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jeudi 7 février 2013

Quand le danger rôde (La communauté du Sud #1) - Charlaine Harris

Dead Until Dark (Sookie Stackhouse #1), Ace Books, 2001 - Éditions J'ai Lu, collection " Pour elle / Amour et mystère", 2005 - Éditions J'ai Lu, 2009 - Éditions Pygmalion, collection "Darklight", 2010 - Éditions France Loisirs, 2010.

«Moi, Sookie Stackhouse, j'ai un faible pour les vampires. Et à La Nouvelle-Orléans, ce n'est pas ça qui manque ! D'ailleurs, un soir, un gentleman amateur d'hémoglobine, Bill Compton, a débarqué dans le bar où je travaille, Chez Merlotte. Comme j'ai la faculté de lire dans les pensées, j'ai vite compris qu'il avait de gros ennuis...»
Les vampires vivent désormais parmi les humains grâce à un substitut leur permettant de se nourrir sans tuer. Mais la méfiance règne toujours à Bon Temps, petite ville de l'Amérique profonde. L'arrivée de Bill, ténébreux vampire du XIXe siècle va bouleverser la vie de la jeune serveuse télépathe, Sookie, d'autant qu'une vague de crimes s'abat sur la ville. 

Les amours de Sookie la télépathe et de Bill le vampire dans les fins fonds d’une Louisiane moite et déliquescente où rôde un serial killer… Ce roman plein de suspense est à l'origine de la série TV désormais culte "True Blood", proposée par le créateur de "Six Feet Under". 




Au  rayon "bit-lit, et si c'était bien?", je demande les romans True Blood! Qui n'a pas entendu parler de cette série désormais culte? Ce qu'on sait moins, c'est qu'elle est inspirée d'une série de livres publiée bien avant l'ère Twilight et qu'elle a connu une première existence en France chez "J'ai Lu" sous de -hum- très jolies couvertures aux couleurs rosées, estampillées de la collection "Pour elle", qui plus est additionnées d'une mise en page au style gothique. Le tout donnait alors l'impression d'un croisement entre les novélisations de la série Buffy (qui sortaient à l'époque chez "Fleuve Noir", et rencontraient un large succès) et les romans de chez "Harlequin". Ce qui est amusant, c'est que je me rappelle très bien des livres de La communauté du Sud et me souviens les avoir croisés plus d'une fois en rayon, notamment quand j'allais réclamer les aventures de la tueuse de vampire ^_^'. Si vous voulez mon avis, ces vieilles couvertures ne rendent pas justice à l'atmosphère réelle des romans et n'ont de valeurs que pour leur petit côté cheap et leur rareté, ce qui cependant suffit à en faire d'amusants articles de collection! =P

La première édition française du roman, chez "J'ai lu pour elle"...on est bien loin de l’esthétique de True Blood!

  Concernant la série télévisée, j'avoue peu la connaître, en réalité: lorsqu'elle a été diffusée pour la première fois et même lorsqu'elle faisait beaucoup parler d'elle, je m'en suis volontairement détourné de peur de tomber sur un nouveau Twilight. Puis j'ai vu deux ou trois bouts d'épisode par hasard, en zappant sur la tnt... le cadre de l'action se situant dans le Sud des Etats-Unis, il y a avait une ambiance particulière et qui, au final, me plaisait assez! Mais c'est surtout une très bonne amie, rencontrée en entrant à l'école d'éducateur spécialisé, qui m'a fait découvrir l'univers de Charlaine Harris. Grande lectrice de ses romans qu'elle dévorait en VO, elle m'a présenter les Sookie Stackhouse novels (titre original de la communauté du Sud) sous un jour nouveau et, après bien des tatillonnages et hésitations, je me suis décidé à m'y essayer le mois dernier!

Couverture de la première édition en VO... un style original et décalé des plus esthétiques!

