Agatha Raisin and the Christmas crumble (An Agatha Raisin short story), StMartin's Press, 2012 - Éditions Albin Michel (trad. de N.Cunnigton), 2018.
Le pudding était presque parfait...
Lorsqu'Agatha Raisin décide d'organiser le Noël des personnes âgées
dans un petit village des Cotswolds, elle ne s'attend pas à ce que la
fête tourne au drame. Ni une ni deux, la voilà pourtant avec un cadavre
sur les bras, accusée de meurtre ! L'arme du crime ? Le dessert le plus british
qui soit : un pudding ! Il faudrait un miracle ou l'intervention du
père Noël pour la sortir de ce bourbier. Mais Agatha compte bien pister
le vrai coupable...
En tête des meilleures ventes, M.C. Beaton est devenue la reine du
mystère à l'anglaise et Agatha Raisin la plus célèbre détective après
Miss Marple : une nouvelle délicieuse, à savourer sans modération.
***
C'est quelques jours après le nouvel an que nous avons appris la triste nouvelle : M.C.Beaton, l'auteure d'Agatha Raisin, est décédée le 30 Décembre dernier, laissant des milliers de lecteurs en deuil à travers le monde. Nostalgique, j'ai alors eu envie de remettre le nez dans les drôlatiques enquêtes d'Agatha, dont j'ai un peu abandonné la lecture depuis un moment par manque de temps (et parce que la publication française effrénée était anxiogène). Sa disparition en cette saison hivernale me donnait envie d'un Agatha se déroulant à Noël, mais comme je m'interdis de lire la série dans le désordre malgré les nombreux tomes parus, cela m'aurait forcé à avaler plus de dix opus d'un coup avant d'arriver à celui, tout juste paru en France, se déroulant pendant les fêtes. Fort heureusement, j'ai appris tout en même temps la publication de cette nouvelle inédite, et donc hors série, se déroulant pendant Noël. Perfect!
Offerte au format papier chez les libraires ou gratuite au téléchargement numérique, cette histoire courte a vitement rejoint ma liseuse pour une soirée de lecture, confortablement installé sous un plaid à boire du jus de pomme chaud...
"— Pour moi, le véritable esprit de Noël, c'est de s'occuper des autres – par exemple des personnes âgées ou infirmes.
— Bonne idée!
— Plaît-il?
— Il y a beaucoup de petits vieux décatis dans ce village. Parfois, je me dis que les Cotswolds, c'esr comme la salle d'attente du bon Dieu, avec une voix tombée du ciel qui dit "Numéro 5, à votre tour, entrez." C'est décidé, je vais leur offrir un super repas de Noël!"
Pour oublier la mélancolie et la solitude que réveillent chez elle les fêtes de Noël, Agatha décide de faire cadeau d'un réveillon à six personnes âgées isolées du village, qu'elle invite à dîner le soir du 24 décembre. Matilda Glossop, 84 ans, accepte bien qu'elle trouve son hôtesse terrifiante, Harry Dunster, 90 ans, était enchanté, Freda Pinch, vieille peau de 82 ans, répond par l'affirmative bien qu'elle considère Agatha comme ni plus ni moins qu'une trainée, Simon Trent, 82 ans, est ravi d'être convié à un dîner par une détective dont il admire les talents, et Len Leech, vieux libidineux, est persuadé qu'Agatha a des vues sur lui. Le soir du dîner, chacun se fait remarquer conformément à sa réputation et le vieux Len cherche toutes les occasions de pincer les fesses de leur hôtesse, jusqu'au moment fatal où Agatha, n'ayant pu esquiver ses mains baladeuses, échappe sur sa tête le pudding fait maison qu'elle avait cuisiné. Le vieux lubrique en meurt sur le coup. Alors, oui, elle l'avait tellement mal préparé qu'il y avait de fort chance qu'il provoque chez quiconque en aurait mangé une forte indigestion, mais de là à tuer... Seule la vieille Freda s'empresse de crier au meurtre et de dénoncer Agatha à la police. Rapidement innocentée, la détective reste cependant la cible de Freda, qui continue de dire à qui veut l'entendre qu'elle est une criminelle et porte plainte contre elle... avant de faire machine arrière et de se faire soudain toute petite. Quelqu'un aurait-il cherché à l'intimider? Bien que cela serve les intérêt d'Agatha, l'énergique quinquagénaire ne peut s'empêcher de s'interroger...
