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vendredi 28 juin 2013

Hantée, tome 2 : Un mal souterrain - Maureen Johnson.

Shades of London, book 2 : The madness underneath, Harper Collins Children Books, 2013 - Editions Michel Lafon, 2013.

  Londres est hantée par les fantômes. Une brigade spéciale, les Ombres, constituée de membres ayant frôlé la mort, est chargée de les empêcher de nuire.

  Réchappée des griffes de l’Éventreur, Aurora en garde une terrible cicatrice. À peine remise de cet affrontement, la jeune fille est de nouveau appelée par les Ombres. Elle seule est capable – d’un simple toucher – d’exorciser les esprits maléfiques. Face à la nouvelle vague de meurtres qui agite la ville, l’adolescente est leur unique espoir.
  Aurora se lance alors à la poursuite de ceux qui sèment le chaos avec l’aide de son équipe et tout particulièrement de l’intrigant Stephen. Mais bientôt elle réalise qu’elle aussi est une cible. Car son don est une arme convoitée… Une arme pour laquelle on est prêt à tuer.

...Échapper aux ténèbres...

***
 
    Un an tout après avoir chroniqué Hantée, tome 1: Les ombres de la ville, on s'est précipité sur le second tome, attendu avec autant d'impatience que de curiosité. Attention à celles et ceux qui n'ont pas encore lu le premier opus, cet article pourrait contenir quelques spoilers.

    Lorsque ce second livre débute, nous retrouvons Aurora "Rory" Deveaux installée à Bristol avec ses parents. Quelques mois se sont écoulés depuis sa rencontre avec l’Éventreur, expérience au cours de laquelle elle a manqué de peu de perdre la vie. Depuis, en plus d'être en mesure de voir et communiquer avec les spectres, elle possède aussi le pouvoir de les détruire d'un simple toucher. Soumise à une psychothérapie qui l'insupporte au plus haut point, Rory est persuadée qu'elle est au mieux de sa forme malgré ces événements et souhaite plus que tout retourner à Wexford, son pensionnat de Londres. Lorsque sa psychologue suggère qu'elle réintègre l'école, la jeune fille saute sur l'occasion et reprend les cours, où elle retrouve ses amis Jazza et Jerome. Ainsi que la Brigade des Ombres, cette sombre branche des services secrets chargée de détruire les âmes égarées qui n'ont pas trouvé le repos et qui hantent la ville. Peu à peu, alors qu'elle tente de reprendre le fil d'un quotidien aussi normal que possible, Rory réalise qu'elle ne se sent pas si sereine qu'elle s'efforce de le croire. Approchée par une psychologue du nom de Jane Quaint, Rory lui confie ses secrets, mise en confiance par cette femme aussi originale qu'extravagante. Mais peu à peu, l'altruisme apparent de la thérapeute s'effrite, et ses motivations apparaissent bien plus obscures : Et si son intérêt pour Aurora n'était pas totalement désintéressé?

 
    La fin du premier tome nous avait laissé avec de nombreuses attentes et l'espoir que certains éléments seraient éclaircis, ou tout du moins approfondis. Verdict ? Maureen Johnson parvient à rebondir et à se réinventer tout en creusant le sillon du premier opus. On retrouve tout d'abord Rory avec plaisir : fidèle à elle-même, la jeune fille abreuve le lecteur comme ses interlocuteurs d'anecdotes propres à sa Louisiane natale, masquant le trauma du tome précédent derrière son humour caractéristique. Ce qui apportait de la légèreté dans Les ombres de la ville devient ici une véritable compensation, voire une stratégie d'évitement face aux questions qui lui sont posées et à une thérapie qu'elle n'investit qu'en surface – le personnage se densifie : Rory n'est plus seulement l’archétype de la nouvelle élève sympathique, elle devient un protagoniste à la psychologie de plus en plus travaillée.

Rory devant Wexford, concept-art de Cassandra Jean pour A Madness underneath.


"La normalité, ça n'existe pas (...), c'est un concept défectueux. Cela implique qu'il n'existe qu'une façon d'être fondamentale, à laquelle les gens sont censés se conformer et ça, ce n'est pas possible. L'expérience humaine est bien trop riche."
 
  Question intrigue, on craignait un peu un calque du premier tome (une série de meurtres étranges, une enquête surnaturelle, une confrontation finale, etc.) dont la seule nouveauté aurait été le pouvoir inattendu de Rory à exterminer les spectres d'un seul contact physique. Si la scène d'introduction s'ouvre bel et bien sur un crime perpétré par une force invisible, il s'agit surtout d'un prétexte scénaristique pour amener nos personnages à interroger bien plus qu'une série d'incidents étranges. Plus ténu, Un mal souterrain entraine Rory dans une aventure complexe où, de par son don, elle devient la cible de nombreuses convoitises. Convoitises des services secrets, qui voient en elle une arme fort utile, et convoitises aussi plus obscures, aux desseins encore indéterminés. Manipulations, secte, Histoire, mythologie antique... autant d'éléments qui ponctuent et rythment ce roman de multiples rebondissements. Maureen Johnson élargit petit à petit la mythologie qu'elle a instaurée et laisse entendre au lecteur des enjeux qu'il n'aurait pas suspectés dans le tome 1. Le personnage de Jane Quaint, thérapeute ambivalente aux ambitions douteuses, est l'un des éléments qui apportent tout le sel de ce deuxième opus : extravagante et fascinante, elle présente un potentiel qu'il nous tarde de voir se développer.
 
 
 
    La fin de Un mal souterrain joue parfaitement la carte du cliffhanger : entre une romance naissante (mais qu'on espérait bien voir apparaître depuis un moment) et un événement particulièrement tragique, l'autrice est désormais certaine de nous retenir prisonniers. On cherche, en vain, une page supplémentaire, quelques lignes encore qui nous donneraient un indice... Il faudra pour cela nous armer de patience jusqu'au tome 3, Le cabinet des ténèbres.


En bref : Un deuxième tome qui approfondit les thématiques du premier opus sans jamais faire dans la redite. Plus psychologique, plus intime et plus ténu, Un mal souterrain nous promène dans un Londres brumeux et hanté aux côtés de personnages de plus en plus denses. Maureen Johnson maîtrise d'un bout à l'autre les ressorts dramatiques de son intrigue et laisse le lecteur sur un final tragique en point d'interrogation. Inutile de préciser qu'on attend le prochain tome avec impatience.



Et pour aller plus loin...

jeudi 27 juin 2013

Bal de Givre à New-York - Fabrice Colin

Éditions Albin Michel (Collection "Wiz"), 2011 - Éditions Le livre de poche, 2012.

  Anna Claramond ne se souvient plus de rien. Seul son nom lui est familier. La ville autour d’elle est blanche, belle, irréelle. Presque malgré elle, la jeune fille accepte les assiduités du beau Wynter, l’héritier d’une puissante dynastie. Bal de rêve et cadeaux somptueux se succèdent avec lui mais Anna sent que quelque chose ne va pas. Qu’elle est en danger. De plus, des indices et des messages sont semés à son attention par l’insaisissable Masque, un fugitif recherché. Qui est son ennemi, qui est son ami ? Anna sait qu’elle doit se souvenir. Mais que lui réservera sa mémoire une fois retrouvée ? 




