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Toujours dans ma temporalité dérangée, voici seulement le bilan de ce printemps 2020 on ne peut plus particulier. Pour la première fois peut-être, mon retard pourra être justifié par une cause que personne n'a pu manquer : la crise sanitaire, à laquelle j'avais consacré un article en mars dernier, a perturbé bien plus que notre rapport au temps. Si certains, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, ont pu profiter du confinement pour se recentrer sur eux-mêmes, repeindre leur salon ou écrire un roman, j'ai fait partie de ces professionnels dont le métier nécessitait la présence sur leur lieu de travail, dans des conditions particulièrement intenses. Nouveauté de la situation, tension constante, adaptation et réadaptation, changement perpétuel des règles... autant dire que ce n'était pas de tout repos! Même une fois le déconfinement acté, nous avons dû poursuivre sur notre lancée jusqu'à nos vacances. Cet article récapitulatif saisonnier arrive donc en même temps que mes congés estivaux !
Monde d'avant, monde d'après... monde du dedans?
"Si vide d'espoir m'est le monde du dehors que deux fois plus précieux m'est le monde du dedans".
Cette citation d'Emily Brontë a fortement résonné en moi pendant ce printemps si étrange. On n'a eu de cesse de nous parler du monde d'avant et du monde d'après : la prise de conscience, l'entraide, l'altruisme et ces autres joyeusetés sur lesquelles allait nécessairement déboucher une telle crise. Bien. En attendant, face à autant de remue-ménage et aussi peu de repères, j'ai surtout trouver à m'évader dans le monde du dedans en attendant qu'on arrive enfin au salvateur monde d'après. M'accrochant au mât au milieu de la tempête, j'ai attendu avec impatience que le navire accoste pour cette destination si prometteuse... Résultat ? Monde d'avant, monde d'après : même combat. Serait-il pessimiste de ma part de trouver la sortie du tunnel pire que la traversée? En fait de prise de conscience, d'altruisme et de fraternité, j'ai comme l'impression d'être passé de bonnet blanc à blanc bonnet : égoïsme et décadence, chacun luttant pour sa survie en s'imaginant dans un monde post-apocalyptique. On espérait Utopie de Thomas More, nous voilà dans Sa Majesté des mouches de William Golding. J'ai eu envie de crier "Remboursé!" puis je me suis souvenu que je n'avais rien payé du tout. Arrivé au monde d'après, je me suis donc empressé de retourner dans mon monde du dedans, lequel m'offre au moins quelques constantes et l'évasion nécessaire pour survivre à la post-catastrophe...
Aussi, si je n'ai pas été en surproduction au cours de cette période, j'ai en revanche réussi à écrire plus que jamais jusqu'ici. Le projet sur lequel je planche depuis plusieurs années se concrétise, après une longue phase de recherches maintenant terminée et un troisième jet enfin satisfaisant. Moi qui me persuadais que je n'écrivais pas assez parce que je manquais de temps, je n'aurais pas cru que malgré la fatigue et la surcharge de travail, le besoin de garder la tête hors de l'eau appellerait à ce point l'inspiration et ce peu importe l'heure de la journée (ou de la nuit) et l'état d'épuisement.
Confiversaire
Je fais également partie des quelques chanceux qui fêtaient (ou qui n'ont pas fêté, justement) leur anniversaire pendant le confinement. Comme chacun sait, mes anniversaires ne suscitent que très rarement mon enthousiasme (le syndrome de Peter Pan a tendance à trop s'ancrer avec les années), raison pour laquelle je leur préfère les non-anniversaires. Ceci dit, un confiversaire n'ayant rien de très officiel, l'événement ne m'a pas trop déplu. J'avais confectionné pour l'occasion quelques gâteaux à partager avec ma collègue et le petit monstre dont on m'avait confié la charge. Ces deux insolites compagnons m'ont d'ailleurs offert des cadeaux de confiversaire tout ce qu'il y a de plus touchant : un joli stylo de la part de l'une et une œuvre d'art post moderne en couvert de pique-nique et pâte à sel de la part de l'autre.
Afin de mettre un peu de fantaisie dans ce monde de brutes, j'en ai profité pour exhumer du dressing des tenues que je n'osais plus sortir du placard depuis des lustres (moins de monstres = moins de raisons de finir ensevelis sous le sable, les crachats - si, si, je travaille dans la quatrième dimension, pour ceux qui viennent de nous rejoindre - ou piétiné par des tas de petits pieds en colère, bref, pas besoin de venir protégé avec une bâche!) : richelieus en daim, gilet en tweed, ciré jaune de marin breton, Chelsea boots et même le superbe tee-shirt Downton Abbey qui m'avait été offert à l'automne dernier étaient de circonstance.
Séance privée !
