Maléfique (Maleficent)
Un film de Robert Stromberg ( sorti le 28 Mai 2014)
Avec: Angalina Jolie, Elle Fanning, Sharlto Copley, Sam Riley, Juno Temple, Imelda Staunten...
Maléfique est une belle jeune femme au coeur pur qui mène une vie
idyllique au sein d’une paisible forêt dans un royaume où règnent le
bonheur et l’harmonie. Un jour, une armée d’envahisseurs menace les
frontières du pays et Maléfique, n’écoutant que son courage, s’élève en
féroce protectrice de cette terre. Dans cette lutte acharnée, une
personne en qui elle avait foi va la trahir, déclenchant en elle une
souffrance à nulle autre pareille qui va petit à petit transformer son
coeur pur en un coeur de pierre. Bien décidée à se venger, elle s’engage
dans une bataille épique avec le successeur du roi, jetant une terrible
malédiction sur sa fille qui vient de naître, Aurore. Mais lorsque
l’enfant grandit, Maléfique se rend compte que la petite princesse
détient la clé de la paix du royaume, et peut-être aussi celle de sa
propre rédemption…
***
Évoqué dès 2010 suite à la sortie du Alice in Wonderland de Burton, le projet de Maléfique n'aura eu de cesse de changer de réalisateur (les rumeurs passant de Burton, justement, puis à Sam Raimi) avant que Robert Stromberg ne s'y colle officiellement, signant par là sa première réalisation. Le choix de l'actrice principale, annoncé dès la pré-production, est en revanche resté le même : Angelina Jolie. Quatre ans plus tard, voilà que le film est enfin sorti en salle, à grand renfort d'une alléchante publicité. Verdict?
L'on pouvait s'attendre à tout, voir à une simple transposition "live" et sans plus d'approfondissement du long-métrage Sleeping Beauty de 1959, source d'inspiration première de ce film. Mais c'est sans compter sur les studios Disney qui, plus novateurs que jamais, savent aujourd'hui s'inscrire dans un souci évident de modernité et chercher toujours plus à surprendre leur public. L'idée de départ aura été soufflée par le roman Wicked de Gregory Maguire (chroniqué ici) qui raconte bien plus que l'histoire du Magicien d'Oz du seul point de vue de la Sorcière pour en fait relater une biographie totale de cette dernière. Dans le même ordre idée, la scénariste Linda Woolverton (à qui l'on doit les script du dessin-animé Disney La Belle et la Bête et du Alice de Burton) réinterprète donc pour ce Maleficent toute la vie de la sorcière à cornes, remontant jusqu'à la plus tendre enfance du personnage.
Ce choix scénaristique m'a renvoyé au roman Fairest of all (chroniqué ici), qui racontait l'histoire de la méchante reine de Blanche-Neige version Disney dans un exercice de style qui relevait d'un véritable challenge : sans rien changer de ce que nous donnait à voir le dessin-animé de ce sombre personnage, l'auteure se contentait d'y ajouter un "envers du décors" qui faisait passer notre vision de la marâtre par un tout nouveau filtre permettant de la voir autrement et de comprendre le pourquoi de ses actes répréhensibles. Plus que jamais une question de point de vue, en somme.
Si j'espérais un tour de force scénaristique similaire, il me fallut essuyer quelques déceptions. En effet, Linda Woolverton, plutôt que de compléter ce que nous présente de Maléfique le Belle au Bois Dormant de 1959, modifie de nombreux détails et événements scénaristiques communs aux deux long-métrage. Elle contourne ainsi la difficulté d'adoucir le personnage antagoniste principal en dépit de ce que renvoie le dessin-animé d'origine et change d'emblée certains éléments (par exemple, c'est cette fois Maléfique elle-même qui jette le contre-sort du baiser salvateur à la propre malédiction de sommeil qu'elle a jetée, et non plus une des trois bonnes fées. A noter également les modifications apportées dans le réveil de la princesse ou même le dénouement et la mort - ou non... - de Maléfique). Cependant, au-delà de ces libertés, le film offre aux spectateurs assez de clins d’œil au dessin-animé de 1959 pour leur laisser un sentiment de familiarité. On s'amuse ainsi à reconnaître tel ou tel décor ou passage commun aux deux histoires : on tremble en revivant en "live" la scène du baptême, la maison du bucheron, la piqure fatale de la quenouille... (Et même si mon attente de retrouver la drôlatique scène du gâteau d'anniversaire n'est pas de la partie, on se satisfait d'un petit aperçu de la pâtisserie branlante qui, dans cette version aussi, finit d'une bien triste manière ^_^).
