mercredi 26 février 2014

La Belle et la Bête - Madame de Villeneuve

La Belle et la Bête, in La jeune Américaine et les contes marins, 1740 - Multiples éditions et rééditions depuis, dont Gallimard et Folio (collection "femme de lettres"), 2010.

  «Le monstre se fit entendre. Un bruit effroyable, causé par le poids énorme de son corps, par le cliquetis terrible de ses écailles et par des hurlements affreux, annonça son arrivée. En voyant approcher la Bête, qu'elle ne put envisager sans frémir en elle-même, la Belle avança d'un pas ferme, et d'un air modeste salua fort respectueusement la Bête. Cette démarche plut au monstre. Se retournant vers la Belle, il lui dit : "Bonsoir, la Belle".» 
  Gabrielle-Suzanne de Villeneuve (1685-1755) est l'auteur de l'un des contes de fées les plus célèbres de la littérature française. Venue tardivement à la littérature, elle est également l'auteur de plusieurs autres contes et romans, parmi lesquels La Jardinière de Vincennes qui connut un grand succès. 

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  J'entame ici ma sélection de lectures autour du conte de La Belle et la Bête, ouvrant le bal avec cette toute première version du conte datant de 1740. En effet, si on a retenue la version de 1757 de Madame Leprince de Beaumont comme étant le texte original, on oublie souvent qu'il est la réécriture de ce premier récit écrit au tout début du règne de Louis XV. L'intérêt culturel et cinématographique sur le retour pour la Belle et la Bête était l'occasion pour moi d'y jeter un coup d’œil! Alors, le verdict?

  Il faut tout d'abord noter que c'est là un récit résolument destiné aux adultes et non un conte à portée éducative pour les jeunes enfants, comme le sera plus tard la version de Madame de Beaumont. Très long (parfois un peu trop) et dense de détails et d'intrigues annexes, le conte de Gabrielle Suzanne de Villeuneuve s'inscrit en cela dans la lignée des contes de Madame D'Aulnoye. Venue tard à la littérature, cette veuve d'un grand dramaturge de l'époque n'en a pas moins laissé une trace importante dans le monde des lettres féminines et se réclame d'une œuvre assez imposante, contenant autant de contes que de romans et ce même si leur célébrité d'alors n'a pas survécu aux siècles. Inspirée par les colonies françaises installées sur les îles et les "Nouveaux Mondes" annexés au Royaume de France, Madame de Villeneuve puise dans cet attrait pour l'exotisme et la culture créole le cadre de son recueil La jeune Américaine et les contes marins.

Portrait de Madame de Villeneuve, par L.C.de Carmontelle.

  C'est donc une ambiance particulière qui habite cette version du conte, dont l'action se situe précisément sur une île du type de Saint-Domingue, inspiration directe de Madame de Villeneuve comme théâtre de son histoire. De même, la Bête n'est pas une simple "créature monstrueuses" ou un monstre léonin mais se réclame également de cette mode exotique puisqu'elle est une chimère mélangeant trompe d'éléphant et écailles d'animaux aquatiques. Mais ce n'est pas là le détail le plus marquant du texte de Villeneuve : Si la Bête de Madame de Beaumont avait le courage d'"oser" demander la main de la Belle chaque soir, celle de Madame de Villeneuve pousse l'audace jusqu'à lui demander de... coucher avec elle! Le conte se pare ainsi d'une dimension presque libertine, évoquant par là les textes de cette littérature propre et qui circulaient en abondance dans les milieu des années 1700.

Illustration pour la version du conte de Madame de Villeneuve, où le physique de la Bête correspond à la description chimérique faite dans le récit.

  Le récit renvoie par d'autres aspects encore à des faits et éléments de société du XVIIIème siècle. A titre d'exemple, on peut citer les merveilles du palais de la Bête : pas de miroir magique mais un salon rond composés de "fenêtres" sur le monde et donnant à voir et observer ce qu'il se passe dans différentes parties du monde (la foire de Saint-Germain, la promenade des Tuileries, ou encore les représentations de la Comedia Dell'Arte données dans un théâtre italien, etc...). Si ces fenêtres peuvent d'abord être représentées comme autant de miroirs magiques, elles sont ensuite expliquées par un audacieux mécanisme scientifique reflétant par jeux et relais de glaces et sur une longue distance ce qu'il se passe dans d'autres contrées. Ce détail pourtant anodin, en plus d'être une surprise amusante à la lecture, se veut témoin de l’essor pour les sciences et les avancées grandissante dans le milieu de l'Optique sous le siècle des Lumières.
  La dernière particularité de la version de Madame de Villeneuve qui vaut d'être précisée est peut-être le passé qu'elle offre à chacun de ses personnages. Divisant son conte en deux grande parties, elle précise dans le second axe de son récit les origines de la Bête et le pourquoi de sa transformation, avant qu'un long passage ne vienne celui-là nous apprendre que Belle, qu'on imaginait d'un statut social modeste, est en fait une princesse de sang disparue de son Royaume de naissance.

