vendredi 31 janvier 2020

Le petit garçon qui voulait être Mary Poppins - Alejandro Palomas.

Un hijo, La Galera, 2016 - Editions Le cherche midi (trad. de V.Capieu), 2020.

  C'est l'histoire de Guille... C'est l'histoire d'un petit garçon débordant d'imagination qui voue un amour sans bornes à Mary Poppins. L'histoire d'un père un peu bougon, qui vit seul avec ce fils sensible et rêveur dont il a du mal à accepter le caractère. D'une institutrice qui s'inquiète confusément pour l'un de ses élèves qui vit un peu trop dans ses rêves. D'une psychologue scolaire à qui on envoie un petit garçon qui a l'air d'aller beaucoup trop bien. Quel mystère se cache derrière cette apparence si tranquille, et pourtant si fragile ?
   Un roman choral aussi tendre que bouleversant, qui emprunte à l'enfance toute sa sincérité désarmante pour dire l'amour, le vide, le rêve et la puissance de l'imaginaire.
Après Une mère et Tout sur mon chien, Alejandro Palomas nous surprend encore avec cette histoire qui peut faire penser à
Extrêmement fort et incroyablement près de Jonathan Safran Foer, tant elle est hors norme.

***

  Il y a des titres, aussi bien que des couvertures, qui vous convainquent immédiatement que vous serez séduit. Quand le synopsis est, qui plus est, aussi prometteur que le reste, cela met la barre plus haut encore : la lecture sera-t-elle à la hauteur?


"Nazia et moi on prenait notre goûter chez elle. Sa cuisine, elle est toute petite, elle n'a pas de fenêtres, et c'est aussi la salle à manger, le salon, et là où dorment ses parents, parce qu'ils ont un canapé qu'ils ouvrent le soir, avec le matelas et tout. Nazia ne me l'a jamais dit mais moi je crois qu'il est magique comme un tapis volant, parce que sûrement qu'au Pakistan des fois ils ont des tapis pour quand Aladin vient et d'autres fois ils ont des canapés pour se reposer."

  Guillermo, surnommé Guille, est un enfant trop joyeux et trop secret à la fois. Lorsque son enseignante demande à la classe ce que souhaitent faire les élèves quand ils seront grands, après plusieurs footballeurs, danseuses et gagnants de The Voice, Guillermo répond à son tour : il veut être Mary Poppins. Pourquoi? Pour des tas d'excellentes raisons, des plus prosaïques aux plus profondes : elle vole, elle peut sortir des meubles gratis de son sac de voyage, ranger les chambres d'enfants en claquant des doigts... et puis surtout, elle est magique. Et ça, Guille en est sûr depuis que sa maman, hôtesse de l'air, l'a emmené voir la vraie Mary Poppins sur scène à Londres avant qu'elle ne parte pour plusieurs mois de travail à l'étranger et le laisse seul avec son père. Son père, c'est tout l'inverse de la maman de Guille : autant elle était lumineuse et mettait de la magie dans tout, autant Manuel est sombre et triste. Inquiète pour son élève qui se réfugie beaucoup trop dans son imaginaire, Sonia, l'enseignante, l'aiguille vers Maria, la psychologue scolaire. Le lecteur passe alors d'un personnage à l'autre, d'une voix à l'autre : Guille, sensible et vrai, Sonia, attentionnée et inquiète, Maria, humaine et perspicace, et Manuel, sanguin et taiseux. Peu à peu, cependant, le voile des apparences se lève.


"Les princesses, elles doivent toujours être à un endroit, sans bouger et sans parler, avec leur voile, comme ma maman à la caisse du magasin mais sans magasin, avec un mari qui est là tout le temps à te surveiller."

  Alors, à la hauteur? Pour ce roman espagnol de Alejandro Palomas, qui s'est déjà fait connaître en France par deux de ces précédents écrits – Une mère et Tout sur mon chien – , c'est un grand OUI. L'auteur met en scène des personnages très ordinaires aux aspirations extraordinaires dans une histoire qui mêle avec subtilité le pouvoir de l'imaginaire et les aspérités de la vie. Guille est un enfant différent, particulier, (des termes qui veulent tout et rien dire, sur lesquels les personnages s'attardent d'ailleurs au début du roman, façon pertinente aussi de la part de l'auteur de mettre un coup de pied dans les prétendues normes) d'une grande sensibilité, à l'imagination débordante, qui voue un culte sans bornes à Mary Poppins et à son univers. Quelque soit la difficulté qu'il rencontre où les problèmes auxquels il se heurte, Mary Poppins et son Supercalifragilisticexpialidocious sont la réponse unique, la promesse d'un mieux. Comme souvent dans les cas d'enfants qui donnent l'impression de se réfugier dans un monde intérieur et se fient à leur pensée magique, Guille n'en est pas moins d'une perspicacité parfois sidérante, laquelle évoque une intelligence précoce et son lot d'autres difficultés.


"Elle me lisait des passages de Mary Poppins, pas celle du film, qui s'appelle Julie Andriouse parce qu'elle est anglaise comme maman, mais celle des livres, qui est différente mais pas pareille."

  Si l'on voit poindre progressivement la révélation finale, on félicite l'auteur de réussir à nous surprendre où on ne l'attend pas forcément, notamment dans l'évolution des quelques intrigues secondaires, et dans le déroulement que suit son histoire. Si le sujet, les personnages, et le scénario sont bien pensés et d'une grande pertinence, l'écriture est le point culminant de ce sublime ouvrage : A.Palomas passe d'un narrateur à l'autre au rythme de plusieurs voix toutes restituées avec un égal réalisme, chaque personnage s'exprimant dans le style propre à son caractère. La plume de l'auteur, d'une grande subtilité, (et celle de la traductrice, confrontée à la même difficulté de rendre compte de la même pluralité de voix et de personnalités) parvient ainsi à saisir ce qui fait l'essence de chacun, en particulier la flamme spontanée, vivante et quasi magique de l'enfance, aussi bien que la mélancolie et la rudesse du père, le tout en échappant à tout cliché.