Visuellement, si les images preview jouaient de leur ressemblance avec Blanche-Neige et le chasseur, le résultat final de Maleficent s'en affranchit avec une esthétique qui lui est propre. Au croisement d'un Hobbit féérico-médiéval et d'un Avatar (dont R.Stromberg avait par ailleurs signé les effets spéciaux, tiens donc!) luminescent, Maléfique nous régale d'un spectacle elfique et moyenâgeux aux couleurs chatoyantes, visuel réellement enchanteur à plus d'un titre. Les décors, magnifiques de réalisme, mettent en scène une nature presque vivante, grouillantes de créatures que l'on croirait sorties de l'univers de Faërie. En effet, tout en gardant des points d'attache avec le Belle au Bois Dormant de Disney, Stromberg oriente en même temps son film dans une toute nouvelle dimension : celle de la Lande elfique. Invitant Pixies, Brownies, et Gobelins autour de son (anti)héroïne, Maléfique enrichit donc sa mythologie d'un folklore traditionnel qui évoquent les mythes celtes ou même les films Labyrinth et Dark Crystal. Même les créature lutinesques et leur physionomie patibulaire renvoient aux illustrations du grand artiste féérique Brian Froud. Le résultat, surprenant, est une totale réussite.
Côté casting, je dois faire mon mea culpa : j'ai été le premier à critiquer le choix d'Angelina Jolie dans le rôle titre, et suis le premier à revenir sur mes a-prioris. L'actrice livre une prestation magistrale qui, bien qu'il s'agisse d'un film familial, a d'ailleurs été reconnue par les critiques comme l'un de ses plus beaux rôles. Elle parvient à donner vie au personnage animé d'origine en l'enrichissant d'une étonnante palette d'émotions qui ne la rende que plus réelle. Aussi crédible dans la joie que dans l'ironie, en jeune fille amoureuse qu'en femme bafouée rongée par la vengeance, A.Jolie livre un jeu passionné et vibrant. Sa prestation, grandiose, n’éclipse pas pour autant celle de ses partenaires. Ainsi, Elle Fanning est également à applaudir : elle explose en Aurore pleine d'innocence et de subtilité, sans tomber dans le personnage de princesse cruche. Dans un jeu tout en regards et en discrétion, elle parvient à rendre réelle la princesse originale, qui souffrait à l'époque d'une apparence froide et d'un manque évident de charisme.
En bref : Plus un clin d’œil au Sleeping Beauty de Disney qu'un réel appendice au scénario de 1959, Maléfique est à voir comme une toute nouvelle interprétation/variation d'un personnage de Méchant culte. Visuellement enchanteur et scénaristiquement intéressant à défaut d'oser prendre de réels risques, ce film est un spectacle féérique doté d'une mythologie à part-entière, adressé autant aux plus grands qu'aux plus petits.
Pour aller plus loin...
-Si vous avez aimé ce film...
-Essayer la novélisation par Elizabeth Rudnik, ou le roman graphique (VO) également adapté du film et superbement illustré par N.Khole.
-Retournez aux sources du classique animé de 1959 et retombez en enfance avec l'album La Belle au Bois Dormant, de la collection des classiques Disney.
-Pour une autre réécriture du conte par le prisme de la sorcière, essayez Carabosse, le roman de Michel Honaker chroniqué ici. L'auteur s'attarde lui aussi sur le personnage de la fée maléfique de la Belle au Bois Dormant, mais en prenant pour cadre d'inspiration non pas le dessin-animé Disney mais le récit de C.Perrault. Une petite merveille de livre à découvrir!
-Dans le même ordre d'idée de "l'Histoire racontée du point de vue du méchant", je vous propose de découvrir Fairest of all, qui raconte l'histoire de la Méchante Reine Grimhilde du Blanche Neige de Disney, ou encore Wicked, qui se penche sur la Méchante Sorcière de l'Ouest du Magicien d'Oz.
trailer final officiel (vo).