 Couverture pour une édition anglaise du conte de Madame de Villeneuve, où l'on retrouve les "singes laquais", un des détails de l'histoire montrant le fort penchant pour l'exotisme.

  Ces détails propres à cette version, volontairement laissées de côté par Madame L.de Beaumont plus tard, rendent malheureusement le texte ennuyeux et le lecteur d'aujourd'hui peut se perdre dans les nombreux détails et la surenchère d'intrigues annexes et secondaires ; pour autant, il ne sont pas inintéressants, bien au contraire : ils rendent compte de tout un style propre au XVIIIème et de ce qui émoustillaient les auditoires des "salons littéraires" tenus par les femmes de la bonne société d'alors.

  En Bref: Une première version à (re)découvrir pour son ton résolument moderne et une héroïne avant-gardiste (une jeune fille courageuse et maîtresse de son destin, chose rare dans la littérature et les représentations de l'époque), en même temps qu'elle restitue fort bien la mode et le courant de pensée de ce milieu de XVIIIème siècle. Plein de préciosités tout en se réclamant autant de l'enseignement des Lumière que de quelques accents libertins, le conte de Madame de Villeneuve est pertinent de par son style et son exotisme.

mardi 25 février 2014

"Rapportez moi juste une rose..." - Sélection livresque autour de "La Belle et la Bête".


  Approchez, approchez. Ne soyez pas timide, voyons. Oui, à vu d’œil, vous constaterez de suite qu'il y a là plus de matière à lire et chroniquer qu'avec la mini-sélection thème "Reine des Neiges". Mais c'est que je préparais le présent florilège de lecture depuis un moment. En l'honneur de l'intérêt cinématographique et culturel sur le retour pour La Belle et La Bête, je vous présente donc ma sélection de livres sur ce thème!

  Alors, qu'avons-nous là. Du classique, de l'adaptation, de l'album, de la novélisation... bref, un peu de tout. Petit listing:

-Du côté des ouvrages classiques:


-La belle et la bête, de Madame de Villeneuve. Publié au milieu du XVIIIème siècle, c'est la première version du conte, antérieure à celle de Madame Leprince de Beaumont qui sert aujourd'hui de référence universelle.
-La belle et la bête, le conte de Madame Leprince de Beaumont. Repris de Madame de Villeneuve et retravaillé à destination d'un lectorat plus jeune, cette version est aujourd'hui la plus connue de l'histoire.

-Du côté des romans et réécritures:

Tout d'abord, les relectures sur un ton classique ou féérique:

-Belle (Beauty), de Robin McKinley. Ecrit dans les années 70, ce best-sellers dans les pays anglo-saxon est connu et reconnu de ses premiers lecteurs pour être LA réécriture officielle de l'histoire originale. Véritable exercice de style, cet ouvrage propose de transformer le conte en roman avec toutes les modifications que cela suppose.
-Belle, de Cameron Dokey. Réécriture récente, se situant également de la veine de celle proposée trente ans plus tôt par R.McKinley. Il s'agit cette fois d'un livre Young Adult, issu de la collection "Once Upon a Time series" des éditions américaine Simon Pulse. Chaque tome de cette collection se présente comme la réécriture d'un conte traditionnel et on retrouve à la rédaction de nombreux auteurs issus du monde des novélisations de séries télévisées à succès (croisés en France aux éditions Fleuves Noir). A l'occasion de ma sélection d'ouvrage sur le thème de Blanche-Neige, j'avais d'ailleurs chroniqué Snow, la réécriture de ce conte de cette même sollection.
-Rose Daughter, de... Robin McKinley. Plus de vingt ans après Beauty, Robin McKinley s'avouait déçue de sa première réécriture de La belle et la bête et... réitère l'expérience! Une nouvelle version plus complexe et plus travaillée...
-Beast, de Donna Jo Napoli. Un roman qui choisit de raconter l'histoire du point de vue de la Bête : le Prince qu'elle était avant sa transformation, l'histoire de sa malédiction, sa rencontre avec la Belle... Très célèbre outre-Atlantique, cette vision choisit pour cadre la Perse et son atmosphère orientalisante.
-The Beast withn : a tale of Beauty's prince, de Serena Valentino (absent de la photo, en pré-commande!). Après le très intéressant Fairest of all, sa version pour Disney de la biographie de la Méchante reine de Blanche-Neige, Serena Valentino propose cette fois l'histoire racontée du point de vue de la Bête. Même concept que le Beast de D.J.Napoli donc, mais là aussi façon Disney avec le célèbre long-métrage animé en référence
-La Belle et la Bête, le roman du film. Novélisation du film sorti le 12 février dernier, rédigé d'après le script original... histoire de voir si la novélisation est un genre intéressant et si cet exercice de style peut traduire avec qualité, voire sublimer une œuvre cinématographique.

