dimanche 5 mai 2024

Lessons in chemistry - une mini-série de Susannah Grant d'après le livre de Bonnie Garmus.

 

Lessons in chemistry

 
Une mini-série de Susannah Grant d'après le roman Leçons de chimie, de Bonnie Garmus.
 
Avec : Brie Larson, Lewis Pullman, Aja Naomi King, Stephanie Koenig, Patrick Walker, Kevin Sussman... 
 
Date de diffusion internationale : 13 octobre 2023 sur Apple TV

    « Lessons in Chemistry » se déroule au début des années 1950 et raconte l’histoire d’Elizabeth Zott, dont le rêve de devenir scientifique est mis à mal par la société patriarcale. Quand Elizabeth est renvoyée de son laboratoire, elle accepte un emploi d’animatrice dans une émission culinaire à la télévision et entreprend d’enseigner à une nation de femmes au foyer négligées – et aux hommes qui se mettent soudain à écouter – bien plus que des recettes.
 
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     On vous en parlait il y a peu : le roman Leçons de chimie de Bonnie Garmus, best-seller traduit dans le monde entier, avait été notre grand coup de cœur de ce début d'année. Applaudi par quelques milliers de lecteurs, le livre n'avait pas mis longtemps à taper dans l’œil des producteurs. Tout juste sorti sur les étals des librairies américaines, les droits avaient été achetés pour en faire une série télé, dont le tournage avait débuté pendant l'été 2022. Diffusée à partir de l'automne 2023 sur la plateforme Apple TV, la transposition de Leçons de chimie pour le petit écran montre à quel point le format sériel est pertinent et satisfaisant pour l'adaptation d’œuvres littéraires.
 
Bande-annonce de la série.
 
    Car comment imaginer le long et mouvementé parcours de l'héroïne Elizabeth Zott dans un condensé de 90 minutes ? Probablement au prix de nombreuses coupes dans l'intrigue et d'une simplification des personnages comme des rebondissements, comme c'est souvent le cas pour de nombreux romans transformés en longs-métrages – longs-métrages par ailleurs toujours trop courts dès lors qu'il s'agit de mesurer la fidélité vis-à-vis du matériau d'origine. Susannah Grant, productrice, metteuse en scène et scénariste, a donc eu l'excellente idée de faire du best-seller de B. Garmus une série, qui plus est une série qui magnifie le roman initial.
 

    L'époque et les thématiques promettaient déjà un divertissement enthousiasmant, mais la série offre en effet bien plus que cela. A la façon du livre qui fait ici et là quelques allers et retours dans le temps pour qu'on comprenne les tenants et aboutissants du cheminement de l'héroïne, Lessons in chemistry version petit écran propose une construction en plusieurs temporalités ingénieusement mises en relation. Lorsque la série commence, Elizabeth Zott est une star et son émission culinaire captive des centaines de femmes au foyer. A partir de ce point de départ, le scénario nous propulse sept ans plus tôt, alors que la jeune femme est une laborantine malmenée par ses collègues masculins. Les époques se répondent grâce à des procédés narratifs subtiles et astucieux, qu'on pourrait résumer par les dernières phrases de l'ultime épisode : "Ce n'est que lorsque vous regardez en arrière que vous comprenez que tout était lié". Le Deus Ex Machina habilement utilisé dans le roman prend forme à l'écran grâce à la technicité d'une équipe de scénaristes qui manie le storytelling à la perfection.
 

    Comme pour toute adaptation, cependant, Lessons in chemistry n'échappe pas aux libertés. Souvent critiquables et critiquées, les différences entre un ouvrages et sa version filmée sont rarement appréciées ; cette série fait office d'exception en étant l'une des rares transpositions qui surpassent le roman original. Un détail qui mérite d'être noté, tant le livre de Bonnie Garmus relevait déjà de la totale réussite. Les 8 heures de série offrent tout d'abord l'opportunité de quelques scènes complémentaires à la relation entre Elizabeth et Calvin – des scènes qui permettent de voir le couple se souder autant qu'elles font doublement ressentir aux téléspectateurs son absence une fois le personnage disparu. Le deuil d'Elizabeth n'en est que plus vif. Les recherches d'Elizabeth et de sa fille Madeline pour mieux connaître les origines de Calvin sont également plus approfondies, prenant ici la forme d'une véritable enquête qu'on se surprend à suivre avec émotion et ce même lorsqu'on en connait déjà l'issue.
 
 
    Mais l'une des libertés les plus ingénieuses est probablement le choix de transformer le personnage d'Harriet Sloane, voisine d'Elizabeth, en mère de famille afro-américaine. La question des personnes de couleur était évoquée dans le roman original, mais de façon transversale (Elizabeth y dénonçait le racisme et soutenait Rosa Parks) ; ce parti pris est élevé à un niveau supérieur grâce à la présence de la famille Sloane et aux ségrégations subies par les minorités ethniques, à travers le combat d'Harriet pour contrer la construction d'une autoroute destinée à faire raser son quartier. Face à l'atypique Mademoiselle Zott, l'avocate en devenir Madame Sloane permet de renforcer le message de l'histoire, hommage à toutes les femmes fortes quelles qu'elles soient.
 