"— Papa dit que c'est une conseillère d'orientation.
— Ah.
— Oui.
— Peut-être que c'est parce qu'elle vient d'Orient, comme les Rois mages, a dit Nazia (...).
— Non, on dit "conseillère d'orientation" parce que... parce que devant sa fenêtre il y a une girouette noire en forme de coq, j'ai expliqué, et que quand tu t'assois sur la chaise la girouette tourne vers l'est, qui est l'orient d'après le monsieur de la météo du soir."

  Il serait criminel d'en dire trop sur ce roman particulièrement vibrant afin de ne pas gâcher le plaisir de la découverte, mais ce qu'on peut dire, en revanche, c'est qu'Alejandro Palomas remet en perspective notre regard sur le monde des enfants et sur celui des adultes comme peu d'auteurs l'ont fait avant lui, le tout en rappelant qu'aller se réfugier dans son imagination, ce n'est pas forcément fuir la réalité, c'est parfois aller chercher les clefs d'une résilience. On attend avec impatience Un secreto, du même auteur, encore non traduit, qui s'attache à suivre un autre personnage de la même histoire.


"Les films préférés de maman c'est les films où on chante tout le temps, surtout ceux avec des femmes blondes. Il y en a beaucoup qu'elle aime mais celui qu'elle préfère c'est La mélodie du bonheur, qui est avec Mary Poppins déguisée en bonne sœur ; là aussi elle s'appelle Marie mais les enfants de la famille Trapp ne savent pas que c'est elle parce que comme ils sont autrichiens, alors évidemment..."

En bref : Un petit bijou de finesse et de justesse, un roman qui touche profondément. L'auteur dresse des personnages fouillés, des voix vibrantes d'émotion et de sincérité ; il met en relief tout ce qui fait à la fois la complexité et la simplicité de l'enfance : son honnêteté, son imagination et son intelligence. Une grande œuvre... supercalifragilisticexpialidocious!



Un grand merci aux éditions le cherche midi et à NetGalley pour cette lecture!

Comment entrer à l'Académie en évitant les balles (Une enquête de Voltaire) - Frédéric Lenormand.

Amazon independant publishing, 2019.

  Voltaire a décidé qu’il était temps de mettre fin à une odieuse injustice : il n’est pas encore de l’Académie française ! Qui le croirait ? Ce scandale ne peut plus durer. Justement, un fauteuil vient de se libérer. Voltaire entame aussitôt la tournée de ses futurs collègues, il est prêt à tout, quitte à devoir se montrer aimable et à leur faire des compliments dont il ne pense pas le premier mot. Hélas, voilà qu’une célèbre faiseuse d’académiciens, Mme de Tencin, choisit un autre candidat, puis disparaît mystérieusement à dix jours du vote. Ces messieurs, qui lui doivent tous leur élection, somment notre philosophe de la retrouver coûte que coûte, moyennant quoi ils s’engagent à lui attribuer enfin ce fauteuil qui manque si durement à l’arrière-train du grand penseur-dramaturge-historien-défenseur-de-la-veuve-et-de-l’orphelin-vulgarisateur-scientifique-rédacteur-de-contes-avec-des-démons-dedans. Entre deux leçons de cuisine légère dont il retire l’énergie nécessaire à ce nouveau combat, Voltaire part à l’assaut des citadelles académiques tout en cherchant assidûment qui pouvait bien en vouloir à Mme de Tencin – même s’il figure en tête de liste. 

***

  Alors qu'un tome inédit de la série Voltaire mène l'enquête se fait toujours attendre chez Lattès, on retrouve ici le Voltaire détective de Frédéric Lenormand pour une novella hors-série qu'on accueille à bras ouverts dans notre bibliothèque : Ô joie!

  Ce court roman nous emmène en 1746 : nous sommes à Paris et un fauteuil vient de se libérer à l'Académie Française. Parfait, pense Voltaire qui convoite une telle place depuis des années : le statut d'Immortel, ça vous redore un pedigree. Et ça, le philosophe en a besoin ; c'est d'ailleurs pour la même raison que, même avec une place vacante, il parvient difficilement à obtenir le soutien de ses confrères. Sa réputation beaucoup trop scandaleuse ne lui attire pas que des amis. Pire encore : il faut compter sur le vote des autres académiciens, en grande partie des hommes d'Eglise! Puisque sa Divine Emilie est partie demander un titre de princesse belge en Belgique, Voltaire fait campagne seul, visitant auteurs et religieux pour leur servir sa profession de foi, leur passant à l'occasion un bon coup de brosse à reluire. La personne la plus à même d'encourager son élection, c'est Madame de Tencin, salonnière au passé sulfureux mais à l'influence incontestée. Mais voilà : après un entretien tout juste cordial, la voilà qui s'évapore dans la nature... si l'on en vient à suspecter un acte criminel et qu'on apprend qu'il est le dernier à l'avoir vue en vie, Voltaire risque de retourner fissa à la Bastille. La seule solution? Mener l'enquête en même temps qu'il mène campagne : chercher auprès de ses concurrents au poste d'Académicien lequel aurait un intérêt à faire disparaître la Tencin...


"L'écrivain voulut pousser le portail de l'église, mais il était fermé, comme à chaque fois qu'un déiste cherchait les secours de la religion. En revanche, le clocher était ouvert. Voltaire entraîna son compère à l'intérieur.
— Où comptez-vous aller? demanda ce dernier.
— Je prends de la hauteur ! C'est une technique de philosophe !
— Mais ça ne mène nulle part !
— Ne vous inquiétez pas, j'ai l'habitude!"