  Voilà plus d'un an maintenant que j'ai lu ce roman, sans trouver le temps d'en publier une chronique sur le blog... Heureusement, j'avais alors pris le temps de noter toutes mes impressions et mon appréciation globale de ce livre pour les publier ici-même dès que l'occasion se présenterait! Le récent commentaire d'une internaute à propos des livres de Fabrice Colin ( Jill, si tu m'entends...;-)!) m'a alors rappelé que je m'étais promis de vous parler de ce roman agréablement surprenant à plus d'un titre.

  Bien avant de l'acheter, j'avais repéré cet ouvrage en librairie mais sans pour autant remarquer qui en était l'auteur. Je me disais d'ailleurs, face à l'apparence très "Princesse des temps modernes" de la couverture, qu'il devait s'agir d'un livre pour la jeunesse sûrement insipide et sirupeux à souhait...et je mérite des baffes pour ces mauvaises pensées! Apprenant que l'écrivain n'était autre que l'excellent et talentueux Fabrice Colin (si, si, celui de La malédiction d'Old Haven, un grand coup de coeur de ce blog), j'ai vite fait demi-tour et mis la main au porte-monnaie sans hésitation aucune! A noter d'ailleurs que les critiques littéraires d'RTL avait encensé l'ouvrage en question, indicateur supplémentaire d'un nouvel écrit de qualité comme sait en faire le Sieur Colin!

 New-York sous la neige... cadre confiné et mystérieux qui donne tout son corps au roman.

  Le premier tiers de la lecture m'a un peu surpris: on évolue dans un New-York hivernal qui semble bien différent de celui que l'on connait, même si l'on ne parvient pas à dire en quoi exactement... au fil des descriptions de la ville semblent poindre des détails étranges, presques anodins mais qui éveillent la curiosité et nous interrogent quand au réel cadre spatio-temporel de l'histoire. New-York nous apparaît comme auréolée de givre, dominée de tours cristallines et autres constructions vertigineuses post-modernes de verre et de métal. Anna Claramond, l'héroïne, se trouve suite à un accident, embarquée dans un conte de fée à la Cendrillon qui la dépasse totalement, avec prince charmant et vie de château à la clef. Mais ce retournement de situation dans son quotidien bien rangé, ajouté à sa mémoire défaillante en raison de l'accident en question, font naitre en elle de nombreux doutes. L'avalanche de scènes romantiques, cadeaux somptueux et bals féériques pourrait être lassante et laisser cette impression "insipide et sirupeuse" que j'évoquais et craignais initialement, mais c'est sans compter sur le talent de Fabrice Colin!

 Le New-York bleu glacé d'Anna...

  Petit à petit et avec la plume toujours si puissante qui le caractérise, l'auteur vient nous titiller d’éléments étranges et autres détails de plus en plus inquiétants qui rehaussent l'intrigue et lui confèrent une réelle qualité. Car apparaissent alors un majordome manchot mais télékinesiste, un kidnappeur qui signe ses forfaits de sonnets de Shakespeare, et des songes qui se matérialisent en chauve-souris si on se laisse aller à rêver! Surprenant et réussi, ce livre m'a captivé d'un bout à l'autre et je me suis laissé emporté avec plaisir dans cette histoire, dont les dénouement inattendu donne tout son sens aux éléments étranges de l'intrigue.

  Dans un tout autre registre que ce qu'il a pu offrir précédemment à ses lecteurs, Fabrice Colin a encore une fois frappé très fort! Un très bon roman que je recommande à tous ceux qui aiment se laisser surprendre par une lecture!



mardi 25 juin 2013

La jeune fille au miroir vert - Elizabeth McGregor

The Girl in the green glass mirror, Bantam, 2004 - Éditions J.C.Lattes, 2008.

  Experte en art, Catherine voit sa vie basculer quand son mari si discret la quitte brutalement, sans explication. Sa rencontre avec John, un architecte solitaire retiré du monde qui souhaite se débarrasser d'une partie de ses tableaux, va bouleverser son existence. Tous deux partagent la même fascination pour l'insolite peintre victorien Richard Dadd, qui passa sa vie dans un asile où il peignit ses plus belles toiles. Alors qu'ils tombent profondément amoureux l'un de l'autre, John montre à Catherine plusieurs œuvres de Dadd dont il a hérité avec sa sœur Helen. Il est temps pour lui de se délivrer d'un lourd secret de famille... 

  Une magnifique histoire sur la transmission des sentiments, où le récit se partage entre l'intrigue contemporaine et la vie mystérieuse du peintre disparu à l'époque victorienne. Un roman poignant sur l'emprise que l'art peut exercer sur nos vies.



  Pour continuer dans les "énigmes artistiques" après vous avoir parlé de l'Ensorceleuse d'Elizabeth Hand, voici La jeune fille au miroir vert, qui me faisait de l'oeil depuis un moment et que je me suis finalement décidé à commander en occasion sur le net il y a peu. Tout comme pour l'Ensorceleuse, il est ici question d'art préraphaélite puisque le peintre mis à l'honneur dans l'intrigue n'est autre que Richard Dadd, représentant renommé de ce mouvement pictural, célèbre pour ces toiles de créatures féériques et représentent du "Petit Peuple".

 Couvertures des éditions grand format et poche originales.


  Si le synopsis avait tout d'alléchant, j'avoue cependant être légèrement déçu. L'histoire se concentre autour de Catherine, jeune femme fraîchement séparée de son époux, ce dernier l'ayant soudainement quitté pour une raison qu'elle ignore et qui la laisse profondément dubitative. Le roman suit surtout la reconstruction de cette femme qui, face à cet événement, fait un retour sur elle-même et sur ses expériences familiales douloureuses passées tout en cherchant à affronter l'avenir. On découvre ainsi comment elle en est venue à s'intéresser au monde des arts pour en faire son métier, ainsi que sa fascination pour Richard Dadd, auquel elle a consacrer un livre. Alors qu'elle traverse ce tournant de sa vie de femme, elle rencontre John, architecte veuf encore hanté par le souvenir de sa défunte épouse et le mal-être d'une sœur cadette suicidaire fichtrement étrange. Alors que John et Catherine se découvrent la même passion pour l'oeuvre de Dadd, ils tombent peu à peu profondément amoureux l'un de l'autre et leur quotidien semble habité, traversé par l'oeuvre de l'artiste. Mais bientôt, Claire, la soeur cadette de John, survient dans leur quotidien en amenant avec elle son lot de troubles... fragile et manipulatrice à la fois, elle fait rapidement comprendre à Catherine que sa famille n'est pas sans lien avec Richard Dadd et qu'un secret depuis longtemps gardé la relie au peintre...


 The fairy feller's master stroke et The child's problem, deux œuvres de Dadd au centre de cette intrigue.

