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samedi 26 mai 2012

L'incroyable histoire d'Halcyon Crane - Wendy Webb

The tale of Halcyon Crane, St Martin's Press, 2010 - Éditions Balland, 2011 - Éditions Le livre de poche, 2012.

Halcyon "Hallie" Crane reçoit un matin une missive de notaire lui annonçant le décès de sa mère, alors qu'elle croyait cette dernière décédée depuis déjà plusieurs années. Élevée par un père qu'elle adore mais qui, très malade, ne peut répondre à ses questions pour éclaircir ce mystère, Hallie décide de partir elle-même à la recherche de la vérité. Elle se rend donc sur l'Île du Grand Manitou, dans la région des Grands Lacs, où elle vient d'hériter de sa mère un splendide manoir familial. 
Là, elle doit faire face à l'accueil froid des autochtones, en même temps  qu'elle découvre l'histoire de ses aïeuls et les légendes qui entourent sa famille depuis plusieurs siècles ; En effet, les Crane seraient maudits depuis des décennies et pas une seule génération n'aurait échappé au funeste destin qui s’abat sur eux.
Effrayée par une présence qui hante sa nouvelle demeure, Hallie est bien décidée à tout affronter pour faire la lumière sur son passé et les secrets de famille trop longtemps gardés sous silence...
 "L'histoire de cette famille ne se limite pas à la chronique banale des naissances et des décès, des noces et des succès, même si elle en compte également. Non, les destinées de mes aïeuls rappellent plutôt les contes de fées, ceux de Grimm, malheureusement, avec leur cortèges de sorcières, de spectres et de malédictions, toujours accompagné d'avanies douloureuses, parfois sanglantes. Récemment encore, j'en ignorais tout. En grandissant, j'avais conçu de moi-même et de mes origines une idée très différente. Et puis, la vérité a commencé à poindre, comme cela arrive tôt ou tard."



La sortie de ce livre en poche étant prévue pour les semaines à venir, je profite de cette occasion pour publier mon avis sur ce roman, lu l'an dernier lors de sa parution en grand format. Trouverez vous cela étrange si je vous dit l'avoir à l'époque choisi pour sa très jolie couverture? ^^' Sur le coup, c'est surtout parce que je lui ai trouvé une TRES FORTE ressemblance avec celle d'un roman d'Alice Hoffman (une de mes auteures favorites, qui a entre autre écrit Les ensorceleuses ou encore Prémonitions) intitulé le Troisième Ange. Constatez par vous même:

Il y un sofa très à la mode, en ce moment, chez les éditeurs...^^

On est d'accord que c'est tout de même frappant, non? Je suis persuadé que cela n'est pas innocent et que les éditeurs ont volontairement joué sur la ressemblance pour probablement attiré le lectorat habituel d'Alice Hoffman. Après tout, les couvertures et leur design sont devenues une vraie publicité dans le monde de l'édition et il n'y a qu'à regarder du côté de la bit-lit pour voir des pratiques similaires: combien de romans sur les vampires n'ont pas affiché des couvertures rappelant fortement celles de la saga Fascination? Il n'y a pas de raison pour que les autres genres littéraires échappe à la règle! D'ailleurs, l'idée n'est pas mauvaise dans le cas présent, car le style de Wendy Webb s'inscrit tout à fait dans la lignée d'Alice Hoffman, sans pour autant en atteindre la qualité...

J'ai en effet trouvé que l'écriture de Wendy Webb manquait quelque peu de subtilité, notamment dans sa façon trop "brutale" de faire intervenir des éléments surnaturels dans son intrigue: elle ne laisse pas planer le mystère et impose d'emblée la présence de fantômes comme une réalité certaine. Ce manque de finesse m'a légèrement déçu car j'aime quand le fantastique ne s'invite pas si directement dans l'histoire, mais par petites touches, laissant planer le doute dans l'esprit du lecteur: "magie" ou fabulations? Nul, alors, ce roman, me direz-vous. Pas du tout! Car passé ce petit bémol et en dépit du fait que ce roman est loin d'être un chef-d’œuvre de suspens, je me suis surpris à me laisser emporter par l'histoire et à vivre au rythme des personnages et de l'atmosphère étrange de l'île du Grand Manitou (qui existe d'ailleurs réellement dans la région des Grands Lacs, où elle est néanmoins plus connue sous le nom de Mackinac Island).