 

    La reconstitution des années 50 et 60 participe à la réussite de la série, visuellement impeccable. Décors et costumes semblent sortir tout droit d'un tableau d'Edward Hopper, quelque part entre une esthétique léchée et un profond réalisme. Les costumes tiennent à ce titre une place importante, particulièrement ceux portés par Elizabeth, de plus en plus élégante à mesure qu'elle s'impose comme figure de proue de son émission. La créatrice Mirren Gordon-Crozier, qui a également dessiné les costumes de Là où chantent les écrevisses et du Château de verre, a conçu ici des pièces aussi raffinées qu'authentiques.


 
    Mais cette élégance ne serait rien sans le talent de l'actrice principale, Brie Larson, qui porte la blouse avec un style inimitable. Comédienne bien connue de l'univers Marvel, elle est la grande révélation de Lessons in chemistry. Sosie de Grace Kelly, Brie Larson excelle dans toute la palette d'émotions du personnage au fil de son évolution et même dans ses aspects les plus atypiques. Elle rend ce rôle complexe extrêmement attachant et on s'émeut en la voyant s'épanouir et s'ouvrir au fil de la série. Le reste du casting est loin de démériter, avec notamment Lewis Pullman (fils de l'acteur Bill Pullman) qui interprète un Calvin Evans très crédible tout en étant plus maniaque que son modèle de papier. L'alchimie (ou la chimie tout court) des deux acteurs est palpable et parvient à nous faire croire à ces deux personnalités hors normes et fragiles à la fois.
 

    En ce qui concerne les personnages secondaires, Aja Naomi King campe une Harriet Sloane extrêmement convaincante en mère courage et fervente défenseuse des droits humains. Stephanie Koenig interprète quant à elle une Fran Frask permanentée comme doit l'être la secrétaire archétypale des années 1960, personnage qu'on adore détester avant de l'adorer tout court, crédible dans ses deux facettes. On retrouve également avec plaisir le visage candide de Kevin Sussman (The Big Bang Theory) dans le costume de l'adorable Walter, producteur de l'émission de télé d'Elizabeth. Enfin, difficile de ne pas applaudir la performance du chien qui interprète 6:30, animal de compagnie – mais surtout véritable compagnon – de l'héroïne.
 

    Portée par des standards des années 50 (Ah, la chanson "Wham (Rebop Boom Bam)" de Mildred Bailey au générique d'ouverture !) et les musiques originales de Carlos Rafael Rivera (qui avait également composé la bande originale du Jeu de la Dame), Lessons in chemistry est un délice en 8 épisodes qui touche autant que le roman d'origine.

Génial générique d'ouverture.

En bref : Parfaite adaptation d'un livre parfait, Lessons in chemistry parvient même à sublimer le roman original de Bonnie Garmus via des libertés qui s'avèrent pleines de sens. Grâce à un casting extraordinaire (Brie Larson en tête, fantastique), à une mise en scène soignée et à une écriture ciselée, cette mini-série nous émeut autant qu'elle nous donne envie de croire en la vie et en ses surprises. Un régal.


Et pour aller plus loin...
 

Le cloître - Katy Hays.

The cloisters
, Atria Books, 2022 - Le Livre de Poche (trad. de C.Delporte & F.Noblet), 2024.

    Ann Stilwell, jeune étudiante d’une ville rurale des États-Unis, arrive à New York pour un stage d’été au Metropolitan Museum of Art. Sur place, elle est assignée au Cloître, un musée gothique réputé pour sa collection d’art médiéval, afin d’assister Patrick Roland, un professeur charismatique et troublant.
    Ann se prête volontiers au jeu des théories les plus excentriques de son tuteur et de la très belle et brillante Rachel Mondray. Mais ce qui débute comme de la curiosité universitaire devient vite une obsession lorsqu’une mort mystérieuse révèle l’existence de cartes de tarot du XVe siècle qui pourraient prédire le futur…
 
 
 
Addictif, vénéneux, best-seller des ventes au New York Times et déjà traduit en douze langues.
 
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    C'est tout à fait par hasard qu'on est tombé sur Le cloître, premier roman de la Californienne Katy Hays, enseignante en Histoire de l'Art. Diplômée de Williams College et de l'UC Berkeley, elle a travaillé dans de grands instituts artistiques avant de se lancer dans l'écriture de fiction. Comme souvent dans ce type de configuration, il est fort probable que son parcours étudiant et professionnel ait inspiré ce roman, dont l'action se situe dans le milieu d'un musée médiéval...
 
Trailer du livre.

