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samedi 17 mai 2025

Un hiver pour s'installer au Terrier...

 

    C'est en retard – très, très en retard – que nous venons faire le bilan de notre dernier hiver, aussi le tout premier dans notre nouveau Terrier. Et c'est le Terrier, justement, qui est en cause dans notre procrastination, autant dans la lecture que dans la mise à jour du blog au cours des dernières semaines. Bon, d'accord, peut-être même des derniers mois. Même si nous avons peu avancé dans les travaux de rafraîchissement prévus, les quelques weekends consacrés à la tapisserie ont vite englouti le peu de temps libre qu'il nous restait. Ajoutez à cela un travail (malheureusement) toujours plus chronophage que d'habitude et des journées qui refusent de s'étendre au-delà de 24 heures, et vous obtiendrez un blog quasi vide. Essayons de remédier à cela : le récap' saisonnier sera bien rempli.
 
 
Escapades :
 
 
    Vous le savez, sans même aller très loin, rien ne nous enthousiasme plus qu'une bonne marche au-dehors. On a ainsi toujours aimé faire de grands tours et détours dans la cambrousse autour du Terrier, y compris lorsqu'on en change. Dans le dernier bilan saisonnier (celui d'Automne – ça commence à dater), on avait partagé nos premières promenades à proximité de notre nouveau chez-nous, entre chemins de ronde et de traverse, ruines de donjons et escaliers cachés. Le brouillard et le givre n'ayant jamais dissuadé votre humble serviteur d'arpenter les chemins, on a continué de grimper sur les buttes, de serpenter dans les vallées et de traquer les passages secrets.

 







    Au détour de nos balades, on est tombé sur ce nouveau point d'étape des marches autour du Terrier : la vieille usine abandonnée digne d'un décor de SF américaine. Moins romantique que nos lieux de prédilection habituels, l'endroit n'en reste pas moins romanesque, façon Stranger Things ou film d'horreur urbaine. Délicieusement inquiétant, n'est-il pas ?
 



Cadeaux, achats & acquisition :
 
 
    On avait oublié, lors du bilan de nos dernières fêtes hivernales, d'évoquer les cadeaux déposés sous le sapin. Corrigeons vite cet impair : au pied de l'arbre de Noël, il y a eu de forts jolies choses, à commencer par cette sacoche en trompe l’œil ressemblant à s'y méprendre à un livre de Sherlock Holmes. Une très touchante attention de notre petite sœur, qui avait joint au paquet une carte Cat's Eye home made, devenue depuis un marque-page fort pratique. Clochette-Tinker Bell, quant à elle, nous a gâté d'un énième magnifique carnet (avec une théière dessus – comme elle nous connait bien !), lequel a rejoint notre grande collection. Notre amie de la page Jane Austen lost in France, fidèle à ses valeurs, nous a fait cadeau d'un sympathique petit livre de recettes, Tea with Jane Austen, de la même collec' que Dinner with Jane Austen, qu'on avait offert l'année dernière à Pouchky-Ficelle. De la part de Mother Rabbit, du thé (et pas n'importe lequel : du Chai de chez Kusmi Tea, rien que ça), qu'on a savouré dans cette élégante tasse d'artisanat peinte à la main, offert par une collègue. Enfin, n'oublions pas ce corgi scintillant à suspendre au sapin de l'année prochaine, souvenir rapporté de Grande-Bretagne par une amie.
 
 
    Du côté des livres et de la fiction, on s'est offert (ou s'est fait offrir) quelques nouveaux compagnons, empilés ici et là en attendant la future bibliothèque. Plusieurs titres de la collection "Destins" des éditions Albin Michel Jeunesse, ces biographies romancées de personnages historiques dans leurs jeunes années, ainsi que le roman de la collection "Destinées" de chez Scrineo (concept très similaire, comme vous l'avez compris) Marie Curie : la femme de sciences, chroniqué tout récemment.
 

    Les très belles éditions France Loisir de La fileuse de verre et des Disparues de Nellie Bly ont rejoint notre PAL, de même que l'ouvrage biographico-sociologique Les origines de Gerald Bronner et le roman Zombi de l'inénarrable Joyce Carol Oates, inspiré de l'affaire Jeffrey Dahmer. Enfin, déjà lue et chroniquée, la pépite Le serment des sœurs Fossil de Noel Streatfeild, ainsi que son adaptation en téléfilm sous le titre original Ballet Shoes (dont ou vous parlera très bientôt).


Popotes et casseroles :
 
 
    Rien de révolutionnaire dans les cuisines du Terrier, si ce n'est que ce sont celles du nouveau Terrier (oui, on risque de le rabâcher souvent). Saumon en papillote et fondue de poireaux, poulet vindaloo aux lentilles corail et au potimarron, tarte aux poireaux et, enfin, (un classique pas cuisiné depuis trèèès longtemps) les lasagnes épinard, butternut et mozzarella. Parmi les nouveauté, une invention récente : le pilaf au chou kale, très réconfortant en cette saison hivernale et désormais ajouté à la liste de nos plats favoris.
 