Le cadre de cette île est réellement propice à l'histoire imaginée par Wendy Webb: cette localité coupée du reste du monde est célèbre pour ses paysages sauvages, sa superbe architecture victorienne, mais aussi ses nombreuses histoires de fantômes et légendes locales effrayantes. Dotée d'un patrimoine et d'une culture riches, Mackinac Island est connue pour avoir été le lieu de résidence de personnages historiques ainsi que de nombreux auteurs. Wendy Webb s'amuse de cette atmosphère "littéralisante" en glissant au détour de son roman une "légende" selon laquelle les Crane de l’île seraient les descendants d'Ichabod Crane, le personnage principal de la nouvelle La légende de Sleepy Hollow écrite par W. Irving! Soumise aux intempéries et aux tempêtes propices à une ambiance de fantôme, l'île du Grand Manitou est également interdite aux véhicules à moteur depuis 1898, amenant ses habitants à se déplacer principalement à cheval et calèche comme en plein XIXème siècle! Le tout nous plonge donc dans une atmosphère gothique et lugubre délicieusement victorienne...

 Quelques images de Mackilac Island et de son atmosphère si particulière...

Il faudra que je le lise en VO un de ces jours car je trouve que la traduction française n'est vraiment pas folichonne (nous offrant quelques monstruosités comme le verbe "redormir" O_o) et il est certain que cela pourrait desservir le roman. De plus, les notes de bas de page du traducteur témoignent d'une connaissance de la littérature anglo-saxonne très limitée et il fait à un moment donné une bourde à mes yeux impardonnable: Lorsque le lien de famille entre les Crane et le personnage de la légende de Sleepy Hollow est évoqué, une note de bas de page indique qu'Ichabod Crane est un "policier chargé d'enquêter sur des meurtres surnaturels commis par un cavalier sans tête". Gné? Qu'ouïs-je? Qu'entends-je? O_o Si le traducteur a bien vu la très libre adaptation de Tim Burton de la légende de Sleepy Hollow, il n'a à l'évidence pas lu la nouvelle originale de W. Irving, texte très court dans lequel Ichabod Crane n'est qu'un modeste instituteur effrayé par une (fausse? tout le mystère est là...) apparition du cavalier... Bien que cela relève du détail, je peux vous dire avoir mis un moment à le digérer, non mais! ^^

Les rues de Mackilac Island...

En définitif (et malgré le petit bémol évoqué à l'instant), L'incroyable histoire de Halcyon Crane est un roman qui, loin d'être une chef-d’œuvre, se laisse lire avec plaisir, un peu à la façon d'un plaisir coupable (à titre de comparaison: un peu comme on peut, parfois, se laisser tomber sur le canapé devant un téléfilm d'M6 et y prendre vraiment goût, parce qu'il pleut dehors, parce qu'on a un coup de blues, parce que ça vide la tête, en bref, parce que ça fait du bien!). Je ne l'aurais pas classé dans la catégorie "thriller/policier" comme l'a fait le livre de poche, mais il en reste une histoire palpitante et entrainante, parfaite si l'on veut se détendre avec un bouquin! =D



2 commentaires:

  1. Merci pour cet avis. Je pense que je vais me laisser tenter. J'avais également noté la ressemblance avec le livre d'Alice Hoffman.

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    1. Ah, je suis content de ne pas être le seul à avoir tilté sur la ressemblance! Je pense que tu passeras un bon moment avec ce livre, j'attends ton propre avis avec impatience! =D

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