Les réécritures dans une atmosphère plus moderne ou contemporaine:


-Mes nuits ne sont pas les vôtres, de Dominique Marny. Nièce de Jean Cocteau (qui réalisa le splendide film La Belle et la Bête de 1946), la romancière propose ici une romance moderne inspirée des amours de la Belle et la Bête.
-Sortilège (Beastly), de Alex Flinn. Roman young adult souvent classé dans la bit-lit' et à la couverture affichant un penchant non-dissimulé vers l'esthétique des romans Fascination de S.Meyer. Une version moderne de La Belle et la Bête se déroulant dans le milieu de l'adolescence dorée américaine.
-Le blog de la Belle (le grand absent de la photo, oups!) , de Mary Temple. Roman français qui pourrait être le pendant de Sortilège dans l'hexagone. Se déroulant dans le milieu de l'adolescence aisée new-yorkaise, cette réécriture contemporaine est racontée par la Belle elle-même, via son blog sur le net.

-Du côté des albums des "beaux livres":

D'abord, un œil sur les Disney et consorts:


-La Belle et la Bête, album de la collection des "classiques Disney" publiés chez Hachette et France-Loisirs. Novélisation du long-métrage animé que j'étais obligé d'avoir pour le plaisir puérile de la collection!
-La Belle et la Bête, illustrations de Claudio Cernuschi et Maria De Filippo. Cet album, comme mes essais aux novélisations, marque un nouvel intérêt pour les "ersatz" à la mode Disney : ces ouvrages minimes qui pompent (ou donnent l'impression de) l'univers scénaristique et graphique de Disney. Celui-ci vient directement du grenier!
-La Belle et la Bête, illustré par Van Gool. Un autre ersatz à la Disney qui vient également des cartons de l'enfance! Par pure curiosité, nous verrons de quoi il en retourne....

Les beaux albums:


- La Belle et la Bête, édition de chez Magnard illustrée par Magalie Fournier sur la base du texte de Madame L.de Beaumont. Formes naïves, visages de poupées, couleurs vives et pétillantes...
-La Belle et la Bête, texte original de Madame L.de Beaumont illustré par Nicole Claveloux. Lèvres pulpeuses et beautés virginales en crinoline, le tout perdu dans un entrelacé de branchages épineux en noir et blanc, évoquant les gravures anciennes.
-La Belle et la Bête, aux éditions Gautier-Languereau, texte d'Ursula Jones et images de Sarah Gibb. Après un premier album riches de couleurs et de péripéties intitulé La princesse qui n'avait pas de royaume, l'auteure et l'artiste se rejoignent pour cette vision fastueuse du conte. Sur la base de l'histoire connue de tous, Ursula Jones a réécrit un nouveau texte magnifiquement illustré des silhouettes et ombres chinoises à l'aquarelle de Sarah Gibb.
- La Belle et la Bête (oups, lui aussi est absent de la photo de classe!), aux éditions Lito, collection "mini-contes classiques", texte d'après Madame L.de Beaumont illustré par Sophie Lebot. Un autre membre de la collection de contes classiques réadaptés par Anne Royer pour les touts-petits, après La Reine des Neiges illustré par Anne Cresci et présenté en ces pages tout dernièrement.
-Annabel et la Bête, un album issu des contrées québécoises, une variation poétique et fougueuse du conte original par Dominique Demers et Stéphane Poulain.
-Les histoires de la Belle et la Bête racontées dans le monde, un album richement illustré par Delphine Jacquot et recueillant plusieurs versions du conte provenant de différents pays. Un opus de la collection "Le tour du monde d'un conte" des éditions Syros, qui proposent avec ces ouvrages d'étudier les cousins éloignés et versions alternatives de contes classiques par delà les horizons et frontières.