 
 
 
 
    Pour finir du côté des casseroles, mais pas des nôtres : ces roulés à la cannelle confectionnés avec amour par Mother Rabbit, qu'on a savourés accompagnés d'une tisane zen de production cent pour cent locale offerte par un ami et collègue (parait que ça ne pouvait pas nous faire de mal...).
 


Bricoles et fariboles :


    A part le papier peint, autant vous dire qu'on n'a pas tellement eu le temps pour le bricolage et les créations hand made cet hiver. Seule exception : le colis traditionnel à l'attention de Pouchky-Ficelle, qui aurait d'ailleurs du être le colis d'Halloween, lequel s'est finalement transformé en colis de Noëlloween. Le hasard fait bien les choses : quoi de plus Noëlloweenesque qu'une thématique burtonienne ? La paquet contenait donc le roman original de Sweeney Todd, vieux penny dreadful comme seule l'Angleterre savait en publier, un carnet noir (parce que noir, c'est noir), le Guide pour personnes décédées, du rooibos d'Halloween, des serviettes très automnales, des zebra cakes aux couleurs de Tim Burton et des flyers publicitaires pour contacter Beetlejuice en cas de nécessité. On a maintenant hâte de savoir si Pouchky a eu besoin de faire appel au bioexorciste le plus célèbre de la pop culture !

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     Voilà pour notre hiver au nouveau Terrier, un nid dont on se satisfait qu'il prenne peu à peu nos couleurs (et ce même si ça prend du temps !). On se retrouve très vite pour faire état des évolutions et partager les anecdotes de notre printemps.
 

samedi 10 mai 2025

Marie Curie : la femme de sciences - Sylvie Baussier.

Éditions Scrinéo, collection "Destinées", 2024.
 
    Maria Sklodowska grandit dans une Pologne sous occupation russe, où les femmes ont peu d’avenir. Or, elle rêve de savoir et de liberté ! Mais où les trouver ? Pour surmonter deuils et solitude, elle se jette à corps perdu dans ses études de sciences. Quelques années plus tard, en France, elle rencontre Pierre et devient une physicienne et chimiste renommée, sous le nom de Marie Curie. Très amoureux, ils partagent toutes leurs recherches. Pour combien de temps ?
    Seule femme lauréate d’un double Prix Nobel, Marie a changé le monde grâce à ses travaux sur la radioactivité.
 
De la Pologne à Paris, découvrez l’histoire d’une femme hors du commun : guidée par son respect de la vie et sa foi en la science, elle a sauvé des millions d’êtres humains.
 
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    Tout récemment, on a partagé notre avis sur Marie et Bronia, premier opus de la collection "Destins" aux éditions Albin Michel, consacré à la jeunesse de la future Marie Curie. Publié pour le 90ème anniversaire de la mort de la célèbre chimiste, Marie Curie : la femme de sciences a inauguré chez Scrinéo la collection "Destinées", pendant de la collection "Destins" d'Albin Michel. L'occasion de comparer autant les deux ouvrages que les deux collections.
 
Marie dans ses jeunes années.
 
    En ouvrant son roman sur une citation de Marie Curie, l'autrice Sylvie Baussier annonce d'emblée sa volonté de restituer l'ambition inaltérable de la chercheuse pour les sciences. Son ambition, mais aussi la grande sensibilité avec laquelle elle abordait la chimie, qu'elle élevait au rang de quasi merveille : "Je suis de ceux qui pensent que la science a une grande beauté. Un savant dans son laboratoire n'est pas seulement un technicien ; c'est aussi un enfant placé en face de phénomènes qui l'impressionnent comme un conte de fées." On trouve dans ces quelques lignes l'essence même du texte de Sylvie Baussier, probablement très inspirée par la passion et la fascination qui s'en dégagent.
 
Pierre et Marie Curie.
 
    Le roman, s'il nous fait remonter à l'enfance de Marie Curie en Pologne, s'attache en effet à raconter sa vie entière, jusqu'à son décès, et laisse entendre au lecteur à quel point les deuils qui ont semé son parcours de jeune fille, de femme, de mère, et de scientifique n'ont eu de cesse d'alimenter sa vocation. Parce que raconter une destinée entière en 191 pages est un défi particulièrement complexe, la construction du récit peut déstabiliser : le roman se lit comme on suivrait une frise chronologique pour s'arrêter ponctuellement à telle puis telle année, chaque nouveau chapitre s'attachant ainsi à photographier un instant charnière du parcours de l'héroïne. Pendant toute la première moitié du livre, certains chapitres existent en double afin de s'attacher à ce que vit, au même moment, Pierre Curie à des kilomètres de Marie. Cet astucieux procédé narratif se répète jusqu'à la rencontre du couple, habile et poétique tour de passe-passe pour dessiner leurs destins en miroir et montrer au lecteur que ces deux-là étaient faits pour se rencontrer.
 
