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mardi 14 avril 2020

Gourmandise littéraire : Fig Newtons




  Dans le roman Un été avec Louise (The chaperone), Laura Moriarty imagine l'été des 15 ans de la future star Louise Brooks, sélectionnée pour rejoindre la célèbre école de danse new-yorkaise de Denishawn. Nous sommes au début des années 20 et il n'est alors pas concevable qu'une adolescente quitte seule son Kansas natal pour aller séjourner en ville, aussi est-elle pour cela accompagnée de Cora Carlisle, une mère de famille accomplie tout ce qu'il y a de plus respectable. Entre la jeune fille en fleur et la femme d'âge mûr, c'est le choc des cultures. Un affrontement que New York saura apaiser? Peut-être. Peut-être pas. La "Grosse Pomme" est pour l'une et l'autre une occasion unique : pour la première, celle de devenir une star, et pour la seconde, en fait confiée à un orphelinat new-yorkais lorsqu'elle était petite, celle de retrouver ses vrais parents.

  Tandis que Louise passe ses journées en répétition de danse, Cora se rend régulièrement à l'orphelinat religieux où elle a vécu ses premières années, essayant en vain de convaincre les sœurs de la laisser accéder à son dossier. Elle a cependant la chance d'y rencontrer le charmant Joseph Schmidt, homme à tout faire de l'institution, avec qui elle se lie d'amitié. Un jour, à l'occasion d'une promenade, il lui explique l'origine des odeurs de pâtisserie qui flottent dans le quartier et qui ont marqué Cora dès sa première visite...




" — D'où vient cette odeur sucrée ? demanda-t-elle en retenant son chapeau de crainte que la brise ne l'emporte. (Elle trouvait agréable de marcher au côté d'un homme qui avait la même taille qu'elle et ne l'obligeait pas en permanence à lever les yeux.) On dirait toujours que des gâteaux sortent du four, par ici.
— C'est la biscuiterie. Vous connaissez les biscuits Nabisco ? Vous mangez des Fig Newtons ? Ils sont fabriqués ici.
  Elle ne put que rire. Les Fig Newtons ! Combien de paquets en avait-elle acheté, au fil des années, pour les garçons ou pour Alan ? Elle en servait lorsqu'elle recevait à goûter et elle-même en avait mangé un certain nombre sans se douter une seule seconde qu'ils avaient été fabriqués si près du New York Home for Friendless Girls qu'on pouvait les sentir. La rue où elle habitait au Kansas, avec ses vastes pelouses ombragées, semblait tellement aux antipodes de ce quartier aux allures de Babel surpeuplée qu'on les supposait séparés par une frontière étanche, et pourtant, non – pendant des années, à l'insu de Cora, des fournées entières de biscuits l'avaient franchie."

L.Moriarty, Un été avec Louise (The Chaperone), chapitre 13, Pocket, 2014.



  Les Fig Newtons sont une version des roulés aux figues ou sablés aux figues produite par la marque américaine Nabisco, à qui l'on doit également les célèbres Oréos. A l'origine, les biscuits fourrés aux figues sont probablement de ces pâtisseries héritées de la cuisine orientale, où l'on trouve également des variantes à base de dattes. La recette vient à s'industrialiser à la fin du XIXème siècle, lorsque l'industriel alimentaire Charles Roser invente puis fait breveter une machine capable de cuire des biscuits évidés et de les remplir simultanément de confiture de fruit. 

  La Kennedy Biscuit Company, qui deviendra quelques temps plus tard l'entreprise Nabisco lorsqu'elle fusionnera avec la New York Biscuit Company, achètera à C.Roser sa machine afin d'industrialiser et vendre à grande échelle des biscuits fourrés. Cette gamme, baptisée les "Newtons" en clin d’œil à la ville éponyme du Massachusetts, est devenue célèbre pour sa version garnie aux figues.

  De nombreuses biscuiteries concurrentes de par le monde copièrent la recette et la méthode de fabrication, pour le plus grand plaisir des consommateurs. En France, si nous connaissons peu les Fig Newtons qui restent un produits typiquement américain, nous connaissons en revanche son proche cousin hexagonal : le Figolu, produit depuis les années 50 par la célèbre marque LU. Inutile, ceci dit, de posséder la machine de Charles Roser pour fabriquer soi-même ces sablés fourrés à la figue...


Ingrédients (pour 10 à 12 biscuits environ):

- Pour la purée de figues:
 - 200g de figues sèches moelleuses
 - 30g de sucre en poudre
 - 5 cuillères à soupe d'eau

- Pour la pâte sablée:
 - 60g de farine de blé
 - 40g de farine d’épeautre
 - 30g de sucre en poudre
 - 1 pincée de sel
 - 30g d'amande en poudre
 - 80g de beurre ramolli
 - 1 jaune d'œuf 



A vos tabliers!

- Commencer par la pâte sablée : mélanger le beurre ramolli et le sucre jusqu'à obtenir un mélange homogène. A part, mélanger les farine, la poudre d'amande et le sel. Mêler ensemble les deux préparations puis ajouter un jaune d'œuf pour lier la pâte (si elle est encore trop friable, ajouter un peu d'eau).
- Former une boule et la réserver pendant deux heures au réfrigérateur.
- Pendant ce temps, préparer la purée de figues : mettre à chauffer l'eau et le sucre dans une casserole. Retirer les tiges et pédoncules durs des figues puis les couper en quartier avant de les mettre dans la casserole une fois que l'eau boue et que le sucre a fondu.
- Laisser cuire à feu doux, à couvert pendant 20 minutes en remuant de temps en temps, de sorte que les figues caramélisent légèrement. 
- Une fois la cuisson terminée, passer les figues caramélisées au mixer pour les réduire en purée. La meilleure solution est ensuite de mettre cette purée de figue à chauffer au bain-marie afin qu'elle ne durcisse pas en attendant de façonner les biscuits.
- Lorsque la pâte a reposé suffisamment longtemps, la sortir du réfrigérateur et l'étaler en deux bandes égales d'environ dix centimètre de large chacune. Etaler la pâte de figue au milieu de chaque bande puis rabattre dessus la pâte en faisant se chevaucher les bords pour bien les souder.
- Couper des portions d'environ six centimètres puis les placer sur une plaque couverte de papier cuisson avant de mettre au four préchauffé à 180°C pour 20 minutes. Une fois la cuisson achevée, laisser refroidir sur une grille avant de vous régaler...



Un petit morceau de New York à croquer...


 

2 commentaires:

  1. Mmmm, oui, ce passage me dit quelque chose ! Bravo pour la recette qui semble fort appétissante et qui me rappelle un peu les biscuits Figolu ;-) miam !

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    1. Merci Fondant! Cela fait un moment que je voulais faire des figolus maison, c'était l'occasion ! Les biscuits n'ont pas fait long feu en tout cas, je me suis même brûlé la langue en en grignotant quelques-uns à la sortie du four !

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