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Bon, ben comme on dit, "Maintenant, Y'a plus qu'à..." ;-)

vendredi 21 février 2014

Une nuit Parisienne : Rencontre avec Pamela Hartshorne...



  Paris, rue des Archives, 13 février 2014, 19h. Dans la salle privative voutée du Pain Quotidien, charmant petit restaurant à l'ambiance traditionnelle d'antan, une dizaine de blogueurs littéraires se préparent à partager un repas en compagnie de Pamela Hartshorne. Auteure de l'Echo de son souvenir (Time's echo), publié en avant-première au club France-Loisirs et chroniqué ici-même l'an dernier, Pamela voit son roman édité ce mois-ci aux Éditions de l'Archipel sous le titre La nuit n'oubliera pas.
  Pour célébrer l'événement, l'Archipel a donc convié une dizaine de privilégiés, avides lecteurs et chroniqueurs dilettantes du web, pour cette soirée avec la romancière. L'occasion de la questionner sur son livre, son métier, et ses futurs écrits. Barbara (plus connue sous le nom de Clochette-Tinker Bell en ces pages) et moi-même étions de la partie ; Petit compte-rendu de cette soirée...


Tout d'abord, le livre : Pour ceux qui ne l'ont pas encore lu....

La nuit n'oubliera pas:
  Après avoir survécu au tsunami de 2004, Grace se rend à York, au nord de l'Angleterre, pour régler la succession de sa marraine Lucy, dont elle vient d'hériter. Or, dès qu'elle pénètre dans la maison vide de sa marraine, elle est assaillie par d'étranges visions venues d'un lointain passé. Pire, elle croit entendre une voix angoissée appeler une fillette prénommée Bess. Qui est cette enfant ? D'où vient ce chuchotement désespéré ? York, 1577. Hawise, une jeune fille rêveuse éprise de liberté, rencontre le séduisant Francis. Mais ce dernier révèlera vite sa vraie nature, et sa passion destructrice pour Hawise. Il la veut, vivante ou morte...
  Pour ces deux femmes, malgré les quatre siècles qui les séparent, un même destin et un seul but : sauver une enfant en danger.

La rencontre...

  Tout d'abord, c'est une femme d'une grande simplicité qui s'est présentée à nous tous ce 13 Février. Naturellement élégante, enjouée et spontanée, Pamela Hartshorne est tout cela à la fois, loin de ces auteurs distants qui observent froidement leurs lecteurs du haut de leur tour d'ivoire. Ouverte et chaleureuse, elle fait preuve d'une sincérité et d'une écoute réellement rafraîchissantes face à nos questions.

 Joyeuse troupe de blogueurs, tous réunis pour rencontrer Pamela Hartshorne.

  Elle se confie sans détour sur sa première carrière prolifique dans l'écriture de romans à l'eau de rose, principalement pour les éditions Harlequin : après une cinquantaine d'ouvrages, elle éprouve cependant le besoin d'écrire quelque chose de différent. Elle revient sur le rôle très important de son agent dans la genèse de Time's echo : Pamela passait alors son doctorat en Histoire médiévale pour lequel elle rédigeait une thèse sur le York elizabethain , et c'est son agent lui-même qui lui conseille de puiser l'inspiration dans ses recherches. Alors que certains auteurs iraient s'attribuer tout le mérite de leur intrigue, Pamela n'hésite donc pas à nous montrer l'incidence majeure de son agent et la réelle co-construction à l'origine de son roman.

Une fort chaleureuse tablée pour cette si belle soirée...

