Naughty in nice (Her royal spyness #5), Berkley, 2011 - Éditions Robert Laffont, coll. la Bête Noire (trad. de B.Longre), 2020.
Sa mission : résoudre le mystère du collier disparu.
Londres, 1933. La reine vient de confier une nouvelle mission à notre héritière favorite : partir à la recherche de sa précieuse tabatière, volée sur la très hédoniste et chic Côte d’Azur.Georgie, déjà comblée par la confiance que lui accorde Sa Majesté, a l’heureuse surprise de voir Coco Chanel en personne lui proposer d’être son modèle pour ses dernières créations ! Toutefois, pendant le défilé, les choses se passent atrocement mal : le collier inestimable qu’elle porte, appartenant lui aussi à la reine, est subtilisé à son tour. Et, peu après, un homme est retrouvé assassiné ! Avec deux vols sur les bras et un meurtrier en liberté, Georgie n’a pas vraiment le loisir de profiter du casino…
Entre Downton Abbey et Miss Marple, une série d’enquêtes royales so British !
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Autre guilty pleasure qui voisine sur nos étagères avec Agatha Raisin : Son espionne royale, arrivée l'an dernier en France, est une série de cosy mysteries comme on les aime. Oubliez l'aspect bien trop girly des couvertures françaises : pépite policière vintage et légère dans le milieu de l'aristocratie britannique, Son espionne royale raconte les enquêtes en amatrice d'une jeune héritière sans le sou dans l'Angleterre des années 30. Dans une ambiance évoquant The Crown ou Downton Abbey que viendrait relever un humour british en diable, l'auteure Rhys Bowen s'amuse (et nous amuse) entre éléments historiques et fantaisie.
Revenue d'un mariage meurtrier en Europe de l'Est, Georgie est maintenant obligée de supporter la présence de son insupportable belle-sœur (enceinte de surcroit) dans la maison londonienne des Rannoch. Alors que tout le reste de sa famille et ses meilleurs amis fuient l'Angleterre pluvieuse pour passer la saison sur la Côte d'Azur, Georgie craint, faute de moyens financiers suffisants pour s'offrir de telles vacances, de devoir rester assignée à résidence au château de Rannoch ou d'être placée chez une vieille lady pour jouer les demoiselles de compagnie. Fort heureusement, la reine Mary a une mission pour la jeune fille : elle offre à Georgie le voyage à Nice pour jouer les espionnes et retrouver là-bas Sir Tobby Tripoter, un parvenu ayant récemment acquis un titre de noblesse. Ce collectionneur compulsif aurait volé une tabatière inestimable à la souveraine. La jeune fille débarque donc sur la Côte d'Azur où elle retrouve son amie Belinda mais aussi sa fantasque mère. Elle y fait également la connaissance de toute la fine fleur de l'aristocratie et de la jet-set française ; en tête de liste : la grande Coco Chanel, en pleine préparation de sa nouvelle collection, qui ne tarde pas à proposer à Georgie de jouer les mannequins pour son défilé. La jeune femme doit se pavaner sur scène vêtue d'une tenue d'inspiration masculine à l'anglaise et porter une rivière de diamants prêtée pour l'occasion à la couturière par... la reine Mary elle-même! Enfin, jusqu'à ce que l'irréparable se produise : connue pour sa maladresse, Georgie fait une chute monumentale depuis le podium, pour constater en se relevant que le collier a disparu! La voilà donc obligée d'enquêter sur un double vol, aidée pour cela de sa mère, de Coco Chanel, et de l'associée de la styliste, Vera Bates-Lombardi...
A peine dévoré les tomes 3 et 4 parus simultanément il y a quelques mois qu'on se languissait déjà de Lady Gorgiana! La sortie de Son espionne royale et le collier de la reine tombe à pic en pleine période estivale avec cette intrigue qui délocalise notre jeune héroïne anglaise sous le soleil de la Côte d'Azur, le temps d'une enquête. L'atmosphère solaire et luxueuse ainsi que l'ambiance de fête du Nice de la jeunesse dorée d'autrefois sont merveilleusement bien restituées sous la plume de Rhys Bowen. Contexte oblige, on n'échappe pas à quelques petits clichés sur la France, laquelle prend parfois des allures de carte postale à travers les yeux de la romancière anglaise. Cela reste cependant très anecdotique (tous les Français croisés s'appellent Antoine, Jean-Paul ou Charles - ce qui, pour les années 30, reste somme toute peut-être plus ordinaire que stéréotypé - et on mange des croissants toutes les trois lignes), d'autant que Rhys Bowen n'épargnait pas non plus les Anglais dans les tomes précédents (notamment dans sa façon d'aborder avec humour les coutumes désuètes de la royauté).