    Alors qu'elle vient de terminer son master, le décès brutal de son père au cours de l'année a considérablement perturbé la jeune Ann Stilwell. Les impacts du deuil ont notamment conduit à une baisse de ses notes, aussi n'est-elle pas considérée comme suffisamment bonne pour accéder au doctorat de ses rêves dans une université prestigieuse. Il n'est pourtant pas envisageable de rester à Walla Walla, où elle étouffe entre une mère anxieuse et le souvenir de son défunt père, aussi postule-t-elle pour un stage d'été au Metropolitan Museum of Art à New York. Une fois sur place, il s'avère que le superviseur garant de son poste estival a été contraint de s'absenter pour effectuer des recherches en Europe ; son stage ne pourra donc avoir lieu. Hasard ou chance, Patrick Roland, conservateur au Cloître, musée médiéval situé à Manhattan et rattaché au Met, a justement besoin d'assistance. Ann prend donc ses quartiers d'été au Cloitre aux côtés de Patrick et de Rachel Mondray, étudiante d'Harvard aussi talentueuse qu'elle est ferme et décidée. Les deux jeunes femmes sont chargées d'épauler le conservateur dans sa recherche sur les tarots divinatoires à travers les âges, et plus précisément à partir de quand un simple jeu de cartes s'est transformé en support pour prédire l'avenir. Mais des choses étranges se déroulent au Cloître, la nuit tombée : d'où viennent les taches de cire rouge qu'Ann découvre chaque matin dans la bibliothèque du musée ? Quelle est la nature exacte des relations entre Rachel et Patrick ? Qui est vraiment Léo, le mystérieux jardinier chargé d'entretenir les plantes du Cloître ? Lorsque la jeune femme découvre un tarot complet antérieur au XVIIème siècle, elle répond à l'appel des cartes et prend le risque de les interroger...
 

    Difficile de ranger ce livre dans une catégorie, tant Le cloître s'amuse d'un mélange des genres qui brouille les pistes tout en se réclamant de plusieurs registres à la fois. Couverture et résumé nous laissent imaginer un thriller historico-hésotérique à la Da Vinci Code, avant que l'accent sur les relations entre les personnages ne fasse pencher la balance vers le thriller psychologique. Le résultat n'en est que plus intéressant : pour peu qu'on accepte de perdre le contrôle sur la lecture et de laisser l'autrice nous guider (voire nous balader), on découvre un petit bijou de noirceur et de manipulation qui vaut tout-à-fait le détour.

The Cloisters, New York.
 
    Le premier atout, très séduisant, de ce roman est sans conteste son décor. Le cloître choisit en effet comme cadre principal de l'action The Cloisters, le réel musée médiéval de la ville de New York. Ce lieu incongru est constitué de cloîtres et bâtiments religieux européens reconstruits pierre par pierre autour d'une structure néogothique en 1938. Vestige médiéval au cœur d'une ville de béton et de fer qui n'a jamais connu de Moyen-Âge, The Cloisters confère au roman de Katy Hays une atmosphère unique, de celles qu'on étiquette aujourd'hui de l'appellation Dark Academia. Bibliothèques, archives et secrets d'alcôve s'y entremêlent dans un clair-obscur envoûtant. A n'en pas douter, le musée est ici un personnage à part entière du livre.
 
The Cloisters, New York.

    Le sujet transversal – l'étude des tarots divinatoire à travers l'Histoire – apporte également une consistance assez fascinante à l'intrigue. Cette thématique assez peu exploitée en littérature de fiction l'est ici au croisement du regard scientifique (objet de recherche universitaire) et du regard ésotérique (divination). Bien que chercheurs, les personnages se laissent en effet tous plus ou moins gagnés par l'envie de tirer les cartes, d'abord par curiosité puis, progressivement, pour des raisons plus obscures. On regrette cependant que la dimension historique soit finalement assez peu exploitée : Ann, Patrick et Rachel évoquent bien quelques fois la famille d'Esté et Antoine Court de Gebelin, des figures du passé associées au tarot et à son évolution de jeu vers objet de prédiction, mais peut-être est-on resté quelque peu sur notre faim. Il nous en reste l'envie d'approfondir le sujet et d'explorer la grande et la petite histoire du tarot à notre tour.
 

    Katy Hays met en scène des personnages doubles, entre ombre et lumière. Elle laisse volontairement dans l'angle-mort certains éléments, induisant un sentiment constant de doute qui nous amène à nous interroger quant à la psychologie et aux motivations de chacun. Transparente et écorchée, lasse et pourtant décidée, Ann apprend à sortir de sa chrysalide à travers son expérience au Cloître, face à une Rachel aussi mystérieuse et élégante que sûre d'elle. Plongée dans l'univers des études supérieures et de la recherche tel qu'il se joue outre-Atlantique, Le cloître met en lumière la concurrence et l'ambition quasi-destructrices à l'oeuvre dans les cercles universitaires américains. Les relations, ambiguës, se tissent, se font et de défont au fil des jours et au rythme des découvertes et révélations, en même temps que le lecteur s'interroge : ces personnages sont-ils tous ce qu'ils prétendent être ? Une mort mystérieuse amènera Ann comme le lecteur à revoir leurs jugements initiaux, car plus on progresse, plus on se laisse convaincre que rien dans cette histoire n'est tout-à-fait le fruit du hasard.
 


