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mercredi 27 juin 2012

Chapeau Melon et Bottes de Cuir (The Avengers) - la série télévisée.


A l'approche de mon anniversaire, j'avais évoqué dans un article de blabla cette célèbre série télévisée des années 60, avec laquelle j'entretiens une longue histoire d'amour depuis mes huit ans. Parce que j'aime bien vous rabattre les oreilles avec tout ce qui constitue mes petits univers fictionnels favoris, je vais aujourd'hui vous présenter un peu plus cette production dont je suis encore et toujours un fervent adepte.

Pour commencer, un peu d'histoire...

 Patrick McNee (John Steed) et Ian Hendry (Dr Keel).

Créée en 1961 par Sydney Newman et Leonard White , la série britannique The Avengers avait pour but de proposer aux téléspectateur un programme télévisuel dans la lignée des romans James Bond écrits par Ian Flemming. Programme d'espionnage alors très classique, elle mettait en scène le médecin David Keel (Ian Hendry) cherchant à venger l'assassinat de son épouse, aidé pour cela par un agent des services-secrets anglais nommé John Steed (Patrick McNee). Tournés en noir et blanc, ces épisodes rappelaient les films noirs typiques des années 40 et 50, avec gangsters et agents spéciaux durs à cuire tout en imperméables et chapeaux de feutre mou. A l'époque, ce programme rencontra tout de même un certain succès malgré son originalité toute relative.

La série rencontra son premier tournant dès la seconde saison avec le départ de Ian Hendry et le besoin de le remplacer. Les scénarios des futurs épisodes étaient déjà dactylographiés et il ne restait plus qu'à trouver l'acteur qui jouerait aux côté de Patrick McNee. Le rôle fut alors confié à... une femme! Honor Blackman fut engagée pour jouer Catherine "Cathy" Gale, nouvelle partenaire de John Steed sur les écrans. Si le choix d'une membre de la gente féminine incita tout d'abord les scénaristes à réécrire les histoires, ils décidèrent finalement de laisser les dialogues tels qu'ils avaient été initialement rédigés, c'est à dire pour un interprète masculin. Cathy Gale devint alors la première femme forte de l'histoire de la télévision, et la série marquait ainsi son premier pas dans l'avant-gardisme en annonçant (voire en favorisant) l'émancipation féminine. Affranchie et courageuse, Cathy Gale porte des tenues de cuir (qui firent scandale à l'époque), pratique le judo, et tient tête à un homme comme personne. Le personnage de John Steed, quant à lui, évolue: les scénaristes invitent Patrick McNee à s'approprier son rôle et redéfinissent la personnalité de l'agent en s'inspirant de celle de son interprète ; il devient alors un parfait gentleman britannique et troque feutre mou et trench pour un chapeau melon et un parapluie, devenus de vrais symboles de la série.

 Patrick McNee et sa partenaire Cathy Gale, première femme émancipée de l'histoire de la télévision.

Très vite, ce tandem mixte amène les scénariste à jouer de la relation entre Steed et Cathy Gale: Clairement attiré par la jeune femme, l'agent tente sa chance auprès d'elle à plusieurs reprises, mais cette dernière l'éconduit toujours avec vivacité. Leurs vraies-fausses prises de bec, pleines de piquants et de sarcasmes, dynamisent la série et deviennent un vraie ressort scénaristique et humoristique.

Diana Rigg (Emma Peel).
Au bout de deux ans de bons et loyaux services, Honor Blackman quitte la série et la production est contrainte de lui trouver une remplaçante pour la saison 4. La plus célèbre des partenaires de Steed entre alors en scène: Emma Peel, incarnée par la sublime et inoubliable Diana Rigg! Au cours de deux saisons dont une en couleurs, The Avengers connaîtra un succès sans précédent grâce au nouveau tandem formé à l'écran. La série, maintenant dirigée par Brian Clemens et Albert Fenell, mêle l'espionnage au fantastique et à la science-fiction, en multipliant les références au cinéma ou à la littérature. Certains épisodes font ainsi de superbes clins d'oeil aux films d'Hitchcock ou aux romans d'Agatha Christie, tout en se parant d'une atmosphère pleine d'extravagance et de fantaisie, un ton décalé délicieusement british, pop et rafraîchissant. Moulée dans des tenues de combat désormais célèbres, Diana Rigg interprétait une héroïne toute en finesse et en subtilité, audacieuse et téméraire. L'excellente entente des deux acteurs principaux se ressentait fortement à l'écran et cette complicité permit aux scénariste d'instaurer une relation pleine d'une délicieuse ambiguïté entre John Steed et Emma Peel.

