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jeudi 26 décembre 2019

Gourmandise littéraire : Homard mayonnaise à l'hôtel Windsor.


  Continuons notre petit tour d'horizon des recettes préférées de l'honorable Miss Fisher à l'occasion de nos fêtes de Noël so Phryne. La détective, véritable épicurienne, n'oublie jamais de se régaler entre deux enquêtes et l'auteure Kerry Greenwood semble prendre un malin plaisir à détailler par le menu ce qui constitue les petits-déjeuners, déjeuners et dîners de son héroïne. 

  Dans le premier opus, Cocaïne et tralala, Miss Fisher, tout juste débarquée à Melbourne, descend à l'Hôtel Windsor. Loin d'être une invention de Kerry Greenwood, il s'agit d'un réel établissement situé au cœur de la ville, qui plus est une véritable institution depuis maintenant plus de cent ans. A l'origine construit en 1882, c'est le seul hôtel de toute l'Australie à dater du XIXème siècle. D'abord baptisé Grand hôtel, il ne fut renommé Windsor qu'en 1920, en l'honneur de la famille royale britannique. Encore une référence aujourd'hui, l'Hôtel Windsor est connu aussi bien pour la qualité de son service que pour son architecture : le restaurant, la salle de bal, ou encore le grand escalier participent à lui donner une aura unique.

l'Hôtel Windsor au début du XXème siècle.

  Dans les années 1920, cet hôtel accueille bien évidemment une clientèle des plus aisées, mais aussi des plus extravagantes, comme Kerry Greenwood le raconte si bien dans son roman. Après une sieste bien méritée, Miss Fisher, affamée par son voyage en mer, s'empresse de se rendre au restaurant commander son plat favori...


"Elle se restaura d'un cocktail, accompagné d'un excellent homard mayonnaise. Phryne avait une passion pour le homard mayonnaise, garni de cornichons."

Cocaïne et tralala, K.Greenwood, chapitre 2, éditions 10/18, 2006.
 
 
  Existe-t-il met plus raffiné que le homard? Bien que le goût soit différent selon la variété et l'origine, sa chair reste très réputée. Avant d'être un aliment de luxe, le homard a longtemps été un produit bon marché, en raison de son abondance constatée par les colons à leur arrivée en Nouvelle-Angleterre. Ce n'est qu'à partir de la moitié du XIXème siècle qu'une société décide de profiter de la surpopulation de l'animal pour en faire des conserves, notamment pour le commercialiser à l'export dans le monde entier et en faire une source de profit.
 
 
  Le homard devient progressivement une denrée de luxe grâce à un subterfuge inventée par la compagnie des chemins de fer des Etats-Unis : on sert du homard en le faisant passer pour un met rare et couteux auprès des voyageurs qui ignorent la surpopulation de ce crustacé sur les terres américaines. Le succès est tel que les touristes se précipitent dans les poissonneries ou dans les premiers supermarchés une fois descendus de train. Un véritable cercle vertueux s'enclenche alors...
 
   ... Jusqu'à l'épuisement : dans les années 20, la pêche à outrance du homard voit sa population diminuer considérablement, en faisant ainsi un produit rare et donc, cette fois, un vrai aliment de luxe. Cité comme le plat favori de Gatsby dans le roman de Fitzgerald, il est particulièrement représentatif de la cuisine chic de la décennie 1920. On ne s'étonne donc pas de le compter parmi les recettes favorites de Phryne, qui en commande plus d'une fois au restaurant dans les différents romans écrits par Kerry Greenwood.
 
 Couverts à homard des années 1920
 
  Un détail cependant : le texte français suggère que Phryne déguste son homard mayonnaise avec des... cornichons! Drôlet d'idée, non? On vous rassure, la version originale parle bien de cucumbers, de concombres, qui s'accordent tout de même mieux, n'est-ce pas? 
 
  Autre détail, concernant la cuisson, cette fois : le homard se cuisine avec l'animal acheté vivant. Cependant, si la créature suscite chez vous des sueurs froides dignes des terreurs vécues dans le Nautilus dans une vie antérieure, vous pouvez en acheter déjà cuits et surgelés. Il vous suffira de diminuer la durée de cuisson au court-bouillon à quelques minutes seulement pour parfumer la chair. Pour une plus grande authenticité, la recette ci-dessous est tirée d'un vieil ouvrage de cuisine de 1928...


Ingrédients (pour deux personnes):
 
- Pour les homards:
 
- 2 homards 
- 40 cl de vin blanc
- 2 oignons
- 2 carottes 
- sel
- poivre 
- 2 cuillère à soupe d'huile
- 1 concombre (pour le service) 

-Pour la mayonnaise:

- 2 jaunes d’œufs
- huile
- vinaigre
- sel
 

A vos tabliers!
 
- Faire un court-bouillon pour cuire le homard : éplucher et émincer les oignons et les carottes puis les faire revenir dans l'huile dans un grand faitout.
- Remplir la marmitte d'1,5L d'eau et des 40 cl de vin blanc, saler, poivrer, laisser bouillir puis y plonger les homards. Les cuire à raison de 25 minutes par kilo, puis les laisser refroidir dans le court-bouillon de cuisson avant de les mettre à égoutter.
-Préparer la mayonnaise : déposer les jaunes d’œufs dans un grand bol avec une pincée de sel et une demi-cuillère à café de vinaigre. A l'aide d'un mélangeur, remuer les jaunes en ajoutant un quart de litre d'huile sans cesser de fouetter jusqu'à obtenir la consistance voulue.
- Servir le tout avec le concombre coupé en tranche fine et un mélange de crudité de votre choix pour la présentation.
 
 
A l'Hôtel Windsor ou à la maison, un plat chic et festif digne des héros des Années Folles...

***


2 commentaires:

  1. Alors, dis-nous tout : l'as-tu fendu en deux vivant, comme c'est la coutume ?
    Il y en a une autre qui adore le homard, c'est Jessica Fletcher dans Arabesque. Il semblerait que ce soit la spécialité à Cabot Cove, dans le Maine !

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    Réponses
    1. Non, impossible de me la jouer Julia Child... ;)
      Ah, je ne me souvenais pas que Jessica Fletcher adorait ça aussi! Cabot Cove doit bénéficier d'une surpopulation de homard encore d'actualité !

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