Editions Buchet-Chastel, 2017.
« Alors elle l’a préparée, jour et nuit, sa robe
de mariage, avec ses mots à lui, et si elle le pouvait, elle les
coudrait à même sa peau, elle se les tatouerait à l’aiguille et au fil,
sur les seins et sur les hanches, pour en sentir la morsure, pour ne
jamais être distraite de lui. »
Banlieue parisienne, années 2000. Soir après soir, Leïla se penche sur son chef-d’œuvre d’encre et de papier : une robe constituée des cinquante-six lettres que lui a adressées Dan, son promis parti au loin.
Au fil des chapitres se dessine la trame de leur histoire commune : leurs rencontres, leur complicité, leur quotidien, les petits riens qui donnent à tout amour son relief si particulier. Chaque missive fait ressurgir un souvenir, un paysage, une sensation, qui éclairent peu à peu la géographie de leur intimité passée.
Un premier roman délicat où l’on suit l’aiguille qui raccommodera le cœur meurtri d’une jeune fiancée.
Ce roman à la couverture sobre et délicate, au format inattendu et au titre énigmatique, s'ouvre sur une séance de photographie de mariage. L'épouse est seule devant l'objectif, au bord d'un canal, et prend la pose. "La photographie sera parfaite", pense l'artiste. Mais de son modèle, il ne sait rien, si ce n'est peut-être le sentiment de mélancolie qui se dégage d'elle.
Le lecteur tourne la page, et rencontre Leïla, issue d'une famille d'origine afghane résidant aujourd'hui à Paris, qui reprend une par une les lettres de son fiancé Dan, envoyées depuis le Soudan où il s'est engagé. Au fil des nuits de canicule qui s'enchainent, elle coud, brode, surjette les missives pour en faire sa future robe de mariée, celle qu'elle prévoit de porter le jour de leur union au retour de Dan. Chaque nouvelle pièce à assembler fait émerger, de chapitre en chapitre, un souvenir, un moment vécu de leur idylle. Chaque couture de la robe devient un morceau de puzzle de leur histoire d'amour et met en lumière ce Tout qu'ils étaient.
" Fil noir au chas de l'aiguille dans la main tatouée de Leïla; cinquante et unième lettre dans la main vierge, dans la main gauche de Leïla. Fil, nœud, dent, ciseaux. Les mêmes gestes tous les soirs, les mêmes mains et leurs aiguilles, et cette robe qui s'évase sur le mannequin du salon, et cette boîte qui se vide, soir après soir, dans le silence."
Ce roman, premier de l'auteure et poète Claire Gondor, dépasse de bien des qualités le nombre de ses pages. Derrière ce court récit s'ouvre en fait les porte de tout un univers, ou plutôt de deux univers qui, au fil des pages, n'en font plus qu'un : Dan et Leïla. Deux tempéraments opposés, deux cultures différentes, et pourtant, une rencontre se fait au gré du hasard et fait d'eux un tout indissociable. Le sujet pourrait presque paraître ordinaire s'il n'était pas porté par une prose délicate, poétique, et ciselée à la perfection. Claire Gondor maîtrise l'art de ressusciter la mémoire de l'Instant et de coucher sur le papier le fugace du souvenir, tout en évoquant la naissance du sentiment amoureux et son deuil.
A cette plume unique et évocatrice vient s'ajouter cet élément si original et emprunt de poésie: cette robe cousue de papier au fil des lettres et des chapitres. Comme un fétiche central, clef de voûte du récit, elle vient s'entourer de personnages et de réminiscences au croisement des cultures, des croyances, et des aspirations. L'ensemble est d'une grâce rare, teintée d'une belle et douce mélancolie.
En bref : Un récit sobre et délicat d'une touchante originalité. Le style, subtil et évocateur, met en lumière les reliefs de la relation amoureuse et aborde le deuil avec pudeur et élégance.
Et pour aller plus loin...
Banlieue parisienne, années 2000. Soir après soir, Leïla se penche sur son chef-d’œuvre d’encre et de papier : une robe constituée des cinquante-six lettres que lui a adressées Dan, son promis parti au loin.
Au fil des chapitres se dessine la trame de leur histoire commune : leurs rencontres, leur complicité, leur quotidien, les petits riens qui donnent à tout amour son relief si particulier. Chaque missive fait ressurgir un souvenir, un paysage, une sensation, qui éclairent peu à peu la géographie de leur intimité passée.
Un premier roman délicat où l’on suit l’aiguille qui raccommodera le cœur meurtri d’une jeune fiancée.
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Ce roman à la couverture sobre et délicate, au format inattendu et au titre énigmatique, s'ouvre sur une séance de photographie de mariage. L'épouse est seule devant l'objectif, au bord d'un canal, et prend la pose. "La photographie sera parfaite", pense l'artiste. Mais de son modèle, il ne sait rien, si ce n'est peut-être le sentiment de mélancolie qui se dégage d'elle.
Le lecteur tourne la page, et rencontre Leïla, issue d'une famille d'origine afghane résidant aujourd'hui à Paris, qui reprend une par une les lettres de son fiancé Dan, envoyées depuis le Soudan où il s'est engagé. Au fil des nuits de canicule qui s'enchainent, elle coud, brode, surjette les missives pour en faire sa future robe de mariée, celle qu'elle prévoit de porter le jour de leur union au retour de Dan. Chaque nouvelle pièce à assembler fait émerger, de chapitre en chapitre, un souvenir, un moment vécu de leur idylle. Chaque couture de la robe devient un morceau de puzzle de leur histoire d'amour et met en lumière ce Tout qu'ils étaient.
" Fil noir au chas de l'aiguille dans la main tatouée de Leïla; cinquante et unième lettre dans la main vierge, dans la main gauche de Leïla. Fil, nœud, dent, ciseaux. Les mêmes gestes tous les soirs, les mêmes mains et leurs aiguilles, et cette robe qui s'évase sur le mannequin du salon, et cette boîte qui se vide, soir après soir, dans le silence."
Ce roman, premier de l'auteure et poète Claire Gondor, dépasse de bien des qualités le nombre de ses pages. Derrière ce court récit s'ouvre en fait les porte de tout un univers, ou plutôt de deux univers qui, au fil des pages, n'en font plus qu'un : Dan et Leïla. Deux tempéraments opposés, deux cultures différentes, et pourtant, une rencontre se fait au gré du hasard et fait d'eux un tout indissociable. Le sujet pourrait presque paraître ordinaire s'il n'était pas porté par une prose délicate, poétique, et ciselée à la perfection. Claire Gondor maîtrise l'art de ressusciter la mémoire de l'Instant et de coucher sur le papier le fugace du souvenir, tout en évoquant la naissance du sentiment amoureux et son deuil.
Claire Gondor.
A cette plume unique et évocatrice vient s'ajouter cet élément si original et emprunt de poésie: cette robe cousue de papier au fil des lettres et des chapitres. Comme un fétiche central, clef de voûte du récit, elle vient s'entourer de personnages et de réminiscences au croisement des cultures, des croyances, et des aspirations. L'ensemble est d'une grâce rare, teintée d'une belle et douce mélancolie.
Claire Gondor, dans la robe de papier du roman (une superbe création de Javier Camarillo).
En bref : Un récit sobre et délicat d'une touchante originalité. Le style, subtil et évocateur, met en lumière les reliefs de la relation amoureuse et aborde le deuil avec pudeur et élégance.
Et pour aller plus loin...