Parce qu'une bonne vidéo vaut mieux qu'un long discours, voici le générique de la saison 5. En plus de sa musique devenue culte, cette intro rend merveilleusement compte, par sa seule mise en scène, du charme décalé et si original de la série. Enjoy! =D

Lorsque Diana Rigg quitta la série à la veille de la saison 6, la production remit le couvert pour une ultime année de tournage. Linda Thorson, âgée d'à peine 20 ans, fut engagée pour jouer l'agent Tara King, la nouvelle partenaire de Steed. Malgré son inexpérience, l'actrice gagna rapidement en assurance et apporta une nouvelle fraîcheur aux épisodes grâce à sa candeur presque enfantine ; la série, d'un ton plus classique mais toujours aussi audacieuse dans sa mise en scène, offrit pour cette ultime saison quelques uns de ses meilleurs scénarios! Après un dernier épisode de grande qualité et un final extravagant à souhait, Chapeau Melon et Bottes de Cuir quitta les écrans en 1969...

 Linda Thorson aux côtés de Patrick McNee.

...Pour mieux y revenir dès 1976! En effet, suite à quelques spots publicitaires mettant en scène Patrick McNee dans le rôle de Steed, la demande du public de voir revenir les Avengers sur les écrans amena Clemens et Fenell à réaliser un spin-off, une série-dérivée faisant suite à la première. Intitulée The New Avengers, elle mettait en scène John Steed (désormais plus haut placé dans les services-secrets, mais aussi plus en retrait dans les scènes d'action compte-tenu de sa bonne cinquantaine) et deux jeunes agents prometteurs: Mike Gambit (Gareth Hunt) et Purdey (Joanna Lumley, future Patsy Stone d'Absolutely Fabulous). Malgré quelques bon épisodes, cette nouvelle version peinait à trouver une réelle atmosphère et jouait surtout de références à l'ancienne série. Bien que convenable et très agréable à visionner, The New Avengers ne rencontra jamais le succès des premières années de Chapeau Melon... et s'arrêta au bout de deux saisons.

 Le trio de The New Avengers.

Ma relation à la série:

Comment dire? Disons que je suis tombé dedans quand j'étais petit! C'était un samedi après-midi, au début de l'hiver, je devais avoir 7 ou 8 ans et mes grand-parents me gardaient lorsque Mum' travaillait. Ils ont allumé la télévision et nous sommes tombés par hasard sur un épisode de la saison 5 Chapeau Melon et Bottes de Cuir, qu'ils regardaient régulièrement dans les années 60 et 70. Je me suis donc installé à leurs côtés pour regarder et suis tombé amoureux de cette série, sans vraiment pouvoir en expliquer le pourquoi du comment. Toujours est-il que là est né ma passion pour le rétro-pop des sixties et la culture britannique!

 J'étais fasciné par la relation délicieusement ambigüe de Mme Peel et John Steed et vouais un véritable culte à ce dernier: ce gentleman en chapeau melon était devenu mon héros, au point que j'attendais avec impatience les jours de pluie pour aller à l'école en parapluie et me la jouer agent-secret anglais =P. Mes camarades de classe rêvaient de devenir Spiderman ou Superman tandis que je ne jurais que par John Steed ; Nos héros d'enfance font partie intégrante de notre construction identitaire et cette série -en tout cas son personnage principal masculin- a probablement influencé pour beaucoup celui que je suis aujourd'hui...

Ma plus grande frustration est désormais d'avoir tous les épisodes de la série en dvd... terminées, les aventures inédites? Pas forcément, car devenue une réelle légende du petit écran, The Avengers a donné naissance à toute une série de romans ou bande-dessinées originales que je collectionne avidement! De quoi goûter encore et encore à l'atmosphère si particulière de Chapeau Melon et Bottes de Cuir au cours des années à venir... En attendant, je continue de regarder les épisodes en boucle (Comment ça, "je les connais par coeur"? Et alors? =P) et de collectionner les chapeaux melons au gré des brocantes ou des chapelleries... =D







mercredi 20 juin 2012

Miss Peregrine et les enfants particuliers - Ransom Riggs

Miss Peregrine's Home for Peculiar Children, Quirk Books, 2011 - Editions Bayard Jeunesse, 2012.


