut pas vivre longtemps sans voir ce qui se passe autour de soi. Et de ce point de vue, les enfants paraissent particulièrement doués."

  Si l'on prend un certain recul sur son oeuvre et qu'on l'observe dans sa globalité, on perçoit chez Dame A.Christie une fascination latente pour certains éléments, que l'on peut voir poindre ici et là au fil de sa bibliographie. Parmi ceux-là, j'ai remarqué ceux qui me font tout particulièrement frissonner, des univers pourtant totalement antinomiques mais qu'elle associe avec un talent tout particulier. Il en va ainsi des éléments propre à l'enfance d'une part, et à l'occulte d'autre part. En effet, on remarquera plusieurs intrigues où se mêlent tantôt des comptines assassines et des enfants bizarres, ou encore des séances de spiritisme et autres superstitions archaïques. Servant d'écrin tout en ambiance pour une enquête toujours minutieusement ficelée, ces éléments se font le sel de l'histoire.


  Il en va ainsi de ce Crime d'Halloween, l'un des rares récit basé sur un infanticide. Mais pas n'importe quel type d'infanticide : fidèle à sa réputation, Agatha nous le sert dans le plus policé des décors, à savoir une réception d'Halloween traditionnelle dans le plus rural des bourgs britanniques. C'est à cette occasion que Ariadne Oliver découvre le cadavre d'une fillette noyée dans la bassine du Apple Bobbing (mais siii, vous savez, ce jeu délicieusement vintage où l'on attrape des pommes dans une bassine d'eau, un classique des fête d'Halloween d'antan!). Horrifiée, elle ne perd pas une minute pour contacter son vieil ami Hercule Poirot qui intervient sur l'affaire.


"Je crains cependant fort que les filles n'aient de tous temps été attirées par les fripouilles, comme vous les appelez. Seulement il y avait autrefois des garde-fous."

  Et là, on se laisse porter par le talent inimitable que détient la grande Dame du crime pour nous balader : fausses pistes multiples, gamins détestables, secrets de familles enfouis, tout y est, certes conformément à ses codes très classiques, mais l'atmosphère en plus. Car on se régale du cadre automnal merveilleusement restitué lors des promenades de nos personnages, et de la lourdeur horrifique et pesante des crimes qui plane sur ce petit village anglais, tout juste contrebalancée par l'extravagance des protagonistes. Et quels protagonistes! Je décerne une palme d'or à Ariadne Oliver, pour qui je voue un culte tout particulier : j'aime cette femme un peu fofolle, cette romancière survoltée à l'imagination débridée qui dévore des kilos et des kilos de pommes (oui, ceux qui me connaissent ce même pêché mignon comprendront que je l'aime tant, cette bonne vieille Mrs Oliver!).


"Le garçon qui a tué Joyce a probablement des parents charmants, une conduite normale, une excellente présentation. Personne ne pourrait supposer que quelque chose ne tourne pas rond chez lui. Il vous est bien arrivé, n'est-ce pas, de croquer dans une pomme rouge et juteuse et de voir tout à coup, près du coeur, se dresser une bestiole assez peu ragoûtante qui agite la tête vers vous? Bien des gens sont faits sur ce modèle. Et de plus en plus, de nos jours"

  Parallèlement, on remarquera également l'évolution du ton de l'auteure : Le crime d'Halloween, écrit en 1969, est loin de l'âge d'or de Poirot et de l'époque élégante aux lignes art-déco qu'on lui associe. On sent le regard âpre -de l'auteure comme de son personnage- sur la société post guerre mondiale en pleine déliquescence et sur une jeunesse en pleine mutation... Comme toujours chez A.Christie, on retrouve donc l'analyse psychologique fine d'une société et de ses acteurs en filigrane de l'oeuvre de fiction.

A voir : l'adaptation du roman pour la génialissime série Agatha Christie's Poirot.

