vendredi 29 juillet 2016

Shakespeare, l'oeuvre au rouge - Henriette Chardak.

Editions de l'Archipel, 2016.

  1595. William Shakespeare vient de composer  Roméo et Juliette, et s’apprête à écrire une nouvelle pièce : Hamlet. Ayant rejoint la troupe du Lord Chamberlain, il prend ses quartiers au Théâtre du Globe.
 
Hamlet, inspiré du destin de l’astronome danois Tycho Brahe, lui permet d’évoquer ses propres troubles psychologiques. Sous la mise en scène codée, le crâne devient la Terre en mouvement : cosmogonie de l’œuvre d’un homme qui cherche à fuir le monde. Mais ce génie a un talon d’Achille : l’amour, et sa peur panique de mourir de la syphilis.
  Quand le théâtre prend feu, Shakespeare se retire loin des intrigues, dans le village de son enfance. Père d’enfants légitimes et illégitimes, il entre dans l’intimité du nouveau roi d’Angleterre, James Ier. Mais certains affirment que William lui-même serait né des amours de la reine Elizabeth et de Robert Dudley ? Être ou ne pas être soi-même, telle était la question qu’il se pose et impose aux autres.
 
  Dans le second volume de cette biographie romanesque, Henriette Chardak éclaire les zones d’ombre que Shakespeare a conçues pour se protéger.

***

  Au mois de Mars dernier, j'avais chroniqué la première partie de cette biographie, envoyée en partenariat par les éditions de l'Archipel. Vous vous souvenez certainement de mon enthousiasme : l'ouvrage, à la fois méticuleux et fouillé, s'offrait le luxe d'un style original proche du roman sans négliger le sérieux des données historiques. A la suite de mon article, j'ai eu l'immense chance de recevoir un mail d'Henriette Chardak et d'échanger quelques messages avec elle, l'occasion pour moi de lui réitérer mon admiration pour son travail d'écriture. D'une amabilité et d'une humilité sans borne, Mme Chardak a qui plus est eu la gentillesse de me dédicacer ce second ouvrage, reçu au Printemps dernier...


  On retrouve le dramaturge là où l'auteure l'avait laissé au terme du premier opus de cette grande investigation historique. Après l'enfance, les débuts itinérants à Londres et les premières pièces, William est maintenant un auteur et comédien reconnu qui explose sur la grande scène du monde. Là où l'intensité et le tumulte de l'époque élisabéthaine montaient en gradation dans l'ouvrage précédent, on y est cette fois plongé avec bruit et fureur. Henriette Chardak nous pousse dans ce tourbillon bruyant et fascinant avec un réalisme qui force l'admiration, l'écriture toujours servie par sa plume si caractéristique.

 Gravure et reconstitution du théâtre du Globe.

  Cet opus est aussi plus noir, plus complexe, plus introspectif : Flirtant avec les arcanes du Pouvoir en place quand il n'utilise pas la métaphore de ses pièces pour dénoncer ses frasques, Shakespeare est sur une position ambivalente et doit sans cesse passer de l'ombre à la lumière pour se protéger. Son œuvre est comme un miroir révélateur qui peut tantôt le glorifier, tantôt le pousser à sa perte, et entrainer les siens avec lui.

  Vient alors la grande question : Comment se protège-t-il? De quels masques se pare-t-il pour sauver sa réputation et son honneur? Entre autres parades dignes du personnage, Henriette Chardak en vient à explorer l'origine même de sa naissance et de son réel statut : serait-il protégé par une quelconque noblesse de sang? Et auquel cas, cette noblesse serait-elle légitime ou non? Sans substituer William Shakespeare à un autre écrivain ou un nègre qui serait le véritable auteur de ses pièces, H.Chardak lie ses propres théories à d'autres spéculations déjà évoquées dans les enquêtes relatives à la généalogie Shakespearienne, dont une éventuelle filiation avec Lord Robert Dudley et... la Reine Elizabeth I! 



  Cette théorie, si elle a comme toutes les autres ses partisans et ses détracteurs, a le mérite d'être une fois encore défendue avec style et talent. Après tout, l'avantage de toutes ces zones de flou qui persistent autour de Shakespeare, c'est qu'elles nous permettent, encore aujourd'hui, de nous perdre avec délice dans toutes les conjectures possibles...