L'on pouvait s'attendre à tout, voir à une simple transposition "live" et sans plus d'approfondissement du long-métrage Sleeping Beauty de 1959, source d'inspiration première de ce film. Mais c'est sans compter sur les studios Disney qui, plus novateurs que jamais, savent aujourd'hui s'inscrire dans un souci évident de modernité et chercher toujours plus à surprendre leur public. L'idée de départ aura été soufflée par le roman Wicked de Gregory Maguire (chroniqué ici) qui raconte bien plus que l'histoire du Magicien d'Oz du seul point de vue de la Sorcière pour en fait relater une biographie totale de cette dernière. Dans le même ordre idée, la scénariste Linda Woolverton (à qui l'on doit les script du dessin-animé Disney La Belle et la Bête et du Alice de Burton) réinterprète donc pour ce Maleficent toute la vie de la sorcière à cornes, remontant jusqu'à la plus tendre enfance du personnage.
Du dessin-animé au film...quand les sorcières et les fées prennent corps.
Ce choix scénaristique m'a renvoyé au roman Fairest of all (chroniqué ici), qui racontait l'histoire de la méchante reine de Blanche-Neige version Disney dans un exercice de style qui relevait d'un véritable challenge : sans rien changer de ce que nous donnait à voir le dessin-animé de ce sombre personnage, l'auteure se contentait d'y ajouter un "envers du décors" qui faisait passer notre vision de la marâtre par un tout nouveau filtre permettant de la voir autrement et de comprendre le pourquoi de ses actes répréhensibles. Plus que jamais une question de point de vue, en somme.
Si j'espérais un tour de force scénaristique similaire, il me fallut essuyer quelques déceptions. En effet, Linda Woolverton, plutôt que de compléter ce que nous présente de Maléfique le Belle au Bois Dormant de 1959, modifie de nombreux détails et événements scénaristiques communs aux deux long-métrage. Elle contourne ainsi la difficulté d'adoucir le personnage antagoniste principal en dépit de ce que renvoie le dessin-animé d'origine et change d'emblée certains éléments (par exemple, c'est cette fois Maléfique elle-même qui jette le contre-sort du baiser salvateur à la propre malédiction de sommeil qu'elle a jetée, et non plus une des trois bonnes fées. A noter également les modifications apportées dans le réveil de la princesse ou même le dénouement et la mort - ou non... - de Maléfique). Cependant, au-delà de ces libertés, le film offre aux spectateurs assez de clins d’œil au dessin-animé de 1959 pour leur laisser un sentiment de familiarité. On s'amuse ainsi à reconnaître tel ou tel décor ou passage commun aux deux histoires : on tremble en revivant en "live" la scène du baptême, la maison du bucheron, la piqure fatale de la quenouille... (Et même si mon attente de retrouver la drôlatique scène du gâteau d'anniversaire n'est pas de la partie, on se satisfait d'un petit aperçu de la pâtisserie branlante qui, dans cette version aussi, finit d'une bien triste manière ^_^).
Clins d’œil visuel et similitudes...de quoi familiariser le spectateur pour mieux l'orienter dans une nouvelle direction ensuite!
Visuellement, si les images preview jouaient de leur ressemblance avec Blanche-Neige et le chasseur, le résultat final de Maleficent s'en affranchit avec une esthétique qui lui est propre. Au croisement d'un Hobbit féérico-médiéval et d'un Avatar (dont R.Stromberg avait par ailleurs signé les effets spéciaux, tiens donc!) luminescent, Maléfique nous régale d'un spectacle elfique et moyenâgeux aux couleurs chatoyantes, visuel réellement enchanteur à plus d'un titre. Les décors, magnifiques de réalisme, mettent en scène une nature presque vivante, grouillantes de créatures que l'on croirait sorties de l'univers de Faërie. En effet, tout en gardant des points d'attache avec le Belle au Bois Dormant de Disney, Stromberg oriente en même temps son film dans une toute nouvelle dimension : celle de la Lande elfique. Invitant Pixies, Brownies, et Gobelins autour de son (anti)héroïne, Maléfique enrichit donc sa mythologie d'un folklore traditionnel qui évoquent les mythes celtes ou même les films Labyrinth et Dark Crystal. Même les créature lutinesques et leur physionomie patibulaire renvoient aux illustrations du grand artiste féérique Brian Froud. Le résultat, surprenant, est une totale réussite.