Une île mystérieuse. 
Un orphelinat en ruine. 
Une étrange collection de photos.
Jacob Portman, un adolescent américain, écoute depuis toujours les récits fabuleux de son grand-père Abe. Ce dernier, juif polonais, a séjourné enfant sur une minuscule île du pays de Galles, où ses parents l'avaient envoyé pour échapper à la menace nazie. Il y avait été recueilli par Miss Peregrine Faucon, la directrice d’un orphelinat pour enfants « particuliers ». Selon ses dires, il y côtoyait une ribambelle d’enfants doués de capacités surnaturelles censées les protéger des « Monstres ».
Un soir, Jacob trouve Abe mortellement blessé par une créature qui s’enfuit sous ses yeux. Bouleversé, le jeune homme part en quête de vérité sur l'île si chère à son grand-père. En découvrant le pensionnat en ruines, il n'y a plus aucun doute: les enfants particuliers ont réellement existé. Mais étaient-ils dangereux? Pourquoi vivaient-ils ainsi reclus, cachés de tous? Et s'ils étaient toujours en vie, aussi étrange que cela puisse paraître?...

Une histoire merveilleusement étrange, émouvante et palpitante ; Un roman fantastique qui fait réfléchir sur le nazisme, la persécution des juifs, l'enfermement et l'immortalité.


**

  Quiconque me connait un temps soit peu saurait que ce livre était fait pour moi (ou que j'étais fait pour lui, enfin bref, vous saisissez l'idée) ; Mya (du blog Mya's books) m'a d'ailleurs dit ne pas être surprise quand elle a vu que j'étais plongé dedans, et je reconnais qu'il contient exactement les thèmes qui me sont chers. Tout d'abord, il faut parler de mon fort penchant pour la photographie : j'ai toujours aimé faire de la photographie (mon père en avait fait sa passion également et développait lui-même ses clichés dans le laboratoire qu'il s'était aménagé à la maison), et chiner dans le grenier de mes grand-parents les vieux albums de famille ou, plus tard, les anciens portraits sur les brocantes. Tantôt étranges, tantôt fantaisistes, ou juste emprunte de nostalgie, ces photographies issues du passé m'inspiraient des histoires, soufflaient des idées à mes oreilles ou suggéraient des songes à mon esprit.

  Je ne pouvais donc qu'être attiré par ce roman, illustré de multiples clichés en sépia et noir et blanc délicieusement énigmatiques, pleins d'étrangeté et auréolés de mystère. Mon attention avait déjà été retenue par la couverture, aperçue l'an dernier sur le net lors de la sortie du roman en version originale, mais jamais je n'aurais imaginé une telle histoire : à la fois si troublante, si belle et si fantastique.


 Jacob Portman est un adolescent banal qui mène une vie des plus normales dans l'Amérique rurale d'aujourd'hui ; Plutôt solitaire et peu compris par ses propres parents, il est surtout proche de son grand-père Abe. Ce dernier, Juifs polonais, a fui son pays alors que la Seconde Guerre mondiale faisait rage pour échapper au génocide de son peuple par l'Allemagne nazie. Depuis la plus tendre enfance de Jacob, Abe lui conte sa vie sur l'île où il s'était exilé, accueilli dans un mystérieux orphelinat tenu par une dénommée Miss Peregrine Faucon, qui aurait reçu entre les murs de sa superbe bâtisse des enfants et adolescents porteurs de dons particuliers. Photographies à l’appui, Abe parle d'un garçonnet invisible, d'une fillette capable de léviter, d'une adolescente maîtrisant les flammes ou encore de bambins aux étranges caractéristiques physiques. Mais alors qu'il grandit, Jacob croie de moins en moins aux histoires de son aïeul et apprend à les considérer comme des contes inventés de toutes pièces, illustrés de photos probablement truquées ou retouchées.
 Cependant, alors que les dix-sept ans du jeune homme approche, Abe sombre dans la démence : brusquement, il recommence à évoquer son passé "imaginaire" avec les enfants "particuliers". Il supplie Jacob de faire attention à sa vie et le prévient d'une menace, des "montres" qui le pourchassaient déjà alors qu'il était réfugié sur l'île et contre lesquels Miss Peregrine les protégeait lui et les autres enfants. Jacob se persuade que le vieil homme perd la raison, mais lorsqu'il découvre un soir son corps atrocement mutilé, et aperçoit la monstrueuse apparence de son agresseur, ses certitudes s'en trouvent fortement chamboulées.
  Hanté par d'affreux cauchemars mais aussi par le besoin de faire la lumière sur son histoire familiale et ses nombreux secrets, Jacob s'envole pour l'île d'enfance d'Abe et retrouve l'orphelinat de Miss Peregrine... Mais entre l'accueil plutôt glacial des îliens et l'atmosphère étrange de cet endroit entièrement coupé du monde, le jeune homme, comme alerté par un sixième sens, sent poindre une menace...