L'hiver dans les Cotswolds...
"— Voilà un petit intérieur bien douillet, commenta Agatha.
— Y'a bien deux ou trois femmes du village qui s'en occupent pour moi. C'est bien mieux qu'une épouse. Une épouse, pour la virer, faut lui payer une pension."
C'était agréable de retrouver l'univers d'Agatha pour une quarantaine de pages. Publiée en Angleterre en 2012 pour célébrer les 20 ans de la série, cette histoire courte se lit en effet sans déplaisir, à défaut d'être une vraie bonne intrigue policière. On retrouve ce côté excessif hilarant qu'on adore dans l'écriture d'M.C.Beaton, avec des personnages caricaturaux en diable et une héroïne toujours aussi peu douée malgré sa volonté de faire les choses correctement. Parmi les scènes tordantes, la confection du pudding arrive en première place (on ne vous en dit pas plus : c'est too much mais puisque cela faire rire, quelle importance?), suivie de près par une Agatha faisant le ménage sur une scène de crime qu'elle vient de découvrir pour ne pas qu'on y trouve ses empreintes et qu'on l'accuse (encore) d'un meurtre.
Côté intrigue, c'est assez moyen, reconnaissons-le. M.C.Beaton a voulu offrir un petit cadeau à ses lecteurs (peut-être même sur forte invitation de son éditeur) et a donc probablement choisi, pour cette petite quarantaine de pages, la facilité. La mort principale du roman n'est même pas vraiment l'objet de l'enquête et le tout est cousu de fil blanc, de même que la chute, un peu gratuite. Le pire dans tout ça (ou le mieux, peut-être), c'est qu'en fait, on n'en tient même pas rigueur à l'auteure. M.C.Beaton s'était déjà affranchie depuis longtemps des codes strictes du polar pour être surtout reconnue et adulée pour son second degré, peut-être ce qu'on recherche en premier lieu lorsqu'on achète un de ses romans. Aussi, même s'il n'y a rien à vraiment élucider dans Le Noël d'Agatha (et puisque c'est offert), on se satisfait des quelques fou-rires qu'elle nous offre avant de refermer ce petit livre.
"— Deux ou trois petites question, Mrs Raisin, dit la journaliste (...). Diriez-vous que vous êtes féministe?
— C'est une question difficile. Si vous répondez "oui", on vous soupçonne d'avoir du poil aux pattes, un caractère de cochon, de détester les hommes et de ne pas porter de soutien-gorge. Si vous dites "non", alors on pense que vous êtes du genre vieux jeu qui pense que les hommes ont toujours raison.
— Mais alors vous êtes quoi?
— Unique, répondit Agatha avec agacement."
En bref : une petite lecture de Noël sans prétention, à lire davantage pour le second degré inimitable d'M.C.Beaton que pour l'intrigue policière. L'accent est surtout mis sur l'humour, très certainement notre première motivation pour lire une nouvelle enquête d'Agatha!
J'ai été surpris de voir que cette nouvelle était sortie en 2018, je n'en avais jamais entendu parler ! C'est plaisant de retrouver Agatha! Du coup j'ai racheté quelques tomes d'avance pour m'y remettre (je les achète chez France Loisirs maintenant, format plus petit et quelques euros moins chers).
RépondreSupprimerCelui-ci, je me le réserve pour Noël prochain, c'est sûr !!! :-)
RépondreSupprimerAh oui, c'est de la lecture qui doit rester de saison, sinon ça perd tout son charme ;)
SupprimerJe me suis régalée ! c'est difficile de trouver ses histoires de Noël. j'aimerais bien qu'ils les ressortent en anglais !
RépondreSupprimerJ'avoue que j'adore les séries qui s'offrent comme ça un petit opus de temps en temps dans la période de Noël. La série de cosy mysteries "L'espionne royale" qui a commencé à paraître en France l'été dernier (dix ans après sa parution en Angleterre)a un tome qui se passe pendant les fêtes... j'hésite à l'acheter en VO ou attendre qu'il soit traduit en Français...
SupprimerGrateful for sharingg this
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