En bref : Thriller psychologique séduisant et addictif, Le cloître nous entraîne dans un décor à l'atmosphère captivante, à la découverte du monde de la recherche universitaire américaine. La thématique du tarot divinatoire, associée aux mythiques Cloisters new-yorkais, apporte une touche de mystère envoutante dans cette intrigue où l'ambition le dispute à la manipulation. Un roman diabolique.

dimanche 28 avril 2024

Les filles de Roanoke - Amy Engel.

The Roanoke Girls
, Crown, 2017 - Éditions Autrement (trad. de M.Vignol), 2017 - Éditions J'ai Lu, 2018 - Editions de Noyelles, France Loisirs Poche, 2021.
 
    Après le suicide de sa mère, Lane, 16 ans, est confiée à la garde de grands-parents dont elle ignorait l’existence. À son arrivée au domaine des Roanoke sous la chaleur étouffante du Kansas, au milieu des champs de blés, elle est à la fois fascinée et troublée. Car il plane sur le royaume des Roanoke une atmosphère morbide : toutes les filles de la lignée ont connu des fins tragiques. Quand la cousine de Lane disparaît dix ans plus tard, la jeune femme se lance à sa recherche, sans se douter un seul instant qu’elle va déterrer le plus terrible des secrets de famille.
    Dans ce roman d’une noirceur magistrale, Amy Engel distille avec talent le poison des non-dits.
 
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     Repéré à sa publication en grand format puis acheté à sa sortie en poche, Les filles de Roanoke a passé quelques années dans notre PAL avant que l'appel du mystère nous amène à l’en exhumer. Présenté comme un roman gothique dans la lignée des ouvrages de Joyce Carol Oates, il nous était en effet difficile d'y résister. Avec ce titre, Amy Engel, autrice d'une saga YA appréciée des critiques, écrivait son premier roman (tout aussi remarqué) à destination d'un lectorat adulte.
 

"Les filles de Roanoke ne font jamais long feu ici. En fin de compte, soit nous fuyons, soit nous mourons."

    Lane n'a que très peu entendu parler de sa famille, les Roanoke, et de leur gigantesque domaine au milieu du Kansas. Sa mère Camilla, psychologiquement fragile, a coupé tous les contacts possibles avec ses parents et laisse entendre quelque chose de cauchemardesque là où sa fille se plait à imaginer quelque chose d'idyllique. Le suicide de Camilla la confrontera à la réalité : à 16 ans, Lane est envoyée chez ses grands-parents dans le Kansas, où elle découvre la ferme des Roanoke, bâtisse gigantesque et labyrinthique qui a accueilli des générations de filles avant elle. Elle y rencontre sa cousine Allegra, d'un an sa cadette et son portrait craché, qui vit là depuis la disparition mystérieuse de sa mère. Au cours d'un été, Lane découvre le meilleur comme le pire de sa famille, où les apparences, trompeuses, dissimulent la plus terrifiante des réalités. Dix ans plus tard, après avoir fui à son tour les Roanoke, Lane reçoit un appel de son grand-père : Allegra a disparu depuis plusieurs jours. De retour au bercail, la jeune femme doit faire face aux secrets qui gangrènent les Roanoke au point d'avoir décimé plusieurs filles avant elle. Si elle ne veut pas finir comme celles qui l'ont précédée, Lane doit découvrir ce qui est arrivé à sa cousine.
 

"Je sais que fuir ne mène nulle part. On ne peut pas dépasser ce qui est en nous. On peut seulement l'identifier, le contourner, essayer de l'améliorer."

    Se plonger dans Les filles de Roanoke a quelque chose d'un pacte, d'un engagement sans aucune marche-arrière possible. Pas de rétropédalage, pas de livre qu'on referme pour le remettre au milieu des autres dans sa bibliothèque. Dès le prologue, l'autrice cultive l'art de faire naître le désir d'en savoir plus, celui suscité par le mystère de ce qu'on ne voit pas : Roanoke. Comme la petite Lane, on se figure le domaine familiale sous la forme d'un château. Du moins est-ce ainsi qu'elle en rêve, la nuit. "C'était un cauchemar ?" demande sa mère au réveil. Lorsque sa fille répond par la négative, elle ajoute, les yeux dans le vague, "Alors c'était pas comme ça, rien à voir". Il ne faut pas plus que ces quelques lignes de dialogue pour titiller la curiosité du lecteur, avide de soulever le voile et de voir ce qui se cache derrière. On embarque alors pour une longue chute, peu importe l'horreur façon Barbe-Bleue qui se trame derrière les portes de la ferme Roanoke. Comme Lane, on veut savoir.
 