En bref : Une deuxième partie qui ne fait pas défaut au premier ouvrage. On retrouve tout ce qui avait fait la réussite de l'espion des âmes, l'aspect psychologique en plus. On redécouvre avec fascination un Shakespeare torturé et secret dans un Londres historique palpitant, monde à la fois obséquieux et fallacieux... Quelle meilleure lecture pour continuer de célébrer les 400 ans du décès de cet homme illustre ?



Un grand merci à L&P Conseil pour ce partenariat,
ainsi qu'à Henriette Chardak pour sa grande gentillesse.

2016 : 400ème anniversaire de la mort de Shakespeare.

Et pour aller plus loin...

jeudi 21 juillet 2016

Gourmandise Littéraire : Jambon persillé de Bourgogne pour Steed et Mrs Peel.



  Que ce soit à l'écran ou dans les adaptations romancées de la série, le tandem de Chapeau Melon et Bottes de cuir ne refuse jamais un dîner classieux arrosé de champagne. Si les novélisations de John Garforth n'ont pas toujours cerné l'esprit décalé du feuilleton, cet intérêt porté aux plaisirs de la table a été conservé dans la version livresque. Dans le titre Drôles de morts, nos deux agents -qui enquêtent sur une étrange série de résurrections survenues au cimetière de Highgate- ne sont pas en reste côté collation : outre le sandwich accompagné de cognac présenté l'an dernier, le Pub du Dragon qui avoisine le cimetière et où ils ont établi leur quartier général propose des mets plus substantiels. L'un des plats que Steed préfère commander à l'aubergiste Roderick n'est ni plus ni moins qu'un jambon de bourgogne persillé, recette traditionnelle française, s'il vous plait! Emma se laissera-t-elle aussi tenter par la gastronomie venue de l'hexagone?

" -Je vous recommande le jambon de Bourgogne persillé. Ce n'est pas une recette à eux ; Roderick l'a volée sans vergogne dans un petit bistrot de Dijon mais il la réussit très bien.
  Emma le trouvait souvent exaspérant quand il parlait cuisine, aussi tenta-t-elle rapidement de marquer un point.
-Le restaurant des Trois Faisans n'est pas un petit bistrot. Mais comme c'est Pâques la semaine prochaine, je vais en goûter (...). Un Campari avec de la glace et un zeste, commanda Emma, et un peu de ce jambon persillé en gelée au persil.
  Elle fut satisfaite de voir Steed pâlir légèrement. Le jambon était effectivement digne des ducs de Bourgogne, et un second Campari complèta le sentiment de satisfaction d'Emma."

Drôles de Morts (Chapeau Melon et Bottes de Cuir #2), John Garforth, éditions Solar, 1967 (chapitre 3)

 Steed et Emma au pub... ou comment faire le point sur une enquête de façon agréable.


  Pourquoi cette allusion à Pâques? Car en plus d'être un plat français par excellence -et plus particulièrement dijonnais- la coutume voulait aussi qu'on mange de ce jambon à l'occasion des fêtes de Pâques, une tradition qui se perpétuait en Côte D'Or depuis le XIVème siècle. Cette recette proche du fromage de tête se réalise avec des ingrédients typiquement bourguignons comme la moutarde de Dijon ou encore un vin blanc de Bourgogne.
  Et le restaurant des Trois Faisans? Eh bien applaudissons la culture française de l'auteur John Garforth, car ce restaurant a bel et bien existé. L'établissement avait son adresse place ducale et était particulièrement renommé pour la qualité de sa cuisine.


***

Ingrédients (pour 4 personnes) :
-1,5 kg de palette dessalée.
-1 carotte
-1 oignon 
-2 gousses d’ail 
-2 échalotes
-1 bouquet garni
-5 grains de poivre
-25 cl de vin blanc sec
-1 c-à-s de moutarde de Dijon
-2 c-à-s de mélange de persil et d'estragon ciselés.
-4 feuilles de gélatine
-sel, poivre

A vos tabliers:
- Mettez la palette dessalée dans une grande marmite, couvrez d’eau froide. Portez à ébullition et laissez frémir 5 minutes. Egouttez la viande et éliminez l’eau. 
- Rincez la viande, remettez-la dans la marmite et recouvrez-la d’eau froide. Ajoutez-lui l’oignon piqué de clous de girofle, la carotte, le poivre et le bouquet garni. Couvrez et laissez cuire 1 h 30 à légers frémissements (la viande doit être bien cuite). Retirez la viande, laissez tiédir et découpez-la en cubes.
- Faites tremper les feuilles de gélatine dans de l’eau froide pour les ramollir.
- Mettez dans une casserole l’échalote, l’ail pelés et hachés, la moutarde et le vin blanc. Laissez réduire au 2/3, puis ajoutez, hors du feu, les herbes ciselée, 10 cl de jus de cuisson de la palette et les feuilles de gélatine essorées. 
- Mélangez les morceaux de viande avec la préparation précédente. Rectifiez l’assaisonnement. Moulez en terrine et réservez 24 heures au réfrigérateur avant de servir.