  Comme vous le ressentez probablement vous-même à la lecture de ce synopsis, on ne peut s'empêcher de conjecturer quant à ce que nous réserve ce roman... attendant, langue pendante, LA révélation, LE tournant romanesque, LE retournement de situation... Bref, on s'imagine, tout comme pour l'Ensorceleuse ou Les voleurs de Cygne, un récit captivant mêlant Histoire de l'art, thriller psychologique et énigme picturale... mais non. Le style -néanmoins excellent, il faut le reconnaître- est davantage lyrique et le monde de l'art sert plutôt de toile de fond à la mise en scène et en mots des sentiments amoureux et de l'attachement de deux êtres l'un pour l'autre. Par moment, j'ai eu peur de sombrer dans un récit similaire à Ainsi puis-je mourir et à la déception qu'il avait suscité face à mes attentes de lecteur. Heureusement, les chapitres rétrospectifs consacrés au quotidien de Richard Dadd enfermé à l'asile de Bedlam ajoutent une dimension intéressante, de même que le "mystère artistique" révélé à la fin et ce même s'il n'était pas à la hauteur de mes espérances. Reste cependant l'aura secrète et obsédante du préraphaélisme, qui suffit à elle seule à donner de l'épaisseur à l'histoire et se complète de fort belle manière tout de même à la plume de qualité d'Elizabeth McGregor.

Photographie de Richard Dadd.

vendredi 21 juin 2013

L'ensorceleuse - Elizabeth Hand


Mortal Love : a novel, William Morrow, 2004 - Éditions Denoël, 2007 - Éditions folio SF, 2009.

  Venu à Londres dans l'espoir de terminer son livre sur le mythe de Tristan et Iseult, le journaliste américain Daniel Rowlands s'est installé chez son ami Nick, une rock star avec laquelle il a fait les quatre cents coups au temps du Swinging London. Lors d'un dîner, Daniel rencontre une ancienne maîtresse de Nick, la mystérieuse Larkin Meade, une femme aux pouvoirs de séduction incroyables qui semble connaître sur le  bout des doigts les préraphaélites et le romantisme anglais. Alors que Daniel s'enflamme immédiatement pour cette compagne idéale, Nick le met en garde : le passé de Larkin recèle de lourds secrets... 

  Thriller gothique et sensuel, L'ensorceleuse croise sur plusieurs décennies les destins d'artistes maudits et de leur muse. A travers des personnages imaginaires ou des figures connues comme le peintre Rossetti et le poète Swinburne, Elizabeth Hand reprend à son compte le thème fascinant de l'amour et du désir éternel pour mieux questionner les affres de la création. 


  Bien que je ne sois pas fervent lecteur de science-fiction et, par là même, jamais très attiré par les éditions aux couvertures gris métallique des collections SF, L'ensorceleuse avait retenu mon attention. Pourquoi? Question stupide, me direz-vous, quand on reconnait sous un titre aussi alléchant une reproduction de Beata Beatrix, tableau issu du mouvement Préraphaélite dont je suis un admirateur sans borne! Ma curiosité ainsi titillée, j'avais fait quelques recherche sur le net et appris que Mortal Love (titre original et autrement plus approprié lorsqu'on a lu le roman) relevait plutôt de la fantasy gothique typiquement anglaise plutôt que de la science-fiction (ouf, pas de petits hommes verts à l'horizon, donc!) et avait été couronné de multiples prix et reconnaissances littéraires! Le Préraphaélisme étant au centre de l'intrigue et constituant en cela LA cerise sur le gâteau, je ne pouvais résister à l'appel de ce roman, à classer dans ce que j'aime surnommer les "énigmes artistiques".

Couverture originale...Autrement plus attrayante que l'édition française!

  Le récit débute dans le Londres contemporain, où le journaliste américain Daniel Rowland vient s'offrir une année sabbatique pour se consacrer à un rêve qui le démange depuis longtemps: écrire un récit le plus exhaustif possible du mythe de Tristan et Iseult, en se basant pour cela sur toutes les versions existantes ou les œuvres et documents disponibles sur le sujet en terres britanniques. Il est accueilli chez son ami Nick, rock-star un peu déclinante du Swinging London, qui lui présente la sublime et étrange Larkin Mead. Cette jeune femme à la chevelure de feu et au regard d'émeraude, à la fois fragile et vénéneuse, suscite immédiatement la fascination et la passion de Daniel. Spécialiste ès légendes médiévales et mythes anglo-saxon, Larkin se fait un devoir de guider le journaliste dans ses recherches, lui faisant découvrir l'envers du décor de Londres et ses lieux secrets, où sont cachés manuscrits inestimables et tableaux préraphaélites légendaires. D'où la jeune femme tient-elle ces reliques? Comment en connait-elle autant sur l'univers des préraphaélites et leurs travaux? Quels sombres secrets dissimule-t-elle? Tour à tour effrayante et attirante, le pouvoir de séduction qu'elle semble exercer malgré elle sur Daniel le possède totalement, au point que très vite, il sombre dans une folie inexplicable et en ressente même des souffrances physiques au-delà de tout entendement...

Tristan et Iseult partageant le philtre d'amour, par J.Waterhouse.

  Si le début m'a été difficile à digérer (j'ai bien failli céder face à la lourdeur apparente du style, et abandonner trois fois avant d'avoir fini les cent premières pages...), je me suis laissé convaincre petit à petit puis, tout comme le personnage principal, totalement absorber par l'intrigue certes complexe mais hautement captivante. Si le roman débute avec l'histoire de Daniel dans l'Angleterre actuelle, le récit est entrecroisé du destin de plusieurs personnages d'autres époques, développés en parallèle. On suit ainsi le quotidien de Val et son frère Simon, qui, environ trente ans plus tôt, découvrent une série d’œuvres préraphaélites dans leur appartement ; Et le récit de Radstock, jeune peintre américain fraichement débarqué dans le Londres du XIXème siècle, où il rencontre l'étrange Professeur Learmont, psychiatre spécialisé dans le traitement des artistes devenus déments.

 Dante Gabriel Rossetti, autoportrait.

  Peu à peu et comme souvent dans les romans à récits multiples, on avance à tâtons avant de repérer ici ou là d'infimes points communs, puis de voir se relier avec une logique imparable et fascinante les différents faits et protagonistes pourtant aux antipodes les uns des autres au commencement. On se laisse alors happer dans une lecture électrique et frénétique jubilatoire, au point de ne plus pouvoir décrocher ne serait-ce qu'un seul œil du livre! Mais revenons au genre du roman en question: oublier la collection "SF" dans laquelle les éditions folio ont classé l'ensorceleuse, c'est bien un roman fantastique, disons de fantasy gothique avec tout ce que cela sous-entend. Mais si le récit nous confronte effectivement à des éléments supra-normaux, il n'en est pas moins basé sur la réelle histoire du Préraphaélisme et fait intervenir de nombreuses figures véridiques de ce mouvement artistiques (D.RG.Rossetti, E.B.Jones...). Témoignant de réelles connaissances à ce sujet et faisant preuve, par-dessus le marché, d'une écriture magnifique,  Elizabeth Hand propose avec l'Ensorceleuse un récit de qualité indéniable et transcendant, qui m'a presque évoquer un équivalent fantastique au sublime Possession d'A.S.Byatt. En entrelaçant des éléments véridiques à une interprétation fantastique (mais très bien pensée!) du concept de la Muse, Elizabeth Hand nous transporte dans une intrigue hypnotique aux relents capiteux, posant la question des origines créatrices d'une œuvre d'art. Comment un peintre en vient à la réalisation d'un chef-d'oeuvre? Mais, surtout, à quel prix?... Elle dresse alors un interessant parallèle entre la prédisposition pour les Arts et la fragilité mentale, tous deux marqués de l'hypersensibilité intrinsèque aux artistes et à leur autre forme d'appréhension du monde. Sorte de don de double vue que l'ont s'acharnerait à appeler folie.