   On retrouve tout ce qu'on apprécie dans cette série, à savoir le talent inimitable que possède l'auteur à jouer sur ces trois tableaux que sont l'Histoire, la fiction, et l'humour. Le contexte est toujours bien restitué et cette sympathique novella est prétexte à nous raconter (de façon romancée, certes, mais avec quelle plume!) la course à l'Académie du Sieur Voltaire. Ce siège, Voltaire en a toujours voulu, mais sa réputation et ses trop nombreuses querelles avec le gratin du monde littéraire de l'époque constituent des points faibles d'envergure. Points faibles que le vrai Voltaire a sans doute essayé de minimiser avec autant de verve que le Voltaire de F.Lenormand. Toujours est-il que le philosophe, comble de l'étonnement, fut effectivement élu à l'unanimité ; certaines répliques acides et piquantes à souhait en réaction à cet événement dans cette novella sont très inspirées des vrais écrits  qui circulèrent de l'époque concernant cette élection.

Une séance à l'Académie...

"Il serait honteux pour notre Académie que Voltaire en fut, il lui serait un jour honteux qu'il n'en ait pas été"

  Voltaire est prêt à aller hurler avec les loups afin de s'attirer la sympathie des académiciens – ou du moins, leur vote. Pour gagner à ce petit jeu des faux-semblants, mieux vaut compter sur l'influence de Claudine de Tencin, véritable salonnière au passé mouvementé (et au présent, disons, encore un peu secoué : il faut admettre qu'il y a du passage, dans son boudoir) connue pour avoir donné naissance au mathématicien et encyclopédiste d'Aeambert avant de l'abandonner. En quelques lignes, l'auteur restitue tout ce qui a fait le charisme et la réputation de cette femme : à travers son dialogue avec Voltaire et même si elle est tournée juste ce qu'il faut en ridicule, elle est aussi mise en avant en tant que véritable autodidacte. Le portrait reflète très fidèlement les parts d'ombre et de lumière de cette figure à la fois respectée et contestée.

Madame de Tencin, mère indigne et self made woman du temps jadis...

  Voilà pour l'Histoire. La fiction et l'humour interviennent dès que la course au fauteuil académique se voit doublée d'une chasse à l'assassin – et à la Tencin. L'auteur s'amuse de parallèles hilarants avec l'actualité médiatique ou l'époque moderne, que ce soit quand Voltaire prépare son élection à la façon d'une campagne politique d'aujourd'hui (distribuant des tracts à son effigie) ou quand on apprend au détour d'un paragraphe que la Pompadour s'est faite corrompre à coups de jolies robes gratuites. Des clins d’œil d'une impertinence désopilante du style de ceux qu'on avait adorés dans le premier opus de Au service secret de Marie-Antoinette.

"Il ne fallait pas céder au chantage, a fortiori à un chantage anonyme. Qu'il continue sans craindre les moucherons qui voletaient sur son chemin! Si ces insectes s'avisaient de lui nuire, on lui offrirait la protection de la Pompadour. On la connaissait bien, on lui avait prêté à mille pour cent. Toutes ces belles robes qu'elle s'était fait coudre sur mesure pour séduire Louis XV, c'était avec l'argent des banquiers, des agioteurs et des fermiers généraux qu'elle se les était achetées.
— Elle nous doit tout!
— Ah, ça, il faut faire attention quand on se fait offrir des costume, admit Voltaire."

  Les répliques, d'une subtilité et d'un humour érudit, s'enchainent avec une virtuosité délicieuse et les easter eggs abondent. Il en va ainsi des nombreux détournements humoristiques du prénom de Madame de Tencin, Claudine, sujet à s'amuser avec l’œuvre de Colette plusieurs siècles avant sa naissance. On n'est même plus surpris de voir la bonne de la salonnière baptisée du nom de la célèbre écrivaine, clin d’œil savoureux parmi tant d'autres.

"Ces lettres offraient un panorama complet de la vie de leur auteur : Claudine à l'école, Claudine à Paris, Claudine en ménage... Il n'en manquait qu'une pour conclure ses aventures récentes : Claudine s'en va."


 La cuisine du XVIIIème...

  L'ultime régal – dans tous les sens du terme – de ce tome, c'est de s'attarder sur la cuisine du XVIIIème siècle. L'auteur l'avait déjà fait dans Crimes et condiments, le quatrième tome de la série Voltaire mène l'enquête parue chez Lattès. On se réjouit de cette nouvelle incursion dans la gastronomie de l'Ancien Régime, l'occasion de citer de nombreuses recettes authentiques de l'époque, aux noms et à la composition aussi alléchants que surprenants.

"— Notre saucier réussit une excellente sauce "pauvre homme", je la recommande à Monsieur.
— Merci, je préfère la soupe à l'oseille."

 En bref : Un nouvel opus qui vaut largement ses prédécesseurs grâce au mélange justement dosé d'Histoire, de fiction, et d'humour. Le tout est relevé d'un sens inné du style et saupoudré d'anecdotes culinaires fascinantes. On ne s'en lasse pas!


Pour aller plus loin...

mercredi 29 janvier 2020

Randonnée mortelle (Agatha Raisin enquête #4) - M.C.Beaton.

Agatha Raisin and the walkers of Dembley, St Martin's Press, 1995 - Éditions Albin Michel (trad. de J.Bosser), 2016.

   Après un séjour de six mois à Londres, Agatha retrouve enfin ses chères Cotswolds - et le non moins cher James Lacey. Même si le retour au bercail de son entreprenante voisine ne donne pas l'impression d'enthousiasmer particulièrement le célibataire le plus convoité de Carsely.
  Heureusement, Agatha est très vite happée par son sport favori : la résolution d'affaires criminelles. Comme le meurtre d'une certaine Jessica, qui militait pour le droit de passage de son club de randonneurs dans les propriétés privées des environs.
  Les pistes ne manquent pas : plusieurs membres du club et quelques propriétaires terriens avaient peut-être de bonnes raisons de souhaiter sa disparition. Mais la piste d'un tueur se perd aussi facilement que la tête ou... la vie ! 


***

  En retard, on est décidément très très en retard. Difficile de ne pas l'être, face à la publication en rafales de cette série en France : si on veut suivre la sortie des Agatha Raisin enquête en temps et en heure dans l'hexagone, il faudrait s'interdire de lire tout autre livre au risque de perdre le fil. Bref, des siècles après tout le monde, nous avons lu l'été dernier ce quatrième tome des investigations de la plus célèbre des détectives anglaises de notre époque et venons aujourd'hui rendre notre copie.