Le trailer officiel du roman, réalisé par l'auteur lui-même.

  Par où commencer? J'ai été fasciné par l'univers dans lequel nous plonge l'auteur : d'abord réalisateur de court-métrage (il a d'ailleurs lui-même tourné le trailer publicitaire de son roman), Ransom Riggs a collecté au-travers de ses voyages et de ses rencontres les authentiques clichés qui illustrent ce livre et lui confèrent son aura si spéciale. En effet, nombre d'entre eux rappellent les "monstres de foire" des cirques itinérants (univers qui m'a toujours fasciné) tels que pouvait les photographier l'artiste des années 50 Diane Arbus (Ah, Diane Arbus! <3) et apportent à cette fiction une dimension presque réelle, palpable, et ce malgré leurs bizarreries ou le ton fantastique de l'intrigue.



  L'atmosphère est réellement envoutante et m'a fortement évoquée l'univers du cinéaste Guillermo del Toro (imaginez un mélange de ses deux plus célèbres films, Le labyrinthe de Pan et l'Orphelinat), proposant, sous couvert d'un conte moderne, une sublime et vibrante métaphore au génocide juif (que l'on trouve assez facilement pour peu qu'on se souvienne de ses cours d'Histoire et qu'on sache lire entre les lignes), ponctuée çà et là de références à la littérature classique ( et notamment une filiation assumée avec Peter Pan et ses enfants perdus... comment pouvais-je y rester insensible?^^). Autre détail : j'ai toujours adoré les intrigues se déroulant sur des îles étranges coupées du monde ( L'incroyable histoire d'Halcyon Crane, dans un registre différent, par exemple) et le cadre de l'île galloise dépeinte par Ransom Riggs m'a énormément plu ; atmosphère humide, temps catastrophique, habitants inhospitaliers, légendes locales effrayantes, etc... tout y était pour une atmosphère comme je les aime!


  Vous l'aurez donc compris, ce livre est un vrai coup de cœur et mérite une théière d'or! J'ose même l'avouer, au risque de passer pour un énorme cœur d'artichaut: certains passages étaient d'une telle profondeur et d'une telle intensité que j'en avais les yeux qui picotaient, chose qui ne m'arrive jamais avec un livre, même lorsqu'il me touche beaucoup! C'est donc dire si celui-ci est vraiment... particulier. Je n'avais pas éprouvé de telles émotions depuis l'excellent La voleuse de livres, de Markus Suzak, lu il y a quelques années.



 En bref: Un bijou d'émerveillement et de bizarre, dans le fond comme dans la forme. Une histoire à la fois tellement fantaisiste et en même temps au fond tellement vraie, dans un univers de monstres de foire sépia où se côtoient nostalgie et croque-mitaines échappés de peurs enfantines.

 Robbie Jensen m'a couvert de honte, un jour, au déjeuner. Il avait déclaré devant une tablée de filles que je croyais aux fées. Je l'avais mérité, j'imagine, à force de raconter les histoires de mon grand-père à l'école. Mais, l'espace de quelques secondes, j'ai vu le sobriquet "Peter Pan" planer au-dessus de ma tête.
(Jacob Portman)


Et pour aller plus loin...

dimanche 17 juin 2012

Prudence et Bélisaire Beresford, Troisième!

 Le retour de Prudence et Bélisaire Beresford dans une nouvelle adaptation française d'Agatha Christie!

Je ne sais plus si j'avais eu l'occasion d'en parler, mais je suis un grand fan d'Agatha Christie, et donc des nombreuses adaptations de ses œuvres! Parmi les plus célèbres, on compte bien-sûr les films et téléfilms avec Peter Ustinov dans le rôle d'Hercule Poirot ou encore les quelques films de Miss Marple avec Margareth Rutherford, mais aussi la série télévisée anglaise Agatha Christie's Poirot, avec l'inégalable David Suchet

Il y a de cela quelques années, les ayant-droits de la célèbre Dame du Crime ont autorisé une plus grande liberté dans les adaptations de ses écrits, notamment en ce qui concerne le cadre spatio-temporel des œuvres transposées à l'écran, mais aussi dans la nationalité de la production elle-même. Cette décision a ainsi ouvert en toute liberté les possibilités d'adaptations d'Agatha Christie aux pays non-britanniques, et la France n'est pas la dernière à en profiter!