En dépit du confinement, j'ai pu partager avec vous pendant ce printemps THE événement tant attendu au Terrier cette année : la sortie de Miss Fisher et le tombeau des larmes, le film qui fait suite à la série Miss Fisher enquête, d'après les romans policiers vintage de Kerry Greenwood. S'il n'a pu bénéficié d'une sortie sur les grands écrans dans l’hexagone, le film sera bientôt disponible en France en direct to dvd fin septembre prochain. En attendant, une amie et moi qui attendions tous deux ce long-métrage avec impatience avons pu honorer le rendez-vous living room premieres (enfin, dès que le déconfinement a été acté, du moins ; nous sommes des gens sérieux...) proposé par la plateforme de vod américaine qui a pour l'instant l'exclusivité du film. A cette occasion, nous avons sorti la belle vaisselle Art-Déco, le champagne, et la musique jazzy pour notre soirée de (presque) cinéma privée... Un petit plaisir parmi ceux qui ont adouci cette période un peu morose.
Acquisitions livresques...
Le confinement et la triste fermeture des librairies n'a pas empêché votre humble serviteur de satisfaire ses pulsions acheteuses (Merci les librairies en ligne). Grâce aux joies d'internet, j'ai pu faire l'acquisition de quelques beaux ouvrages dont certains me faisaient de l’œil depuis un moment. Parmi ceux-là, le roman Orlando de Virginia Woolf et son adaptation cinématographique par Sally Potter, récemment rééditée en dvd, mais aussi un superbe album découvert chez Onirik qui raconte la création du roman Frankenstein. Après ce Mary, auteure de Frankenstein, le hasard me faisait tomber sur She made a monster, un autre bel album illustré traitant du même sujet. Chroniques à venir sur books-tea-pie, évidemment!
Une fois la France déconfinée et les librairies rouvertes, je fus évidemment saisi d'une nouvelle crise pulsionnelle assez intense : La jeune fille à la perle (mon exemplaire a été prêté à un ami de la famille il y a longtemps, jamais rendu), Les sept morts d'Evlyn Hardcastle et sa couverture toute en clairs-obscurs a eu raison de moi, de même que le pitch très alléchant de La prisonnière du temps de Kate Morton, dont j'attendais la sortie en poche. Enfin, j'en ai profité pour poursuivre ma collection d'Agatha Raisin, dont il faut toujours avoir un tome en réserve pour les jours de pluie...
Bricolages et gribouillages...
Évidemment, crise sanitaire et travail à plein tube obligent, peu de temps à consacrer à d'autres bricolages ou créations... Mais j'ai eu l'occasion de dédicacer certains des livres de F.Lenormand dont j'avais illustré les couvertures, l'occasion de gribouiller ici et là des Voltaire et des Émilie du Châtelet avec passion...
Popotes et casseroles...
Peu de temps à consacrer à la cuisine également entre mars et mai, mais une accalmie dans le planning a ensuite permis de m'amuser un peu plus aux fourneaux, principalement pour mitonner des petits frichtis pour l'amie avec qui j'improvisais des séances cinéma à domicile : risotto poulet/brocolis, coleslaw au chou rouge et aux graines, salade de courgette aux pignons et pain au thon. J'ai refait une fournée de biscuits australiens fourrés à la crème de fruits de la passion (recette inspirée des enquêtes de Phryne Fisher qui a rencontré un certain succès à la maison) et le sacro-saint crumble fraise-rhubarbe aux biscuits roses (une institution chaque année à la même époque au Terrier, comme les muffins à la rhubarbe qui ne tardent jamais bien longtemps derrière).
***
Et voilà pour ce printemps au Terrier... S'il parait ne pas très différent des autres racontés sur le blog, cela tient surtout à la recherche des habitudes et des rituels pour structurer ce quotidien bien perturbé et ne pas trop souffrir de tous ces chambardements. Espérons que l'été nous offrira plus de sérénité et que le temps s'écoulera un peu plus normalement. De toute façon, moi, j'ai trouvé un portraitiste qui m'a peint façon Dorian Gray, juste au cas où il faudrait encore se cloitrer chez soi et attendre l'éternité pour vivre à nouveau :
sacré bilan, mine de rien...
RépondreSupprimerMerci Lady Clare, mais la crise sanitaire nous ayant tous mis dans du coton, j'ai l'impression de n'avoir pas fait grand chose, ou d'avoir tout fait à moitié... mon temps a été fortement grignoté par les obligations professionnelles :/
SupprimerChouette portrait final ! Je me retrouve pas mal dans ce que tu écris sur "le monde du dedans" et "viiiite, je préfère y retourner car l'après est assez effrayant / décevant / désespérant - au choix..." ! En tout cas, bon confi-versaire en retard (on a confi-versairé 2 fois chez nous en mars/avril et c'était bien aussi ^_^) et j'ai encore trouvé plein de belles et bonnes choses à croquer dans ton billet-bilan... Bonnes vacances bien méritées, Pedro !!
RépondreSupprimerMerci pour ton message, Fondant! Je suis (presque) rassuré d'apprendre que je ne suis pas le seul à être moyennement enthousiaste à l'idée du "monde d'après". J'imagine que ton quotidien professionnel a été bien remué aussi par la situation sanitaire, alors profite bien de cet été également ;)
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