" Un jeune homme d'une beauté exceptionnelle. On ne pense pas aux jeunes gens sous cet angle, de nos jours. D'un jeune homme, on dit souvent, à juste titre, qu'il est sexy ou follement séduisant quand il a le visage taillé à coups de serpe, des cheveux gras en désordre et des traits irréguliers. Vous ne dites pas de lui qu'il est beau. Et si vous le faites, vous le dites sur un ton d'excuse, comme si vous le félicitiez d'une qualité depuis longtemps oubliée. Les filles sexy ne veulent pas d'Orphée et de son luth, elles sont à la recherche d'un chanteur pop avec une voix rauque, des yeux aguicheurs et une masse de cheveux hirsutes."

En bref : Comme toujours du grand Agatha Christie, même si l'on sent l'âme nostalgique de la romancière en fin de carrière à travers l'analyse qu'elle suggère de la société. L'atmosphère malsaine et tout en même temps élégante qu'elle associe au décor d'Halloween fait un écrin parfait pour une intrigue encore une fois rondement menée.

 

vendredi 28 octobre 2016

Harry Potter and the Cursed Child / Harry Potter et l'enfant maudit - J.K.Rowling, J.Thorne & J.Tiffany, traduits par J.F.Ménard.

Harry Potter and the Cursed Child, Little, Brown UK, 2016 - Editions Gallimard jeunesse (trad. de J.F.Ménard), 2016.

  La huitième histoire. Dix-neuf ans plus tard.

  Être Harry Potter n'a jamais été facile et ne l'est pas davantage depuis qu'il travaille au cœur des secrets du ministère de la Magie. Marié et père de trois enfants, Harry se débat avec un passé qui refuse de le laisser en paix, tandis que son fils Albus affronte le poids d'un héritage familial dont il n'a jamais voulu. Quand passé et présent s'entremêlent dangereusement, père et fils se retrouvent face à une dure vérité : les ténèbres surviennent parfois des endroits les plus inattendus. 

  Le texte intégral de la pièce de théâtre d'après une nouvelle histoire originale de J.K. Rowling, John Tiffany et Jack Thorne.

***

  Il était difficile de passer à côté de cet événement de librairie, et donc d'autant plus tentant de le faire coïncider avec le rendez-vous "sorcellerie" du challenge Halloween british de Lou et Hilde! Après l'avoir dévoré cet été en VO, on a acquis il y a quelques semaines l'édition française, ne serait-ce que pour se régaler de la traduction toujours si impeccable de J.F.Ménard! Coup double donc, mais la relecture en était tout aussi savoureuse. Avant de vous en dire plus, promis, nous essayerons de ne pas spoiler les futurs lecteurs.

Allez, on se refait un petit tour en Hogwarts Express?

 Phénomène de librairie qui a su bouleverser autant les jeunes que les adultes, Harry Potter a marqué toute une génération en plus de révolutionner la façon d'aborder la littérature jeunesse, et d'entrer dans la famille des classiques étudiés au programme scolaire (outre-Manche, en tout cas). On pourrait raconter l'aventure Harry Potter de toutes les façons qu'on en dirait jamais assez. "Jamais assez" est l'expression qui convient : depuis qu'elle a achevé son cycle officiel autour du jeune sorcier, J.K.Rowling l'a dit et redit : "Harry Potter, c'est fini". Peut-être aussi une limite qu'elle préfère s'imposer, de peur elle-même de ne plus se renouveler dans cet univers? Et pourtant, elle n'a eu de cesse d'y retourner, par petites touches, aussi parce que ce monde de sorciers avait continué de se développer presque malgré elle dans son imagination.

 Quelle classe, cette femme...

  Aussi, après les ouvrages de la bibliothèque de Poudlard et le site Pottermore (aujourd'hui rebaptisé Wizarding World), on se doutait que la grande aventure Harry Potter trouverait une nouvelle voie d'expression. Un pressentiment confirmé avec le lancement du film Les animaux fantastiques (avec J.K.Rowling au scénario, s'il vous plait!), puis l'annonce d'une ... pièce de théâtre! Le titre est très vite annoncé, et le synopsis laisse longtemps croire un préquel racontant l'enfance de Harry chez les Dursley. Finalement, la nouvelle explose quelques années plus tard : ce sera une suite, et le texte sera édité en librairie dans la foulée!

