The lost flowers of Alice Hart, Harper Collins Publishers Australia - Éditions Mazarine (trad. de A.Damour), 2019.
« À cœur vaillant, rien d’impossible »
Lorsqu’une tragédie change à jamais sa vie, la jeune Alice Hart, âgée de neuf ans, part vivre chez sa grand-mère qu’elle ne connaît pas. Quittant le bord de l’océan où elle a grandi, elle trouve refuge dans la ferme horticole de June, où celle-ci cultive des fleurs sauvages d’Australie. Au fil du temps, Alice oublie les démons du passé et apprend à perpétuer la tradition familiale en utilisant le langage des fleurs pour remplacer les mots lorsqu’ils se font trop douloureux. Mais l’histoire des Hart est hantée par de nombreux secrets que June cache à sa petite-fille. Une sorte de fatalité semble accabler les femmes de leur famille, aussi June préfère-t-elle tenir Alice à l’abri de la vérité, quitte à la tenir à distance de l’amour. Une fois adulte, révoltée par ce silence et trahie par celles qui lui sont le plus chères, Alice se rend compte qu’il y a des histoires que les fleurs seules ne peuvent raconter. Si elle veut être libre, elle doit partir et inventer l’histoire la plus importante de toutes : la sienne…
Lorsqu’une tragédie change à jamais sa vie, la jeune Alice Hart, âgée de neuf ans, part vivre chez sa grand-mère qu’elle ne connaît pas. Quittant le bord de l’océan où elle a grandi, elle trouve refuge dans la ferme horticole de June, où celle-ci cultive des fleurs sauvages d’Australie. Au fil du temps, Alice oublie les démons du passé et apprend à perpétuer la tradition familiale en utilisant le langage des fleurs pour remplacer les mots lorsqu’ils se font trop douloureux. Mais l’histoire des Hart est hantée par de nombreux secrets que June cache à sa petite-fille. Une sorte de fatalité semble accabler les femmes de leur famille, aussi June préfère-t-elle tenir Alice à l’abri de la vérité, quitte à la tenir à distance de l’amour. Une fois adulte, révoltée par ce silence et trahie par celles qui lui sont le plus chères, Alice se rend compte qu’il y a des histoires que les fleurs seules ne peuvent raconter. Si elle veut être libre, elle doit partir et inventer l’histoire la plus importante de toutes : la sienne…
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Inutile de mentir : c'est tout d'abord la très attrayante couverture qui retient notre regard lorsqu'on croise cet ouvrage sur un présentoir de librairie, avant que le résumé achève de nous convaincre. Il faut dire que la symbolique florale est une thématique assez peu couramment utilisée en fiction pour qu'on se rappelle de suite un autre roman qui s'est précédemment illustré dans la même veine : Le langage secret des fleurs (ou Victoria et le secret des fleurs) de Vanessa Diffenbaugh. Ce premier livre était d'une telle originalité et d'une telle réussite qu'on pouvait craindre ici une pâle copie... tout en se laissant tenter par la lecture rien que pour l'exercice de la comparaison...
La petite Alice Hart vit recluse au bord de la mer australienne avec sa mère Agnès, passionnée d'horticulture, et son père Clem, un homme violent qui les maintient toutes les deux sous sa coupe. Alice trouve cependant réconfort auprès de son chien Tobby, des fleurs du jardin maternel, et dans les contes de fées qu'elle emprunte à la bibliothèque les rares fois où elle échappe à la surveillance de Clem pour courir en douce jusqu'à la ville. Un jour, plus ou moins par accident, Alice met le feu à la maison ; ses parents ne survivent pas à l'incendie mais la fillette, indemne, est confiée à June, une grand-mère qu'elle n'a jamais vue. June Hart la conduit à Thornfield, demeure luxuriante construite en plein bush et transmise de génération en génération par les femmes de la famille, bâtie sur des légendes aussi féériques que mystérieuses. Là, June et ses ancêtres avant elle y ont fondé une ferme horticole réputée, où s'épanouissent les fleurs sauvages australiennes et où peuvent venir vivre les femmes solitaires qui ont tout perdu et cherchent à se reconstruire. Surnommées les "Fleurs", elles participent chacune au bien commun et à l'entretien de la ferme. Alice trouve auprès de sa grand-mère et des autres "Fleurs" un foyer accueillant et June forme sa petite-fille au langage des plantes, afin qu'elle puisse reprendre la gestion de la propriété une fois adulte. Mais pour cela, June est prête à passer sous silence de nombreux secrets...