"Elle pénétra dans le hall d'entrée, se soumit à la réception glaciale de ses chats, qui, en bons représentants de leur race , n'allaient pas se laisser aller à un délire de miaulement pour le retour d'une maîtresse qui aurait dû y penser à deux fois avant de les abandonner ."

  Après avoir repris son activité dans les relations publiques londoniennes le temps de faire oublier sa tricherie au concours de jardinage de Caresly, Agatha décide de regagner son charmant cottage au toit de chaume. De retour au village, elle retrouve son séduisant voisin James Lacey, lequel mène depuis peu un club de randonnée. Quelle merveilleuse occasion de passe du temps en sa compagnie pour espérer – peut-être – le séduire! Agatha s'empresse de se faire passer pour une marcheuse chevronnée et de rejoindre le groupe. Cependant, on ne batifole jamais tranquille bien longtemps, dans les Cotswolds, et même le monde de la randonnée semble bien dangereux : une randonneuse du nom de Jessica vient d'être retrouvée assassinée d'un coup de pelle au milieu d'un champs. Elle dirigeait d'une poigne de fer un groupe de marcheurs à Dembley, petit village voisin de Caresly, où elle militait ardemment pour le droit de passage sur les terrains privés. Dès lors, les potentiels suspects abondent : tous les propriétaires terriens du comté l'avaient prise en grippe! Engagée pour résoudre le meurtre, Agatha saute sur l'occasion pour embarquer James dans l'affaire : tous deux s'infiltrent dans le club des marcheurs de Dembley en se faisant passer pour... mari et femme!


"Vous mourrez d’envie de jouer à nouveau les détectives, Agatha. Alors là, je vous dis : stop ! Suivez mes conseils, consacrez-vous à la randonnée. C’est une occupation saine et tranquille. Une randonnée ne risque pas de se terminer par un meurtre" 

  Comme l'a si bien dit une amie friande de cette série, on a là un opus des plus "barnabyesques" que jamais, l’atmosphère et la toile de fond rappelant bien la volonté de l'auteur de venir décaper à la dynamite les bons petits polars à l'ancienne. Il faut dire que même si ça ressemble à du cosy mystery, si ça parle comme du cosy mystery, et si ça bouge comme du cosy mystery, il n'y a pas moins armchair detective que notre Agatha! L'humour est ainsi toujours amené par cette anti-héroïne catapultée comme par erreur dans ce monde de campagne anglaise si loin de sa brusquerie toute citadine. Motivée davantage par son désir de séduire James, Agatha doit quand même le plus souvent les avancées de l'enquête au hasard ou à la perspicacité de son séduisant voisin (bon, d'accord, elle a parfois quelques audaces qui font mouche aussi, il faut le reconnaître).

Agatha Raisin et la randonnée, dans l'épisode télévisé adapté du roman.

  Ceci dit, l'intrigue policière est peut-être un poil moins captivante que les précédentes, peut-être parce que l'univers de la randonnée est moins amusant que le concours de quiche, le concours de jardinage, ou le vétérinaire de campagne vicieux comme thématique de fond à une enquête. Ou alors l'adaptation en série télévisée, visionnée entre temps, a gâché un peu le plaisir de la surprise. Il n'en reste pas moins que M.C.Beaton nous sert là une galerie de personnages hauts en couleurs, entre le majordome détestable très à cheval sur les classe sociales et la bande de randonneurs tous très excessifs à leur façon. 

En bref : On retrouve avec plaisir l'univers léger d'Agatha Raisin et l'humour british de son univers passé au vitriol, même si l'intrigue policière est un peu plus faible. On espère que cette petite baisse de régime n'est que passagère.  

lundi 27 janvier 2020

Meurtre à l'anglaise (une enquête de Voltaire) - Frédéric Lenormand.

Amazon independant publishing, 2016.

  1726. Voltaire a traversé la Manche après un nouveau séjour à la Bastille à cause d’une fâcheuse histoire de coups de bâton assénés sur sa perruque à bouclettes. Miracle ! Il découvre à Londres une société idéale fondée sur le droit, sur le respect des concitoyens et des libertés publiques ! Hélas, comme aucun bonheur parfait ne saurait durer longtemps, les cadavres ne tardent pas à tomber autour de ses dentelles. Contraint à remonter ses finances, il accepte une place de conseiller auprès d’un policier britannique. Le voilà en visite dans tous les endroits louches de la capitale, dans les ruelles mal famées, dans les coffee-houses, dans les clubs les plus sélects, dans les manoirs des duchesses, dans les théâtres où Macbeth succède à Hamlet, plus déterminé que jamais à faire la lumière sur les turpitudes de son siècle, qu’elles soient saupoudrées d’arsenic ou nappées de sauce à la menthe.

  Avec cette novella, Frédéric Lenormand poursuit les aventures policières de son célèbre détective en perruque poudrée, digne prédécesseur d'Hercule Poirot. 

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  En retard, on est en retard! Alors qu'une toute nouvelle enquête de Voltaire (Comment entrer à l'Académie en évitant les balles) vient de paraître, on n'a pas encore eu le temps de vous parler de cette novella, parue en 2016 et lue l'an dernier.

"Depuis son premier séjour à la Bastille et l'abandon du nom d'Arouet, Voltaire avait l'habitude de s'inventer des pseudonymes dans les endroits désagréables. Soucieux de ne pas compromettre par sa misère momentanée la plus belle signature de la littérature française, il se fit inscrire sous le patronyme passe-partout de "comte Hercule de Perrault"."

"— Un visiteur pour Mister Poirot! annonça l'aubergiste avec une distinction pas du tout irréprochable.
— Perrault! C'est "Hercule de Perrault"! Croit-on qu'il me viendrait à l'esprit de m'affubler d'un nom ridicule? s'exclama Voltaire.