Ci-dessus : Les créatures elfiques du film ;
Ci-dessous : Les créatures de l'artiste B.Froud, dont on croirait qu'il a inspiré le design féérique de Maléfique.
Côté casting, je dois faire mon mea culpa : j'ai été le premier à critiquer le choix d'Angelina Jolie dans le rôle titre, et suis le premier à revenir sur mes a-prioris. L'actrice livre une prestation magistrale qui, bien qu'il s'agisse d'un film familial, a d'ailleurs été reconnue par les critiques comme l'un de ses plus beaux rôles. Elle parvient à donner vie au personnage animé d'origine en l'enrichissant d'une étonnante palette d'émotions qui ne la rende que plus réelle. Aussi crédible dans la joie que dans l'ironie, en jeune fille amoureuse qu'en femme bafouée rongée par la vengeance, A.Jolie livre un jeu passionné et vibrant. Sa prestation, grandiose, n’éclipse pas pour autant celle de ses partenaires. Ainsi, Elle Fanning est également à applaudir : elle explose en Aurore pleine d'innocence et de subtilité, sans tomber dans le personnage de princesse cruche. Dans un jeu tout en regards et en discrétion, elle parvient à rendre réelle la princesse originale, qui souffrait à l'époque d'une apparence froide et d'un manque évident de charisme.
En bref : Plus un clin d’œil au Sleeping Beauty de Disney qu'un réel appendice au scénario de 1959, Maléfique est à voir comme une toute nouvelle interprétation/variation d'un personnage de Méchant culte. Visuellement enchanteur et scénaristiquement intéressant à défaut d'oser prendre de réels risques, ce film est un spectacle féérique doté d'une mythologie à part-entière, adressé autant aux plus grands qu'aux plus petits.
Pour aller plus loin...
-Si vous avez aimé ce film...
-Essayer la novélisation par Elizabeth Rudnik, ou le roman graphique (VO) également adapté du film et superbement illustré par N.Khole.
-Retournez aux sources du classique animé de 1959 et retombez en enfance avec l'album La Belle au Bois Dormant, de la collection des classiques Disney.
-Pour une autre réécriture du conte par le prisme de la sorcière, essayez Carabosse, le roman de Michel Honaker chroniqué ici. L'auteur s'attarde lui aussi sur le personnage de la fée maléfique de la Belle au Bois Dormant, mais en prenant pour cadre d'inspiration non pas le dessin-animé Disney mais le récit de C.Perrault. Une petite merveille de livre à découvrir!
-Dans le même ordre d'idée de "l'Histoire racontée du point de vue du méchant", je vous propose de découvrir Fairest of all, qui raconte l'histoire de la Méchante Reine Grimhilde du Blanche Neige de Disney, ou encore Wicked, qui se penche sur la Méchante Sorcière de l'Ouest du Magicien d'Oz.
Lancez-moi des choux pourris, j'ai souvent préféré le "villain" de l'histoire et pas le héros, quant aux Princes Charmants interchangeables en leggins sur leur cheval blanc, pfff!
RépondreSupprimerJe suis heureuse que ce documentaire rétablisse enfin la vérité concernant Maléfique et dénonce la vilénie du roi Stéphane.
Vive les corbeaux!
Ah oui, longue vie aux plumes noires, aux cornes stylisées et aux teints blafards! Les princes charmants interchangeables, voilà un mystère dont l'auteur de la saga "les soeur Grimm" a trouvé l'explication : il n'y a qu'un seul et unique prince charmant qui se partage toutes les princesses. Ces prétendus "gentils de l'histoire" se paient notre tête depuis des générations de conte de fées ; Si c'est pas malheureux ça! ;-p
SupprimerIn generale, un buon film che devi vedere https://streamingcomplet.page/7123-the-lion-king-2017.html mi è piaciuto molto e anche la grafica è bellissima.
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