En effet, le réalisateur français Pascal Thomas a tourné en 2004 l'excellent Mon petit doigts m'a dit (d'après By the Pricking of my thumbs ), mettant en scène un couple de héros peu connu de la Reine du Crime: Tommy et Tuppence Beresford, devenus Bélisaire et Prudence sous les traits d'André Dussolier et Catherine Frot. Le succès du film amena Pascal Thomas a réalisé une suite en 2008, intitulée Le crime est notre affaire (en partie inspirée du recueil de nouvelles Partners in Crime, mais surtout du roman 4:50 From Paddington) et qui rencontra une popularité similaire.


Car il faut le reconnaitre: bien que transposant les intrigues à notre époque et dans un paysage français (les deux films se déroulant en Savoie), Pascal Thomas réussit à conserver toute l'atmosphère so british d'Agatha Chrisite sans pour autant renier la culture française, nécessairement présente. A l'écran, les deux acteurs incarnent un couple dynamique et fantaisiste à souhait, en particulier Catherine Frot, excellente en fouineuse délicieusement théâtrale et sarcastique à ses heures. L'âge des interprètes ne doit pas faire reculer ceux qui doutent d'apprécier ces versions: on est très loin d'un Derrick et le duo principal regorge de jeunesse, voire même de sex-appeal en ce qui concerne la divine Catherine, tout bonnement superbe! L'ambiance très léchée des deux films, toute en décors imposants, costumes vintage et détails rétros leur confère une atmosphère au croisement des époques et des influences, qui sait jouer de l’œuvre originale tout en apportant son lot d'éléments novateurs et surprenants.

Puisqu'on n'arrête pas une machine qui marche, Pascal Thomas a annoncé l'an dernier la mise en chantier d'une troisième transposition sur grand écran du couple d'enquêteurs. Intitulé Associés contre le crime (également inspiré du recueil de nouvelles Partners in Crime), ce film devrait sortir fin aout 2012. Autant dire que j'attendais les premières images avec grande impatience et la bande-annonce (cliquez ici pour la visionner), dévoilée sur la toile il y a 5 jours, ne m'a pas déçue et nous promet une nouvelle comédie policière délirante et haute en couleur. En attendant la sortie du film, je bave devant l'affiche officielle, enfin dévoilée elle aussi (visible en tête d'article); Eh oui, pour moi, les affiches de film c'est comme les histoires de couvertures de bouquins: j'adore! Celles créées pour les deux premiers opus étaient excellentes et j'adore le montage réalisé pour le film à venir, dans le style des deux précédents posters! 

Allez, j'ajoute quelques photos pour se faire patienter...

 



mardi 12 juin 2012

La dame en noir (The woman in Black) - Un film de James Watkins.


La Dame en Noir (The woman in black), de James Watkins (2011).
Avec: Daniel Radcliff, Ciaran Hinds, Janet McTeer, Liz White...

Arthur Kipps, jeune notaire à Londres, est obligé de se rendre dans le petit village perdu de Crythin Gifford pour régler la succession d’une cliente récemment décédée. Dans l’impressionnant manoir de la défunte, il ne va pas tarder à découvrir d’étranges signes qui semblent renvoyer à de très sombres secrets. Face au passé enfoui des villageois, face à la mystérieuse femme en noir qui hante les lieux et s’approche chaque jour davantage, Arthur va basculer dans le plus épouvantable des cauchemars… 

En mars dernier, j'avais lu avec plaisir le roman La dame en noir, de Susan Hill, qui sortait enfin en France en vue de son adaptation cinématographique. Emballé par le roman, j'ai dernièrement pu voir le film et m'amuser de la comparaison entre l'intrigue originale et sa transposition sur grand écran. De façon générale, j'avoue être plutôt satisfait de cette version et ce bien qu'elle prenne de très grosses libertés avec l'histoire imaginée par S. Hill. Commercialisé par la Hammer (célèbre maison de production des grandes sagas d'horreur classiques des années 50 à 60 : de Dracula à Frankenstein, en passant par la momie et quelques loup-garous), ce film signait le grand retour de la firme après de nombreuses années de discrétion. On m'avait à ce titre prévenu qu'il s'agissait avant tout d'une réalisation de la Hammer -avec tous les codes du genre que cela supposait- plutôt que d'une adaptation en bonne et due forme du roman original.