  Habitués que nous sommes à suivre les investigations d'un Voltaire d'âge mûr dans la série Voltaire mène l'enquête publiée chez Lattès, on en oublierait presque que le philosophe a été jeune. D'ailleurs, qu'il s'agisse d'Histoire ou de littérature romanesque, on oublie toujours que Voltaire ait pu un jour être jeune, lui qui est toujours représenté vieillissant, amaigri et coiffé de sa perruque à boucles blanches. Les novellas de Frédéric Lenormand faisant office de préquelles, elles nous emmènent à la rencontre du philosophe tout juste trentenaire. Trentenaire, mais égal à lui même : nous sommes en 1726 et Voltaire vient de sortir de la Bastille, où on l'avait enfermé parce qu'il réclamait un peu trop justice après s'être fait bastonné par le Chevalier de Rohan. Cet épisode réel de la vie de l'écrivain et son départ pour la Perfide Albion offrent à Frédéric Lenormand de la belle matière pour une fiction policière.

 Voltaire à la Bastille composant la Henriade (qu'il essayera de vendre et diffuser une fois en Angleterre).


"Lord Bolingbroke avait sa résidence dans le quartier de Pall Mall et sa campagne à Dawley dans le Middlesex.
— Ce qui ne veut pas dire "le sexe du milieu" précisa le policier.
— Bien sûr, il n'y a pas de sexe du milieu, dit Voltaire en rajustant devant le miroir ses épais rouleaux de cheveux et le mouvement de ses dentelles."

  Liberté d'expression et science newtonienne attendent notre philosophe sur la terre promise d'Angleterre : enfin un pays de tolérance où l'on ne tape pas sur les auteurs! Dans le but de trouver des investisseurs pour faire imprimer son prochain livre, Voltaire en fait des tonnes avec tout le monde et n'a de cesse de louer chez les Anglais tout ce qui fait défaut aux Français. Enfin, Voltaire étant doué pour s'attirer des ennuis (dans la fiction comme dans la vie), pas sûr qu'il trouve l'herbe plus verte outre-Manche bien longtemps...

"— Tant de cultures différentes cohabitent dans votre pays, et pourtant vous vous aimez les uns les autres, malgré vos opinions divergentes!
— Détrompez-vous, nous nous détestons. Mais après tant de massacres, nous avons décidé de ne plus nous entretuer et nous nous tolérons.
  La tolérance! Quelle belle idée! Cela consistait à se détester sans s'étrangler!"

  Avec Meurtre à l'anglaise, Frédéric Lenormand nous montre une fois encore tout le potentiel romanesque et fantaisiste qu'on peut tirer de l'Histoire. Grâce à des connaissances doublées d'une bonne dose de talent, il parvient à réemployer pour les besoins de sa novella tellement d'éléments issus de la réalité historique qu'on ne sait plus distinguer le vrai du faux. D'ailleurs, on s'en moque : tout fait superbement illusion et c'est très bien. Pour l'anecdote et afin de corroborer nos dires, on vous renvoie à l'extrait des vrais mémoires de Voltaire publié en postface : le philosophe y raconte un fait-divers aussi sanglant qu'incroyable (mais vrai) qu'a fort bien exploité Frédéric Lenormand pour les besoins de sa fiction.

 Théâtre anglais au XVIIIème siècle.

"— Mais qu'est-ce que c'est que ces promontoires? demanda Voltaire.
— Cela sert à trotter.
— Quelle merveilleuse invention! Nous devons absolument importer ces "trottoirs" à Paris dès que nous aurons décidé d'empierrer la chaussée."

  S'amusant à travers son personnage de comparaisons comiques entre la culture française et la culture anglaise (leur nourriture, leur littérature, leur théâtre... mais aussi leur roi, leur police ou leurs criminels), on laisse F.Lenormand et Voltaire nous emmener dans cette promenade londonienne mieux que dans n'importe quel City Tour en bus à étage. Du Théâtre de Drury Lane aux manoirs perdus dans la lande, on flirte tantôt avec Shakespeare, tantôt avec le gothique anglais (certains personnages sembleraient presque être des clins d’œil aux œuvres de Stevenson, Wilde ou Stocker), sans oublier les notes d'humour comme seul l'auteur sait en glisser, puisqu'il sera même question... des Beatles!

"Voltaire descendit la rue et cria aux porteurs qui le suivaient de se hâter :
— I've got a ticket to ride!"

En bref : Des trois novellas qui font voyager Voltaire dans sa jeunesse (prochains arrêts : Dieppe et Rouen) parues à ce jour, Meurtre à l'anglaise est à la fois la plus réussie tout en étant la plus fantaisiste. Bijou d'humour, ce roman allie à merveille la drôlerie qu'on connait à cette série et à la plume de l'auteur avec l'esprit so British de circonstance! 

dimanche 26 janvier 2020

Larry ; une amitié avec Lawrence Durrell - Gemma Salem (propos recueillis par Stéphane Héaume).

Editions Baker Street, 2019.

  Raconter, rire, séduire, voyager. Toute sa vie, Lawrence Durrell, dont les romans ont toujours fasciné les publics français et anglo-saxon, a embrassé ses passions avec panache. Si la correspondance entretenue dès 1935 avec Henry Miller jusqu’à la mort de celui-ci en 1980 en témoigne, on sait peu de choses des dix dernières années de l’auteur du Quatuor d’Alexandrie. Lorsque Gemma Salem fait sa connaissance en 1979, à Sommières, c’est une amitié de dix ans qui débute, une amitié de voisins placée sous le signe de l’humour et de la complicité. Alors qu’il achève, presque en secret, une œuvre considérable, elle commence la sienne. 

  Avec
Larry – collage animé où se mêlent des lettres, des photos et des dessins inédits de Lawrence Durrell – c’est cette période méconnue que Gemma Salem nous invite à découvrir. Avec sa liberté de ton habituelle, elle raconte leurs frasques en dressant de lui un portrait très personnel, portée par une affection et une admiration indéfectibles pour l’écrivain britannique.
​Un véritable kaléidoscope de souvenirs et de sensations, drôle, évocateur, authentique, plein de charme, où le lecteur s’amuse avec eux, en entendant leurs voix.