  Ce premier tome nous entraine dans le Nord de la Louisiane, dans la bourgade reculée de Bon-Temps, où les vampires vivent désormais au grand jour et côtoient les humains comme leurs semblables (même si la communauté des vivants ne les apprécie pas énormément, il faut bien le reconnaître). Ce revirement d'ordre quasi-sociologique révolutionnaire est du à l'invention d'un sang de synthèse, qui a permis aux créature de la nuit de faire leur coming-out et d'acheter leurs bouteilles de boisson plutôt que d'aller se servir à la gorge des êtres humains. Bien malheureusement, certains préfère encore l'inégalable qualité des vrais globules rouges, si bien qu'il n'est pas rare de voir survenir deux ou trois meurtres commis par des vampires... (d'où la tolérance encore toute relative vis-à-vis de ces charmants personnages). C'est dans ce contexte des plus originaux que nous faisons connaissance de Sookie, trentenaire serveuse au dinner et bar "Chez Merlotte". Cette jeune femme pétillante et bien souvent drôle malgré elle, d'un tempérament électrique, n'en est pas moins très solitaire. En effet, on dit d'elle qu'elle est un peu siphonnée et le plus grand nombre l'évite et la croit cinglée à cause de ses réactions imprévisibles. Mais Sookie est loin d'être folle et son comportement est en réalité du à un pouvoir de télépathie qu'elle qualifie elle-même de handicap... Orpheline depuis toute petite, elle mène donc une vie des plus tranquille auprès de sa pétulante grand-mère, les journées s'enchaînant et se ressemblant toutes... jusqu'à ce que Bill, beau vampire d'environ 400 ans, vienne s'installer en ville. Étrange et décalé, il est le seul dont Sookie n'entende pas les pensées! Très vite, l'un et l'autre se rapprochent et la jeune femme tombe sous son charme. Mais parallèlement débute une série de meurtres dont Bill se voit accusé, ce qui contraint le couple atypique à mener l'enquête pour prouver son innocence...

Couvertures des éditions allemande, anglaise, et turque.

  En instaurant l'existence des vampires comme une réalité des plus banales, Charlaine Harris parvient à nous faire entrer dans son univers complètement barré sans qu'on puisse y relever la moindre fausse note. Le décor ainsi planté, elle s'amuse à y faire évoluer des personnages tantôt noirs, tantôt loufoque, laissant ainsi la part belle à l'humour et aux rebondissements cocasses sans pour autant tomber dans une farce facile. Bien au contraire, elle sait tempérer à merveille horreur et drôlerie, alterner entre un ton décalé puis gothique, servant l'ensemble d'un suspens extrêmement bien maîtrisé. Ce "roman de bit-lit' avant la bit-lit'" est donc un excellent exemple du genre "southern gothique", qui sait jouer des références du roman d'horreur classique en bombardant le lecteur de clins d’œil bien pensés (Anne Rice et son univers en tête), et en instaurant une atmosphère moite et déliquescente que j'ai adoré (la lecture de 16 Lunes ayant précédé celle-ci de quelques semaines, j'étais encore habité de cette ambiance mystique et étouffante du Sud des Etats-Unis, contexte que j'ai pris grand plaisir à retrouver ici!).

Couvertures des éditions bulgare, suédoise, et slovaque.

  Vous l'aurez compris, il s'agit donc d'un roman qui m'a beaucoup plus. Bien évidemment, nous sommes très loin du Dracula de Bram Stocker et ne venez pas y chercher le futur prétendant au prix Pullitzer, mais c'est là un excellent divertissement qui mérite le détour! Maintenant, il me tarde de découvrir avec plus d'attention la série True Blood afin de la comparer au roman d'origine! Si le cinéma trouvait matière à faire des films en adaptant des oeuvres littéraire, j'ai constaté que la télévision prenait un plis similaire depuis quelques années maintenant ; l'exercie est cependant d'autant plus intéressant qu'il doit être compliqué puisque retranscrire un nombre limité de roman en une série aux épisodes et saisons multiples doit être à la fois passionnant et extrêmement difficile! J'ai donc hâte de voir comment les scénaristes auront su jouer entre fidélité et nouvelles idées pour retranscrire La communauté du Sud en programme télévisuel... Affaire à suivre, donc ;-)

Couvertures des éditions espagnole ( hum... on y retrouve l'esprit romantico-érotique des premières éditions françaises!), polonaise, et thaïlandaise.