  Et maintenant, à défaut d'une table bourguignonne de renom ou d'un pub anglais où déguster ce plat traditionnel, ne reste plus qu'à vous régaler de vos propres prouesses culinaires. Surtout si vous avez besoin de forces avant d'aller mener l'enquête dans un cimetière mystérieux...


mardi 19 juillet 2016

A vos zapettes : une "Duchesse rebelle" mise à l'honneur dans "Secrets d'Histoire".




  Pour tous les passionnés d'Histoire et de Littérature, mais surtout des deux à la fois, il faudra regarder Secrets d'Histoire, ce soir mardi 19 Juillet 2016. 



  Pourquoi? Car la personnalité mise à l'honneur dans le numéro diffusé aujourd'hui n'est autre que La Grande Mademoiselle, Anne-Marie-Louise d'Orléans, frondeuse protagoniste du roman Duchesses rebelles : l'intrépide cousine du roi, d'A-M.Desplat-Duc présenté il y a quelques semaines. Une princesse dont la vie passionnante mérite qu'on s'y attarde et qui n'a pas volé le regain d'intérêt qu'on lui porte ces temps derniers!
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  Pour vous mettre l'eau à la bouche, vous pouvez visionner ci-dessous le sommaire de l'émission, où l'on aperçoit quelques prestigieux intervenants...
 

  Pour ceux qui louperont ce documentaire, rappelons qu'il sera disponible en replay dès demain ;)...


dimanche 17 juillet 2016

Le Médaillon de Budapest - Ayelet Waldman

Love and treasure, Knopf, 2014 - Editions Robert Laffont (trad. de D.Bernard), 2015 - Editions France Loisirs, 2016.

  En 1945, Jack Wiseman, lieutenant américain basé à Salzbourg, est chargé de garder le « train de l'or hongrois », rempli de biens volés aux Juifs. Avant d'être démobilisé, il dérobe un médaillon en forme de paon, en souvenir d'une femme qu'il a rencontrée là et dont il est tombé amoureux. Soixante ans plus tard, voulant faire la paix avec sa conscience, il confie une mission à sa petite-fille, Natalie : retrouver la propriétaire du bijou.
   De l'Empire austro-hongrois à l'Amérique contemporaine, un bouleversant roman polyphonique qui combine avec brio trois intrigues : un puissant roman d'amour, un thriller sur le trafic d'oeuvres d'art, l'histoire vraie enfin d'un scandale historique.

« Ambitieux, captivant et terriblement émouvant. Le Médaillon de Budapest n'est pas un simple roman, c'est une malle aux trésors. » Joyce Carol Oates

***

  C'est lors de mon périple estival de 2015 que j'ai repéré ce livre pour la première fois : impossible de passer à côté de cette couverture Art-Déco, surtout lorsqu'elle revendique les louanges de la grande Joyce Carol Oates elle-même. Le résumé avait tout d'alléchant, abordant plusieurs thèmes qui me sont chers : une enquête trans-générationnelle touchant aux secrets d'une famille et à l'Art, l'Histoire du peuple juif et notamment au sortir du génocide de 39-45, et le cadre romanesque et capiteux du vieil Empire austro-hongrois... Alors, plus précisément, qu'est-ce que ce Médaillon nous raconte?

 Trailer pour la sortie du livre.


  Plusieurs histoires, en fait. Car c'est là un très beau roman polyphonique que nous sert Ayelet Waldman. On commence le récit dans le Maine, où Nathalie, en pleine crise existentielle à la suite d'un houleux divorce, reçoit de son grand-père mourant un ancien médaillon en forme de paon. Ce bijou, il l'a volé dans le 'train de l'or hongrois', ce train rempli de biens volés aux juifs par les nazis et qu'il avait été chargé de surveillé en 1945, alors qu'il n'était qu'un jeune lieutenant missionné par l'armée américaine. Cette année avait été celle de son premier grand amour : une femme rescapée des camps, juive tout comme lui mais profondément meurtrie par un parcours dont elle n'est pas sortie si indemne qu'on le croit. 
  Au cours de toute une partie consacrée à cette année 1945, l'auteure, à travers l'idylle de Jack, restitue une troublante vérité historique : celle des conditions de vie déplorables imposées aux Juifs survivants après la guerre, tous entassés tels des réfugiés dans d'anciens hôtels désaffectés ou bâtiments insalubres surveillés par l'armée, avec l'impossibilité de rejoindre leur pays et leur famille. Parallèlement, on découvre à travers l'Histoire de ce train de l'or hongrois celle d'un vraie trafic, aussi bien de possessions et richesses diverses que d’œuvres d'art spoliées aux Juifs par les nazis, et qui ne seront jamais réellement rendus malgré ce que l'armée peut prétendre. Des faits encore trop peu connus de nos jours et que ce roman a le mérite de rappeler.