***

"Je crois que les jeunes ne savent même pas qui c'est, à part quelques amoureux de la littérature, évidemment, ça existe toujours. Mais il y a beaucoup de jeunes qui ne sont pas cons, et qui écrivent, et qui lisent, et qui ne le connaissent absolument pas". Que reste-t-il, en effet, de Lawrence Durrell aujourd'hui? Ainsi répond Gemma Salem à la question de l'écrivain Stéphane Héaume, qui guide cet entretien avec la dernière grande amie de l'écrivain britannique. Lawrence Durrell, certains l'auront peut-être découvert il y a quelques années à la télévision, via la mini-série de la BBC La folle aventure des Durrell (The Durrells in Corfu, 2016-2019), inspirée des récits autobiographiques de son frère cadet Gerald Durrell. Ces récits, déjà transposés par deux fois à l'écran (en 1987 puis 2005), racontent la jeunesse de la fratrie Durrell après que l'aîné, Lawrence, ait proposé à leur mère veuve que toute la famille parte s'installer en Grèce pour y commencer une nouvelle vie. 

  Mais Lawrence Durrell, ce n'est pas que ce qu'on apprend de lui dans La trilogie de Corfou ou dans ses quelques adaptations. Lawrence Durrell, c'est une imposante bibliographie composée de romans (dont quelques célèbres saga : Le quatuor d'Alexandrie, La révolte d'Aphrodite et Le quintette d'Avignon), de récits de voyages, de textes de théâtre, et même de poésies. Lawrence Durrell, c'est un auteur charismatique au style unique, ami d'Henry Miller et... de Gemma Salem. 

Gemma Salem et Stéphane Héaume

"Stéphane Héaume – Vous m'avez dit un jour que cela l'ennuyait parfois d'avoir à écrire ses livres.

Gemma Salem – Oui. Oh oui! " Oh boring is life! Boring, boring, boring! Fuck again! Let's have a drink!""

  Écrivaine suisse née à Antioche, Gemma Salem n'a encore pas été publiée lorsqu'elle rencontre Lawrence Durrell à Sommières en 1979, petit village du Gard où tous les deux se sont installés et se croisent par hasard au rayon fromages de la petite épicerie. D'un premier échange bref, au cours duquel elle ne reconnait pas l'écrivain anglais (dont elle n'a, du reste, rien lu car que peu entendu parler), nait une amitié forte, unique, exempte de toute ambiguïté (alors que Lawrence était un vrai bourreau des cœurs qui enchaînait les conquêtes féminines, comme G.Salem le raconte avec amusement dans cet ouvrage). Parce que leur histoire commune commence à peine quelques années avant la reconnaissance de Gemma Salem comme auteure, ce témoignage parle bien évidemment de leur vie littéraire à tous les deux, mais s'attache surtout à présenter l'homme qu'était Lawrence Durrell, avant l'écrivain. Elle insiste sur ce point à plusieurs reprises, n'hésitant pas avec une franchise désarmante à rappeler qu'elle n'aimait pas vraiment ce qu'il écrivait ; tout l'intérêt de leur amitié résidait dans leurs atomes crochus en tant qu'humains, une "amitié de boxeur" comme elle la nomme elle-même. 

Gemma et Lawrence à Sommières, dans les années 80.

"Pendant des années, Larry a vécu complètement seul, si on excepte les dames et demoiselles qui passaient de temps en temps et laissaient derrière elles un climat de pleine lune (...). Si l'une ou l'autre devenait trop envahissante, Larry ne trouvait rien de mieux que de l'envoyer chez moi, et ça m'inquiétait beaucoup, puisque j'étais sensée lui expliquer le pourquoi et le comment de son infortune (...). Pour ces malheureuses, je faisais désormais office d'antichambre sinon de gorille-videur."

  Ces propos merveilleusement recueillis à Vienne à l'Automne 2018, Stéphane Héaume les classe et les introduit par des titres évocateurs ("Cosmopolites", "Écriture", "Rires", "Couleurs"...) renvoyant à des thématiques ou des morceaux de vie, d'événements, propres à Gemma et Larry. Oui, Gemma et Larry, qu'on meurt d'envie d'appeler par leurs petits noms, au sortir de ce livre. L'entretien, tellement intime, mélange d'anecdotes, de réflexions rétrospectives et introspectives, et de pensées spontanées, nous donne l'illusion d'être là, à écouter S.Héaume et G.Salem bavarder tranquillement dans le salon d'un hôtel viennois. La simplicité du dialogue, sans langue de bois, franc et vrai, créé un lien direct avec le lecteur, qui partage un morceau de la vie de Gemma et Larry. Pour les admirateurs de l'écrivain, c'est l'occasion de le découvrir sous un autre jour, et pour ceux qui ne le connaissent pas ou très peu, c'est une excellente façon de faire connaissance avec lui : plus qu'une personnalité, Lawrence Durrell était un véritable "personnage", comme seule la fiction en imagine.

 Extrait d'une lettre illustrée de Lawrence à Gemma :
l'auteur y signe son dessin du pseudonyme d'Oscar Epfs.


"Quand on raconte en long et en large notre amitié, c'est pour dire que quand on est comme ça, proche de quelqu'un, on n'a pas envie de le lire, on n'a pas envie d'y entrer, d'entrer dans son domaine public. On l'a dans son domaine privé. Je ne sais pas expliquer mieux."

  Cet ouvrage intercale les entretiens de S.Héaume et G.Salem avec des documents supplémentaires : le portrait, tendre et drôle à la fois, de Lawrence Durrell dressé par Gemma dans son recueil Mes amis et autres ennemis, le discours du maire de Sommières lorsque Durrell fut décoré Commandeur des Arts et des Lettres, ou encore un extrait du journal intime de Gemma. A cette diversité de sources et de supports qui enrichissent le dialogue, le livre comprend aussi de nombreuses photographies issues de la collection personnelle de G.Salem, et surtout des copies des cartes, lettres illustrées, et télégrammes envoyés par Lawrence Durrell et précieusement conservés. Cette documentation renforce le sentiment de proximité et de confidence déjà instauré par le ton intimiste de l'entretien, elle rend cette superbe histoire d'amitié encore plus vraie, palpable, et accentue son impact sur le lecteur. On avait rien lu d'aussi fort dans le genre depuis 84 Charing Cross Road, d'Helen Hanff!

