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samedi 19 octobre 2024

Strange and unusual : dans les archives du Terrier...

 

    "Strange and unusual". Ainsi se décrit la jeune et atypique Lydia Deetz dans Bettlejuice, ainsi pourrait-on résumer Tim Burton et son œuvre (du moins jusqu'à ces dix dernières années... on ne cache pas, pour notre part, un intérêt en forte baisse, mais passons). Monstres réels et métaphoriques, outsiders et personnages squelettiques, son univers, peuplé d'archétypes récurrents et de motifs reconnaissables entre mille a tellement infusé dans l'imaginaire collectif qu'il est devenu une source d'inspiration à part entière. Pour cet Halloween burtonien, fouillons dans les archives du Terrier à la recherche des précédentes évocations du grand Tim : romans à l'origine de ses films et créations originales, mais aussi les œuvres de ses confrères parfois plus burtoniennes que Burton himself !
 
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Book before Burton : avant d'être un Burton, c'était un livre !
 
 
 
 
    Vampires, loups-garous et sorcières, le tout dans les psychédéliques années 70 ? Le déjanté film Dark Shadows n'a pas toujours été un film de Burton : bien avant cela, c'était une iconique série télévisée, sorte de soap opera gothique au long cours, amorcée dans les années 60. Et une saga de livres, aussi ; en effet, outre les nombreuses novélisations tombées dans l'oubli, une trilogie écrite par l'actrice principale s'est assez vite démarquée, au point de voir ses deux premiers tomes traduits en français. Moins barré et plus baroque que le long-métrage, ce roman fort plaisant est à découvrir pour sa vision complexe de l'antagoniste de l'histoire, la sorcière Angélique Bouchard...
 
 
 
    Célèbre fait divers devenu une comédie musciale, Sweeney Todd, quelque part entre le true crime et la légende urbaine, a aussi connu une vie antérieure sur papier avant d'être adapté par Burton. Véritable penny dreadful, roman feuilleton horrifique à quatre sous du siècle victorien, cette histoire de barbier sanguinaire se dévore... littéralement ! Loin de la version romantique de Broadway ou du grand écran, ce livre initialement publié sous le titre Le collier de perles donne à voir un meurtrier de sang-froid surtout attiré par l'appât du gain.
 
 
 
 
     Excellent roman au croisement du monstrueux et de l'émotion, Miss Peregrine et les enfants particuliers, joli best-seller graphique, se démarque par sa dimension très visuelle. Illustré de nombreuses vraies-fausses photos vintage, le livre de Ransom Riggs évoquait davantage l'esthétique d'un Guillermo del Toro avant que Burton ne s'empare du projet d'adaptation. L'univers original reste cependant aussi enchanteur que terrifiant, le monde de l'enfance se confrontant à celui des monstres, ces derniers évoquant quelque chose de l'horreur de la Seconde Guerre mondiale. Beau, curieux et profondément touchant.


 
    Longtemps associés à l'imagerie burtonienne bien avant que Burton ne s'en empare, ces comics de Chas Addams, adaptés à de nombreuses reprises pour le petit et le grand écrans (les films de Barry Sonnenfeld restent à ce titre indétrônables) sont des merveilles d'humour noir. Vision fantasmée et parodique du mode de vie exotique des bourgeois ici transformés en créatures gothiques, cette famille Addams est une création d'une intelligence aussi vive qu'inattendue !


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Burton on the screen
 
 
 
 
    Si, comme nous le disions à l'instant, La Famille Addams a toujours été perçue comme burtonienne avant la lettre, le célèbre réalisateur n'avait finalement jamais transposé l'oeuvre de Chas Addams avant Mercredi. Sympathique mais peut-être moins convaincante qu'elle aurait pu l'être (et pour cause : Monster is the new normy, aussi l'aura burtonienne perd-t-elle en poésie et en évocation), cette série vaut principalement pour son interprète principale. Le reste se révèle très loin de l'univers mordant et satirique de Chas Addams.
 
 
 
 
    A notre sens le dernier Burton vraiment réussi. Si l'adaptation reste moins bonne que le roman original, on y a retrouvé notre âme d'enfant. Le casting est tout bonnement impeccable, avec en tête une Eva Green incandescente en Miss Peregrine !

