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dimanche 12 octobre 2025

Créatures de chairs couturées : dans les archives du Terrier.

 

    Ouvrons le challenge comme il se doit : tous les ans, nous consacrons notre premier billet non pas à une nouvelle chronique à proprement parler, mais à une rétrospective des précédents articles dans le thème de l'année. Comme nous avons, depuis quelque temps déjà, beaucoup moins de disponibilités pour lire et partager nos lectures, ce patchwork d'ouvrages "déjà lus" (et, parfois, de films déjà vus) nous permet de vous faire patienter jusqu'aux nouveautés de la saison ! Or, en parlant de patchwork, il se trouve que Mary Shelley, ses créatures de chairs couturées et autres monstres dans la même veine sont des habitués du Terrier et de notre bibliothèque...
 
 
Les nombreuses vies de Mary Shelley :
 
 
 
 
    Ni tout à fait biographie, ni tout à fait essai, ce livre passionnant sur la célèbre autrice aborde autant sa vie que les questionnements éthiques de son œuvre, sans omettre la lecture psychanalytique des parcours croisés de ses parents avec son propre destin. Une lecture passionnante.  
 
 
 
 
Film catalogué bien trop vite, Mary Shelley allie parfaitement éléments classiques et modernité, rendant ainsi un hommage à cette grande figure littéraire tout en faisant d'elle un personnage universel et intemporel. Éminemment féministe, ce biopic parvient à être romanesque sans jamais être mélodramatique. Le jeu poignant d'Elle Fanning, à travers les épreuves que traverse son rôle et les opinions qu'il défend, permet de rappeler le caractère vif et engagé de cette auteure et d'en faire, encore aujourd'hui, un modèle digne d'inspiration.  
 
 
 
 
     Un roman fort et émouvant sur la figure de Mary Wollstonecraft, pionnière du féminisme en Angleterre et mère de la future Mary Shelley. En choisissant comme point d'ancrage les onze jours qui deviendront l'unique point de jonction entre la mère et la fille, Samantha Silva nous embarque dans un voyage passionnant dans le tumultueux siècle des Lumières, aux quatre coins de l'Europe, des salons des philosophes britanniques aux rues mouvementées du Paris révolutionnaire.
 
 
 
 
     Roman qui raconte de façon déformée l'épisode de la villa Diodati, La villa des mystères, "roman gothique dans le roman gothique", est un récit addictif et diabolique qui transforme l'un des plus grands faits divers de la littérature en parodie mordante, crue, et en même temps réussie. On passe de l'hilarité au frisson sans demi-mesure ; un vrai plaisir coupable.
 
 
 
 
 
    Mary, auteure de Frankenstein est un magnifique album pour la jeunesse. Objet de transmission qui a pour objectif de raconter l'histoire de Mary Shelley aux plus jeunes, cet album évite les écueils posés par la réelle histoire de la célèbre romancière en n'omettant pas de raconter les événements difficiles de sa vie, mais sans jamais tomber dans le pathos. Également porté par de superbes illustrations, Mary, auteure de Frankenstein est une ode à l'imagination, esthétique et envoutante.
 
 
 
 
     Dans la lignée de Mary, auteure de Frankenstein, un autre album qui s'attache à raconter aux plus jeunes la vie de la romancière Mary Shelley et la genèse de son célèbre chef-d’œuvre. S'il est moins riche en détails et en finesse, il n'en reste pas moins une autre façon très intéressante et également très esthétique de rapporter le parcours de cette femme extraordinaire.
 
 
 
 
    Inspirée par la mathématicienne Ada Lovelace, fille délaissée de Lord Byron, Lili Goth est une fable fantasmagorique dans un univers gothique au croisement d'Edward Gorey et de Lewis Carroll. Furieusement british, cette série déborde de clins d’œil culturels, littéraires et historiques et on y croise une romancière au nom très évocateur de Mary Shelleyzautres.
 
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Récits monstrueux :


 
 
    Roman biographique inspiré de la vie de la future Mme Tussaud, Petite est bien plus gothique et shelleyien qu'on pourrait le croire. Histoire d'abandon et de (re)création à travers les personnages de cire, ce roman du très burtonien Edward Carey est une fantasmagorie historique quelque part entre art et anatomie. Une pépite.

 
 
 
    Une famille de monstres mis au banc de la société par les gens bien-pensants, parce que leurs particularités, réelles ou symboliques, ne cochent pas les cases de la prétendue normalité. Très belle et émouvante évocation de la différence sous toutes ses formes (et aussi de tous les visages de la monstruosité), L'étonnante famille Appenzell, probablement l'un des chefs-d’œuvre de l'artiste Benjamin Lacombe n'aurait peut-être pas déplu à Mary Shelley...
 
 

 
     Hommage aux romans feuilletons d'antan, Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec débordent aussi de monstres, créatures en tous genres et savants fous. La tempétueuse héroïne de Tardi ne manque d'ailleurs pas une occasion d'évoquer Mary Shelley, comme c'est le cas dans le tome 3 du célèbre cycle de bandes-dessinées...
 
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Créatures et coutures :


 
    Apparue dans les colonnes du New Yorker quelque temps après la sortie au cinéma du Frankenstein de 1931, l'étrange famille de Chas Addams n'est pas sans évoquer l'atmosphère des bons vieux films d'horreur en noir et blanc. Par ailleurs, Max (Lurch en VO), le majordome des Addams, semble être un évident clin d’œil au monstre joué à l'écran par Boris Karloff. 
  
 
 
 
    Dans la continuité de la version papier de La famille Addams, nous nous devons d'évoquer son adaptation par Tim Burton sous la forme de la série Mercredi. Le réalisateur, très influencé par les films d'horreur à l'ancienne et amateur des créatures couturées à la Frankenstein, glisse partout des monstres abondamment suturés. Ici, même La Chose semble rafistolée de morceaux épars et Lurch est bien évidemment toujours fidèle à lui-même. Si Mercredi est très loin d'être la série du siècle, elle se laisse regarder sans déplaisir.
 
 
 
 
    Moins shelleyien que burtonien, La mécanique du cœur de Mathias Malzieu ne raconte pas moins l'histoire d'un enfant mort-né à qui on offre une seconde vie en lui greffant une horloge à la place du cœur. Si le clin d’œil à la créature de Frankenstein n'est pas des plus évidents, il reste qu'on devine quand même quelque chose d'un héritage... 
 
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    Voilà pour ce petit retour en arrière de nos précédents articles in the mood of Shelley. On revient très prochainement pour partager avec vous nos nouvelles lectures. Au programme : Frankenstein (évidemment!), la saga Nécropolis, la série Penny Dreadful, et bien d'autres... 
 
 
 

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