"Je comprends qu'il faut parfois dispenser la souffrance pour lui survivre."

    La construction du récit participe à tenir le lecteur en haleine, l'empêchant ainsi de reposer le livre ne serait-ce que pour quelques heures de sommeil : l'autrice nous fait alterner entre l'adolescence de Lane (le seul et unique été qu'elle a passé à la ferme des Roanoke en compagnie d'Allegra), le présent de l'héroïne (son retour au bercail suite à la disparition de sa cousine) et les portraits, en diagonale, des précédentes "filles Roanoke" qui ont toutes connu des destins tragiques. Amy Engel raconte une ville du Kansas sans cesse écrasée par une chaleur caniculaire où la poussière des sols arides aveugle les personnages face aux drames qu'ils traversent – parce qu'il en est ainsi des secrets de famille, qui restent hors-champs quoi que toujours à notre portée. Très vite, dans le choix du vocabulaire, dans les dialogues ou encore dans les atmosphères, le lecteur devine le mal qui guette, sans tout-à-fait l'appréhender : le monde tout sucre tout miel des Roanoke suggère quelque chose de bien plus malaisant qu'il ne le laisse pourtant paraître, une inquiétante étrangeté.
 

"Personne n'avait besoin de m'expliquer l'emprise que nos enfances exercent sur nous, même quand nous la combattons corps et âme."

    La subtilité avec laquelle l'autrice distille ce malaise lui permet tout à la fois de composer un tableau criant de vérité d'une société prise dans ses propres contrastes : la misère sociale du petit peuple d'un côté, la prestance et la richesse des Roanoke de l'autre, la chaleur étouffante du Kansas, mais aussi le frisson glacial qu'invitent les thématiques exploitées. Amy Engel raconte l'emprise et la façon dont elle conditionne un microcosme jusqu'à l'implosion, symbolisée ici par la dernière des filles Roanoke encore en vie, désireuse de mettre à jour la vérité. Le roman prend alors la dimension d'une enquête pour, au-delà du secret de Polichinelle qu'était le secret de famille, décortiquer ses effets systémiques sur les autres membres. Le rythme s'accélère ainsi au fil des pages qu'on tourne et des indices laissés par Allegra la disparue, faisant des Filles de Roanoke un page-turner hypnotique et fascinant.
 
 "Je me tournai vers Roanoke. Les inconnus qui passaient et voyaient la maison dans le lointain la prenaient sans doute pour un asile de fous. L'idée me fit sourire. A mes yeux, elle évoquait un navire, solide et insubmersible, flottant sur une mer de blé déchaînée."


"Alors que ma tête sait que cet endroit m'est néfaste, mon cœur idiot et traître fredonne "maison"."

En bref : Très bel exemple de gothique contemporain, Les filles de Roanoke marque le lecteur par sa langue crue et incisive et par ses personnages à la fois écorchés, sombres et lumineux. La thématique du Secret est exploitée dans une atmosphère poisseuse et étouffante qui laisse peu à peu se dessiner l'horrible vérité d'une famille, quelque part entre thriller psychologique et polar intime. Un livre qui laisse longtemps son empreinte une fois refermé.
 
 
 
Et pour aller plus loin...
 

dimanche 21 avril 2024

Le tombeau de l'abeille (Les enquêtes de Posie Parker #2) - L.B. Hathaway.

The Tomb of th Honey Bee : A Posie Parker mystery #2
, Whitehaven Man Press (autoédition), 2014 - Editions Eyrolles (trad. d'E. Urien & E. Plisson), 2024.

    Lorsqu'on demande à Posie de retrouver un explorateur de renommée mondiale disparu, elle se retrouve une fois de plus en eaux troubles. Elle doit composer avec une famille aristocratique déchirée par la haine, un meurtre bizarre dans une maison de campagne anglaise et un mystérieux indice laissé par l'aventurier perdu. Dans cette affaire épineuse, tout le monde a une bonne raison de vouloir la mort de l'explorateur... Posie mène l'enquête dans la région des Cotswolds anglais, à travers le sud glamour de la France, jusqu'à la mystérieuse île d'Ortygie en Italie, puis dans les tombeaux des Pharaons en Égypte. Mais est-elle suivie par un tueur de sang-froid ? Et où a disparu Len, son quasi-petit-ami ? 
    Embarquez dans une nouvelle enquête captivante aux côtés de la drôle et intrépide Posie. Un cosy mystery plein d'action qui vous fera voyager de la campagne anglaise jusqu'aux tombeaux des Pharaons, en passant par le Sud de la France et l'Italie. 