Et en effet, La dame en noir de James Watkins nous ressort tous les clichés du genre mais j'avoue y avoir pris grand plaisir (que voulez-vous, je suis trop bon public ; je trouve toujours du positif à une adaptation pour peu qu'elle soit inspirée d'un livre que j'ai aimé, et ce même si le film n'est pas terrible) : trois tonnes de brume, des toiles d'araignées synthétiques à gogo, des éclairages lugubres en veux-tu en voilà... le tout fait un peu trop penser à un train fantôme de la Foire du Trône mais qu'importe, on frissonne avec délectation et on se laisse prendre au jeu tout de même, non sans deux ou trois sursauts et quelques tachycardies passagères. J'ai beaucoup aimé les décors très travaillés, notamment la superbe presqu'île où se trouve le manoir, ainsi que la demeure en question. J'admire le travail des décorateurs pour l'intérieur de la bâtisse et ses nombreux détails, très bien mis en valeur par les nombreuses prises de vue rapprochées (les singes empaillés symbolisant la sagesse m'ont particulièrement marqués et j'ai adoré l'atmosphère glauque de la chambre d'enfant et le côté horrifique de tous ces jouets anciens).


 

L'intrigue a subie de nombreuses modifications pour sa transposition à l'écran, mais cela ne m'a pas gêné outre-mesure (Susan Hill elle-même se dit très satisfaite de la nouvelle orientation prise par les scénaristes) : ces libertés ajoutent un nouvelles dynamique à l'histoire et permettent de surprendre ceux qui connaissent (ou pensent connaître) l'histoire par le livre ou ses précédentes adaptations. La situation familiale du personnage principale a été modifiée, de même que la fin (un peu trop larmoyante à mon goût, d'ailleurs...enfin, un peu trop stéréotypée dans le genre "vrai faux happy-ending") ou le déroulement global des événements. En effet, le secret de famille qu'Arthur Kipps met tout le roman à découvrir est révélé dans le premier tiers du film, probablement pour céder la place aux scènes "chocs" et aux ajouts scénaristiques. Cela ne m'a pas trop perturbé et ne m'a pas empêché d'apprécier l'histoire car on ne s'ennuie pas pour autant tout au long de l'heure restante...

Côté casting, Daniel Radcliff a su me faire oublier Harry Potter et j'ai trouvé qu'il ne s'en sortait pas trop mal ; Peu-être un peu trop "figé" par moment, mais j'imagine que cela correspond aussi au personnage tel qu'il a été revu pour ce film. Cependant, j'avoue lui préférer le second rôle de Samuel Daily, interprété par Ciaran Hinds : j'avais adoré cet acteur dans une version télévisée de Jane Eyre où il tenait le rôle de Rochester, et c'est avec grand plaisir que je l'ai retrouvé dans ce film.


Au final, cette Dame en Noir version ciné est une réalisation sympathique ; elle ne marquera pas l'histoire du cinéma, ni même celle du cinéma d'horreur mais se regarde avec plaisir si l'on a envie d'un film d'horreur à l'ancienne. Le seul reproche que je ferais est peut-être que James Watkins a parfois du mal a trouver un juste milieu entre ses inspirations classiques et son désir d'y ajouter de la modernité : dans ces décors lourds et cette atmosphère pesante qui rappelle les vieux films des années 50, les apparitions "trop horrifiques" à la The Ring et The Grudge peuvent parfois dénoter et donner l'impression qu'on est devant une mauvaise série B...

Compte-tenu du succès remporté par ce film, la Hammer (qui adooore faire de ses films de vraies franchises : il n'y a qu'à voir le nombre de suites qu'ils ont tournées pour Dracula et ses amis monstres, sans compter les cross-over) a déjà prévu de faire un deuxième épisode. Qu'à cela ne tienne, Susan Hill a justement récemment terminé la suite du roman, dont l'intrigue se déroule 40 ans plus tard et raconte les étranges événements qui secouent le manoir alors qu'une famille s'y installe. Alors que le roman n'est pas encore publié, l'auteure a déjà montré son manuscrit à l'équipe du film qui vient d'en acheter les droits dans la foulée... Donc rendez-vous en librairie et dans les salles d'ici quelques années pour voir de quoi il retourne!

dimanche 10 juin 2012

Parce que je suis un gros gâté...

