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dimanche 15 novembre 2020

Pénélope - un film de Mark Palansky.

Pénélope

(Penelope) 


Un film de Mark Palansky ; scénario de Leslie Caveny

Avec : Christina Ricci, James McAvoy, Reese Witherspoon, Peter Dinklage, Catherine O'Hara, Richard E. Grant...

Sortie en salle : 9 avril 2008
    
    Une sorcière a jeté un sort sur la première fille qui nait dans la famille Wilhern : Pénélope. Pour y échapper, elle devra épouser un garçon issu de la noblesse. Pénélope est une romantique. Elle décide de fuir loin de sa famille et d'affronter le Monde. Elle découvrira que le mauvais sort, il faut l'ignorer et s'accepter telle qu'elle est.
 
***
 
    Un film qui ne pouvait passer à côté de notre sélection halloweenesque 2020. Malgré une sortie discrète en 2008 et des critiques plutôt mitigées, Pénélope est un de nos grands chouchous. Co-produit par l'actrice Reese Whiterspoon, tombée amoureuse du scénario, ce conte de fée moderne et fantaisiste est une petite gourmandise à savourer sans modération.

 
    Imaginez une famille maudite par une sorcière (quoi de plus classique?) : les Wilhern, après qu'un de leurs aïeuls ait un jour batifolé avec une servante pour mieux l'abandonner, sont condamnés à voir leur première fille naître avec une face de cochon. Seule façon de vaincre la malédiction? Il faudra que cette dernière puisse se faire aimer par quelqu'un de son rang malgré son apparence. Par chance, au fil du temps et des générations, les Wilhern ne donnent naissance qu'à des garçons, qui ne donnent naissance qu'à des garçons, et ainsi de suite, jusqu'à... Pénélope. Née avec un groin disgracieux à la place du nez, la jeune héritière est cachée des paparazzis et des curieux par ses parents (dont une mère surprotectrice un peu folle) qui décident de tout mettre en œuvre pour briser le sort. Avec l'aide d'une marieuse de la jet set, la mère de Pénélope organise des speed dating à l'aveugle avec les jeunes nobles célibataires du pays, espérant que la dote promise sera assez conséquente pour les convaincre de survivre au physique de la jeune fille quand elle se présentera à eux. Mais les nombreuses rencontres ne conduisent qu'à la même triste et fatale issue : les prétendants s'enfuient sans demander leur reste. Jusqu'à l'arrivée de Max, hériter sans le sou un peu paumé. En fait embauché (ou débauché?) par un journaliste friand de scoops, le jeune homme doit tout faire pour photographier Pénélope, qualifiée de "monstre" par un des ex-prétendants que l'affaire a rendu légèrement délirant. C'est sans compter l'attachement qui va se nouer progressivement entre Max et la jeune fille, ainsi que l'envie de liberté qui va guider cette dernière à s'échapper de sa tour pour découvrir le monde...
 

    Délicieuse fable sans prétention mêlant les éléments d'un conte merveilleux et la légèreté d'une comédie contemporaine, Pénélope réinvente le mythe de l'amour sincère au-delà des apparences en partant d'un postulat classique qui n'est pas sans évoquer une version inversée de La Belle et la Bête. On pourrait s'imaginer un petit film sans surprise et archi convenu, mais Pénélope, malgré un succès moyen en salle, a bien plus à offrir que ça. Mis en scène par le discret Mark Palansky (un réalisateur plutôt habitué des courts-métrage mais hautement plébiscité par Reese Witherspoon elle-même), ce film propose une ambiance et une esthétique burtoniennes à souhait.
 

    Cette atmosphère, qui se ressent particulièrement à travers la photographie et les décors, vient également d'une source d'inspiration majeure de Mark Palansky pour ce film : les œuvres étranges de Mark Ryden, artiste au style inspiré de Margaret Keane et qui inspira à son tour Nicoletta Ceccoli ou Benjamin Lacombe. On retrouve en effet dans les tableaux de l'artiste et dans le film de M.Palansky un goût commun pour les couleurs tranchées et profondes ainsi que pour les arbres tortueux et les végétations aussi luxuriantes qu’irréelles. Un visuel qui prend tout particulièrement corps dans la chambre de Pénélope, pensée comme un magnifique microcosme visant à compenser ce que la jeune fille ne peut aller voir à l'extérieur : des dizaines de plantes sous cloches de verre, un magnifique arbre (avec sa balançoire) comme ayant poussé au milieu du parquet et des centaines de jouets vintages. On n'est parfois pas loin non plus des couleurs et de l'esthétique du Fabuleux destin d'Amélie Poulain...
 