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    Il y a quelques semaines, on partageait avec vous notre avis sur Mort en coulisses, le premier opus des Enquêtes de Posie Parker. Cette série de cosy mysteries autoéditée outre-Manche, qui connait en Angleterre un joli succès depuis dix ans, est donc arrivée cette année dans l'Hexagone où elle est publiée par les éditions Eyrolles. Prenant pour cadre le Londres des années 20, Les enquêtes de Posie Parker ne mettent pas en scène une lady qui s'improvise détective, mais, pour une fois, une enquêtrice professionnelle qui a sa propre agence. Si l'autrice L.B. Hathaway évoquait la grande Agatha Christie parmi ses inspirations, le premier tome rappelait davantage le pulp américain que le whodunit à l'anglaise. Malgré quelques faiblesses, on avait passé un bon moment de lecture et on était curieux de découvrir la suite...
 

    Dans ce deuxième tome, Posie jouit des excellentes retombées de sa précédente affaire : son agence de Grape Street a plus que jamais la cote et elle s'est vue remerciée d'une coquette somme qui lui assure le confort jusqu'au restant de ses jours. Seule ombre au tableau, Len, son assistant et quasi-petit-ami, a été contraint de s'envoler pour le Sud de la France depuis déjà plusieurs mois afin de s'occuper de son père, malade, et ne donne plus de nouvelles. Bien décidée à ne pas se laisser gagner par la mélancolie, Posie se jette à corps perdu dans une nouvelle affaire : la disparition d'Alaric Boyton-Dale, explorateur de renom et aîné d'une fratrie d'aristocrates résidant dans les Cotswolds. C'est sa petite sœur Violet qui fait appel à Posie pour le retrouver, convaincue que l'héritage est en cause. Alors que la jeune détective se rend au manoir familial des Boyton-Dale pour faire connaissance avec les proches du disparus et commencer ses investigations, Ianthe Flowers, une romancière qui séjourne là pour les besoins de son prochain livre, est retrouvée assassinée. Persuadée qu'il ne s'agit en aucun cas d'une coïncidence, mais bien d'une preuve que la disparition d'Alaric n'a rien d'innocent, Posie, aidée de l'inspecteur Lovelace de Scotland Yard, redouble ses efforts. Une antique pièce à l'effigie d'une abeille trouvée dans les affaires de l'explorateur la lance sur la piste d'un miel légendaire récolté et vendu sur l'île d'Ortygie, première étape d'un voyage qui s'annonce aussi palpitant que dangereux...
 

    La disparition d'un lord-aventurier, un meurtre dans un manoir, la campagne anglaise... On retrouve dans ce deuxième opus un peu de l'esprit d'Agatha Christie que L.B. Hathaway cite dans ses inspirations. L'atmosphère de polar urbain du précédent tome cède donc sa place à des codes à la fois plus classiques et plus familiers, et c'est heureux ! Si la plume de l'autrice est bien sûr loin d'égaler celle de la Grande Dame du Crime, on apprécie de se sentir en terrain connu. Le décor anglais s'efface cependant rapidement au profit d'un voyage dans le Sud de la France, puis en Sicile et, enfin, en Egypte ; des cadres aussi idylliques qu'exotiques qui nous rappellent là encore l'univers d'Agatha Christie, mais aussi de façon plus large le goût pour le tourisme ensoleillé bien connu des années 1920. Notre héroïne monte d'ailleurs à bord du célèbre Train Bleu pour faire la grande traversée vers la Méditerranée, un véritable symbole de cette décennie hédoniste.
 
Affiche publicitaire pour le Train Bleu (à gauche) ;
Sépulture de Pabasa, à Thèbe, Egypte (à droite).

    Outre Agatha Christie, Le tombeau de l'abeille nous a rappelé Le tombeau les larmes, le film de Miss Fisher sorti en 2020, dont le scénario nous faisait voyager d'un pays à l'autre, entre manoirs anglais et désert du Moyen-Orient. On trouve ainsi quelques similitudes dans le livre de L.B. Hathaway (antérieur au film), dont une intrigue qui tient davantage du roman d'aventure que du stricte polar. Est-ce un souci en soi ? Absolument pas, car on se régale des tribulations de Posie aux quatre coins du monde et l'autrice excelle dans la reconstitution des paysages pittoresques de la réelle île d'Ortygie. Elle s'inspire en effet de décors véridiques de la Méditerranée, mais aussi de l'Egypte : si le "tombeau de l'abeille" raconté dans le livre n'existe pas en l'état, L.B. Hathaway explique en postface avoir nourri ses descriptions de la véritable sépulture de Pabasa, située à Thèbe.
 
Sépulture de Pabasa.
 