 Quelques uns des superbes portraits de Rossetti...et toujours cette femme aux cheveux de feu... Peut-être l'envoutante Larkin Mead?

  Artistes créateur, création destructrice, Inspiration divine, Muse mortelle... autant de concepts que la plume d'Elizabeth Hand mêle avec une virtuosité et un talent sidérants. L'ensemble est envoutant, ensorcelant, parfois dérangeant mais toujours captivant. L'ensorceleuse est une oeuvre magnifique et surprenante, hallucinatoire à la façon de l'opium (on croirait presque voir les volutes de fumée s'échapper des pages, si, si!), d'un verre d’absinthe, ou d'une lanterne qui attire les papillons de nuits jusqu'à les consumer. On veut se perdre dans cette histoire, s'y plonger comme dans la gueule du loup, s'y laisser dévorer avec frénésie. A la façon de Daniel pour Larkin, on s'en délecterait presque avec morbidité...

Bref, une merveille, un chef-d’œuvre qui mérite d'être classé au rayon "Coup de coeur et théière d'or"!

mardi 18 juin 2013

Colorado Kid - Stephen King

The Colorado Kid, Turtulback Books, 2005 - Éditions J'ai lu, 2006.

Pour deux vieux busards du journalisme tels que Dave Bowie et Vince Teague, la présence dans leur petit hebdomadaire local de la ravissante Stephanie McCann est un bain de jouvence. Et comment donner plus sûrement à l'exquise stagiaire l'envie de rester, si ce n'est en lui révélant l'insoluble énigme qui les tenaille et qu'ils gardent jalousement depuis vingt-cinq ans ? Cet homme retrouvé sur une plage, mort dans des circonstances insolites et inexplicables, livrera-t-il son secret à la jeune fille happée par cette histoire ?

Universellement reconnu comme le grand maître de l'épouvante (Shining, Ça), de la S-F et de la fantasy (La Tour Sombre), il sait aussi se faire le critique virulent de la société libérale américaine (Marche ou crève) ou relever le défi du feuilleton (La ligne verte). Renouant avec la grande tradition du mystère policier, il rend ici un vibrant hommage à Raymond Chandler et à Agatha Christie.



  Ce livre représente une grande première pour moi puisqu'il marque mon entrée dans l'univers de de Stephen King, que je n'avais jamais lu jusqu'ici. En effet, j'avais de nombreux aprioris sur cet auteur, dus au peu que je connaissais de sa bibliographie plutôt "horrifique" et aux nombreuses adaptations télévisées et cinématographiques qui en ont été faites. Cependant, j'avais adoré le film La ligne verte et avais ainsi revu mon opinion de Stephen King en apprenant qu'il s'agissait à l'origine de l'un de ses romans... peut-être m'étais-je trompé à son sujet? Si d'autres points et découvertes me faisaient peu à peu envisager cette éventualité, je n'avais jamais eu l'occasion de réellement le lire jusqu'à Colorado Kid.

  Je me souviens avoir vu ce livre au détour du rayon bouquins d'une grande surface, lors de sa sortie en 2006 : déjà alléché par les atmosphères vintage, javais été particulièrement attiré par le style rétro de la couverture, mais sans pour autant aller au delà. Et puis, tout comme pour les romans de Tanya Huff avec la série télévisée Blood Ties, c'est une fois de plus une adaptation télévisuelle qui m'a incité à découvrir Colorado Kid. L'an dernier, je suis en effet tombé par hasard sur deux ou trois passages de la série Les mystères de Haven, qui avait attisée ma curiosité... quelques recherches m'avaient alors appris qu'il s'agissait d'une transposition (certes libre, mais transposition quand même) de ce court récit de Stephen King. Les récentes rediffusion sur la TNT m'ont alors rappelé que je m'étais promis d'y jeter un oeil à l'occasion, et je me suis donc lancé dans la lecture de Colorado Kid la semaine dernière.


Photo promotionnelle des Mystères de Haven, saison 1.

  Bien que l'histoire se passe de nos jour, elle est rédigée dans un style très classique, volontairement rétro et évocateur de l'âge d'or des romans noirs et des serials américains. Cela explique l'orientation choisir pour le visuel de l'édition française, mais surtout pour le style graphique de la couverture originale, référence évidente aux vieux romans policiers à sensations des années 40 et 50. Ainsi, à la façon d'une nouvelle "à l'ancienne", on a là une histoire dans une autre histoire: en tant que lecteur, nous sommes placés dans la même position que la jeune Stephanie, à écouter avec attention le sombre fait-divers relaté par le duo de journalistes plein de gouaille et de fantaisie. Tout comme elle, nous sommes amenés à rebondir sur les pistes éventuelles et les indices, à élaborer des hypothèses, voire chercher à dresser une liste de suspects... Cette dimension, renforcée par l'atmosphère secrète de l'île du Maine où se déroule l'intrigue, plonge le lecteur dans une ambiance à la fois tendue et ... délectable! Je ne pouvais résister, à la lecture de Colorado Kid, de m'immerger avec régal dans ces paysages côtiers baignés d'une lumière sourde et étouffée ; Cadre envoûtant et saisissant.

Couverture de l'édition originale.

  Et pourtant, la chute a de quoi faire enrager... mais la lecture de la poste-face, rédigée par Stephen King lui-même, vient éclairer un tel choix et permet de nous questionner, au-delà du mystère évoqué dans l'intrigue, sur le principe même de ce concept de "mystère" et en quoi il suscite la fascination des hommes. Transformant alors cette nouvelle en vraie réflexion philosophique qui tient autant du récit initiatique, cette dimension de l'histoire fait de Colorado Kid un ouvrage passionnant de bout en bout et un tour de force littéraire. Une curiosité à découvrir!

  Maintenant, j'avoue avoir du mal à imaginer comment des scénaristes peuvent partir d'une telle intrigue pour pondre une série à multi-épisodes !... qui en est aujourd'hui à sa troisième saison, qui plus est! J'ai donc hâte de remettre le nez dans les mystères de Haven (Eh bien... ça m'en fait des séries à regarder cet été!) pour découvrir de quelle manière les éléments de Colorado Kid ont été refondus pour le petit-écran...

Générique de la série.

Piste sanglante (Les aventures de Vicki Nelson #2) - Tanya Huff


Blood Trail ( Victoria Nelson #2), DAW, 1992 - Éditions J'ai lu, collection "Pour elle/Mondes mystérieux", 2007 - Éditions J'ai lu, 2011.

Ex-flic, Vicki Nelson a dû quitter la police de Toronto parce qu'elle perd la vue. Devenue détective privé, elle semble vouée aux enquêtes peu banales. Cette fois, c'est son ami Henry Fitzroy - bâtard de Henry VIII, ancien duc de Richmond et accessoirement vampire - qui lui demande d'aider ses amis, Rose Heerkens et son frère jumeau, membres d'une famille de loups-garous pacifiques. En effet, quelqu'un a découvert leur nature secrète et s'acharne à les abattre, avec des balles en argent. Bien sûr, pas question d'aller voir la police. Vicki est donc leur seul recours. 




