Editions J.C.Lattès, 2014 - Le livre de poche, Le masque, 2015.
Prenez un philosophe bien à point, faites-le mariner, lardez quelques
victimes, laissez mijoter les suspects, assaisonnez de quelques
scandales, pimentez l’intrigue, salez les rebondissements, saupoudrez de
dialogues croustillants, enrobez dans un style onctueux et servez
chaud.
En pleine révolution culinaire, Voltaire enquête sur les traces d’un assassin qui sème derrière lui tartes au cyanure et ragoûts à l’arsenic. L’aide de la brillante marquise du Châtelet, experte en recherches scientifiques, et de l’abbé Linant, fin gourmet, ne sera pas de trop pour rendre l’appétit aux gastronomes !
Après La baronne meurt à cinq heures, prix Historia, prix Arsène-Lupin et prix de Montmorillon, Meurtre dans le boudoir et Le diable s’habille en Voltaire, Frédéric Lenormand nous offre une nouvelle aventure truffée d’humour, savoureusement rehaussée de précisions historiques, nappée de bons mots ; un délice, un régal, une friandise.
En pleine révolution culinaire, Voltaire enquête sur les traces d’un assassin qui sème derrière lui tartes au cyanure et ragoûts à l’arsenic. L’aide de la brillante marquise du Châtelet, experte en recherches scientifiques, et de l’abbé Linant, fin gourmet, ne sera pas de trop pour rendre l’appétit aux gastronomes !
Après La baronne meurt à cinq heures, prix Historia, prix Arsène-Lupin et prix de Montmorillon, Meurtre dans le boudoir et Le diable s’habille en Voltaire, Frédéric Lenormand nous offre une nouvelle aventure truffée d’humour, savoureusement rehaussée de précisions historiques, nappée de bons mots ; un délice, un régal, une friandise.
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C'est un de mes exhausteurs de bonheur, cette série : le moral dans les chaussette? Lis une enquête de Voltaire! L'enthousiasme à l'arrivée du printemps? Lis une enquête de Voltaire aussi! Véritable gourmandise de lecture dans le fond et la forme, la saga des Voltaire mène l'enquête propose de suivre la réalité très historique de la vie du philosophe, et d'y rajouter des meurtres que le grand auteur et penseur se trouve obligé de résoudre.Un concept dont je ne me lasse pas depuis le premier opus.
"Tout le monde aime le sucre, il est à la cuisine ce qu'est à la religion
la promesse d'une vie éternelle : un mensonge agréable qui dissimule
l'amertume du reste"
Paris, printemps 1734. Se sachant toujours surveillé par les autorités, Voltaire a mis en suspens la publication de ses Lettres philosophiques pour s'éviter un aller simple à la Bastille. En attendant, il a investi sous un faux nom dans le commerce d'aliments exotiques qu'il fait importer depuis l'étranger, et qu'il cache autant que possible dans son logement rue de Longpont avant de les revendre. Sucre candi, bananes et autres fruits tous plus étranges les uns que les autres permettent au philosophe de gonfler sa bourse. Mais pendant qu'il faut empêcher ce goinfre de Linant de manger toutes les réserves, Voltaire, lui, a besoin d'une nourriture plus adaptée à ses papilles de philosophe. L'amateur de lentilles, qui ne supporte rien de moins que la cuisine lourde et grasse servie à tous ces dîners auxquels il est invité, se dégote comme par un enchantement un cuisinier aussi talentueux qu'anonyme, apte à servir une cuisine digne des intestins d'un grand auteur. Mais voilà que dans le même temps, les tentatives d'assassinat se multiplient contre la personne du philosophe... Que pourrait-on lui vouloir? Chercherait-on à l'empêcher de conclure ce mariage qu'il arrange, selon ses propres dires, "comme une intrigue de comédie" entre son ami le duc de Richelieu et la jeune Sophie de Lorraine? Il faut avouer que tout le monde ne voit pas d'un bon œil l'union entre la descendante d'une si noble famille et un libertin notoire...Entre crème d'amande au cyanure et meringues à la fraise, le philosophe, accompagné de l’inénarrable marquise du Châtelet, devra à la fois protéger sa vie et celle de Richelieu.
Le duc de Richelieu et Elisabeth Sophie de Lorraine.
Après avoir planté le décor dans le premier tome, exploré les milieux libertins dans le second, et évolué dans les cercles obscurantistes et satanistes dans le troisième, Frédéric Lenormand s'attache ici plus que jamais à restituer les faits historiques. En lisant Crimes et condiments, on revit en effet quelques célèbres heures du philosophe et de son entourage, notamment ce mariage arrangé entre le duc de Richelieu et la dernière née de la famille des Guise (qui conduira à de nombreux désagréments, en vérité). Dans la continuité de cette union menée de main de maître par Voltaire qui joue aussi bien les metteurs en scène que les dames marieuses, on voit paraître par accident ses Lettres philosophiques, et avec, la lettre de cachet qui le condamne à la Bastille. Le lecteur assiste ainsi avec émotion à sa fuite, encouragée par Madame du Châtelet qui l'envoie se cacher dans son château de Cirey, à la frontière entre la Champagne et la Lorraine.