  Que reste-t-il de Lawrence Durrell aujourd'hui, alors? Beaucoup, tellement de choses. Il reste en tout cas cette complicité, son aura lumineuse, telle que Gemma sait si bien la raconter : "Lui est la réelle importance, en dehors de tout critère social ou littéraire ou matériel. La vie".

En bref : Larry ; une amitié avec Lawrence Durrell nous fait partager l'amitié deux deux figures des Lettres, nous présentant le célèbre auteur anglais dans sa dimension humaine plutôt que littéraire. Cet entretien avec Gemma Salem mené par Stéphane Héaume nous convie dans l'intimité de ces personnages entre dialogues à bâtons rompus, répliques bravaches, drôlerie des anecdotes et, surtout, avec la profonde émotion du souvenir. Un régal.

 Un grand merci aux éditions Baker Street pour cette découverte!

samedi 25 janvier 2020

Welcome to the new Roaring Twenties - Bilan de nos fêtes sous le sceau des Années Folles et de l'Honorable Miss Fisher...


  Après quelques articles de prolongation afin de publier (presque) tout ce que nous voulions partager avec vous à l'occasion des fêtes hivernales, le temps est venu de clôturer notre participation au challenge Christmas Time de Mya Rosa et de faire notre bilan.

  Nous avons ainsi eu la joie de partager ces festivités en compagnie de l'honorable Miss Phryne Fisher, détective de son état (l'Australie) et icône (fictive) des Années Folles, dont nous fêtons le centenaire. Eh oui, chers amis : il y a cent ans commençaient les tonitruantes années 20, décennie des Fitzgerald, de Louise Brooks, du surréalisme, du jazz, des cocktails... bref, toute une imagerie qui continue de fasciner, de faire écrire et de faire danser. Espérons que ces nouvelles années 20 qui nous attendent emprunte un peu de la joie des précédentes.


  Après notre article d'introduction pour poser le décor, nous avons consacré plusieurs chroniques à Miss Fisher, côté littérature (deux tomes de la série) et côté écran (télévision et cinéma) :

A question of death - fantastique recueil de nouvelles et de goodies, par K.Greenwood.
Murder in the dark - roman de K.Greenwood : Miss Fisher fête Noël, le nouvel an, et résout des meurtres.

Les dernières news concernant le film à venir (nouvelle bande-annonce, photos, première mondiale).

L'anniversaire de Miss Fisher - avec un message personnel de K.Greenwood!


Lectures criminelles?

  Nous sommes restés dans les ambiances fêtes de Noël et actes criminels avec une nouvelle inédite de saison d'Agatha Raisin enquête:


  Nous avons complété ces articles vintage et polarisant de lectures d'albums jeunesse à l'ambiance hivernale rafraichissante :


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  Mis en appétit par nos doctes rédactions, nous avons fait un détour par la cuisine, toujours en compagnie de l'honorable Miss Fisher. Ces gourmandises littéraires, glanées au fil de nos lectures des romans de Kerry Greenwood ou du visionnage de la série, nous ont inspiré ces vrais recettes, cuisinées, mises en scènes et photographiées avec le plus grand soin pour votre plaisir, mais toujours éclairées d'anecdotes culturelles (que serait la nourriture du ventre sans celle de l'esprit?)...


Petit-déjeuner :


Cocktails :


 En-cas, apéritifs dinatoires et buffets :


Entrées :


Plats :


Veillées :


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  Comme tous les ans, nous vous avons également souhaité nos meilleurs vœux à l'occasion de notre traditionnel article d'entre-deux fêtes, aussi le moment de vous dévoiler notre décoration thématique annuelle du terrier cette fois-ci rhabillé à la mode Phryne Fisher! Nous nous sommes réappropriés les couleurs de son salon et les lignes géométriques Art-Déco clefs de la décennie 1920, que nous avons alliées à une décoration tout ce qu'il y a de plus vintage, parsemée de nombreux clins d’œil à Phryne.

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  Ces vacances, bien qu'en grande partie égayées par nos festivités "made in Phryne", ont été quelque peu mouvementées par de mauvais imprévus. Un très vilain virus a en effet conduit votre humble serviteur a l'hôpital (à croire que ça devient une habitude) avant de le clouer au lit pendant plusieurs jours. Dans de telles conditions, autant dire que le réveillon du 24 décembre était fortement remis en question. Incapable de quitter le Terrier, c'est donc un mini dîner de dernière minute qui s'est improvisé sur place ; je n'avais pas l'énergie pour une grande tablée mais refusais de faire l'impasse sur le 24 (flûte, c'est Noël, quoi), aussi ai-je sorti des cartons et des tiroirs de quoi improviser une table d'inspiration Années Folles (avec de très jolis verres Art Déco fraîchement offert – je vous en reparle un peu plus loin – même si je n'ai rien pu avaler d'autre que de l'eau et du jus de pomme).





   Le repas restait malgré tout très festif, puisque composé pour 50 pour cent des plats prévus pour le réveillon initial. Le menu se composait de délicieux filets de poulet farcis (aux cornichons, jambon, moutarde et cheddar) accompagné d'une purée de patates douces aux épices, et d'un pudding. Pas n'importe quel pudding, cependant, puisqu'il s'agit de la recette de chez Meert, tirée de leur livre de cuisine (à base de brioche, de raisins secs, d'écorces d'orange confite, et de crème pâtissière)...