 
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Burtonian Mood : dans la veine burtonienne
 
 
 

 
      Parmi les grandes inspirations revendiquées par Burton, il y a Edward Gorey. Cet auteur artiste américain proche de Chas Addams (étrangement), mais dans une veine peut-être plus poétique et plus macabre que simplement drôle et décalée, a à l'évidence considérablement influencé l’œuvre du cinéaste. Ces Enfants fichus ne sont en effet pas sans rappeler le recueil La triste fin du petit enfant huître et autres histoires...
 
 
 
 
    L'aura de Burton semble flotter autour de ce roman, que ce soit à travers sa couverture originale ou sa réédition illustrées par Benjamin Lacombe, ou encore son adaptation à l'écran designée par Nicoletta Ceccoli, autant d'artistes qui ont puisé un peu de leur style dans l'iconographie burtonienne. L'histoire elle-même, celle d'un grand personnage mi-homme mi-mécanique évoluant dans un hiver victorien, n'aurait pas dépareillé dans la filmographie du réalisateur.
 
 
 
 
    Inspirée par la mathématicienne Ada Lovelace, Lili Goth est une fable fantasmagorique dans un univers gothique à la Lewis Carroll où l'héroïne part à la rencontre de personnages tous plus fous les uns que les autres. Jeux de mots à foison et détournements par centaine, une pépite évidemment signée du grand Chris Riddell !
 

 
 
    A priori rien de burtonien dans une biographie de Mme Tussaud... et pourtant, écrit et illustré par Edward Carey (dont l'univers n'est pas sans évoquer celui d'Edward Gorey), Petite est présenté par la presse comme un audacieux croisement entre Charles Dickens et Tim Burton. Crossover certes bizarre, mais furieusement évident à la lecture de ce petit bijou d'étrangeté.
 
 
 
 
     Des morts bien plus vivants que les vivants eux-mêmes ? Voilà un trope qu'on pourrait qualifier de typiquement burtonien. Dans cette version détournée du Livre de la jungle réécrit dans le décor d'un vieux cimetière, l'enfant abandonné grandit élevé par les spectres...
 
 
 
 
    Une famille de monstres mis au banc de la société par les gens bien-pensants, parce que leurs particularités, réelles ou symboliques, ne cochent pas les cases de la prétendue normalité. Très belle et émouvante évocation de la différence sous toutes ses formes (et aussi de tous les visages de la monstruosité), L'étonnante famille Appenzell, probablement l'un des chefs-d’œuvre de l'artiste Benjamin Lacombe (qui s'avoue évidemment très influencé par Burton) n'aurait pas déplu au cinéaste.
 
 
 
 
    Toujours dans la bibliographie de Benjamin Lacombe, ce recueil illustré des Contes Macabres. Si le visuel y évoque davantage l'univers de Guillermo del Toro, cet album nous rappelle l'influence du grand Edgard Poe sur l'oeuvre de Tim Burton...
 
 
 
    Dernier Benjamin Lacombe de cette sélection, cet album destiné à un public plus familial n'est cependant pas sans rappeler l'esthétique de Tim Burton. On trouve en effet dans cette galerie de célèbres méchants une Reine de Cœur et un Jack O'Lantern qui évoquent très fortement la Reine Rouge d'Alice au pays des merveilles et Jack Skellington de The nightmare before Christmas...
 
 
 

    Plus burtonien que du vrai Burton, ce conte moderne à l'esthétique décidément très familière aurait tout à fait sa place dans la filmographie du cinéaste : outre le visuel, on retrouve au casting Catherine O'Hara et Christina Ricci, ainsi qu'une BO que n'aurait pas renié Danny Elfman...


 
     Adaptation scénique du roman de Roald Dahl, ce musical de Charlie et la chocolaterie a connu pour sa version française une mise en scène qu'on ne peut que qualifier de résolument burtonienne. Difficile de ne pas songer, devant les couleurs acidulées et le carré impeccable de Willy Wonka, à la version cinématographique proposée par le cinéaste en 2005...
 
 

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    Voilà pour ce petit tour d'horizon de nos archives burtoniennes... Notre participation au challenge étant cette année considérablement réduite, ce florilège sera l'occasion de vous offrir une bonne dose de Burton en attendant le 31 octobre. Enjoy !

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