"Les Guise entendirent des cris dont la stridence fit s’envoler les chauves-souris du grenier.
- Qu’y a-t-il ? Un incendie ? Un meurtre ?
Emilie était aux abois.
- Pire : on a publié un livre de Voltaire !"
- Qu’y a-t-il ? Un incendie ? Un meurtre ?
Emilie était aux abois.
- Pire : on a publié un livre de Voltaire !"
Mais, et l'intrigue policière dans tout ça? Elle est habilement surbrodée par-dessus et à travers, insérée par l'auteur entre les grandes lignes et événements véridiques. Et c'est là que l'on retrouve tout ce qui fait le sel de cette série : les événements cocasses racontés d'une plume spirituelle à souhait, le sens du bon mot et de la formulation faisant toujours mouche. Parmi les scènes d’anthologie propres à susciter les fou-rires du lecteur, on retiendra, entre autres, notre pauvre Voltaire piégé sur un morceau de fleuve gelé en train de dériver sur la Seine, pendant que sa divine Émilie agite son éventail façon signaux d'atterrissage pour l'aider à accoster. Petit plaisir supplémentaire? Cet opus évoque grandement l'avènement réel, en ce milieu de XVIIIème siècle, de ce qu'on appela "la nouvelle cuisine" : une nouvelle façon de s'alimenter, de cuisiner, et de proportionner les aliments en vue de trouver une forme d'harmonie.
" Soucieux de mettre monsieur le lieutenant général dans de bonnes
dispositions, Voltaire lui expliqua ses travaux comparatifs d’empreintes
de doigts, un système propre à faciliter la recherche des délinquants.
- Est-ce que je me mêle de philosophie ? rétorqua Hérault.
Ces préoccupations lui semblaient risibles et le procédé répugnant. On allait s’en tenir à la bonne vieille méthode : arrestation, torture du contrevenant par un professionnel agréé, confession en comité restreint devant un juge, extrême- onction, supplice public selon la condition social du condamné : la hache pour les nobles, la corde pour les servantes, la roue pour les roturiers. Il n’y avait pas à compliquer la marche de la justice. C’étaient bien là des idées d’hurluberlus obsédés de nouveauté que de prétendre examiner des traces de doigts sales !"
- Est-ce que je me mêle de philosophie ? rétorqua Hérault.
Ces préoccupations lui semblaient risibles et le procédé répugnant. On allait s’en tenir à la bonne vieille méthode : arrestation, torture du contrevenant par un professionnel agréé, confession en comité restreint devant un juge, extrême- onction, supplice public selon la condition social du condamné : la hache pour les nobles, la corde pour les servantes, la roue pour les roturiers. Il n’y avait pas à compliquer la marche de la justice. C’étaient bien là des idées d’hurluberlus obsédés de nouveauté que de prétendre examiner des traces de doigts sales !"
Château de Chantilly (à gauche) : lieu d'invention de la crème du même nom, et aussi célèbre pour feu son maître d'hôtel Vatel.
Château de Montjeu (à droite), propriété des Guise, où Voltaire et Émilie séjournèrent pour le mariage du duc de Richelieu.
" La marquise et le philosophe suivirent leurs bagages à l'étage. On leur
avait attribué des chambres séparées, mais sans pousser le souci des
convenances jusqu'à les loger dans des ailes différentes : leurs
appartements se touchaient comme le vice et la vertu."
De là à faire un lien avec la philosophie voltairienne pour mieux servir l'atmosphère délicieusement perchée de son intrigue, il n'y a qu'un pas, que l'auteur franchit avec sa gouaille habituelle. Aussi, de la rue de Longpont au Château de Chantilly, puis du château de Montjeu à celui de Cirey, ce n'est qu'une enfilade de plats plus extravagants et évocateurs les uns que les autres, de métaphores culinaires et jeux de mots gastronomiques.
Château de Cirey : propriété des du Châtelet où se réfugie Voltaire en 1734.
"Le seul danger, avec le mal qu'on dit de nous, c'est que nous finissions par le croire."
En bref : Une intrigue toujours aussi désopilante et instructive qui nous fait revivre la grande et véridique histoire de Voltaire à travers la fiction policière humoristique, cette fois entre les marmites et les pâtisseries de la cuisine du XVIIIème siècle. Une histoire très bien assaisonnée.
Et pour aller plus loin...
Voilà une série de récits qui fait envie !
RépondreSupprimerje te la recommande chaudement si tu aimes l'esprit des lumières, les bons mots et l'Histoire. C'est une série aussi drôle qu'intelligente!
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