  Après avoir lu le premier tome des aventures de Vicki Nelson, romans à l'origine de la série Blood Ties, j'ai décidé de poursuivre avec le second opus. Si j'avais apprécié Le prix du sang, j'avais regretté que l'atmosphère à la fois prenante et réaliste bien que relevant du genre fantastique sombre peu à peu dans des histoires d'invocations sataniques à la petite semaine... Je craignais que cette suite ne poursuive dans ce (mauvais) sens et me passe ainsi le goût naissant pour l'univers de Tanya Huff, mais il me faut reconnaître que piste sanglante est loin d'être déplaisant!

 Couvertures de l'édition originale et de sa réédition.

  En effet, j'ai trouvé ce nouvel opus presque mieux que le précédent: contrairement à ce que je craignais, Tanya Huff ne s'enlise pas dans un scénario de série B mais relève le niveau et fait oublier les bévues du tome 1. Cette fois, Henry fait appel à Vicki pour mener une enquête bien particulière puisqu'impliquant une famille de... Loups-Garous! Plus qu'une famille, c'est un clan, une meute, dont les membres incroyablement soudés vivent leur quotidien à l'écart de voisins susceptibles de surprendre leurs métamorphoses. Cependant, la ferme où ils résident tous ne semble encore pas assez isolée puisque depuis peu, un mystérieux meurtrier s'acharne à les abattre un à un aux balles d'argent. De par les récentes expériences "supranormales" qu'elle a vécues, Vicki est donc la mieux placée pour mettre ses talents de détective à contribution de cette famille sans que leur secret ne s'en trouve en péril. Mais à peine son enquête commence-t-elle que son ancien coéquipier à la criminelle et accessoirement amant jaloux ne vienne y mettre son nez...

Couverture de la première édition française.

  La façon dont la famille de loups-garous et leur mode de vie sont présenté n'est pas sans rappeler les Twilight, si ce n'est que Piste sanglante a bien été rédigé plus de 10 ans avant! La façon dont les éléments fantastiques sont présentés, c'est à dire au-travers du regard très terre-à-terre de Vicki, permet justement de garder un équilibre dans l'atmosphère entre fantastique et réalité et ainsi de mieux se retrouver dans les situations et ressentis mis en mots. On retrouve donc avec plaisir le caractère fort de l'héroïne, toujours aussi directe et incisive face aux événements déstabilisants... ou à son ex-coéquipier plutôt tenace! La relation avec Henry évolue (ah, ça oui, et pas qu'un peu!) mais évite les écueils du genre et reste, comme je le disais pour le premier tome, en "demi-teinte". Au bout du compte, ma seule vraie déception tient à la résolution du mystère: Tanya Huff laisse peu de place au suspens et révèle l'identité du meurtrier eu lecteur dans le premier tiers du livre. Elle gâche ainsi le suspens qu'elle aurait pu instaurer si elle l'avait fait en même temps que Vicki le découvre elle-même.

  Au final, et même s'il ne s'agit pas de "grande littérature", il reste de ce second opus de la série un roman très sympathique qui se laisse lire pour le pure plaisir de la détente, et qui n'a pas pris une ride malgré ses 21 ans!

mercredi 12 juin 2013

Le prix du sang (Les aventures de Vicki Nelson #1) - Tanya Huff

Blood Price (Victoria Nelson #1), DAW, 1991 - Éditions J'ai Lu, collection " Pour elle / Mondes mystérieux", 2007 - Éditions J'ai Lu, 2010.

Soudain, un cri horrible retentit dans une station de métro déserte. Vicki Nelson se précipite. Trop tard. La victime est morte, la gorge déchiquetée. Vicki entrevoit une silhouette fantasmagorique qui disparaît dans le tunnel. D'autres victimes exsangues sont découvertes, et on chuchote qu'il y aurait un vampire à Toronto ! Ex-flic devenue détective privée depuis qu'elle est atteinte d'une maladie dégénérative qui la prive peu à peu de l'usage de la vue, Vicki décide de mener une enquête parallèle à celle de la police. Les vampires n'existent pas, il doit y avoir une explication rationnelle. Mais, lorsque Vicki se verra proposer l'aide de Henry Fitzroy, séduisant écrivain âgé de quatre cent cinquante ans, toutes ses belles certitudes vacilleront...


   Après les romans True Blood, je poursuis l'aventure Bit-Lit, et si c'était bien?, avec les romans Blood Tie. Pourquoi cette série plus qu'une autre, face à l'avalanche de romans sur les vampires? Tout comme les romans La communauté du Sud adaptés à la télévision sous le titre de True Blood, il se trouve que les enquêtes un peu particulières de Vicki Nelson on donné naissance à une série télévisée, certes de moindre facture, mais qui avait retenu mon attention lors de sa diffusion l'été dernier. De réalisation canadienne, Blood Tie évoquait une sorte de "petite soeur" de True Blood, une production mineure et discrète que l'on pourrait croire lancée pour "faire à la manière de", un peu comme c'était le cas pour Sydney Fox, l'aventurière avec Tomb Rider ou Mutant X avec X-Men en leur temps. Pourtant, les livres de Tanya Huff datent du début des années 90, soit plus de dix ans avant le premier tome de la Communauté du Sud, de même que la série Blood Tie a commencé en 2007, un an avant le lancement de True Blood. Après avoir vu deux ou trois passages de la série l'an dernier lors de sa diffusion sur la TNT, il m'a pris l'envie d'essayer les livres d'origine et ce même si les éditions J'ai lu, après une première sortie dans la collection "Pour elle" (même sort réservé à la communauté du Sud, décidément...), n'ont pas offert de meilleures couvertures aux rééditions.

 Couverture de la première édition française de 2007, collection "Pour elle" (hum...)

  Malgré l'apparence très "roman de gare" de l'objet (Dieu bénisse la liseuse numérique qui, pour la peine, fait vite oublier la couverture ^^'), l'intérieur est tout a fait potable, pour ne pas dire prenant, pour peu qu'on cherche juste une lecture détente et pas forcément studieuse. L'héroïne est attachante par son caractère bien trempé et sa fierté, qui la rend d'autant plus crédible: reconvertie en détective privée après avoir quitté la criminelle en raison de son handicap visuel, elle ne doit pas moins s'en résoudre à oublier les avantages de son passé d'enquêtrice officielle et le statut que cela comportait. Apportant son lot de frustration, une telle situation conduit régulièrement à compliquer ses investigations et à la renvoyer aux nombreux inconvénients de la maladie. Vive et terre-à-terre, Vicki est donc un personnage crédible auquel on peut facilement s'identifier et s'attacher en ce qu'elle présente ses forces et ses faiblesses.

 Couvertures de l'édition originale de 1991, et de la réédition de 2004.
  L'autre personnage principal, Henry Fitzroy, est un vampire des plus intéressant livresquement parlant. Contrairement aux autres écrits récents qui cherchaient à se distancer du vampire à la Bram Stocker, Tanya Huff propose une vision assez classique de la créature, mais sait en jouer et la mettre en scène avec modernité pour ne pas tomber dans le ringard. Les références à Dracula ou autres clins d’œil à Nosferatu sont donc plus souvent l'occasion de faire des notes d'humour que d'asseoir des théories traditionnelles sur le vampirisme. L'auteure a de plus le mérite d'avoir travailler les origines de son personnage, et ajoute une dimension historique à son roman: elle fait de lui Henry Fitzroy, duc de Richmond et Somerset, alias le véridique fils illégitime du roi Henri VIII. Cette anecdote scénaristique est l'occasion de flash back racontant les diverses époques et pays traversés par le vampire, retours en arrière fort bien écrits ma foi, et qui rendent compte d'un minimum de recherches et de connaissances.

