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dimanche 10 décembre 2017

Alfie Bloom et la Sorcière du l'Île du Démon (Alfie Bloom #3) - Gabrielle Kent.

Alfie Bloom and the witch of Demon Rock, Scholastic, 2017 - Editions Michel Lafon (trad. de C.Laumonier), 2017.



  Il est grand temps pour Alfie Bloom de voyager dans le passé pour débuter son apprentissage auprès d’Orin Hopcraft, le dernier des grands druides. Car la magie qu’il a en lui, plus indomptable que jamais, peut l’entraîner à tout instant vers son côté obscur… Mais alors que le garçon commence à peine à comprendre son pouvoir, une étrange créature de ténèbres attaque ses proches et plonge Orin dans un coma profond. Pour sauver ses amis, Alfie doit à tout prix trouver la seule personne à même de l’aider : la sorcière de l’île du Démon.


*** 

  C'est toujours un plaisir à l'approche de chaque hiver que de découvrir un nouveau tome d'Alfie Bloom. Après le tome 1 et le tome 2, l'Anglaise Gabrielle Kent revient pour un troisième opus des aventures du jeune garçon apprenti druide.

 Edition originale anglaise.

  Cette fois, Alfie et ses amis doivent remonter les siècles jusqu'au Moyen-Âge : ils y retrouvent le druide Orin, qui a choisi Alfie depuis son lointain passé pour lui succéder. Au cours de leur séjour en pleine ère médiévale, le jeune garçon devra apprendre à maîtriser la magie cachée en lui tandis que ses camarades développeront des compétences qui feront d'eux des alliés de choix dans sa quête : divination, herboristerie, érudition... Des qualités qui deviennent très vite nécessaires lorsque les villages environnants sont tour à tour attaqués par un spectre, lui-même envoyé par un ennemi  dissimulé dans l'ombre. Son but est bien évidemment de voler les pouvoirs d'Alfie... Aussi, lorsqu'Orin lui-même est blessé par le spectre et plongé dans un état de léthargie complète, la petite troupe n'a plus qu'à s'en remettre à la protection de Bryn, le garde-chasse du Druide, pour le sauver et vaincre le spectre et son émissaire. Le magicien a laissé derrière lui un dernier indice menant à une île perdue, dont la légende raconte qu'elle est habitée par une sorcière... une possible alliée? Voilà donc Alfie et ses amis qui partent à sa recherche en pleine époque médiévale, une période semée d'embuches...


  Plonger la joyeuse troupe d'Alfie en plein Moyen-Âge est l'excellente idée de ce troisième tome : ce nouveau cadre vient dynamiser la série et évite ainsi de sombrer dans la redite. L'époque, sujette aux surprises et aux péripéties, poussent les personnages dans leurs plus lointains retranchements et oblige à développer des trésors d'imagination et de connaissance pour y survivre : on suit bien évidemment tout ça avec grand intérêt et grand enthousiasme!

Le château d'Orin, concept art de Po An Yen.

  Dans la continuité de ce décor, on sent l'envie de l'auteur de gagner en maturité dans son écriture et dans les personnages : livrés à eux-mêmes, ils gagnent en autonomie, paraissent plus "grands", et leur aventure se teinte d'éléments plus complexes, plus sombres aussi. Dans cette ordre d'idées, Gabrielle Kent développe des idées très sympathiques : après des inspirations de départs qui évoquaientt la gentille littérature anglaise fantastique de C.S.Lewis et du "Petit Peuple" folklorique, elle s'oriente cette fois vers des figures plus ténébreuses de la mythologie fantastique et nécromantique. L'origine qu'elle donne au spectre de l'histoire, un composé magique de plusieurs âmes tirées de leurs tombes et missionnées par une tierce-personne, est ainsi l'une des meilleurs créations du roman ( et peut-être bien plus que son émissaire en question, finalement un peu fade en comparaison, mais cela semble admis par les personnages eux-mêmes). 

 La sorcière de l'île du Démon, créature qui réserve quelques surprises...

  La magie que doit apprendre à utiliser Alfie se pare également d'une dimension plus obscure dans l'énergie qu'elle puise, ce qui devient là aussi un des meilleurs leitmotivs du récit. Un autre des points forts, qui se dessinait depuis le début de la saga mais qui se confirme ici : bien que la série s'intitule Alfie Bloom, Gabrielle Kent met au premier plan ses adjuvants directs, ses fidèles amis qui l'accompagnent depuis le premier tome. Développant ici leur potentiel de talents et de connaissances druidiques, Amy, Maddy et Robin deviennent des héros tout aussi important qu'Alfie, et tous forment une constellation où chacun se complète aux autres.

Alfie et Amy, concept art d'Alec Chalmers.

  Le gros point faible reste à mon sens le texte, et par là j'entends le texte français, très inégal. Si je ne peux juger de l'exactitude de la traduction (n'ayant pu comparer avec la version originale), je n'ai pu m'empêcher de tiquer à plusieurs reprises face aux tournures de phrases tortueuses ainsi qu'à certains termes maladroits ( "Les Parques m'ont reparlé hier" ou "J'ai passé ma magie en toi"... bof, bof..) qui donnent l'impression d'un premier jet traduit au mot à mot et jamais relu pour être affiné. C'est bien dommage...

En bref : Un troisième tome à l'intrigue très sympathique qui continue d'élargir l'univers d'Alfie Bloom et de faire évoluer les personnages, de sorte que le lecteur n'a pas l'impression de tourner en rond. On regrette seulement le caractère inégal de la traduction, qui perturbe quelque peu le plaisir de la lecture...
  Présenté par l'éditeur comme une trilogie, on ne sait si l'auteure signe ici son dernier tome d'Alfie Bloom. Les aventures du jeune druide pourraient très bien s'arrêter ici, ou pourquoi pas, se poursuivre... l'avenir saura nous le dire, mais il ne fait aucun doute que Gabrielle Kent a l'imagination pour créer de nouveaux univers...


Un grand merci aux éditions Michel Lafon.

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