    Les lecteurs férus de polars anglais découvriront certainement qui est le coupable avant la révélation finale, mais reconnaissons que l'ensemble est plutôt bien orchestré et, surtout, un cran au-dessus du premier opus. Il reste encore quelques faiblesses et l'intrigue n’atteint certes pas la qualité des romans de Rhys Bowen ou de Sara Rosett, mais les personnages gagnent en densité autant que le scénario. On se réjouit notamment de voir que le soupirant un peu trop évident de l'héroïne est finalement relégué au second plan et que leur histoire, qui semblait toute tracée, se voit ici un peu chahutée. Mais, surtout, on comprend peu à peu qu'un vieil ennemi de Posie, dissimulé dans l'ombre, continue de la surveiller : notre supposition, à la fin du premier tome, d'un Napoléon du crime à la Moriarty se confirme...
 
L'île d'Ortygie.
 
 
En bref : Après un premier tome sympathique mais peut-être un peu lisse, Posie Parker, détective privée dans le Londres des années 1920, revient pour une enquête façon tour du monde. Dans Le tombeau de l'abeille, deuxième opus bien plus réussi que le précédent, on voyage de l'Angleterre à la Sicile et de la Sicile à l’Égypte dans une ambiance de roman d'aventure. L.B. Hathaway donne peu à peu forme à sa série, dont les codes et éléments clés s'instaurent progressivement.
 
Un grand merci aux éditions Eyrolles pour cette lecture !
 
 
 
Et pour aller plus loin... 
 

samedi 20 avril 2024

Un hiver à écrire...

 
    On voulait attendre le printemps, le vrai, avant de rédiger le traditionnel article saisonnier, mais voilà : il semblerait, malgré ce que prétend notre calendrier, que l'on est encore en hiver. A défaut de neige pour rendre ce caprice météorologique sympathique (ou du moins supportable), ce sont la pluie et le vent qui s'attardent – et avec eux, les pulls et les écharpes, qu'on s'impatiente de pouvoir reléguer au fond de l'armoire. Espérons qu'acter ici le changement de saison par notre rituel coutumier de l'article récap' fasse venir le soleil. C'est parti pour le bilan !

Escapades :
 

 
    Après plus d'un an d'attente, le musée Lumière de Lyon a enfin rouvert ! Une visite qu'on ambitionnait de faire depuis un moment, rendue impossible par des travaux de modernisation de la villa des célèbres inventeurs. Après de nombreux mois de fermeture, nous avons pu arpenter les carrés de ciments à motifs, voir le jardin d'hiver aux vitraux délicieusement Art Nouveau, grimper l'imposant escalier en marbre et fureter dans les nombreuses pièces qui rendent hommage à l'avènement du cinématographe.
 


 



 
    Forcément, dans la foulée de notre visite dans ce prestigieux manoir, on a eu envie de chasser les fantômes. Lyon étant le berceau de spiritisme français (et, au XIXème siècle, une réelle capitale du spiritisme à l'échelle européenne), ce n'était pas la matière qui manquait.  Nous avons ainsi marché dans les pas d'Allan Kardec, fondateur du spiritisme (dont quelques traces subsistent à Lyon) avant de nous lancer sur les traces de l'ancienne ficelle des morts, le funiculaire à l'époque chargé de conduire les cercueils jusqu'aux hauteurs du cimetière de Loyasse, sorte de "Père Lachaise" local. Caveaux, pleureuses, plantes grimpantes, sépultures en ruines, gargouilles et chauves-souris ont jalonné notre promenade...
 
 





    Entre deux chasses aux spectres et expériences de table tournante, nous sommes retournés à des plaisirs plus ordinaires : la neige et le givre s'étant brièvement invités entre de longues périodes de pluie et d'humidité, on a pu profiter des paysages immaculés et des arbres prisonniers de leur dentelle de glace.




 

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Achats, cadeaux, acquisitions :
 

    Nous avons oublié, à l'occasion de l'article de clôture de nos fêtes hivernales, d'évoquer les cadeaux trouvés au réveil du 25 décembre dans nos petits souliers. Ajoutons à cela les achats compulsifs et les autres présents reçus tout au long de l'hiver, et cela fait de nous un lapin un peu trop gâté. En parlant de lapin, justement, que pensez-vous de cette superbe lampe offerte par Pouchky-Ficelle ? On lui cherche encore une place digne de ce nom (peut-être dans le futur terrier ? Celui qu'on n'a pas encore trouvé mais dans lequel on espère s'installer très prochainement). Pour rester dans le mood "light & bunnies", on nous a également fait cadeau de cet adorable petit lapin à suspendre à un abat-jour. On a décidément des amis qui nous connaissent un peu trop bien...

 
    Sous le sapin, nous avions également reçu un mug géant de Noël comme il se doit d'en posséder pour le thé du matin à l'occasion des fêtes, ainsi qu'un photophore carrousel très peterpanesque, avec ses petites plumes qui tournent grâce à la chaleur. De la part de notre amie Jane Austen lost in France, on a eu un impressionnant paquet plein à craquer de cadeaux des States, dont un essai sur Picnic at Hanging Rock, des revues sur les lieux hantés et la sorcellerie, un carnet (parce qu'on n'a jamais trop de carnets), du thé, de la décoration de Noël et des goodies Jane Austen pour la sortie de son Encyclopédie visuelle.
 