  La relation qui se noue peu à peu entre ces deux personnages principaux est intéressante et ne tombe pas dans le schéma répétitif de la jouvencelle sans défense qui tombe sous le charme du beaaaauuuu et ténébreux vampire. En dehors des particularités évidemment hors-normes d'Henry et de l'étrange fasscination qu'il peut susciter chez Vicki, cette dernière ne se comporte pas comme la dernière des groupies et leur relation, si elle se traduit par une attirance mutuelle mais discrète, n'est pas clairement définie (Vicki continuant d'ailleurs de mener une vie sexuelle et sentimentale en parallèle, et n'est même pas présentée comme étant "amoureuse" d'Henry). Cette demie-teinte dans les sentiments qui les lient l'un à l'autre, ajoutée à leur caractère fort à tous les deux, renforce la crédibilité de leurs échanges et participe à rendre la lecture intéressante.

Photo promotionnelle de la série adaptées des romans de Tanya Huff.

  Concernant l'intrigue en elle-même, même si elle est assez mince, elle reste là encore plaisante puisque les personnages sont là pour sauver les faiblesses du scénario. J'ai cependant regretté que l'aspect "fantastique" de l'enquête, initialement justement dosé (en tout cas assez pour moi), tombe dans le too-much par la suite: l'apparition de démon et d'éléments lovecraftiens du type pentacles à gogo et invocations sataniques pourrait vite plomber l'ambiance et faire oublier les points positifs du début. Cependant, je sors de cette lecture assez satisfait et désireux de lire la suite! alors ma foi, pourquoi pas? D'autant plus que cela pourra être complété d'un petit visionnage de la série télévisée et d'une petite étude comparative! 

 Trailer promotionnel de la série.

dimanche 9 juin 2013

Peter et la poussière d'étoiles - Dave Barry & Ridley Pearson

Peter and the starcatchers, Disney editions/Hyperion Books for Children, 2004 - Editions Albin Michel, collection Wiz, 2008 - Editions Succès du livre Jeunesse, 2010.

  Comment Peter a-t-il apprisà voler ? Comment le futur capitaine Crochet croise-t-il sa route ? Quel est le secret de la fée Clochette ? Tout commence avec un jeune garçon nommé Peter qui embarque à bord du Never Land avec ses quatre amis. Il y découvre une malle étrange, gardée jour et nuit. Et pour cause, lui apprend une jolie passagère nommée Molly, elle contient de la poussière d’étoiles, une poudre au pouvoir immense qui vient du ciel. Aussi ne doit-elle surtout pas tomber entre de mauvaises mains. Molly et Peter unissent leurs forces pour protéger la malle. Mais, poursuivis par l’ignoble pirate Black Stache, les enfants parviendront-ilsà protéger le trésor et le mettre en lieu sûr ?  

" Ceux qui veulent savoir comment le capitaine Crochet a perdu sa main, pourquoi Peter ne grandit jamais et comment une bande de gamins a débarqué sur le Never Land seront enchantés par cette intrigue inventive et cette histoire de pirates pleine de rebondissements. " (Publishers Weekly).


  Comme chaque année à mon anniversaire depuis mes 18 ans, je m'offre une nouvelle lecture sur le thème de Peter Pan. Pour honorer cette tradition en 2013, le dernier à rejoindre la collection est donc Peter et la Poussière d'étoiles, qui propose ici une nouvelle variation autour des origines du personnage. J'ai entendu parler de cette prequelle lors de sa sortie en 2008 mais lui avais alors accordé peu d'attention. Même lorsque mon intérêt pour Peter Pan s'est intensifié, je ne me suis jamais vraiment penché sur ce livre qui, contrairement à l'Habit Rouge de Peter Pan de Geraldine McCaughrean, reconnu comme suite officielle, est tout ce qu'il y a de plus officieux. En effet, projet à l'origine lancé par la firme Disney et commandé aux auteurs D.Berry et R.Pearson sur la base d'un cahier des charges déja prêt, Peter and the Starcatchers est avant tout une prequelle au dessin-animé de 1953 plutôt qu'à l'oeuvre de Barrie elle-même. Cet aspect du livre me le faisait envisager d'un oeil plutôt dédaigneux et je craignais donc que ce roman ne rende pas justement hommage à James Barrie. Mais ma curiosité sur "Peter avant Peter Pan" ayant été éveillée l'an dernier avec Le journal de Peter et la mini-série Neverland, je décidai de mettre mes aprioris de côté et d'essayer cette version!

  Ainsi, tout comme pour Le journal de Peter, la fiction Neverland, ou encore la BD de Loisel, Peter est ici un gamin des rues orphelin, dans la plus pure tradition dickensienne. Mais là où les autres versions évoquées s'attardaient sur son quotidien dans les rues mal-famées de Londres, Peter et la poussière d'étoiles débute en lui faisant quitter de suite la ville à bord du Never Land. La destination de ce vieux rafiot? L'île de Rundoon, royaume barbare où lui et ses camarades de l'orphelinat seront vendus comme potentiels esclaves aux services du seigneur.

Couvertures de l'édition indonésienne et de l'édition "succès du livre" française.

  Au bout du compte, même si ce roman ne s'inscrit pas dans la veine sytlistique et la complexité de l'oeuvre originale de Barrie, il propose une excellente version de ce qu'auraient pu être les origines de Peter Pan! J'ai beaucoup aimé l'atmosphère "histoire de pirates" qui traverse l'histoire d'un bout à l'autre et nous plonge dans un monde de corsaires, de trésors, d'îles fantastiques et d'abordages toutes voiles dehors! La poussière d'étoiles, l'élément fantastique dont il est question, devient ainsi l'élément déclencheur de la magie du Pays Imaginaire, la source de pouvoir qui transforme les poissons en sirènes, les oiseaux en fées tintinnabulantes, et un garçon banal en "enfant qui ne peut pas grandir"! Peu à peu, on voit ainsi naître au contact de cette poussière tous les éléments bien connus qui composeront le Neverland de James Barrie...

  Côté personnage, je n'ai pas été déçu comme je le craignais au départ: Peter est bien là, avec tous ses nombreux défauts, et j'ai adoré le retrouver dans tout son orgueil et son tempérament entêté. Molly, en personnage féminin de l'histoire, est l'alternative au rôle occupé par Wendy dans Peter Pan. Cependant, elle s'en démarque fortement par un caractère vif et plus prononcé, s'affirmant sur un pied d'égalité avec Peter face à qui elle n'hésite pas à tenir tête (Cependant, je me demande si elle n'est pas amenée à devenir, par la suite, la future mère de Wendy! Cela nous sera très certainement révélé plus tard, puisque Peter and the Starcatchers n'est que le premier opus d'une série de cinq tomes)! Ma seule vraie déception concerne le personnage de Black Stache et la vision que les auteurs propose de "Crochet avant Crochet": non pas qu'elle ne soit pas fidèle à l'esprit et au personnage de Barrie, mais disons qu'elle ne correspond pas à ma vision du personnage et au James Hook que je me suis imaginé...