  Sur la base de cette amorce commune viennent bien sûr se greffer les propres idées de Pamela Hartshone, notamment son désir d'écrire un Time Slips (terme utilisé en Amérique et Angleterre pour désigner les romans construisant leur intrigue sur une alternance entre deux époques parallèles). Elle souhaite ainsi s'inscrire dans la lignée de l'auteure Barbara Erskine, (grande dame du Romantic Suspense qui s'est faite connaître par ses ouvrages mêlant plusieurs époques, réincarnations, mystères et vies antérieures...) et veut son roman comme se situant au croisement de Philippa Gregory et Diana Gabaldon
  Aucune hésitation quant au cadre de son histoire : ce sera York, indubitablement. Pamela nous déclare sa flamme pour cette ville et les traces du passé qui y subsistent encore aujourd'hui, de manière presque surnaturelle. Mais d'ailleurs, en parlant de surnaturel, quel est le rapport de P.Hartshorne au monde de l'invisible, si bien raconté dans Time's echo? Elle nous avoue ne pas croire aux fantôme (mais en revanche croire ceux de son entourage qui disent en avoir vu!) et considérer le surnaturel comme simple ressort scénaristique dans son intrigue...et pour autant, cette dame n'est pas dénuée de spiritualité puisqu'elle nous confie qu'en fait de fantômes, elle croit en revanche au pouvoir invisible et pourtant si puissant du passé et des générations antérieures sur notre présent. On la sent ainsi véritablement passionnée par les destins qui se sont joués en d'autres temps au sein d'un même lieu, au point de chercher toujours plus loin pour mieux les restituer. Un sentiment sans aucun doute à l'origine de ses études en Histoire.

 Les délices bios à picorer du Pain Quotidien : buffet de dips, tapenades et autres gourmandises salées, puis un dessert tout en fruits et pâte sablée... Couleurs, parfums, saveurs...

  C'est d'ailleurs ce point qu'elle veut que l'on retienne de son roman : L'importance de ce Passé. D'ailleurs, elle compte bien poursuivre dans cette voie puisque son dernier roman, The Memory of Midnight récemment paru en Angleterre, s'inscrit dans la même lignée, avec toujours pour cadre la ville d' York. Son troisième ouvrage suivra lui aussi le schéma du Time Slips, mais s'étendra géographiquement jusque Londres! Le contrat de Pamela avec sa maison d'édition se basant sur la rédaction de trois roman de ce genre, elle n'exclut en revanche pas l'éventualité d'évoluer de style et de se renouveler totalement pour un quatrième futur ouvrage. En attendant, les quelques lecteurs français qui ont découvert et aimé Time's echo (à l'exemple de tous les blogueurs présents à cette soirée) espèrent que ce premier livre rencontrera le succès qu'il mérite, permettant ainsi la publication dans l'hexagone de ses prochains romans hautement prometteurs!

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  Riche en rencontres et en échanges, cette soirée en petit comité s'est déroulé du début jusqu'à la fin dans une atmosphère conviviale et chaleureuse. Le repas était à la fois d'une grande finesse et d'une grande sobriété, plein de couleurs et de saveurs, à l'image de ce moment partagé et de la personnalité de l'auteure mise à l'honneur. Je remercie donc vivement les éditions de l'Archipel pour l'organisation de ce dîner, ainsi que tous les blogueurs présents pour leur enthousiasme et leur sympathie. Oh, et n'oublions pas les équipes aux fourneaux du Pain Quotidien, qui nous ont si bien régalé les papilles, bien sûr!
  Une expérience tout nouvelle que j'espère réitérer à l'avenir!


 Et pour aller plus loin:

-Mon avis sur le livre ICI.
-La page qui lui est consacré sur le site de l'Archipel, ICI.
-Une interview de Pamela et l'article consacré à cette même soirée sur le blog de l'Archipel.

-Les retours et avis de mes collègues blogueurs sur le roman de Pamela et sur cette rencontre:
 - Chez Bricabook, ICI.
 - Chez BlueMoon, ICI et ICI.
 - Chez Miss Bouquinaix, ICI.


mardi 18 février 2014

Le sang du temps - Maxime Chattam

Éditions Michel Lafon, 2005 - Éditions de la Seine, 2006 - Éditions Pocket, 2007.


  Paris, 2005. Détentrice d'un secret d'Etat, menacée de mort, Marion doit fuir au plus vite. Prise en charge par la DST, elle est conduite en secret au Mont-Saint-Michel. 
  Le Caire, 1928. Le détective Matheson consigne dans son journal les détails d'une enquête particulièrement sordide: des cadavres d'enfants atrocement mutilés sont retrouvés dans les faubourgs du Caire. Rapidement, la rumeur se propage: une goule, créature démoniaque, serait à l'origine de ces meurtres. Mais Matheson refuse de croire à la piste surnaturelle.
  A première vue, rien de comun entre ces deux époques. Et pourtant... La vérité se cache dans ces pages. Saurez-vous la retrouver ?