Marie Curie et Paul Langevin.
 
    On apprécie, malgré la dureté de certains événements, que le récit se poursuive au-delà du décès de Pierre et fasse découvrir à un jeune lectorat la seconde passion que Marie connut ensuite avec Paul Langevin – y compris ce que cela engendra de scandale. Cet épisode, même s'il n'est raconté que brièvement, met en évidence à quel point une personnalité scientifique reconnue peut soudain se retrouver victime du qu'en-dira-t-on dès lors qu'elle est aussi... une femme. On suit également Marie sur le front de la Grande Guerre, alors qu'elle met les rayons X au service de la radiologie et du soin des soldats, un évènement au croisement de la grande et de la petite histoire, si souvent oublié. L'ouvrage se termine sur sa mort, mais s'ouvre aussi sur les générations de Curie qui suivront, invitant le lecteur à découvrir les destins d'Eve Curie et Irène Joliot Curie, tout aussi romanesques et captivants.
 
Marie et sa fille ainée sur le front.
 
    On peut regretter encore une fois (c'est déjà ce qu'on avait reproché à Marie et Bronia) un style un peu trop explicatif, celui-là étant accentué par la nécessité de résumer la vie de Marie Curie plutôt que de vraiment la raconter. La contrainte du nombre limité de pages face aux nombreux événements à restituer, le tout recoupé à la forme très épisodique qui semble constituer une règle en devenir de la collection "Destinées", l'oblige certainement. Pour autant, on a apprécié ressentir davantage dans le texte de Sylvie Baussier la passion des personnages et le feu qui les habitait, laissant deviner ce qu'on peut ranimer et animer de vie même lorsqu'il ne nous restait que des braises.
 


En bref : En inaugurant sa collection "Destinées" avec le personnage de Marie Curie, les éditions Scrinéo semblent vouloir suivre le modèle d'Albin Michel avec sa collection "Destins". Ici, cependant, la vie entière de la personnalité choisie est restituée, de sa jeunesse jusqu'à sa mort, un choix qui contraint à une structure narrative très épisodique où les événements sont peut-être plus résumés que racontés. Pour autant, Marie Curie : la femme de sciences met en évidence la résilience qu'a constituée la recherche scientifique dans le parcours de cette femme aussi décidée que passionnée, et ce malgré les embûches qui se sont dressées tout le long de son chemin. Un livre parfait pour faire découvrir Marie Curie aux jeunes lecteurs.
 
 
Et pour aller plus loin...
 

vendredi 9 mai 2025

Marie & Bronia : le pacte des soeurs - Natacha Henry.

Albin Michel Jeunesse, coll. "Destins", 2017 - Le livre de poche jeunesse, 2019 - Éditions France Loisirs, 2020.
 
 
    Varsovie, fin du XIXe siècle, Marie et Bronia, deux soeurs vivant dans une Pologne asservie par la Russie, n'ont qu'une obsession: Aller à l'université. Marie rêve de devenir chimiste, et Bronia, médecin.
    Malheureusement, l'occupant russe interdit aux femmes de faire des études. C'est compter sans l'esprit de rébellion des deux jeunes filles.
    Un soir d'automne, à la lueur d'une lampe à pétrole, les deux sœurs décident de sceller un pacte incroyable, qui les mènera jusqu'aux portes de la Sorbonne, à Paris...
 
 
***
 
 
    Sorti il y a déjà quelques années, Marie et Bronia a inauguré la collection "Destins" des éditions Albin Michel Jeunesse : des romans biographiques de personnalités historiques à travers leurs jeunes années ou leurs premiers succès. Une collection dont on aime l'ambition et les nombreuses figures mises en lumière depuis sa création, des plus connues aux plus secrètes : Marie Curie, Marilyn Monroe, Rosa Bonheur... Car si la parité est au rendez-vous, on apprécie tout particulièrement les titres qui donnent l'occasion de (re)découvrir les vies de femmes tantôt célébrées, tantôt oubliées par la grande histoire.
 
Marie, au début des années 1900.
 
    Célébrée, Marie Curie l'est assurément. Mais si tout le monde connait et reconnait la femme de sciences là où tant d'autres physiciennes, chimistes et mathématiciennes sont redécouvertes sur le tard, sa vie familiale et intime, semée de nombreux drames et embûches, reste assez secrète. Que sait-on aujourd'hui de Marie Curie ? On se souvient évidemment de son époux, Pierre, de leurs recherches sur le radium et de son prix Nobel, mais de quoi d'autre ? Natacha Henry, autrice d'une précédente biographie sur Marie Curie et sa sœur Bronia, illustre méconnue, propose de remonter le temps jusqu'à la Pologne du XIXe siècle pour y rencontrer celle qu'on appelle alors encore Maria Slodowska.
 
