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lundi 1 juin 2020

Hommage à Gemma...



  L'hiver dernier, je chroniquai le livre Larry ; une amitié avec Lawrence Durrell, émouvant témoignage de l'écrivaine Gemma Salem (propos recueillis par Stéphane Héaume) sur sa longue camaraderie avec le célèbre auteure britannique. Parce qu'elle avait lu mon article, elle m'avait envoyé un mail qui allait marquer le début d'une correspondance tout ce qu'il y a de plus inattendue.


  Au fil de quelques mails, nous avons partagé notre amour commun de la lecture, des mots et des gens (et ce malgré un goût partagé pour la solitude), en dépit des générations et des kilomètres qui nous séparaient. Chacun de ses courriels était un trésor et j'attendais toujours avec impatience leur réception. Sa prose chaleureuse, son attention, sa spiritualité et sa fantaisie m'ont beaucoup touché. Lors de notre dernier échange, au mois d'avril, nous avions pris mutuellement de nos nouvelles en pleine situation de crise sanitaire. J'avais été rassuré d'apprendre qu'elle était en bonne santé et elle m'annonçait son souhait de me faire envoyer son dernier livre, Où sont ceux que ton cœur aime, promesse de futures discussions passionnantes et passionnées.


  Vendredi, j'ai reçu le livre en question, envoyé par son éditrice. Je me voyais déjà prévenir Gemma par mail le soir même que son ouvrage était arrivé, que j'avais hâte de le lire et hâte d'en parler avec elle. Et puis la carte a glissé des pages, les mots à l'encre noire se détachant du papier couleur crème : Gemma Salem était décédée le 20 mai dernier.

  Bien que nous n'ayons fait qu'échanger des mails traitant de la vie et la littérature, j'ai ressenti un certain choc à la lecture de ces quelques lignes. Cela pourrait paraître indécent de ma part, moi qui n'étais qu'une récente connaissance : il y a bien sûr les proches et sa famille qui pleurent son départ tandis que je n'étais qu'un vague et lointain correspondant. Mais la plume d'une personne est parfois le chemin le plus vrai et le plus sincère jusqu'à elle et en cela, nous nous étions reconnus mutuellement. Il ne me reste maintenant qu'un sentiment d'inachevé, de frustration ; cette impression que nous avions encore tant de sujets à aborder, entre deux politesses courtoises au détour d'un mail, mais que nous n'aurons jamais l'occasion de le faire.


  D'une belle sagesse et d'une grande perspicacité, Gemma Salem manquera à ce monde. Je lui souhaite de retrouver Lawrence Durrell de "l'autre côté", où il est certain qu'ils sont déjà en train de trinquer encore et encore tout en riant comme ils savaient si bien le faire.

Toutes mes pensées vont à sa famille et à ses proches.

Et, comme elle le disait si bien à la fin de chaque mail :
Une accolade.

2 commentaires:

  1. Je ne la connaissais pas, j'avoue, mais je suis tout de même triste pour toi... C'est en tout cas un très bel hommage que tu lui rends. Et tu as eu la chance de partager quelque chose avec elle...

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    1. Je l'ai moi-même découverte sur le tard, avec son livre sur Lawrence Durrell publié en Automne dernier. C'était une belle personne, je m'estime très chanceux de l'avoir connue même si ce n'était que de façon épistolaire :)

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