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  Si j'ai traversé une brève période d'addiction aux thrillers contemporains il y a quelques années, mon intérêt était vite retombé au profit d'autres lectures. Mais puisqu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, j'ai tout récemment remis le nez dans un modèle du genre, et typiquement français qui plus est! Ce roman est cependant connu depuis un moment dans la famille puisqu'il avait fait les beaux jours d'évasion livresques de Mum alors que j'étais tout jeune ado' ; elle se régalait de romans sur le thème du Mont Saint-Michel, l'autre lecture d'alors étant La promesse de l'ange de Frédéric Lenoir (qui a pour cadre de l'histoire le même lieu historique). Peut-être est-ce parce qu'elle a récemment remis le nez dans celui-là que son "cousin éloigné" m'est revenu en mémoire ? En tout cas, la semaine dernière, armé de ma liseuse qui télécharge plus vite que son ombre (comment ça, "même plus de frustration? Peuuh!"), je me plongeai dans Le sang du temps, ouvert à l'inattendu...


 Couvertures de l'édition grand-format française et des éditions en langue anglaise (style et titre affichant un penchant pour l'aspect orientalisant de l'histoire), preuve que la littérature française parvient parfois à dépasser nos frontières!

  Mais qu'est-ce que ça nous raconte? Marion, la trentaine, est secrétaire à l'institut Médico-Légal de Paris, où elle est bien malgré elle tombée sur des documents pouvant mettre en péril la sureté politique de l’État. Dès lors placée sous un programme de protection des témoins par la DST, elle est envoyée quelques temps à l'écart de Paris pour, comme ils le disent si bien "se faire discrète". C'est ainsi qu'elle débarque sur l’Île du Mont Saint-Michel, petit lopin de terre et de vieilles pierres chargées d'Histoire, pour une durée indéterminée. Logée aux bons soins de la communauté religieuse du Mont, elle occupe ses journées à s'approprier sa nouvelle maisonnette aux abords du cimetière, aider les moines au classement de leurs archives, ou parcourir les ruelles sinueuses de l'ancienne cité. Alors qu'elle assiste un frère dans le tri des documents ancestraux, elle tombe par hasard sur un journal intime daté de 1928. L'auteur est Jeremy Matheson, un détective britannique installé en Egypte, où il s'emploie à résoudre une bien sombre enquête : La nuit, dans les ruelles étouffantes du Caire, un assassin tue et souille sans relâche des enfants, semant derrière lui de plus en plus de victimes. Pour tous, il s'agit non pas d'un être de chair et de sang mais d'une goule, une créature démoniaque telle qu'on en croise dans les contes des Mille et Une Nuits.
  Alors que Marion se lance avec une presque frénésie dans la lecture du journal, elle se sent rapidement observée... des messages anonymes et des codes sont laissés à sa porte et des ombres semblent la suivre dans les couloirs de l'abbaye. L'histoire presque centenaire racontée dans les pages du journal serait-elle en train de la rattraper? 

Illustration de goule pour un recueil des Mille et une nuits.

  Que dire de ce roman? S'il ne fait pas l'unanimité chez les adorateurs de Chattam, pour moi qui n'ai jamais lu cet auteur, j'en suis sorti amplement satisfait. Il y a en effet un moment que je n'avais pas été captivé à ce point par un roman, même si ce dernier présente parfois quelques inégalités. Avec une plume maîtrisée et toute en atmosphère, Chattam parvient à se faire côtoyer deux univers totalement opposés en apparence : l'Egypte étouffante et mystérieuse de 1928 et le Mont Saint-Michel froid et humide de 2005. Le premier grouille de monde et d'agitation coloniale tandis que le second est caractérisé par des ruelles presque vides de population et comme coupé de toute civilisation. Rien ne présageait la rencontre de ces deux mondes et même si le lecteur la perçoit à la façon d'une alternance (les allers et retours se faisant par les moment où Marion se plonge dans la lecture frénétique du journal) plutôt que d'un réel choc des cultures, cette mixité étrange Orient-Occident n'est pas sans rappeler celle racontée à plus grand renfort de détails (et, il faut l'avouer, sans en égaler le pouvoir d'évocation presque hypnotique) dans l'inégalable L'Historienne et Drakula de K.Kostova

 
  A la façon de Marion, personnage avec lequel le lecteur se retrouve lui-même presque acteur de l'histoire, on découvre petit à petit le contenu du journal intime de Matheson. Comme elle, on est pris d'une sorte de frénésie, du désir obsédant de vouloir arriver plus vite à la page suivante, et ainsi de suite jusqu'au dénouement. Comme elle, on se sent peu à peu observé, mal à l'aise, on frissonne, presque. Chattam parvient ainsi à nous faire ressentir l'ambiance isolée du Mont et de ces vieilles pierres, le parfum âcre de la brise et le goût salé de la mer. Pour peu qu'on soit vraiment plongé dans l'intrigue, on a presque la chair de poule à lire tous ces passages battus par le vent et les bourrasques maritimes. 