"Une fois rentrée, je trouvai Queenie qui m'attendait fidèlement - pour une fois.
— J'ai les pieds en compote, soupirai-je en m'affalant sur mon lit.
— Vous avez qu'à les plonger dans le bain de pieds dès que j'aurai rincé vos dessous, vu que j'étais en train de les laver la-dedans.
— Le bain de pieds?
— Dans la salle d'eau. C'est vachement commode. J'me suis dit que j'irais essayer de pêcher des crabes sur la plage, demain matin. On pourra les conserver dans cette bassine jusqu'à ce qu'on les cuisine.
Curieuse, je suivis Queenie dans la salle d'eau. Là, je découvris qu'elle avait mis mes sous-vêtements à tremper dans le bidet!"
Ce qui est plaisant dans ce cinquième opus, c'est le petit goût familier qu'il suscite chez le lecteur féru de polars vintage. Cette Côte d'Azur et cette histoire de collier subtilisé, ces soirées mondaines et ces diamants étincelants, tout cela n'est pas sans rappeler à nos mémoires quelques bons vieux classiques. On pense ainsi au roman Le Train Bleu d'Agatha Christie (Georgie emprunte d'ailleurs le célèbre express pour descendre à Nice), mais surtout au film La main au collet , d'Alfred Hitchcock (d'après le roman éponyme de David Dodge). L'intrigue de Rhys Bowen trouve d'ailleurs sa conclusion dans une course-poursuite automobile évocatrice sur les côtes rocheuses dominant la ville...
Comme à son habitude, Rhys Bowen utilise à profit des éléments historiques (lesquels sont parfois plus incroyables encore que la fiction) : ainsi qu'elle l'explique en postface, c'est en se basant sur des faits réels qu'elle utilise ici le personnage de Coco Chanel. La célèbre styliste logeait effectivement à Nice dans les années 30 ; elle fréquentait à l'époque le second duc de Westminster, qui lui avait inspiré une collection mêlant le masculin, le féminin, et les tissus anglais. Le défilé bénéficia également du prêt de plusieurs bijoux appartenant à la reine d'Angleterre, aussi surprenant que cela puisse paraître. Le choix de Nice comme cadre de l'action n'est pas non plus un hasard : la ville accueillait bel et bien la jeune aristocratie anglaise qui venait s'y réfugier chaque hiver pour fuir le mauvais temps britannique.
Coco Chanel, la vraie, la seule, l'unique.
Malgré tous ces éléments et le plaisir de la lecture, l'intrigue présente de trop nombreux tiroirs qui la rendent malheureusement un peu trop bancale. Rhys Bowen semble chercher à complexifier son scénario à l'excès afin de mieux brouiller les pistes, la solution finale ne s'avérant dès lors pas du tout à la hauteur de l'enquête (Tout ça pour ça, a-t-on envie de dire?). De plus, l'auteure invente dans cet opus un sosie de lady Georgie dont les origines et le secret, révélés en fin d'ouvrage comme soudainement sortis du chapeau, laissent l'impression d'une surenchère inutile. L'ensemble, même s'il se tient à peu près et se lit sans déplaisir aucun, est quelque peu chaotique dans sa construction et dans les ficelles, souvent trop grosses.
Georgie rhabillée par Coco Chanel dans le Nice de 1933?
On n'en attend pas moins avec impatience le tome 6, puisqu'il a été reconnu par les lecteurs anglais comme étant le meilleur de la série à ce jour. Autre détail qui a son importance, ce prochain opus sera également une lecture de saison : l'intrigue se déroulant à Noël, l'éditeur français a eu l'excellente idée de prévoir sa sortie pour la fin d'année! Rendez-vous cet hiver pour la suite des enquêtes de Lady Georgie!
"Si vous ne voulez pas qu'on vous mente, ne posez pas de questions!"
En bref : Un contexte idyllique et une histoire qui n'est pas sans évoquer Le Train Bleu d'A.Christie ou La main au collet d'Hitchcock. L'auteure utilise à bon compte des éléments historiques qui ajoutent au romanesque de son intrigue mais elle se perd quant à elle dans ses propres éléments de fiction, pêchant par excès. Quoi que très agréable à lire sur une plage, ce cinquième tome souffre de surenchère et de la complexité exagérée de son histoire.
J'ai tellement hâte de poursuivre la série !!! :-)
RépondreSupprimerMoi également ! Le prochain tome qui se déroule pendant les fêtes de Noël me tente beaucoup !
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