Oubliez vos craintes : malgré nos doutes premiers, Holly Ringland ne nous sert pas un vague plagiat du Langage secret des fleurs. Si un même thème relie bien les deux ouvrages, Les fleurs sauvages sait, après ses cent premières pages quelque peu fastidieuses (le temps de planter le décor), trouver sa propre marque de fabrique, son essence. Le paysage australien, tout d'abord, apporte une touche exotique et l'auteure exploite au maximum les particularités de son pays pour donner à son roman une saveur unique. La flore locale est ainsi particulièrement mise en avant (dont les pois du désert, à la signification capitale dans l'intrigue), mais aussi les mythes aborigènes liés à la Terre Rouge, cette région désertique de l'Australie où l'histoire finit par nous conduire pour notre plus grande surprise. Holly Ringland enrichit sa trame principale d'éléments et de thématiques annexes qui apportent une vraie densité à son univers et qui témoignent de ses nombreuses inspirations : les joies de la cuisine et des papilles (gâteaux, biscuits, et ginger ale parsèment le roman), ou encore les contes de fées et l'amour des livres (la première visite d'Alice à la bibliothèque municipale n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle de Matilda, de Roald Dahl).
Moins ancré dans la réalité que le roman de Vanessa Diffenbaugh, Les fleurs sauvages flirte avec ce genre très américain qu'est le magic realism. A ce titre, on remarque que l'ombre d'Alice Hoffman (Les ensorceleuses, Rules of Magic...) plane plus d'une fois sur cette intrigue : demeure familiale transmise par des femmes de génération en génération, figures matriarcales, suggestions de dons et de pouvoirs... Aussi n'est-on pas étonnés de la voir citée dans le livre et dans les remerciements, ou encore que deux des personnages se nomment Sally et Gillian (noms des héroïnes des Ensorceleuses).
Outre cette inspiration majeure, la communauté des "Fleurs", ces femmes isolées qui se sont réunies sous le même toit à la suite de drames pour s'entraider, nous renvoie très fortement aux amies des Divins secrets des petites Yayas, un autre roman qui fait la part belle à la solidarité féminine. Tantôt pétulantes et tantôt mélancoliques, les "Fleurs" et leur personnalité haute en couleurs apportent toute la nuance émotionnelle du roman.
Si Les fleurs sauvage s'affirme comme une histoire inspirée et délicate, elle n'échappe cependant pas toujours aux écueils propre à un premier roman. Le rythme peut être par exemple assez inégal et la psychologie de l'héroïne, pourtant bien dessinée dans la première moitié du livre, se perd ensuite dans des choix chaotiques qui agacent rapidement le lecteur. On a en effet du mal, après l'avoir vue s'affranchir de Thornfield et de son passé avec force et courage, à l'imaginer tomber si facilement dans les griffes d'un amant aussi violent qu'il était évidemment peu recommandable de prime abord. De façon générale, on réalise bien vite que les histoires d'amour sont le point faible de l'auteure, qui ne peut s'empêcher de tomber dans des clichés assez extrêmes, à grand renfort de métaphores ampoulées qui, au bout du compte, gâchent un peu l'émotion.
En bref : Malgré quelques défauts propres à un premier roman, Les fleurs sauvages est un très agréable roman dans la veine du magic realism. Délicat, rafraîchissant et à la mélancolie doucereuse, il puisse sa source dans la richesse de l'Australie, décor qui confère toute son originalité à l'histoire.
Et pour aller plus loin...
-Si vous avez aimé ce livre, vous aimerez Le langage secret des fleurs...
La petite Alice Hart vit recluse au bord de la mer australienne avec sa mère Agnès, passionnée d'horticulture, et son père Clem, un homme violent qui les maintient toutes les deux sous sa coupe. Alice trouve cependant réconfort auprès de son chien Tobby, des fleurs du jardin maternel, et dans les contes de fées qu'elle emprunte à la bibliothèque les rares fois où elle échappe à la surveillance de Clem pour courir en douce jusqu'à la ville. Un jour, plus ou moins par accident, Alice met le feu à la maison ; ses parents ne survivent pas à l'incendie mais la fillette, indemne, est confiée à June, une grand-mère qu'elle n'a jamais vue. June Hart la conduit à Thornfield, demeure luxuriante construite en plein bush et transmise de génération en génération par les femmes de la famille, bâtie sur des légendes aussi féériques que mystérieuses. Là, June et ses ancêtres avant elle y ont fondé une ferme horticole réputée, où s'épanouissent les fleurs sauvages australiennes et où peuvent venir vivre les femmes solitaires qui ont tout perdu et cherchent à se reconstruire. Surnommées les "Fleurs", elles participent chacune au bien commun et à l'entretien de la ferme. Alice trouve auprès de sa grand-mère et des autres "Fleurs" un foyer accueillant et June forme sa petite-fille au langage des plantes, afin qu'elle puisse reprendre la gestion de la propriété une fois adulte. Mais pour cela, June est prête à passer sous silence de nombreux secrets...