La "Salle des hôtes", où Marion s'abandonne à la lecture du journal...
 
  Si l'enquête racontée par le journal intime n'est pas sans détails glauques et renvoie à une atmosphère à la fois poisseuse et étouffante, elle soulève des questions toutes plus folles les unes que les autres et nous amène à conjecturer en tous sens : est-ce une histoire vraie? Matheson relate-t-il des faits réels? Ce journal est-il un faux créé de toutes pièces? Alors dans ce cas, qui s'acharne ainsi dans l'ombre sur l'héroïne pour le récupérer? La liste des suspects est restreinte, si l'on se cantonne à la petite vingtaine de résidents présente sur le Mont. Alors que le rythme s'accélère à l'approche du dénouement, on croit un instant que la résolution de l'histoire va finalement retomber comme un soufflé, tant elle se fait peu à peu évidente et sans saveur, très convenue. Mais c'est sans compter sur le talent de romancier de Chattam qui, alors que le lecteur est persuadé d'avoir tout compris et en serait presque déçu, le prend à son propre piège pour une conclusion des plus surprenantes!

 L'atmosphère humide et orageuse du Mont...brrr
 
  En bref: un roman d'ambiance assez inattendu qui, s'il présente quelques inégalités, reste un thriller addictif très plaisant à dévorer! Quand l'atmosphère glaciale du Mont Saint-Michel se frotte aux légendes du Caire passé...

mercredi 12 février 2014

Pedro Rabbit s'envole pour Paris...sur invitation de l'Archipel!

  Chers lecteurs et lectrices, amis et amies, blogueurs et blogueuses, lapins et lapines. 

  Petit mot express, presque sur le départ en fait, pour vous annoncer le petit périple -petit mais intense- de cette semaine! En effet, Votre humble serviteur s'envole quelques jours pour Paris, à la rencontre de... 



Pamela Hartshorne
auteure de L'écho de ton souvenir, chroniqué ici même en mai dernier! =D

  En effet, après une avant-première de son roman parue chez France-Loisirs, L'écho de ton souvenir est sorti ce moi-ci aux éditions de l'Archipel, sous le nouveau titre de La nuit n'oubliera pas.


  Éditions de l'Archipel qui m'ont justement contacté le mois dernier pour, suite à ma chronique, m'inviter à une rencontre avec Pamela Hartshorne! L'auteure se déplace en effet jusqu'en France et célébrer la sortie de son livre en retrouvant quelques privilégiers autour d'un repas où chroniqueurs et blogueurs littéraires pourront l’assaillir de mille et une questions.

  Si l'invitation m'a de prime abord laissé bouche bée, je n'ai pas hésité longtemps pour accepter et partir à la rencontre de cette auteure, tant l'événement promet d'être riche et intéressant! Pour couronner le tout, je m'y rends avec ma tendre Clochette/Tinker Bell qui, en plus d'être chroniqueuse sur le site "ça dépend des jours", a décroché depuis peu une place dans une maison d'édition renommée de Paris! ... Comme le hasard fait parfois bien les choses et semble devenir destinée, au fil du temps qui s'égraine... =D Un séjour qui se clôturera nécessairement par un détour par le Loir dans la théière:


  En attendant de vous restituer par le menu cette rencontre et alors que je prépare mes affaire, j'en profite pour remercier les éditions de l'Archipel et leurs représentants directs, avec lesquels j'ai échangé ces dernières semaines en vue de cet événement. =D

La suite au prochain numéro ;-)...

La Reine des Neiges - Disney

Frozen, Walt Disney Enterprise, 2013 - Éditions Hachette Jeunesse (collection "Les grands classiques"), 2013 - Éditions France Loisirs, 2013.

  Anna, une jeune fille aussi audacieuse qu’optimiste, se lance dans un incroyable voyage en compagnie de Kristoff, un montagnard expérimenté, et de son fidèle renne Sven, à la recherche de sa sœur Elsa, la Reine des Neiges, qui a plongé le royaume d’Arendelle dans un hiver éternel…
   En chemin, ils vont rencontrer de mystérieux trolls et un drôle de bonhomme de neige nommé Olaf, braver les conditions extrêmes des sommets escarpés et glacés, et affronter la magie qui les guette à chaque pas…





 ***

  Après deux albums illustrés par des artistes de la littérature jeunesse, je poursuis mon exploration des différents livres sur La Reine des Neige, dans le cadre de la Mini-sélection thématique présentée à Noël. Je clôture cette petite session avec cet exemplaire issu de la collection des "classiques Disney", et donc novélisation directe du long-métrage animé sorti sur nos grands écrans en Novembre dernier.