Couvertures des éditions originales.


  Partant de ce fait divers réel qu'A.Waldman lie à sa fiction, le médaillon fait ensuite office de fil conducteur à travers les époques et ses différents possesseurs. "Une malle aux trésors", disait J.C.Oates, et c'est exactement cela. Le médaillon de Budapest est comme ces vieux coffrets à bijoux que l'on trouverait sur un grenier poussiéreux : impossible d'en sortir un collier ou un bracelet sans qu'il soit lui-même entremêlé à d'autres chaines ou médaillons. Extraire l'un deux de la boîte et ce sont tous les autres que l'on entraîne à la suite. Le médaillon en forme de paon, après le souvenir de la douloureuse romance de Jack, entraine Nathalie à la recherche de l'origine plus ancienne du bijoux, une enquête dans les rues romanesques de Budapest. Elle est alors aidée d'un expert en Arts dont les propres investigations se recoupent à celles de Nathalie. Il se trouve qu'il cherche depuis plusieurs années un portrait surréaliste disparu pendant la Seconde Guerre mondiale, représentant une femme à tête d'oiseau arborant justement ce même bijou.  Tandis que cette enquête confronte en même temps nos deux personnages à leurs propres origines juives et aux douleurs héritées du génocide au-delà des générations, nouveau saut dans le temps: le Budapest des années 1910. Là, on rencontre la première détentrice du médaillon, une jeune femme désireuse d'émancipation féminine dont les idéaux politiques choquent la bonne société...et le psychiatre féru de doctrine freudienne qui raconte son histoire...

 A gauche: le Train de l'or hongrois en 1945;
A droite: une caisse du train, ne comportant exclusivement que des bagues de fiançailles volées aux Juif avant le départ pour les camps.

  Vous l'aurez compris, nous avons donc là un récit foisonnant et riche des nombreuses recherches de l'auteure. Son intrigue, construite en trois temps, explore donc plusieurs époques et histoires rattachées à un seul et même bijou, ce qui permet tout à la fois d'explorer de nombreux thèmes qui lui étaient apparemment très chers. Parallèlement aux sauts dans la chronologie , Ayelet Waldman, vient questionner l'incidence psychologique de la Shoah sur les descendants des juifs ayant survécu, évoquant ainsi la fascinante psychogénéalogie. L'écriture, très fluide, permet vraiment d'aborder la richesse de l'intrigue et la multiplicité d'événements sans le moindre heurt. Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup apprécié cette lecture mais j'admets néanmoins quelques défauts particulièrement décriés par d'autres lecteurs...

 Couvertures d'éditions étrangères.

"Derrière chaque survivant du génocide existait l'histoire d'un heureux hasard qui tenait du miracle, d'un subterfuge de la dernière chance, d'un clin d’œil du destin. Les autres, ceux qui n'avaient rien connu de cela, étaient morts."

  En effet, certains s'avouent à juste titre déçus de voir autant de sujets prometteurs n'être que survolés, du moins en comparaison du développement qu'on pouvait en attendre. Ayelet Waldman a déjà fait un énorme travail, certes, mais chaque histoire rattachée au médaillon étant complétement étrangère aux autres, on saute de l'une à la suivante avec un sentiment d'inachevé. Que deviennent les personnages? Quelle est la suite des événements? L'auteure n' apporte aucune réponse et passe sans transition à une autre tranche de vie liée au bijou. On comprend dès lors que le lecteur puisse rester quelque peu sur sa faim et que ce choix narratif vienne donc entacher les grands cas qu'on peut faire de ce roman.