 Adaptation en spectacle musical pour Broadway du livre de Barry et Pearson.

  En bref, ce roman est donc une agréable surprise qui, au bout du compte, rend un juste hommage au personnage de Peter Pan! Je ne regrette donc pas d'avoir tenté l'expérience et suis impatient de poursuivre l'aventure avec les autres tomes. Le succès rencontré par ce livre a notamment conduit à un spectacle qui se joue à guichet fermé, et au projet d'une adaptation cinématographique (par Disney, forcément), annoncée récemment et actuellement en pré-production! =D

Gary Ross, réalisateur du film Hunger Games, se chargera de l'adaptation cinématographique de Peter et la poussière d'étoiles, dont l'affiche preview a déjà été dévoilée! =P

Ainsi puis-je mourir - Viviane Moore

 Éditions 10/18, 2012.



  Comme dans les contes de fées, il y a une rencontre magique : celle de Gabrielle, la romancière, et de Philip Sedley, un mariage et, bien sûr, un château. Sauf qu'ici, non loin de Cherbourg, dans ce pays de bocages et de légendes, entre ces murs épais, quatre cents ans plus tôt, a vécu une autre femme, Marguerite, qu'une passion tragique a menée à la mort. En faisant de ce destin le sujet de son nouveau roman, Gabrielle ne peut se douter qu'elle va en devenir la prisonnière. La fiction se mêle au réel, le passé au présent. L'histoire semble se répéter, telle une malédiction, et menace de faire de la jeune femme la dernière victime du château des Ravalet.



  Acheté à l'occasion du salon du livre 2013, ce roman me faisait de l'oeil depuis un moment. Repéré il y a environ un an, il avait retenu mon attention par sa couverture aux teintes glacées et son titre à la fois sombre et énigmatique... Les éditions 10/18 publiant toujours des récits de qualité, je m'étais alors attardé sur le résumé, qui m'évoquait un mélange du Rebecca de Daphné du Maurier avec ces autres éléments littéraires qui me sont si chers, à savoir les mystères reliant passé et présent.

  Sortant tout juste d'une lecture de ce type avec l'Echo de ton souvenir, je souhaitais poursuivre avec une histoire similaire et me suis donc jeté sans hésitation sur le roman de Viviane Moore, impatient de découvrir ce que dissimulait son titre fort appétissant. Qu'en dire maintenant que je le l'ai terminé? Passons d'abord par un petit retour sur le synopsis: 
  Lorsque le roman débute, Gabrielle, jeune romancière d'une vingtaine d'années, vient d'épouser Philip Sedley, riche descendant de nobles lignées françaises et britanniques et, surtout, de la dynastie des Tourlaville. Les Tourlaville, cette famille véridique qui occupa en son temps le château des Ravalet, non loin de Cherbourg. Famille maudite, dont l'histoire et les générations successives n'ont cessé d'être marquées par le scandale, la souffrance et le sang... au point d'en faire une légende. Au lendemain de son union, Gabrielle, elle, est plus que jamais enchantée, transcendée: elle va s'installer dans ce même château, domaine qui l'a toujours fascinée depuis qu'elle est enfant. De tous les événements et fait-divers qu'on y recense, le plus romanesque est certainement l'histoire tragique de Marguerite de Tourlaville, qui y naquit au XVIème siècle et dont les portraits ornés de phrases mystérieuses décorent encore les murs de la bâtisse. Mariée de force à l'âge de 13 ans puis mise à mort pour inceste, Marguerite a toujours fasciné Gabrielle, au point qu'elle décide d'en faire le thème central de son nouveau roman. Trouvant l'inspiration dans les dédales labyrinthique du château, la jeune femme se laisse emporté par le souffle romanesque du lieu et la frénésie de l'écriture, se vouant corps et âme à la rédaction du matin jusqu'au soir dans un vertigineux va-et-viens entre présent et passé. C'est alors que surgit de nulle part Terry, la soeur de Pilip, créature diaphane et sensuelle dont Gabrielle n'a jamais entendu parler ni soupçonné l'existence. Pourquoi son époux lui aurait-il caché? D'autant que son arrivée s'accompagne d'une suite d'événements malencontreux et autres accidents, tous dirigés contre Gabrielle. Pourrait-il s'agir d'actes délibérés? Chercherait-on à faire du mal à la jeune écrivaine?... Alors que Gabrielle se perd dans l'Histoire mystérieuse du château, il lui faut aussi faire face aux secrets de Philip et éclaircir ce qu'il semble lui dissimuler...

 Portrait de Marguerite de Tourlaville.

  Si le résumé et l'idée que je m'était faite de l'histoire me mettaient tous les deux l'eau à la bouche, je ne peux m'empêcher d'être un tantinet déçu par quelques éléments. Mais commençons par les points positifs: le plus fort de tous est très certainement de prendre pour cadre de l'histoire un lieu existant, et de construire l'intrigue autour de faits historiques. Ainsi, le château de Ravalet existe bel et bien, de même que toute l'intrigue autour de Marguerite de Tourlaville et de son funeste destin, sujet qui n'a cessé de faire couler de l'encre chez de nombreux auteurs et historiens. Ce postulat de départ renforce donc la crédibilité du roman et attise la curiosité: pendant ma lecture, je n'ai pu m'empêcher de faire quelques sauts sur le net pour admirer les dédales du château des Ravalet, retrouver les pièces et lieux évoqués par Viviane Moore, ainsi que les portrait de Marguerite largement décrits dans son livre. Ce petit jeu des références, ajouté au souffle presque fantastique des retour dans les XVIème et XVIIème siècles, rendait l'intrigue plus palpable.
   Le lien que j'évoquais plus haut avec Rebecca s'est renforcé à la lecture : j'y ai retrouvé certains éléments et atmosphères similaires, notamment avec le personnage de Jane Martin, la gouvernante des Sedley qui n'est pas sans évoquer certains aspects de la terrible Mrs Denvers de Daphné du Maurier.

Le château des Ravalet, près de Cherbourg.

  Cependant, je reste mitigé et il m'est difficile de me prononcer totalement sur ce roman. Si le style de l'histoire et ses thèmes m'ont plu, je n'ai pas trouvé l'atmosphère entêtante et mystérieuse que j'attendais et, du coup, n'ai pas réussi à m'immerger totalement dans l'intrigue. Si le texte est fort bien rédigé, les personnages, en revanche, m'ont semblé assez mal construits et peu réalistes. Par exemple, concernant leur âge: ils sont censés être assez jeunes mais tout dans leur vocabulaire, attitudes et personnalité, évoque des personnes plus âgées, comme si leur "maturité" ne "collait" pas ou serait en décalage. De plus, j'ai eu comme l'impression que les révélations successives concernant les mystères auxquels l'héroïne fait face sont amenés de façon inégale: même si une certaine tension dramatique s'installe, j'ai eu du mal à "vibrer" et me laisser habiter par cette lecture par moment un tantitnet trop "planplan", et je lui reproche en effet un petit côté trop "saga de l'été régionale pour TF1".

Même s'il n'a, pour moi, pas rempli toutes ses promesses, Ainsi puis-je mourir reste un roman sympathique, ne serait-ce que pour la façon dont il interroge le métier d'écrivain et les affres de l'inspiration.

samedi 8 juin 2013

Anis-Verre-sert - Happy Birthday Peter Rabbit!