Et pour aller plus loin...

mercredi 6 février 2013

Café Givré - Suzanne Selfors


Coffeehouse Angel, Walker Childrens, 2009 - Editions Flammarion (collection "Tribal"), 2012.


« Vous croyez aux signes ? La foudre qui frappe une voiture dont vous sortez à l'instant, un chat noir qui traverse votre chemin... Vous voyez ce que je veux dire ? Le hasard, peut-être. Moi, je n'y ai jamais cru, à ce genre de trucs. Avant de le rencontrer, lui. » Chez Anna est un petit café où le temps s'est arrêté. Katrina y vit paisiblement avec sa grand-mère. Jusqu'au jour où la magie et la poésie s'immiscent dans sa vie : Alors qu'elle vient d'offrir un café à un sans-abri, ce dernier lui propose d'exaucer son vœu le plus cher.




 Comme vous commencez certainement à le savoir, j'apprécie de m'offrir de temps à autres ce que j'appelle une "lecture gourmande", c'est à dire un de ces romans légers et sucrés qui fait la part belle à la popote et à la cuisine, propres à faire saliver et inspirer des recettes à reproduire! L'an dernier, j'avais entendu parler de Café Givré par l'excellent blog de Mya's books et me l'étais par la suite procuré au Salon du Livre de Paris. Sa couverture et le résumé promettaient tous deux une histoire légère à l'ambiance hivernale, parfumée d'émanations de torréfaction et de pâtisserie. Parlons peu mais parlons bien, tout laisse à penser une bien jolie guimauve, mais Dieu sait que ça peut faire du bien quand on a besoin d'une "lecture détente" qui ne prenne pas la tête et qui envoie du rêve! Personnelement, je ne dis pas non et le revendique, comme pour les téléfilms de l'après-midi sur M6! :-P Peu motivé par la fin des vacances de Noël et plutôt tristounet de reprendre les cours et le stage, je me suis donc permis cette petite lecture pour coller à l'atmosphère enneigée qui régnait alors au-dehors, histoire de me réchauffer les neurones, installé dans un fauteuil au coin du feu et une tasse de cappuccino à la main.

 Couverture de l'édition originale grand-format.

  Katrina est une adolescente de 16 ans qui vit à Nordby, petit village côtier de l'Etat de Washington ancré dans ses coutumes et son atmosphère scandinaves. Orpheline depuis sa petite enfance, la jeune fille, simple et sans histoire, vit chez sa grand mère et l'aide à tenir Chez Anna, son petit café norvégien traditionnel. Mais le petit troquet parvient à peine à survivre dans cette Amérique moderne où le commerce voisin, Java Heaven, est devenu LE lieu à la mode, le carrefour où toute la jeunesse dorée et populaire se retrouve autour de cafés bios et originaux. Alors que Chez Anna est menacé de fermeture par son concurrent direct et que la situation empire de jour en jour, Katrina fait par hasard la connaissance d'une jeune sans abris endormi dans les poubelles et lui offre un café pour le réchauffer. Le garçon, prénommé Malcolm, se dit alors être un "messager", envoyé en mission par des forces supérieurs, et qu'il se doit désormais d'honorer le vœu le plus cher de Katrina pour la remercier. L'adolescente, à qui il n'est jamais rien arrivé d'extraordinaire et qui estime sa vie trop banale pour qu'un tel prodige soit possible, refuse d'y croire... mais les événements surprenants et inexpliqués s'enchaînent et bientôt, elle ne sait plus que penser. Après tout, si tout cela était vrai? Et puis de toute façon, elle ne perdrait pas grand chose à formuler un souhait... Mais alors, quel serait-il, que voudrait-elle par-dessus tout? Réussir dans la vie? Devenir populaire? Trouver l'amour? Ou encore sauver le café et ainsi venir en aide à sa grand-mère?...