Oubliez vos craintes : malgré nos doutes premiers, Holly Ringland ne nous sert pas un vague plagiat du Langage secret des fleurs. Si un même thème relie bien les deux ouvrages, Les fleurs sauvages sait, après ses cent premières pages quelque peu fastidieuses (le temps de planter le décor), trouver sa propre marque de fabrique, son essence. Le paysage australien, tout d'abord, apporte une touche exotique et l'auteure exploite au maximum les particularités de son pays pour donner à son roman une saveur unique. La flore locale est ainsi particulièrement mise en avant (dont les pois du désert, à la signification capitale dans l'intrigue), mais aussi les mythes aborigènes liés à la Terre Rouge, cette région désertique de l'Australie où l'histoire finit par nous conduire pour notre plus grande surprise. Holly Ringland enrichit sa trame principale d'éléments et de thématiques annexes qui apportent une vraie densité à son univers et qui témoignent de ses nombreuses inspirations : les joies de la cuisine et des papilles (gâteaux, biscuits, et ginger ale parsèment le roman), ou encore les contes de fées et l'amour des livres (la première visite d'Alice à la bibliothèque municipale n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle de Matilda, de Roald Dahl).
Holly Ringland
Moins ancré dans la réalité que le roman de Vanessa Diffenbaugh, Les fleurs sauvages flirte avec ce genre très américain qu'est le magic realism. A ce titre, on remarque que l'ombre d'Alice Hoffman (Les ensorceleuses, Rules of Magic...) plane plus d'une fois sur cette intrigue : demeure familiale transmise par des femmes de génération en génération, figures matriarcales, suggestions de dons et de pouvoirs... Aussi n'est-on pas étonnés de la voir citée dans le livre et dans les remerciements, ou encore que deux des personnages se nomment Sally et Gillian (noms des héroïnes des Ensorceleuses).
Pois du désert : A cœur vaillant, rien d'impossible!
Outre cette inspiration majeure, la communauté des "Fleurs", ces femmes isolées qui se sont réunies sous le même toit à la suite de drames pour s'entraider, nous renvoie très fortement aux amies des Divins secrets des petites Yayas, un autre roman qui fait la part belle à la solidarité féminine. Tantôt pétulantes et tantôt mélancoliques, les "Fleurs" et leur personnalité haute en couleurs apportent toute la nuance émotionnelle du roman.
Désert australien...
Si Les fleurs sauvage s'affirme comme une histoire inspirée et délicate, elle n'échappe cependant pas toujours aux écueils propre à un premier roman. Le rythme peut être par exemple assez inégal et la psychologie de l'héroïne, pourtant bien dessinée dans la première moitié du livre, se perd ensuite dans des choix chaotiques qui agacent rapidement le lecteur. On a en effet du mal, après l'avoir vue s'affranchir de Thornfield et de son passé avec force et courage, à l'imaginer tomber si facilement dans les griffes d'un amant aussi violent qu'il était évidemment peu recommandable de prime abord. De façon générale, on réalise bien vite que les histoires d'amour sont le point faible de l'auteure, qui ne peut s'empêcher de tomber dans des clichés assez extrêmes, à grand renfort de métaphores ampoulées qui, au bout du compte, gâchent un peu l'émotion.
En bref : Malgré quelques défauts propres à un premier roman, Les fleurs sauvages est un très agréable roman dans la veine du magic realism. Délicat, rafraîchissant et à la mélancolie doucereuse, il puisse sa source dans la richesse de l'Australie, décor qui confère toute son originalité à l'histoire.
Merci à NetGalley et aux éditions Mazarine pour cette lecture!
Et pour aller plus loin...
-Si vous avez aimé ce livre, vous aimerez Le langage secret des fleurs...
malgré tes quelques résistances (point qui pourrainet être pour moi rédhibitoires, j'ai du mal avec les longueurs et les histoires d'amours, surtout si elles sont cliché) je note, les thèmes abordé m'interpellent, je vais voir si je peux éventuellement le trouver en bibliothèque
RépondreSupprimerOui, l'emprunt en bibliothèque est le bon plan. Ce roman a un excellent potentiel, mais l'auteur se perd par moment dans des intrigues secondaires inutiles qu'elles étire en longueur. Le rythme de son roman s'en trouve du coup un peu abîmé.
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