La fratrie Slodowski en 1872 (avec Marie, au centre, et Bronia, à droite).
 
    Dernière née d'une grande fratrie de 5 enfants, Marie grandit au contact d'une famille aimante malgré les nombreux malheurs qui s'enchaînent. L'occupation russe qui bannit la culture polonaise, la maladie qui cloue sa mère au lit et lui fait perdre son travail d'enseignante, puis la mort qui l'emporte après avoir aussi fauché l'aînée des enfants. Alors qu'elles souhaitent embrasser une carrière scientifique, Marie et sa sœur Bronia ne peuvent aspirer qu'à une place de gouvernante ou d'institutrice, les seules voies professionnelles autorisées aux femme par le pouvoir en place. Une première brèche s'ouvre dans le carcan imposé par l'Occupant quand se déploie à Varsovie l'Université Volante : une université clandestine et itinérante ouverte aux jeunes gens qui, comme Marie et Bronia, souhaitent étudier malgré les interdits. Puis, très vite, l'envie d'apprendre et d'expérimenter davantage leur fait envisager de partir à Paris pour y suivre un véritable cursus : médecine pour Bronia, chimie pour Marie. Financièrement, le projet n'est guère envisageable. Sauf si... Sauf si les deux sœurs s'entraident : Marie trouvera une place de gouvernante et partagera ses gages avec Bronia afin de lui financer ses études en France, après quoi Bronia, une fois diplômée, paiera à son tour les études de Marie à Paris. Ce pacte changera leur destin à tout jamais et les fera entrer dans l'Histoire.
 
Marie et Bronia en 1886.
 
    On ne peut qu'applaudir la volonté de l'autrice de mettre en lumière cette "Marie avant Curie", tant le parcours de la célèbre scientifique est passionnant. Le récit est d'autant plus intéressant qu'il raconte à part égale celui de Bronia, sa sœur ainée injustement oubliée de la mémoire collective alors que leurs vies sont étroitement entremêlées. Jamais les deux femmes ne seraient en effet devenues ce qu'elles aspiraient tant à devenir sans ce pacte de jeunesse autour duquel s'articule et se consolide le roman de Natacha Henry. Furieusement romanesque, cette anecdote de la vie des deux sœurs est pourtant bien réelle. Elle s'ancre dans une jeunesse douloureuse semée de deuils et de catastrophes, l'occupation russe d'alors faisant aujourd'hui écho à une actualité toujours aussi sombre, nous rappelant à quel point les hommes sont doués pour rejouer les mêmes drames.
 
Casimir Zorawski, premier grand amour de Marie, en 1888.
 
    Dans ce contexte particulièrement noir, pourtant, on se plait à les voir braver les interdits pour apprendre puis concevoir le plan qui leur permettra de décrocher un diplôme. On les suit avec fascination tantôt dans les rues de Paris où Bronia s'installe, tantôt à la campagne où Marie prend une place de gouvernante, chez les  riches Zorawski. On apprend qu'elle et le fils aîné de ses employeurs, amené à devenir un éminent mathématicien, tomberont follement amoureux l'un de l'autre avant que les parents du jeune garçon ne mettent un terme à cette relation en invoquant la différence de condition sociale. Ce n'est qu'à travers la passion des études et de la recherche que Marie retrouvera finalement goût à la vie, passion qui la fera rencontrer un certain Pierre Curie...
 
Marie et Pierre Curie, 1903.
 
    C'est là le point positif de ce roman : raconter l'arrière-scène, les coulisses et l'origine des destins de ces deux femmes, la belle sororité qui les fera surmonter les obstacles qui se dresseront sur leur chemin au gré des allers retours entre France et Pologne. On ne regrette qu'une chose : que le style ne soit pas à la hauteur de la vie de ces deux figures incroyables. Raconté d'une plume très informative qui caractérise davantage les biographies que les romans, Marie et Bronia manque d'une écriture plus sensible qui aurait rendu justice à la passion de ces deux héroïnes.
 
 
En bref : Un roman à découvrir pour retracer les premières années de Marie Curie avant Curie, ainsi que le pacte qui la liait à sa sœur aînée, Bronia. Une approche intime de l'une des plus grandes scientifiques du XXe siècle avant qu'elle n'accède à la postérité et qui résume bien l'ambition de la collection "Destins". On regrette seulement le style, malheureusement plus proche de la biographie que du roman, qui nous empêche de goûter à toutes les émotions de cette histoire.
 
 
Et pour aller plus loin...