 Couverture de l'édition originale en format poche.

  Que dire de cette lecture? Même avec quelques semaines de recul, j'ai encore des difficultés à me prononcer. Je dirais que je suis mitigé, en fait: il y a là d'excellentes idées, une excellente base à un pure roman de détente, et en même temps, j'ai eu le sentiment que ce potentiel n'était pas abouti. En effet, tout dans le résumé laisse envisager une intrigue sympathique, à l'image de ces téléfilms à la guimauve d'M6, comme je le disais plus haut. Mais Suzanne Selfors, jusque là habituée à écrire de la littérature enfantine, semble avoir du mal à donner du "corps" à ses personnages et -à mes yeux en tout cas- à les rendre  crédibles. Leurs personnalités est trop caricaturales et pas assez exploitées à mon goûts, alors qu'il y avait vraiment une matière de départ intéressante à développer. Le tout donne une galerie de portraits qui lorgne plutôt du côté des teen-movies et des ficitions télévisées à la petite semaine des chaînes Disney: une héroïne tout ce qu'il y a de plus banal, son meilleur ami, sa pire ennemie du lycée (hyper populaire mais potiche type, et qui plus est fille du proprio' du café voisin... so prévisible!), un personnage fantastique débarque et propose de réaliser les rêves de la jeune fille grâce à des grains de café magiques (*ahem*, mouais...); s'en suit un enchaînement de rebondissements qui frôlent par moment le ridicule (le chat qui, après avoir avalé un grain de café, devient mondialement célèbre - jusqu'au Japon - et attire les foules de touristes) et amène à un dénouement plutôt prévisible.


"Hot shots Java", à Poulsbo, coffeehouse où l'auteure à passer le plus de temps à rédiger son livre... ce lieu aurait-il inspiré le café "Java Heaven" du roman? Rien n'est moins sûr!

  MAIS, mais...car il y a un "mais"... chacun sait que je suis plutôt bon public (ou "bon lecteur" dans le cas présent) et que je trouve toujours des points positifs à une lecture. Ici, c'est l'atmosphère hivernale du roman, si semblable à celle qu'il y avait de l'autre côté de la vitre, qui m'a aidé à accroché à l'histoire et à mieux m'imprégner de son atmosphère. Même si le style littéraire n'y était pas forcément, je me suis laissé happé par l'ambiance de Nordbye et visualisais parfaitement les décors de cette petites villes côtière -extérieurs enneigés et intérieurs chaleureux - encore habité par ses coutumes nordiques. En faisant des recherches sur le site officiel de l'auteure, j'ai découvert qu'elle s'était inspirée de la vraie ville de Poulsbo, petite bourgade scandinave de l'Etat de Washington, pour créer Nordby. Les photos visibles sur le site correspondent en tout point à l'image que je m'étais faite de la petite ville de Katrina et ont quelque peu redoré l'image que j'avais du roman ^_^. Les recettes du café d'Anna, issues de la cuisine scandinave, font également partie des détails que j'ai apprécié et qui m'ont permis de profiter de ce livre pour ce qu'il est: une lecture qui a le mérite de ne pas prendre la tête et de laisser les méninges au repos! Dans un sens, ce roman aura donc remplis sa mission, preuve qu'il n'est donc pas totalement raté à défaut d'être vraiment abouti.

Poulsbo, ville scandinave qui a servi de source d'inspiration à l'auteure pour créer la bourgade de Nordby.

 Petit commerce de Poulsbo qui a servi de source d'inspiration au café Chez Anna.

  Au final, j'en retiens donc un livre qui avait un bon potentiel de base, des idées de départ intéressantes et une atmosphère sucrée prometteuse, mais dont le traitement de l'histoire aurait mérité d'être plus exploité, plus travaillé, pour en faire un roman réussi.