  C'était donc relativement simple à défaut d'être frugal et non dénué de style malgré tout (comme je l'ai dit plus haut, oui, j'avais 39 de température, mais flûte, c'était Noël). Heureusement que l'esprit de Phryne était avec nous pour égayer un peu nos fêtes attristées par la grippe ( espagnole? On rappelle qu'elle avait décimé des tas de gens au sortir de la Grande Guerre, juste avant que ne commencent les Années Folles... me voilà bien récompensé d'avoir voulu tout faire à la mode de cette époque là ^_^ !). Bref, pendant que certains buvaient du champagne et des cocktails, je tournais au jus de fruit et au paracétamol... Cheers!



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  C'est donc tout fébrile mais quand même tout joyeux que j'ai déballé mes cadeaux de ce Noël, posés cette année non pas au pied du sapin mais aux pieds de Phryne. Jugez par vous-mêmes :


  Parmi les nombreux présents, j'ai reçu non pas un mais TROIS calendrier 2020 (un magnifique sur le thème Alice au pays des merveilles, un délicieusement vintage avec des publicités rétros, et un dernier joliment graphique illustré de citations) ainsi qu'un agenda perpétuel sur le thème des oxymores.


  Côté cuisine, j'ai reçu une très jolie boite vintage pour ranger mes tablettes de chocolat, du sel parfumé, de la tisane de Noël, un mug du collègue parfait (ah, il était temps qu'on reconnaisse mon talent), une seringue à pâtisserie de pro et, comble du chic, un set de torchons ( "cotton tea towels" – ça sonne tellement mieux en english ) brodés sur le thème d'Alice au pays des merveilles en provenance directe du Musée Victoria & Albert de Londres. Une amie qui savait que je recherchais des coupes à champagne de style Art Déco pour illustrer mes publications bloguesques m'a trouvé de magnifiques verres à pieds à motifs géométriques tout à fais dans l'esprit de ce que je désespérais dénicher un jour (vous avez pu les croiser au détour de certaines Gourmandises littéraires dernièrement publiées). Je les ai complétés quelques temps plus tard grâce à une carte cadeau d'un ensemble de verres à cocktails qui a aussi été bien utilisé ces derniers temps.


  Enfin, côté librairie / papeterie, j'ai eu une BD sur la vie de Voltaire, le roman Ottoline goes to school (du talentueux C.Riddell) ainsi que l'édition complète récemment parue des reportages de Nellie Blye, la pionnière du journalisme d'investigation (j'adore cette femme).Un chèque cadeau m'a permis de m'offrir le second tome de la série Au service secret de Marie-Antoinette (du génial Frédéric Lenormand) et l'intégral des deux premiers opus de la série des enquêtes de Lizzie Martin d'Ann Granger, que je n'avais pas eu l'occasion d'acquérir à leur parution initiale. Ces lectures on ne peut plus alléchantes à venir on été complétées d'un superbe agenda 2020 Paperblanks en hommage à Shakespeare (à droite) et d'un carnet grand format à l'effigie de Neverland ( à gauche ; cliquez sur l'image pour l'agrandir, vous verrez la silhouette de Peter Pan en petit) pour y écrire de futurs romans et nouvelles qui, on l'espère, iront ceux-là jusqu'en finale de concours littéraires à venir...



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  Pas de réveillon de la St Sylvestre pour moi cette fois-ci non plus : tout juste remis de mon gros virus, je n'avais pas le courage d'aller danser le Charleston jusqu'à des heures indues, même dans le plus renommés des clubs de jazz de la région. Bon, foutu pour foutu, cela me consolait en fait qu'il n'y a pas de club de jazz dans la région ; une virée parisienne était par ailleurs prévue pour se retrouver entre Fantôphiles à l'occasion d'une représentation de La souricière d'Agatha Christie, laquelle devait être suivie d'un verre dans un de ces speakeasies comme Paris en compte désormais de nombreux recréés en clin d’œil aux Années Folles, cachés derrières des portes de frigo factices ou des cabines téléphoniques vintage. Mais ni ma santé ni la SNCF ne semblaient l'entendre de cette oreille : entre la crève et la grève, tous nos jolis projets sont tombés à l'eau...

(Je ne sais pas quel est ce sport, mais je veux bien m'y essayer un jour!)

  Ces dernières semaines ont cependant été égayées par de bonnes nouvelles, la plus gratifiante étant l'anniversaire de Phryne Fisher le 13 janvier dernier. Pour fêter la date de naissance fictive de son personnage, Kerry Greenwood avait invité ses lecteurs à partager avec elle leurs plus belles photos de fête en l'honneur de Phryne, pour publier les plus réussies sur sa page facebook. Comme raconté dans mon article à ce sujet, j'ai eu la chance de voir ma décoration de Noël, mon blog et une de mes illustrations de Phryne relayés par K.Greenwood sur son fil d'actualités, avec un adorable message. Je lui avais également envoyé un exemplaire de ma carte de vœux home made, puisque je les conçois tous les ans en lien avec le thème choisi pour les fêtes :


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  Mais voilà que nos festivités touchent à leur fin. Je remercie encore Mya Rosa pour son organisation du Challenge Christmas Time, toujours l'occasion de partager dans la chaleur et la fantaisie nos articles de saison. J'ai passé de très agréables semaines en sa compagnie et avec celle des blogueurs qui ont participé. Ah, et la compagnie de Phryne, toute fictive qu'elle soit, était également des plus inspirantes et j'ai ôté à regret la décoration de cette année. Je réfléchis déjà au thème de l'an prochain car si je n'ai pas arrêté mon choix, plusieurs idées très différentes mais toutes très enthousiasmantes se bousculent dans ma tête. 


  Pour ceux qui, comme moi, on déjà hâte de retrouver Phryne, je leur réserve encore quelques Gourmandises littéraires dans les prochaines semaines, histoire de patienter jusqu'au film Miss Fisher and the crypt of tears, qui marquera nos retrouvailles après qu'on ait quitté Miss Fisher et Jack. Nous aurons enfin ce qui se passe après cette scène ( attention, spoiler pour ceux qui n'ont pas fini de regarder la série):


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  Miss Fisher se joint à moi pour vous souhaiter, à nouveau, une très belle année 2020. On vous dit à très très vite!


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