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samedi 28 avril 2012

Blanche-Neige (Mirror, mirror) - Un film de Tarsem Singh


Blanche-Neige (Mirror, Mirror), deTarsem Singh
Avec: Julia Roberts, Lily Collins, Armie Hammer, Nathan Lane...

Lorsque son père, le Roi, meurt, Blanche Neige est en danger. Sa belle-mère, cruelle et avide de pouvoir, l’évince pour s’emparer du trône. Quand la jeune femme attire malgré tout l’attention d’un Prince aussi puissant que séduisant, l’horrible marâtre ne lui laisse aucune chance et la bannit. Blanche Neige se réfugie alors dans la forêt… Recueillie par une bande de nains hors-la-loi au grand cœur, Blanche Neige va trouver la force de sauver son royaume des griffes de la méchante Reine. Avec l’aide de ses nouveaux amis, elle est décidée à passer à l’action pour reconquérir sa place et le cœur du Prince… 
 Il y a quelques mois, j'avais parlé de ma fascination pour les contes de fées et en particulier l'histoire de Blanche-Neige; j'avais alors consacré un article aux deux adaptations cinématographique prévues cette année, dont la première est sortie le 11 Avril dernier. Comme vous vous en doutez, je ne pouvais manquer l'événement et j'y suis donc allé en tachant de rester ouvert, ne sachant pas vraiment à quoi m'attendre. En effet, j'avais été au départ plutôt rebuté par la bande-annonce (trop d'humour, trop de couleur, trop de froufrous, trop de tout...) puis j'avais finalement vu les choses sous un nouvel angle en apprenant que le réalisateur n'était autre que Tarsem Singh, à qui on doit les sublimes et saisissants The Fall et The Cell. Au final, je suis ressorti de la séance plutôt satisfait de cette adaptation!

Commençons tout d'abord par le scénario. J'ai été agréablement (même très agréablement) surpris par les tournants qu'emprunte l'histoire. Alors qu'on pouvait s'attendre à une trame convenue et sans surprise, les scénaristes ont habilement mêlé le conte de Grimm, des éléments provenant des versions de Blanche-Neige du monde entier, et des éléments originaux pour redynamiser l'histoire sans pour autant s'en éloigner totalement. A la fin du film, j'ai réalisé que je ne m'étais pas ennuyé une seule seconde: le scénario offre un parfait équilibre entre l'univers du conte que tout le monde reconnaitra, tout en orientant l'histoire de façon à proposer un regard neuf et audacieux. A noter la chute de l'histoire, qui rejoue le rôle de la pomme avec génie!
La bande-annonce m'avait laissé craindre un ton trop parodique mais je reconnais que l'humour a été savamment dosé: certes très présent, il est contre-balancée par les scènes d'action et les rebondissements du scénario. Cependant, il est vrai que certaines blagues étaient parfois de trop (notamment le sortilège jeté au prince, qui en fait un insupportable cabot) mais j'ai fait l'effort de passer outre en me rappelant que c'était avant tout un film familial et qu'il fallait bien de quoi amuser les plus jeunes (et il faut reconnaître que cela faisait son effet: la salle doit encore trembler des fou-rires des enfants venus à la séance!).

Les personnages s'inscrivent dans ce même équilibre de fidélité mêlée de nouveauté: Blanche-Neige semble au départ très proche de la princesse candide de la version d'origine (j'ai aussi parfois cru voir celle de Disney, pendant le premier tiers du film: lorsqu'elle s'est mise à parler aux oiseaux lors de sa première apparition, j'ai vraiment eu très peur!); heureusement, je pense qu'il s'agissait là d'une volonté des scénaristes et du réalisateur pour mieux surprendre le spectateur dans la suite du film: Blanche-Neige murit et se transforme en jeune femme pleine de malice, de courage, et d'audace. 
La reine, haute en couleurs, est merveilleusement interprétée par Julia Roberts, parfaite dans ce rôle qui m'a fortement évoqué une version diabolique de Marie-Antoinette: fêtarde (banquets et bals dégoulinant de pâtisseries et de rubans), dépensière (...grâce aux taxes qui appauvrissent le peuple. Le mot d'ordre de la reine étant "Le pain vaut la viande", ce qui n'est pas sans rappeler "S'ils n'ont plus de pain, qu'ils mangent de la brioche), avide, fashion victim (le passage où elle essaye ses paires de chaussures m'a de suite renvoyé au film de Sophia Coppola) et délicieuse d'extravagance (elle a par exemple l'habitude de jouer à une version grandeur nature des échecs en faisant de ses courtisans des pions vivants, et de sa salle de bal l'équivalent d'un plateau géant). Ce que j'ai trouvé particulièrement intéressant dans le nouveau regard porté sur ce personnage, c'est que cette reine n'est pas à proprement parlé une sorcière: la seule magie qu'elle possède est son miroir et c'est de lui et de lui uniquement qu'elle tire sa puissance. Dans un sens, elle en est presque une victime car c'est à lui qu'elle doit faire la demande des maléfices et sorts qu'elle veut jeter, sachant qu'elle devra à chaque fois en payer le prix... Et autant dire que la note peut s'avérer particulièrement salée...
La partie d'échecs grandeur nature!
Le miroir, à la fois objet et personnage, est habilement mis en scène dans cette version: loin d'être une simple antiquité magique douée de parole, il est présenté comme un portail menant à un entre-deux mondes, un espace parallèle coupé de la réalité. En le traversant, la Reine accède à une sorte de pagode montée sur pilotis et à l'intérieur de laquelle elle conserve d'autres objets magiques et miroirs. Le personnage qui apparait sur les surfaces réfléchissantes est un alter-ego de la reine, une entité jumelle à l'apparence évanescente et douée d'une sagesse dont semble dépourvue la souveraine.