Un petit article de blabla pour partager ma joie! Pourquoi donc? Car j'ai eu le bonheur de recevoir ces deux dernières semaines une énorme quantité de divers paquets et colis postaux, remplis de fabuleux trésors ; certains d'entre eux étaient des cadeaux d'anniversaire ( l'ayant fêté le mois dernier, comme j'en parle ici et ici), certains des prêts, ou encore des présents sans motif particulier si ce n'est le simple plaisir d'offrir des expéditeurs!

Le premier en date, offert par une tendre et chère amie que je nommerai simplement Tinker Bell (ou Clochette, c'est selon ^^), contenait de fabuleuses trouvailles chinées en brocantes (un de nos nombreux plaisirs à tous deux étant de courir les vide-greniers et autres boutiques d'antiquités) à Amiens : deux charmantes tasses et soucoupes assorties en porcelaine de Chine (apparemment très anciennes) et ces trois mignonnes boîtes de thé anglais!



Le second, envoyé par une amie qui fréquente ce blog sous le pseudonyme de Ficelleforever, m'a fait sauter dans tous les sens tellement il m'a comblé de joie. En plus de quelques publicités aux thèmes bien choisis (un flyer pour une exposition sur les momies égyptiennes et un autre annonçant la sortie du nouveau tome de la BD de Buffy contre les vampires) et une carte à l'effigie de la superbe Dame à la Licorne, Ficelleforever avait glissé dans ce colis deux thés comptant parmi mes favoris, un très joli livre de cuisine sur les cafés gourmands (dont les superbes photos font saliver d'avance) ainsi que le roman l'étrange vie de Nobody Owens de Neil Gaiman, que je désirais lire depuis un moment =D. Ah, j'allais oublier l'extrait de Hantée, récemment paru en librairie et dont la couverture me faisait furieusement envie : je vais pouvoir me faire une idée de ce roman avant de me l'offrir ^_^. Du côté des petites curiosités, Ficelleforever (qui semble me connaître extrêmement bien ;-) ) avait joint au tout cette charmante soucoupe en forme de théière pour déposer les boules ou sachet à thé après infusion, des badges pop-art amusants comme tout et, comble du vintage délicieusement décalé : trois magnifiques petits cadrans de montres anciennes, probablement chinés en brocante *_*.

Le troisième colis arrivé dans ma boite aux lettres était de ma super Cousinette. Mon nouveau stage me forçant à me "délocaliser" et m'imposant une cohabitation qui risque de s'avérer quelque peu... houleuse -ou du moins compliquée- elle m'a envoyé tout plein de bonnes choses pour m'aider à survivre si le quotidien s'avérait trop pénible : quelques bricoles chinées lors de son dernier voyage en Angleterre (badge Union Jack et *cri de joie* une plaque de rue de Baker Street =D ), ainsi que le prêt de nombreux romans issus de sa bibliothèque, et dont je vais pouvoir me délecter pendant les longues soirées d'hiver (ou même d'été, tiens!). Oh, j'allais oublié le dvd de la minie-série Elizabeth I que je désirais voir depuis un moment déjà!

Mélanie (du blog De Paris à ailleurs), tendre amie de l'époque du lycée et avec qui je m'offre chaque année une sortie au salon du livre parisien et un petit détour par les bouquinistes du square Brassens, m'a fait parvenir la semaine dernière un superbe ouvrage. Ce livre au format des plus charmant (à peine plus haut qu'une petite cuillère), aux pages dorées et à la couverture de toile rose encadrant un médaillon illustré laqué, est une ancienne édition des Contes de la Comtesse de Ségur, dégotée au square en question. Grand lecteur de cette auteure étant petit, je cherchais depuis très longtemps cet ouvrage qui manquait à ma collection ; Le recevoir dans une si belle édition ne pouvait me faire plus plaisir! 

Reçu le même jour et envoyé par l'incarnation vivante de Fantômette (si, si, je vous jure! La même en chair et en os, mais en plus grande!), les trois tomes parus dans l'hexagone de la série Rose, dont les couvertures me faisait de l’œil depuis leur sortie. Le plus dur sera de ne pas les enchaîner les uns derrière les autres et de savoir les faire durer, histoire d'en garder en réserve si un besoin de fantaisie se fait ressentir! =p

Et enfin, ces deux romans, reçus de la part de Mum vendredi dernier, au terme de la première semaine de mon nouveau stage. Le premier parce qu'adapté au cinéma avec Audrey Tautou, et le second pour ses thèmes (secret de famille, enquête sur des événements passés, époque victorienne et séance de spiritisme...) et sa couverture mystérieuse, ces deux romans m'ont également été offert pour m'évader si le besoin s'en fait ressentir au cours de mon stage...