En bref : Un très beau récit hérité de l'histoire du peuple juif au sortir de la Shoah, doublé d'une enquête au parfum d'énigme artistique et culturelle très documentée. Historiquement riche et fouillé en plus d'évoquer le poids transgénérationnels du génocide, ce roman pourra décevoir certains lecteurs qui se plaindront de rester quelque peu sur leur faim. Car en voulant brasser une multiplicité d'histoires différentes et d'événements divers autour du médaillon comme fil conducteur, on peut reprocher à Ayelet Waldman de ne pas exploiter chacun des thèmes racontés au maximum et de nous laisser parfois dans une certaine frustration. Il en reste quand même, pour ma part, une lecture très agréable.

mercredi 13 juillet 2016

Strange shakespearian Spring


  Pourquoi "étrange"? Pourquoi "Shakespearien"? Parce que le grand dramaturge dont on fêtait le 400ème anniversaire de la mort ce printemps disait, dans la Tempête, cette phrase d'une grande perspicacité :

"Il n'y a plus de saison".

De la neige en Avril, benh voyons...

  Un constat bien simple et une référence certes un peu facile mais, promis juré, on ne peut plus appropriés. Après un hiver que mes oreilles de lapin étaient contentes de voir s'éloigner, le printemps a démarré avec des intempéries dignes d'un hiver apocalyptique : DE LA NEIGE. Et pas qu'un peu. Lorsque j'ai pointé le bout de mon museau hors du terrier en ces premiers jours d'Avril, j'ai vitement fait demi-tour jusqu'à mon armoire pour exhumer les quelques laines et écharpes pourtant mises sous clef pour l'année prochaine... -_-'.


  Bien heureusement, le planning était riche en événements afin de contrer la morosité météorologique. Le premier en date et non des moindres puisque reporté depuis trois ans au moins : le quai du polar de Lyon, sur invitation de la gracieuse et honorable Pouchky-Ficelle. Ou comment vaincre le crime avec style en toute occasion, puisque nous avons effectué l'enquête "Intrigue à l'Antique" organisée dans la ville, vêtus de tenues de détectives dignes d'Oeil de Lynx et Charlotte 'Chuck' Charles (... M'enfin, revoyez vos classiques les enfants : je parle du journaliste reporter de Fantômette et de la délicieuse héroïne de Pushing Daisies, tss, tss...).


 Pouchky mène l'enquête dans les jardins d'anciens couvents lyonnais,
une cité qui se donne des airs de petites sœur de Paris avec une mini tour Eiffel mais aussi des ponts très brooklyniens...

  C'est donc armés de nos seules petites cellules grises que nous avons arpenté la sublime cité des aqueducs à la recherche d'une ancienne statue disparue au cours de fouilles archéologiques. Si notre bulletin réponse n'a pas mené à la victoire, nous avons tout de même résolu la majeure partie du mystère avec une belle efficacité, presque aussi bien que l'aurait fait le tandem Steed/Emma. Et puis j'en aurais aussi profité pour jouer les touristes et repartir avec quelques bricoles rapportées du salon du livre du polar ou fourrées dans mon sac par ma charmante hôtesse.

 Une basilique à l'atmosphère mystique, un passe-muraille, et un salon du livre installé
 dans les magnifiques dédales de l'ancien palais du commerce et de la Bourse de Lyon.

Un butin très "polarisant"...

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Le chouette palier du Loir dans la théière.

  Quelques semaines plus tard et peu après mon premier non-anniversaire annulé en catastrophe, direction la capitale pour retrouver Clochette-Tiker Bell et son appartement face au magnifique cimetière de Montmartre (ses caveaux, ses corbeaux et ses chats... l'ambiance y est). Un long weekend hors du temps et de la réalité, à taquiner la Muse dans l'atmosphère poétique du quartier du Marais, où les murs ont des oreilles et où l'on croise quelque Capitaine Nemo steampunk échappé d'un roman de Jules Verne.


  Après une longue marche jusqu'à la rue des rosiers, nous pûmes nous sustenter au Loir dans la théière, restaurant et salon de thé bohème inspiré d'Alice au Pays des Merveilles et célèbre pour sa spécialité : une tarte au citron dont la meringue atteint des hauteurs astronomiques, pièce maîtresse d'un buffet de pâtisseries aux allures de table du Chapelier. Après un repas aussi merveilleux, une pause sur les escaliers du film Minuit à Paris de Woody Allen n'était pas de trop pour digérer (et il fallait au moins ça pour me préparer à la joyeuse ballade que je ferai quelques heures plus tard en triporteur : trois adultes dans un seul et même wagon que poussait une amie à grand coup de pédales, sous l’œil surpris des automobilistes).