Le paysage nordique d'Arendell...

 Souvenez-vous: depuis que le monde est monde, ou en tout cas que les studios Disney se sont attribués le presque monopole de l'Animation, chaque nouvelle production devient une vraie franchise et entraîne à sa suite foule de livres, objets dérivés, etc... Si on se souvient notamment des petits ouvrages cartonnés du "club Mickey", personne n'a oublié les albums à la tranche blanche et au titre rouge, plus gros, publiés par Hachette et permettant à nos charmantes têtes blondes de retrouver en livre la magie de leur dessin-animés favoris. Le temps aidant, Hachette a donné un coup de jeune à ces livres et on les trouve maintenant en grand format matelassé et moyen format carré, avec des couvertures plus attrayantes arborant les typographies caractéristiques de chaque dessin-animé. Les éditions France-Loisirs, qui publiaient également ces albums dans leurs rayons, ont suivi cette modernisation de la collection et ont proposé quant à elles des ouvrages de format moyen rectangulaire, à la couverture matelassée aussi agréable aux yeux qu'au toucher! Moi qui possédait plusieurs ouvrages de la collection quand j'étais tout p'tit avant qu'on ne les donne (snif...), c'est un vrai plaisir (coupable) que de les redécouvrir sous cette nouvelle apparence.

 Quelques illustrations intérieures du livre : un style assisté par ordinateur moderne et esthétique, en clin d’œil à la 3D.

  Je recommence donc à les collectionner et ouvre le bal avec cette novélisation de La Reine des Neiges. Si la couverture présente une photographie du film en image de synthèse, n'ayez crainte : l'intérieur ne se contente pas de banales et inesthétiques captures d'écran comme on pourrait le craindre. Pour les albums plus anciens adaptés des long-métrages en animation classique, les illustrations étaient assurées par des "petites-mains" du dessin engagées pour reproduire sur papier les images clefs du dessin-animé, l'ensemble ne relevant pas de style ou technique artistique particulière. Ici, il s'agit certes d'images réalisées à l'aide de l'outil informatique mais qui évoque une technique de dessin traditionnelle : on voit les contours et traits qui couchent chaque personnages sur le papier, mais les nombreuses teintes, couleurs, ombres et lumières travaillées à l'ordinateur confèrent une profondeur et un rendu qui renvoie au spectacle majestueux de la 3D du long-métrage original. Un style vif, moderne et enjoué qui évoque les splendides concept-arts préparatoires !


  Bien sûr, il n'y a aucun artiste "réel" à féliciter derrière ce travail, qu'on ne peut comparer avec l'ouvrage raffiné de Miss Clara ou le coup de crayon pétillant d'Anne Cresci. Ici, l'illustrateur se nomme "Disney graphic society" et le tout vise forcément un but purement commercial, comme toute franchise qui se respecte. Mais vous savez quoi? On s'en moque! Et pourquoi? Parce que, plaisir coupable ou non, on retrouve avec joie le charme du dessin-animé, la beauté des paysages nordiques ou de l'architecture norvégienne, et les bouilles expressives des personnages. Le genre de livre qui fait l'effet d'une madeleine de Proust et nous donne envie, peut importe l'âge, de se mettre à sautiller et trépigner en tout sens comme sous l'effet d'une excitation magique.

  Seul petit bémol? Le texte est légèrement décevant et offre une version très expéditive de l'histoire. Bien sûr, on se doute que le scénario ne peut être retracé dans son intégralité pour tenir sous le format d'album, mais on regrette que certains passages drolatiques et autres dialogues humoristiques passent à l'as...

 Petits goodies: deux affiches qui pourraient sortir tout droit des rues d'Arendell! =D Enjoy!

  En Bref: Même s'il s'agit d'un produit purement commercial, on s'en moque et on retrouve avec un plaisir innocent et des yeux d'enfant cette version album du dessin-animé. Tout le charme du long-métrage est là et justifie l'achat, pour le simple plaisir des yeux et de la collection!


Pour aller plus loin:
-L'avis de Mya sur ce même livre!