Oui, une pièce, sur scène!

  Une suite mettant en scène le fils d'Harry, vingt ans plus tard ? Les fans en ont rêvé, et on trouve de nombreux fanfictions qui ont proposé cette éventualité. Un de ces récits apocryphes a d'ailleurs presque atteint le stade de roman officiel : il s'agit de la série des James Potter, écrite par l'Américain G.Norman Lippert. Ce cycle lancé en 2007 et centré sur le fils aîné d'Harry a rencontré un tel succès auprès des lecteurs que 6 tomes sont parus en numérique, que leur version audio est disponible, et qu'ils ont eu droit à leur site officiel. C'est dire si le concept faisait déjà envie. Mais cette suite officielle, même sous la forme d'une pièce de théâtre, c'était certainement l'événement le plus attendu du monde livresque.

Avant l'enfant maudit, il y a eu James Potter...

  Et même si le succès était couru d'avance, reconnaissons que le résultat est extrêmement plaisant à lire – surtout si l'on est de la génération Potter, enfin, de la génération Y. L'enfant maudit, c'est un peu une madeleine de Proust (ou devrait-on dire : une dragée surprise de Bertie Crochu ?), aussi a-t-elle surtout d'intérêt pour les grands connaisseurs de la saga et les amoureux de la première heure, cette nouvelle histoire étant tout à la fois une suite et un hommage aux sept tomes du cycle original (tout particulièrement au quatrième), auxquels la pièce fait des références et allers-retours constants grâce à une facétieuse intrigue basée sur les voyages temporels.

 Harry et son fils Albus.

    S'amusant ainsi parfois des propres codes qu'elle avait instaurés et des éléments récurrents des tomes du corpus d'origine (et ce même si elle casse alors la logique qu'elle s'était imposée par le passé, à savoir que "tout ce qui arrive est déjà arrivé"), Rowling offre à ses fans et lecteurs d'émouvants easter eggs en invitant dans cette pièce le retour de quelques anciens personnages qu'on n'espérait même plus revoir. Outre ces éléments peut-être un peu faciles, on se réjouit de découvrir une nouvelle génération de sorciers et de se laisser surprendre par les tempéraments de ces nouveaux personnages. La maison dans laquelle entre le jeune Potter, l'identité de son meilleur ami, le véritable rôle de la sorcière vendeuse de bonbons du Poudlard Express... et tant d'autres éléments viennent créer la surprise tout en augmentant la mythologie conçue par l'autrice.


  Le mieux dans tout ça? A lire ce script, on visualise parfaitement les effets spéciaux tels qu'ils s'animeraient au cinéma... puis on se rappelle qu'on lit une pièce de théâtre! On reste alors rêveurs quant aux prouesses techniques et scénographiques que doivent déployer les machinistes du spectacle, persuadés que la magie doit opérer, plus vraie que jamais. Alors, à défaut de pouvoir prendre le premier train pour Londres, on se dit qu'il ne faudra pas attendre bien longtemps avant une adaptation sur les planches parisiennes...


En bref : Un grand -TRES GRAND- retour de J.K.Rowling avec l'univers d'Harry Potter. L'autrice vient prouver une fois de plus son grand talent en renouvelant sans essoufflement le petit monde de Poudlard, toujours avec la même fraîcheur. Si certains éléments peuvent s'avérer quelque peu faciles, on apprécie le mélange de clins d’œil et de nouveautés, dans l'idée de conquérir aussi bien les fans de la première heure que les petits nouveaux éventuels. A la fois suite et histoire dérivée de la saga originale, L'enfant Maudit se lit surtout en rêvant du spectacle qu'il donne à voir sur les planches...


Et pour aller plus loin...