Passons aux nains: ils ne chantent pas, ne portent pas de bonnets et ne passent pas leurs journées à chercher des cailloux au fond d'une mine. Tout comme dans le roman de Gregory Maguire où l'auteur en avait fait des voleurs, les sept frères sont ici des brigands, des "bandits de grands chemins" qui volent les riches et rapportent leur butin dans leur...euh... "chaumière"(...habitation troglodyte serait plus juste) pour festoyer comme il se doit. Loin des vieux garçons auxquels on aurait pu s'attendre, les nains deviennent ici les mentors de l'héroïne dans son combat contre la reine.

Si le rôle du prince est ici plus étoffé que dans le conte d'origine (où il n'apparait qu'au moment du dénouement), il est loin du sauveur chevaleresque de Disney: gentiment ridiculisé d'un bout à l'autre du film, il est un personnage secondaire certes sympathique mais qui sert à l'évidence de faire-valoir à Blanche-Neige. Le leitmotiv de cette version est claire: cette fois, c'est la princesse qui sauve le prince charmant, ras-le-bol de la tradition!

Concernant l'aspect esthétique du film: Je me suis réellement régalé les yeux pendant presque deux heures! Fidèle aux visuels et paysages saisissants dont il nous avait gratifié dans ses précédents films, Tarsem Singh enchante le spectateur de décors entièrement construits en taille réelle (il avait insisté vouloir faire le film "à l'ancienne"). Les différents lieux de l'histoire, d'une grande diversité esthétique, m'ont presque évoqué un mini-tour du monde doublé d'un voyage à travers les époques: l'extérieur du château rappelle un palais oriental (ou une basilique russe, peut-être?) alors que l'intérieur est plutôt d'inspiration baroque (de nombreuses pièces -notamment la cuisine et la chambre de la princesse- font, je trouve, également beaucoup penser aux décors du film Le secret de Moonacre !), la forêt perpétuellement enneigée pourrait avoir été filmée dans les pays nordiques tandis qu'on croirait le village et ses pauvres habitants sortis d'un roman de Charles Dickens!

Les costumes conçus par Eiko Ishioka (à qui l'on doit les subliiiiimes tenues du Dracula de Coppola) sont tout bonnement superbes et on perçoit, tout comme pour les décors, de multiples influences: les robes de la reines et les toilettes de la Cour seraient parfaites pour une virée à Versailles, les tenues des villageois et des serviteurs auraient leur place dans un film victorien, tandis que les tissus, broderies, et imprimés utilisés renvoient à l'élégance indienne ou orientale. Oh, et mention spéciale pour les costumes portés par les courtisans forcés de jouer les pièces d'échec: les chapeaux en forme de navire ne sont pas sans rappeler, une fois encore, Marie-Antoinette et sa célèbre coiffure à "la Belle Poule":
En bref, loin d'être le film de l'année, ce Blanche-Neige est une adaptation divertissante et surprenante du conte qui trouve un bon équilibre entre tradition et nouveauté. Une comédie d'aventure familiale dynamique et esthétique qui se laisse regarder avec gourmandise! Pour conclure cet article, la scène finale du film d'inspiration bollywoodienne, chantée par Lily Collins: 



J'avais noté de nombreuses autres références possibles dans le scénario, les costumes et les décors: certains choix dans l'orientation de l'histoire et le visuel du film ne sont pas sans m'évoquer d'autres adaptations live de Blanche-Neige (en particulier une version pour la télévision tournée au début des années 2000, avec la célèbre Kristin Kreuk de Smallville dans le rôle titre), de même que certains détails dans les décors semblent également renvoyer à d'autres adaptations cinématographiques de contes (la salle de bal et ses statues grandeur nature de cerfs et de biches font penser aux décors très travaillés et fortement colorés du Peau d'Âne de Jacques Demy, avec Catherine Deneuve); Je tacherai de me pencher la-dessus dès que le dvd sera sorti : j'aurai tout le loisir d'analyser le film plus minutieusement et d'y consacrer un nouvel article, captures d'écran en main!

2 commentaires:

  1. J'ai aussi été le voir.. Mais j'ai été bien moins enthousiasmé que toi ! En fait, j'ai trouvé qu'il était pas mal, mais sans plus. Certes, c'est drôle, mais oui des fois c'est TROP. Le prince qui se change en chien.. Bon oui c'est pour les gamins, mais qu'est-ce que c'est niais ! xD
    Sinon, je n'ai pas aimé le costume final de Blanche Neige, ni même sa "chanson"...

    Je comprends bien que le film est destiné pour les enfants, mais bon.. Je suis mitigée :/

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  2. Je ne suis pas bon critique, je le crains: dès qu'il y a un seul point positif dans un film, j'arrive à me concentrer dessus et à y attacher assez d'importance pour compenser du reste. ^^' J'ai peut-être été un peu trop élogieux, en effet, mais j'avoue que s'il n'y avait pas l'aspect esthétique du film pour capter mon attention, je lui trouverais tous les défauts du monde ( A commencer, effectivement, par la métamorphose en chien, qui est du plus grand des ridicules ;) ).

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