Vous l'aurez compris, j'ai donc été énormément gâté ces dernières semaines et tous ces petits cadeaux m'ont donné bien du courage pour vivre plus sereinement les changements imposés par le stage récemment débuté. Tous ont rejoint les étagères de la chambre que j'occupe le temps qu'il durera (jusqu'en mai prochain, tout de même!) et participent à en faire un "foyer", un "havre", mon nid. Un grand merci à tous pour ces délicates attentions qui m'ont fait énormément plaisir! =D

mercredi 6 juin 2012

La compagnie des loups - Angela Carter

The bloody chamber and Other stories, Victor Golloancz, 1979 - Editions Point, 1997, 2009.




Ils sont tous là, si familiers... et pourtant si différents, étrangement pervertis. Barbe-Bleue, le Petit Chaperon Rouge, la Belle et la Bête, le Loup-Garou, Blanche-Neige...chargés de violence et d'un érotisme gothique, parés d'une morale différente et d'une beauté nouvelle. Attention, les loups sont parmi nous, mais aussi en nous, prêts à bondir...



***




    Angela Carter (1940-1992), écrivain, journaliste, et universitaire anglaise décédée prématurément, a laissé derrière elle une œuvre connue et surtout reconnue par les plus grands, Salman Rushdie en tête. Après avoir traduit pour la Grande-Bretagne les contes de Perrault, voilà qu'elle les soumet ainsi que quelques autres à une réécriture moderne, tout en préservant leur âme, l'esprit qui les habite. Le choc est impressionnant pour le lecteur ; ces récits lui feront l'effet d'une puissante lame de fond, entre la familiarité des éléments qu'il reconnaitra et la surprise du remaniement ou de la réinterprétation. En reprenant à son compte ses histoires classiques, Angela Carter sublime leur noirceur en inversant leur morale et en mettant au premier plan la dimension psychanalytique (et érotique?) sous-entendue dans les textes originaux.
 
Source des images : C.Fersini.

    Plus réalistes que jamais, les contes de ce recueil ne perdent pas pour autant leur caractère fantasmagorique : mis en scène dans des décors et des atmosphères à la croisée des univers et des époques (il peut, certes, être question de téléphones et d'automobiles, mais les femmes portent d'épaisses robes de velours, s'enveloppent d'étoles de fourrures et ne dédaignent pas une ballade à cheval...en amazone!), il est difficile de les dater ou de les rattacher à un cadre spatio-temporel défini, faisant ainsi perdurer le contexte défait de toute temporalité des contes classiques.
 
 
    Grâce à un talent de conteuse inimitable, Angela Carter confère à ces récits une dimension nouvelle, un caractère vivant et viscéral des plus saisissants : on rit, on pleure, et surtout on tremble avec les personnages comme si, l'espace d'un instant, rien n'était plus vrai que les loup-garous, les goules et les maléfices. Rétrospectivement, il est difficile de ne pas tisser un lien avec les Contes de la métamorphose et du désespoir évoqués dans le roman Le treizième conte, de Diane Steeterfield, publiés plusieurs décennies plus tard.

 
    Ce recueil est réellement à découvrir pour tous les amateurs de contes ancestraux intéressés de près ou de loin par la noirceur et la double lecture possible de ces textes classiques : aussi intéressants de point de vue des scénarios que de leur écriture, ils donnent à voir la part animale qui se cache au fond de chaque être humain et nos instincts archaïques profondément réfrénés mais toujours bien présents. A noter que le titre français de ce recueil doit son nom au film qu'il a inspiré dans les années 1980 : La compagnie des loups, réalisé par Neil Jordan (Entretien avec un vampire) et au scénario écrit par Angela Carter elle-même. Dans cette réalisation profondément gothique et sombre, l'auteure a réuni en une seule et nouvelle intrigue les différentes variations du petit chaperon rouge de son livre auxquelles elle ajoute des éléments inédits et des références inspirées.


En bref : Un recueil de réécritures dans lequel les contes ancestraux sont remaniés avec style et profondeur, le contenu caché remis au premier plan et la morale parfois inversée. Ce travail de relecture, applaudi par la critique, met en relief la part d'animalité qui subsiste en chacun de nous, tous loups et bêtes déguisés que nous sommes, au fond, ne serait-ce qu'un peu... C'est sombre, c'est gothique, c'est dérangeant, mais ça touche au sublime.