La meringue de 10 mètres de haut, au beau milieu d'autres délices :
Crumble aux pommes, tarte Bourdaloue, tiramisu, carotte-cake, tarte à la banane, tarte aux fraises, 
millefeuilles à la pistache, tarte aux deux chocolats, cheesecake, tarte aux poires Amandine et tarte tatin...
 
 Non non, sur la photo de droite ce n'est pas Owen Wilson...

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  De retour au terrier après ces palpitantes pérégrinations (et non sans un détour par St*rbucks et leur café latte à la framboise), la météo s'est faite progressivement plus clémente, permettant par la même occasion quelques escapades à Cirey Sur Blaise pour visiter le château d'Emilie du Châtelet à l'occasion de mon Non Anniversaire (celui-là pas annulé en catastrophe, et que j'ai pu raconter en détail ICI). 
  Puis s'ensuivit l'habituelle course de fin d'année au travail : fin d'année scolaire pour les enfants, finalisation des activités, préparation des départ, restitution des projets, bilan, sorties exceptionnelles... un rythme tous les ans très intense qui nécessite de mettre quelques temps sa vie privée entre parenthèses et de se brancher sur secteur pour tenir jusqu'au bout. Restait donc le temps de quelques escapades dans la verte nature avec, au moins, quelques petites heures de lecture à l'ombre d'un arbre pour recharger les batteries (d'ailleurs, faute du saule de mon ancienne maison de famille au-dessous duquel aller bouquiner, j'ai trouver avec l'herbe de cette petite chapelle un tapis de lecture des plus agréables...).

  
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  Bon, je vous rassure, je n'ai pas délaissé mes marmites et mes fourneaux pour autant. Du côté des popotes et casseroles, c'était plutôt en mode hivernal, au regard des températures. Côté bon plat revigorant, même si je ne cours pas après les pâtes, j'ai déniché des spaghettis à la farine de riz et de maïs délicieuses, le tout relevé de farce végétarienne cuisinée avec une sauce tomate maison soit une parfaite bolognaise veggie. Restons dans la mode italienne avec ce risotto qui est de mes favoris, aux pointes d'asperges vertes, crevettes et safran. Et puisque j'ai encore déniché une ultime courge butternut, je l'ai tout d'abord cuisinée en gratin au comté et pignon, puis de nouveau en risotto mais avec une variété de riz noir qui a apporté un petit goût sucré et tout son exotisme à la recette. Côté inspiration glanée de-ci, de-là, j'ai reproduis chez moi la tarte salée dégustée au Loir dans la théière : courgette-feta-menthe. Un régal avec une pâte maison.




   Du côté des achats et des acquisitions, enfin, je ne pouvais décemment avoir de nouveau des spaghettis dans mes placards sans les ustensiles appropriés : le "calibreur" est parfait pour doser sans peser en fonction du nombre d'invités, la râpe est impeccable pour justifier l'achat de vraies parts de parmesan (et non plus de sachet de parmesan tout râpé qui moisit au bout de deux jours...) , et la boite haute vintage est assortie à ma déco =D.


  Quelques autre acquisitions, livresques celle-là : j'ai déniché quelques belles pièces pour l'été qui approche, dont trois ouvrages pour fêter comme il se doit le centenaire de Roald Dahl (les deux livres de recettes inspirées de ses romans et son anthologie d'histoires de fantômes), une suite du délicieux roman Chocolat de Joanne Harris (l'héroïne, la mystérieuse chocolatière Vianne Rocher revient dans le petit village de Lansquenet huit ans après...). N'oublions pas Laura, un roman ésotérique que j'attendais depuis longtemps de retrouver en occas', Illyria, un livre jeunesse de la grande Celia Rees (à qui on doit le best-seller Journal d'une sorcière) qui rend hommage à Shakespeare (et dont tout indiqué pour célébrer les 400 ans de la mort du dramaturge), ainsi qu'un ouvrage documentaire sur les Tudor pour faire bonne mesure et me mettre dans l'ambiance.



 
   Ça plus ce que j'ai dans mes PAL papier et numérique, j'ai de quoi m'occuper cet été. Car oui, ça y est, le printemps est terminé -bon ça, soit, vous le saviez- mais surtout, je suis enfin en vacances! Mon institution s'offre une pause d'un mois et demi. Une parenthèse pour s'en retourner à des passe-temps plus légers et quelques projets qui me tiennent à cœur et dont j'espère pouvoir vous parler bientôt! En attendant, je prépare mes valises car quelques périples sympathiques m'attendent...