 
    Toujours sous le sapin, il y a avait une chouette caisse en bois de style rétro (elle nous sert désormais à empiler une partie de notre PAL – en tout cas les ouvrages qu'on a accumulés depuis janvier et qui sont en attente de lecture), ainsi qu'un adorable carnets aux motifs évoquant William Morris (a-t-on déjà mentionné qu'on n'avait jamais assez de carnets ?). Pouchky-Ficelle, qui connait notre passion pour les énigmes artistiques, nous a fait parvenir le livre Portrait au couteau (qui nous faisait de l’œil depuis longtemps et a désormais rejoint la PAL dans la caisse susmentionnée) et Fofo nous a fait cadeau d'une pochette home made en forme de tasse pour transporter des sachets de thé pendant les voyages (objet de première nécessité) ainsi que du roman First Frost, suite tant attendue de Garden Spell, au détour d'une visite chez Damn Fine Bookstore. Enfin, une amie nous a offert une très jolie vitrinehome made également – avec une illustration de hibou qui fera merveille dans une bibliothèque.
 

    Côtés achats personnels, on a craqué, après notre récente relecture de la saga Hantée, pour les romans Lockwood & co – on avait lu le premier opus il y a, hum, un petit paquet d'années, mais ces histoires de Londres hanté par des milliers de spectres nous a rappelé cette série très divertissante. On a également fini par acheter le format papier de The dressmaker, lu en ebook il y a quelques années et qui avait alors confirmé notre goût pour la littérature australienne. Remettre le nez dans l'univers de Nancy Drew/Alice détective au cours de l'automne dernier nous a fait découvrir l'existence du roman Détonantes détectives, hommage à l'héroïne de la bibliothèque verte sous forme de roman jeunesse. Pour rester dans le polar, on a poursuivi nos diverses collections de cosy mysteries et, plus spécifiquement, celles mettant en scène des ladies qui s'improvisent enquêtrices (vaste sujet qu'on a commencé à étudier depuis quelques temps) : le tome 2 des Enquêtes de Ginger Gold et le tome 3 des Aventures de Lady Elaonor Swift ont ainsi rejoint notre PAL. Enfin, nos achats de saison se sont clôturés sur un énième livre de pâtisserie pour le tea time et le guide d'écriture de Clémentine Beauvais : Écrire comme une abeille.

 
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Popote et casseroles :


    Encéphalogramme un peu plat du côté des cuisines. Non pas que nous n'avons pas cuisiné – pas moins que nous avons mangé, d'ailleurs – mais il semblerait qu'on n'ait surtout pas immortalisé le contenu de nos casseroles. On gardera la mémoire, pour la postérité, d'une jardinière de légumes au rutabaga et aux pois mangetouts, ainsi que de notre traditionnel vindaloo poulet, lentilles corail et butternut.

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Bricoles et fariboles :
 

    Qui dit "hiver" dit aussi "paquet de saison". Parce que notre coutume a probablement créé le concept de la box livresque avant l'heure, on ne pouvait manquer la tradition du colis à l'attention de Pouchky-Ficelle. Bien qu'on ait déjà mis à l'honneur l'univers de Downton Abbey dans le florilège envoyé l'an dernier, on a remis le couvert cette année avec une thématique très "Angleterre, cuisine & domesticité", notamment avec cette sélection de lectures : Miss Eliza (l'histoire vraie de la première autrice d'ouvrage culinaire anglais), le truculent Loch Down Abbey et le très bon L'inconnue de Queen's Gate. Le tout était bien évidemment servi avec du thé anglais, des carnets (parce qu'on n'a jamais assez de etc...), des shortbreads et des marque-pages à motifs vintage.

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Revue de presse :


    Votre humble serviteur a eu la chance de voir ses chroniques relayées ici et là sur le net : une agente littéraire a diffusé notre chronique de Sauvage sur les réseaux avec un commentaire très touchant et Babelio (oui, Babelio, ni plis ni moins) a cité notre avis sur La prochaine fois que tu mordras la poussière dans sa sélection des 23 meilleurs livres de 2023 (cliquer sur les images pour les afficher en grand).


        Notre amie Jane Austen lost in France a quant à elle partagé notre avis sur son Encyclopédie visuelle Jane Austen ainsi que le mug à l'effigie de la célèbre autrice dont nous lui avons fait cadeau à l'automne dernier, confectionné par l'atelier Les créations de Kitsoon.
 
 
 
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     Voilà pour le récap' hivernal ! Les divers projets d'écriture se poursuivent et s'enchaînent, à deux ou quatre mains (voire plus, parfois). Il est fort probable que le printemps se fasse aussi en écrivant... La suite au prochain numéro !