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mardi 3 avril 2012

Une semaine avec Marilyn - Colin Clark


My week with Marilyn, Harper Collins, 2000 - Editions Payot & Rivages, 2006 - Petite bibliothèque Payot, 2012.


En 1956 à Londres, le jeune Colin Clark est l’assistant de Laurence Olivier, qui tourne Le Prince et la Danseuse et partage la vedette avec Marilyn Monroe. Elle qui aspire au rang d’authentique comédienne est traitée comme une blonde écervelée par son partenaire et comme une enfant difficile par Arthur Miller, son nouveau mari.
Le sex-symbol du grand écran tente alors de noyer son mal-être en séduisant Colin. Entre le 11 et le 19 septembre se noue une étrange idylle faite de longues conversations et d’escapades. Mais que se passera-t-il lorsque le garçon se retrouvera assis au bord du lit de Norma Jean ?
Devenu un grand producteur de télévision, Colin Clark (1932-2002) n’a livré son secret que deux ans avant sa mort.


Je parlais il y a quelques temps de ce livre-témoignage, à l'origine du film My Week with Marilyn, dont la sortie est justement prévue pour demain. J'avais alors évoqué ma passion pour Marilyn Monroe ainsi que l'intérêt que je porte à sa personnalité secrète, celle qu'elle était réellement derrière le vernis hollywodien. J'ai donc sauté sur l'occasion lorsque j'ai déniché ce livre au salon du livre de Paris, et l'ai dévoré en une journée (aujourd'hui, en fait! la lecture est donc toute fraiche!).

L'histoire nous est racontée par Colin Clark, alors tout jeune homme engagé comme assistant sur le tournage du film The prince and the showgirl (le prince et la danseuse), en septembre 1956. Passionné depuis toujours pas l'univers du cinéma, il doit principalement cet emploi au grand comédien Laurence Olivier, star du film et accessoirement grand ami de la famille des Clark. Le travail du jeune Colin est en fait assez ingrat et consiste à courir à droite et à gauche sur le plateau pour répondre aux exigences matérielles de leurs altesses hollywoodiennes. Grand admirateur de Marilyn Monroe, il n'imagine pas un instant, compte-tenu de leur différence de statut, qu'elle lui adressera un jour la parole ou qu'elle a seulement réaliser sa présence.


Très vite, les critiques acerbes de Laurence Olivier sur les qualités d'actrice de la star la plongent dans une profonde mélancolie: se retirant régulièrement dans sa loge ou dans ses appartements pour se gaver de calmants et d'alcool, elle plonge peu à peu le tournage et l'équipe du film dans une angoisse constante. C'est dans cette tension et cette attente perpétuelle de l'actrice que Colin est finalement envoyé la chercher; il pénètre alors dans l'intimité de Marilyn Monroe qui, toute célébrité qu'elle est, se présente à lui dans toute sa spontanéité de petite fille perdue. Délaissée par son mari, critiquée par le milieu du septième art, Marilyn s'ennuie et s'ouvre entièrement au jeune garçon, qui lui offre une compagnie qu'elle n'attendait plus. On découvre donc non pas la star mais la "vrai" Marilyn, celle qui se cache derrière le masque de la blonde pulpeuse: Norma Jean Baker, accablée par le poids de son passé et un parcours déjà lourd d'expériences traumatisante et de questionnements. Au côté de Colin, elle s'exprime en toute liberté, avec le naturel dont elle estime être privée par sa profession: leurs escapades nous montrent une Marilyn tantôt grave et dépressive, tantôt fantaisiste et enfantine, n'aspirant qu'à un profond désir de liberté.

Photographie de tournage de The Prince and the showgirl.

La relation qui se noue entre eux devient vite ambigüe et Colin lui-même ne sait dire dans quoi il sombre. Cette idylle fait bientôt le tour de l'équipe de tournage, et le jeune assistant se retrouve malgré lui au centre de toutes les attentions, notamment de l'entourage professionnel de la star qui voit d'un très mauvais œil cette relation naissante...

Colin Clark en 1956.

J'ai beaucoup apprécié découvrir cette face cachée et complexe de la blonde la plus célèbre du cinéma américain, présentée ici dans toute sa fragilité. La plume de Colin Clark est très agréable à lire et restitue, même des décennies après, l'émoi de cette rencontre. Le caractère très privé de leur courte amitié, jusque là tenue secrète, est renforcé par une impression de presque huit-clos: cherchant à se couper du monde, Marilyn entraine Colin loin des plateau de tournage, dans une campagne bucolique ou dans les couloirs de sites historiques vides de monde, donnant à l'ensemble l'apparence d'un songe. La comparaison est d'ailleurs souvent faite par Colin Clark lui-même, tant cette "semaine avec Marilyn" lui sembla coupée de toute réalité. Tour à tour léger et profond, ce livre est un très beau et très émouvant témoignage, loin des clichés habituels.

En bref: vivement le film! =D

3 commentaires:

  1. Tu m'as tant donné envie de le lire ! Je vais tenter de me le procurer, ah Marilyn, je vais essayer d'aller voir le film prochainement aussi !

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  2. Je ne suis pas fan des témoignages, mais tu donnes vraiment envie.

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    1. Je n'en ai jamais vraiment lu non plus: là c'était vraiment parce que j'adore Marilyn et que le film allait sortir au ciné, mais j'ai été agréablement surpris par la plume de l'auteur. Colin Clark raconte les événements avec beaucoup de poésie, ce qui rend le texte d'autant plus accrocheur et m'a fait oublier que c'était un journal.

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