L'esthétique inspirante de Mark Ryden pour l'univers visuel de Pénélope.
 
    Le casting est on ne peut plus enchanteur : dans le rôle titre, Christina "Mercredi Addams" Ricci nous charme littéralement ; un choix très pertinent quand on sait qu'elle a elle-même inspiré de nombreux tableaux à Mark Ryden. Son adorable et envoutant minois se prête à merveille à cette jeune fille candide (mais jamais niaise) à force d'être restée ainsi cloitrée à l'écart du monde, mais au tempérament décidé. Son jeu tout en nuances fait de Pénélope une héroïne attachante qui évolue de la petite fille surprotégée à la femme décidée, avec laquelle on redécouvre la vie extérieure avec des yeux nouveaux et une émotion sincère.
 


    Face à elle, James McAvoy campe un prétendant à contre-emploi : avec sa bouille de jeune ours mal léché à mille lieues d'évoquer le prince charmant, il s'impose comme un choix évident pour interpréter le rôle de Max, héritier désargenté qui passe ses nuits au casino. Sa prestation s'accorde parfaitement avec celle de Christina Ricci, les deux nous offrant quelques adorables badinages spirituels et humoristiques de part et d'autres du miroir sans tain qui donne sur la chambre de Pénélope. Leur alchimie crève l'écran et donne de la densité à leur duo, en dehors de l'aspect fantastique du scénario.
 

    A leurs côté, une pléiade de seconds rôles joués par des acteurs connus : Richard E. Grant et Catherine O'Hara jouent les parents délicieusement excessif de Pénélope, personnages caricaturaux et follement drôles comme le seraient des protagonistes imaginés par Roald Dahl (dans une histoire qu'il aurait presque pu écrire, par certains côtés), de même que le journaliste un peu trop obstiné et totalement inattendu joué par Peter Dinklage (futur star de Games of Throne). Reese Witherspoon, co-productrice du film évoquée plus haut, y interprète également un petit rôle très sympathique : celui d'une motarde Rock'n'roll qui deviendra l'amie de Pénélope une fois celle-ci évadée du manoir familial.


    Servi par une envoutante musique de Joby Talbot (dont les mélodies ne sont pas sans évoquer le style de Danny Elfman, compositeur fétiche de Burton), cette comédie romantique enlevée et fantaisiste revisite intelligemment le genre du conte de fées et quelques unes de ses morales les plus connues, sans oublier de nous réserver quelques surprises. La chute du film et la levée de la malédiction sont d'ailleurs parmi les meilleures trouvailles du scénario, donnant une toute autre envergure à l'acceptation de sa propre différence comme chemin vers la résilience.
 
 

En bref : Pétillant, inattendu, et enchanteur, Pénélope est un conte moderne rafraichissant aux accents Rock'n'roll, au croisement de Tim Burton, Jean-Pierre Jeunet et Roald Dahl. Son esthétique fantaisiste, son casting de choix et son enthousiasmant scénario en font une adorable gourmandise.
 

 
 

4 commentaires:

  1. Je ne connaissais pas ! Le titre me semblait familier mais pas du tout l'histoire. Merci pour ce beau billet qui me donne très envie de découvrir ce film ainsi que les oeuvres dont tu parles, une découverte également pour moi ! Je vais voir si ma médiathèque le propose.

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    1. J'adore ce film, que je trouve particulièrement réconfortant. Avec Pénélope, on redécouvre le monde avec des yeux nouveaux, ça me rend tout chose à chaque fois et ça donne envie de s'émerveiller de tout. Et sortir d'un long confinement avec un cache-nez, c'est très actuel ! ;)

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  2. Il m'avait interpellée il y a quelques années ; j'essaierai de le trouver car il me tente beaucoup ! Bon week-end !

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    1. Je te le recommande ! C'est rafraîchissant et pétillant comme tout!

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