Peter Rabbit theme party, sur Pinterest.

  Et oui, il y a environ un mois, je fêtais mes 22 ans! Autant dire que j'ai été gâté puisque LE cadeau qui m'a été offert pour l'occasion n'est ni plus ni moins... qu'une liseuse numérique! Et oui, Kobo-Glo by fnac is mine! =D Alors oui, je sais, je suis le premier à avoir râlé après l'apparition du livre numérique, la mort du support papier, etc etc... mais, après une année d'alternance à ne pouvoir trimballer ma bibliothèque au cours de mes multiples voyages, et à me plaindre de ne jamais avoir sous la main ou n'avoir emporté LE livre dont j'avais cruellement besoin ou fatalement envie à tel ou tel moment, j'ai peu à peu revu mon opinion. Maintenant, il me sera donc possible de promener tous mes bouquins dans mon sac, niark niark!Merci Mum!


  Comme chaque année à la même période, il sera donc de bon ton d'honorer la traditionnelle lecture Peter-Panesque habituelle. Au menu en 2013: Peter et la Poussière d'étoiles, variation autour de l'univers de James Barries proposant ici une préquelle à Peter Pan. Les beaux jours ramenant avec eux la nostalgie de mes passe-temps d'enfance, j'aime à profiter de cette période pour retrouver cette atmosphère réconfortante et fantaisiste. Le printemps me rappelant notamment les après-midis à regarder Chapeau Melon et Bottes de Cuir en boucle (série dont je suis, comme j'ai eu l'occasion de le raconter à tous bouts de champs sur ce blog, un fan absolu), je vais pouvoir remettre le nez dans les aventures du duo d'agent-secrets le plus stylé qui soit avec le comic book Steed & Mrs Peel : une bande-dessinée inédite, justement sortie le jour même de mes 22 ans, et qui propose de nouvelles enquêtes à John Steed et Emma Peel! Je n'ai vécu que pour une remise au goût du jour de ces personnages fétiches et une telle publication me renforce dans mon hypothèse que la franchise Chapeau Melon n'a pas pris une ride!


  Enfin, il n'empêche... j'ai une liseuse numérique, mais on notera que les deux ouvrages dont je parle ensuite sont au format papier ^^' Le problème des PAL est loin d'être réglé je crois! Encore de beaux moments de lectures en perspective, histoire de patienter jusqu'aux épreuves orales du diplôme! =P

mardi 4 juin 2013

L'étrange cas du Dr Jekyll & de Mr Hyde - Robert Louis Stevenson

The Strange case of Dr Jekyll and Mr Hyde, Longmans, Green & Co, 1886 - éditions Librio (et multiples éditeurs français...).


  La ruelle est sombre, la silhouette furtive, l'homme pressé. Une fillette, par mégarde, le heurte. Et l'irréparable se produit : l'homme la jette à terre, la piétine et s'éloigne, sans cesser de sourire... Hélas, on ne compte plus à Londres les épouvantables crimes de l'étrange Mr Hyde. Étrange ? Plutôt diabolique, songe le brave notaire Utterson. Et quel sinistre lien unit son ami, le pauvre Dr Jekyll, à cet individu dont la seule vue fait frémir ? Car si jamais visage a porté l'empreinte de Satan, c'est bien celui de Mr Hyde...

***



  Bien que classique parmi les classiques, cette nouvelle qu'on ne présente plus ne faisait pas encore partie de ma bibliothèque! Bien sûr, tout le monde connait l'histoire de Jekyll et Hyde, largement diffusée dans la culture populaire ; cependant, si l'on a tous croisé ce personnage au détour d'un film ou d'une allusion télévisuelle, on a rarement l'occasion de se pencher sur le récit original. Devenu un véritable mythe littéraire, l'étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde a effectivement fait l'objet de multiples adaptations, réadaptations et autres réécritures. Je ne me souviens pas exactement quand j'en ai entendu parler pour la première fois, mais je me rappelle particulièrement de la version du personnage proposée par Alan Moore dans son comic La ligue des Gentlemen extraordinaires, ou encore du film Mary Reilly (jamais vu mais dont on m'a maintes fois parlé), qui raconte l'histoire du point de vue de la femme de chambre du Docteur Jekyll.

  Récemment tombé par hasard le roman Mary Reilly pour trois fois rien dans un Emmaüs, je décidai de m'y essayer en attendant l'occasion de voir le film. Puis, avant de me diriger vers la caisse, pour approfondir le mythe et "faire les choses dans l'ordre", je me suis mis en quête de l’œuvre originale de Robert L.Stevenson. L'avantage des classiques, c'est qu'on les trouve toujours en mille et un exemplaire dans les ventes d'occasion ; Je rentrai donc chez moi avec mon petit kit de lecture sur le thème "Jekyll & Hyde".


  Qu'en dire? Bien que très court, cet écrit n'en témoigne pas moins d'une indéniable qualité littéraire! Le style est certes classique mais loin d'être passé de mode et restitue à merveille l'atmosphère glauque et malsaine des nuits brumeuses du vieux Londres. Quant à l'histoire, même si je la connaissais de réputation, elle n'a cessé de me surprendre : en effet, la narration en elle-même est inattendue puisqu'elle ne tourne pas exclusivement autour du personnage du Docteur, mais est assurée par un personnage secondaire et oublié de l'imaginaire collectif rattaché à cette œuvre. Ce personnage est Gabriel John Utterson, respectable notaire londonien qui se trouve confronté à un sombre enchaînement de faits divers, séries de meurtres sanglants et d’agressions toutes mises sur le compte d'un certain Edward Hyde. On sait peu de chose de cet individu: à peine s'il a été croisé, ou aperçu ... mais tous ceux qui rapportent des témoignages à son sujet s'accordent sur l'immonde aspect du personnage et l'horreur qu'il inspire.

  Intrigué par cette affaire, Utterson découvre par hasard d'étroits liens entre ce meurtrier supposé et... le Dr Henry Jekyll, l'un de ses meilleurs amis et qui plus est, un de ses clients. Chargé des documents testamentaires du Docteur, le bon notaire a en effet découvert que Jekyll léguait la totalité de ses biens à cet étrange Mr Hyde! Utterson mène alors l'enquête auprès de son vieil ami et de ses gens de maison pour éclaircir la nature des liens entre le bon Henry Jekyll et le diabolique Edward Hyde... Allant de surprises en mystères, il se trouve confronté à la plus monstrueuse des affaires qui lui fut donnée de voir...

  Le lecteur appréciera particulièrement ce point de vue extérieur sur l'histoire de Jekyll et Hyde: on découvre peu à peu l'horreur des faits en même temps qu'Utterson mène son enquête, si bien que, même en connaissant la solution du mystère, la façon dont sont amenés au goutte à goutte les révélations et éclaircissements apporte une réelle tension dramatique. Une fois la nouvelle achevée, on se jette sur le roman Mary Reilly pour poursuivre l'aventure, ou on se loue la version dvd avec M.Caine!


En bref: Que ceux qui ne connaissent pas encore cet ouvrage se le procurent au plus vite: très court, il n'en est pas moins indéniablement bien écrit et mérite réellement qu'on s'y attarde! Conte noir et addictif dans le pur gothique classique, une lecture très plaisante je recommande à tous les passionnés du genre.

Pour aller plus loin: