dimanche 30 août 2015

Un été à Bicyclette (...aussi).



  Oyez, oyez, le temps de la rentrée est arrivé! Le moment où jamais de vous assommer de mon éternel article récapitulatif estival : voyages, cartes postales, popotte, bricolages et acquisitions livresques, tout, tout, vous saurez tout sur cet été.

Ecole internationale des arts de la marionnette de Charleville Mezière:
automate géant qui anime chaque nouvelle scène d'une histoire toutes les heures...


  Commençons donc par le grand voyage des vacances : pas l'Italie, comme je l'aurais espéré (la loi des séries; vous connaissez? Il suffit d'un ordinateur en panne, de frais dentaires et j'en passe pour voir la somme prévue pour le voyage fondre comme glace italienne au soleil de Sicile) mais un séjour à moindre coût du côté des Ardennes belges... ici:


  Je plaisante, ce charmant manoir n'est que la vue que nous avions depuis la tente. Pas aussi grande que celle de la famille Weasley mais pas désagréable non plus, même si nous sommes arrivés sur place pendant la courte et seule période de cet été où les températures sont tombées en-dessous de 15, avec des nuit à 2 degrés (glagla), sans oublier quelques bonnes radasses. Rien d'insurmontable, en tout cas rien qui nous ait empêché de remonter la Meuse sur 80 km de vélo d'un coup et d'enchainer avec de sympathiques randonnées jusqu'en Belgique


 Poudlard après le passage de la "Grande Inquisitrice"?...
 A moins que l'on soit dans le chateau de la princesse Aurore juste avant l'arrivée verdâtre de Maléfique...


  De le capitale de la marionnette -Charleville-Mézière, berceau natal de Rimbaud- au château de Godfroy de Bouillon, c'est à dos de bicyclette et sous un ciel certes sombre mais propice au mystère que j'ai découvert forts moyenâgeux et Eglises ensorcelantes, aux croisements de multiples inspirations et cultures, des rives de la Meuse au Royaume de Saxe...
  Ces quelques jours loin de tout m'auront permis de décrocher complètement d'une année de travail très très tendue, et de mieux retrouver mon terrier pour y couler des jours paisibles, entre lecture, vélo, popotte et bricolages. 

...ou quelque part près du Brooklyn Bridge?
... Non, nous sommes juste dans les Ardennes belges!

Quelques achats et nouvelles acquisitions...

  Passons brièvement par les chiffons : après un nouveau nœud papillon digne d’œil de Lynx ainsi qu'une vraie casquette de marin (pour aller avec mon cirée jaune 100 % beurre breton) et un T-shirt affichant poétiquement le visage de Rimbaud, la crainte soudaine de manquer de lectures pendant mon séjour en tente m'a poussé jusqu'en ville pour assaillir la première librairie que j'ai pu trouver. Evidemment, un seul livre aurait suffit à garantir assez de pages de lecture de secours pour la fin du séjour... mais parce que je n'ai jamais réussi à faire rimer "librairie" avec "parcimonie", je suis reparti avec plusieurs ouvrages, et de nombreux titres sur ma wish list...


  Ma PAL se voit donc complétée du quatrième tome de Flavia de Luce (toujours nécessaire en cas d'urgence), d'Ensorcellement (un étrange roman canadien qui mêle Histoire de France et réincarnation... une curiosité qui semble toute indiquée pour Halloween), La fille aux esprits (dont j'ai entendu parler comme très similaire à Velvet, de M.Hooper =D) , l'Apothicaire, à la couverture aussi étrange que le résumé est alléchant et fantaisiste, le nouveau tome des Chroniques d'Edimbourg (LE remède anti-crise de chaque rentrée); et De cape et de mot, qui a retenu mon attention par une couverture évoquant furieusement Fantômette!
 

Côté cuisine, popotte et casseroles:

  Entre 25 km de vélo chaque matin et quelques ballades une fois la fraîcheur du soir arrivée, votre humble serviteur a retrouvé les joies de loooongues journées intégralement passée chez lui, offrant de looooongues heures de créativités culinaires! Quelques basiques comme les tians de légumes d'été (versions horizontale et verticale), clafouti de courgette à la feta et à la menthe, ou le curry de poulet au lait de coco, avant de dériver  vers plus exotique avec un grand favori de mes fourneaux : le riz safrané à la cardamome et son caviar d'Aubergine, merveilles gustative issues de la tradition indienne. 

  Oh, et comme évoqué dans l'un des précédents articles saisonniers, je me suis lancé le défi de recréer le sandwich végétarien du traiteur égyptien qui avait régalé mes papilles au printemps dernier ! Je me suis donc lancé dans la confection de falafels et d'une sauce au tahin, et j'avoue que le résultat n'était pas mal du tout! Côté desserts, là aussi du classique (crème au chocolat maison, faite à la dernière minute en version rapide -c'est à dire sans œuf!- une découverte pour moi qui n'en avais -à ma grande honte- jamais fait!) et de l'original, avec un white brownie (au chocolat blanc, donc, à ne pas confondre avec le blondie, juste sans chocolat, entendons-nous bien).


 Côté arts et bricolages:
 
   Pas de créations ou de sculptures minutieuses pour bijoux cet été, mais beaucoup de gros bricolages et de finitions pour la décoration de ma grande pièce à vivre, qui sera bientôt terminée! Une grande toile vierge a donc été rhabillée de papier peint imitation briques, pour avoisiner un pêle-mêle de cadres baroques aux couleurs de l'Angleterre et un "miroir sorcière", un des ces miroirs concaves comme on en voit dans la peinture flamande, et qui coûtent généralement les yeux de la tête (à moins d'avoir comme moi cette fois ci, la veine d'en trouver un dans une galerie farfouillette). Enfin, pour "épingler" notes et penses-bêtes au-dessus du téléphone, une plaque recouverte de peinture magnétique et rehaussée d'un encadrement de récup' peint en rouge framboise fera un magnifique cadre aimanté pour ces magnets "Alice" trouvée par hasard... =D AAAh, j'aime le Do it yourself


  
Et maintenant, alors que ma BD adaptée de Fantômette touche à sa fin pour une future impression "pour de vrai", il ne me reste plus qu'à ressortir mon cartable et remettre le nez dans le monde du travail, me préparer psychologiquement (et, heu, physiquement, avec toutes les protections anti-morsures et griffures que cela implique) à retrouver mes petits monstres pour une nouvelle année à porter la casquette d'éducateur spécialisé. Heureusement, pour les coups de mou et les phases de nostalgie, j'ai maintenant un terrier qui me ressemble, à la décoration et à l'atmosphère où il fera bon se ressourcer, confortablement lové dans un de mes fauteuils crapaud avec un bouquin dans les mains... =D


Joyeuse rentrée à vous autres, amis lecteurs et blogueurs =D

lundi 24 août 2015

Un train pour Ballarat (Les folles enquêtes de Phryne Fisher #3) - Kerry Greenwood

Murder on the Ballarat train (Phryne Fisher #3), Poisonned Pen Press, 1991, 2006, 2007, 2012, 2014 - Editions 10/18,  Editions de La Loupe, 2007.

  En Australie, dans les années 20, un macabre incident vient perturber le cours d'un voyage en train. Une vieille dame est assassinée et jetée sur la voie après que l'on a répandu du chloroforme dans le wagon de première classe. Parmi les passagers, la célèbre Phryne Fisher, riche aventurière et intrépide détective, prend immédiatement l'affaire en main après avoir sauvé in extremis la vie des autres voyageurs. Aidée de ses équipières de choc, Dot, sa femme de chambre et le docteur Macmillan, l'infatigable Phryne se lance sur la piste du crime aux commandes de sa vrombissante Hispano-Suiza. Mais le train de Ballarat recèle bien des mystères : qui est cette enfant chétive et amnésique que personne n'attendait à l'arrivée ? Comme à son habitude, la plus chic et la plus rebelle des détectives recueille les chats errants et pourchasse les criminels sans se départir de son charme, toujours aussi dévastateur.

***
   Les années passées, je me suis successivement lancé dans les deux premiers tomes des enquêtes de Miss Fisher pour compenser des seasons final des saisons 1 et 2. Cette année, en revanche, c'est parce que France 3 n'a pas encore diffusé la troisième saison des folles aventures de la plus libérée des flappers que je suis allé compenser le manque en me plongeant dans ce troisième opus des livres à l'origine de la célèbre série.


   Ce troisième opus, adapté à l'écran pour le second épisode de la saison 1 (Meurtre dans le Ballarat Express) évoque de suite les grands polars prenant pour cadre les prestigieux trains de voyage. Impossible en effet de ne pas songer au Crime de l'Orient Express! Pourtant, l'intrigue de Kerry Greenwood ne se déroule pas en huit-clos dans un luxueux wagon : ici, l'histoire commence bien avec un meurtre sur les rails, mais tout le reste de l'histoire et l'enquête de Miss Fisher se déroule bien sur la terre ferme. Or, si l'intérêt n'est pas dans la tension grandissante d'un groupe de voyageurs suspicieux et/ou suspectés cloitrés dans un express de luxe, il réside dans la construction et la chronologie. En effet, le lecteur fait irruption dans l'histoire au moment même où le crime est commis, et il remonte la piste au gré des indices et témoignages rapportés ensuite.

 Miss Fisher sortant du Ballarat Express en catastrophe...

   Si la construction de la narration met donc le lecteur en situation véridique d'investigation, l'histoire en elle-même n'est pas la meilleure des romans mettant en scène Miss Fisher. Ne me rappelant plus de l'épisode adapté de ce livre, je m'imaginais déjà une aventure rocambolesque se déroulant entièrement au cours d'un voyage trépident du début à la fin, avec la fameuse tension propre aux huit-clos que j'évoquais plus haut. Au lieu de cela, l'intrigue se divise très vite en trois enquêtes, dont une très courte qui n'a strictement rien à voir avec le plus gros du roman. La plus importante des trois, concernant le crime survenu au cours du voyage, est qui plus est assez grossière, et l'on devine rapidement qui en est l'auteur... Heureusement, reste l'attitude toujours aussi scandaleusement classe de Miss Fisher, cette femme libérée et indépendante délicieusement irrévérencieuse


  L'autre intérêt est que, parallèlement à ce profil qu'on lui connait bien, la demoiselle développe à l'encontre de deux orphelines un très fort attachement qui l'amènera à les adopter. Si Miss Fisher ne se montre pas réellement "maternelle" ou sentimentale dans ses relations pourtant très tendres avec les deux fillettes, j'ai trouvé ce ressort scénaristique très intéressant dans l'analyse psychologique de son personnage : est-ce une façon dissimulée de devenir mère, tout en cachant l'émotion derrière l'excuse de l'altruisme, sans pour autant devenir la femme d'un homme? On sait en effet que jamais notre Phryne ne se laissera passer la bague au doigt pour devenir mère de famille...

...ou confortablement installée en première classe?

En bref : Les ficelles étant trop évidentes et le déroulement de l'histoire un peu irrégulier, ce troisième roman est peut-être un peu moins captivant que les deux précédents, au rythme jazzy totalement grisant. Heureusement, certains points de la psychologie de Phryne sont particulièrement intéressants et on se satisfait de sa personnalité toujours aussi extravagante et affranchie!




Pour aller plus loin...


- Découvrez toute la série de Kerry Greenwood...
   -Le tome 1 Cocaïne et tralala, le tome 2 Trafic de Haut vol, le tome 4 Phryne et les anarchistes et les chroniques à venir des opus suivants...

- Pour vous immerger dans le monde de Miss Fisher, allez donc jeter un œil au site officiel et à ce blog de fan ô combien passionnant.

- Pour poursuivre l'aventure à l'écran, plongez vous sans attendre dans l'adaptation en série télévisée, Miss Fisher enquête!

dimanche 23 août 2015

Cat's eye #3 - Tsukasa Hojo.

Shueisha inc., 1981 - Editions Tonkam, collection "Tsuki poche", 1998 - Editions Panini manga, 2008, 2009.


  Difficile pour les sœurs Kisugi de dissimuler leur identité secrète! En effet, l'inspercteur Toshio Utsumi, petit-ami de Hitomi, s'est récemment installé chez elles. Tandis que l'étourdi jeune homme poursuit toujours Cat's Eye, le trio de voleuses doit redoubler d'efforts pour continuer leurs vols en évitant les deux nouveaux collègues de Toshio et la toujours aussi insupportable Mlle Asatani...

Contient les épisodes 29 à 44 : 29) Le b.a.ba du cambrioleur; 30) Ces petits gestes qui vous envahissent;31) La chasse aux empreintes!;32) Mauvaise vue mais bonnes dents !;33) Un flic pas comme les autres;34) Les fantômes du commissariat;35) Rase-mottes;36) Un tour de passe-passe;37) Triple crash;38) Une rivale pour Hitomi !;39) Un métier tyrannique !;40) Compte-à-rebours pour un amour;41) Mon garde du corps;42) Jour de pluie;43) Aï a les blues;44) Lettre d'amour en rouge.

*** 

  Après les volumes 1 et 2 du célèbre manga, je poursuis ma lecture de Cat's Eye avec ce troisième opus, version originale française parue chez Tonkam en 99. Il est intéressant de rappeler que cette édition aujourd'hui épuisée respectait la publication japonaise d'origine, et que ce volume 3 correspond à la troisième année de publication de la BD dans la presse avant que le tout ne soit rassemblé sous forme d'album. Cette "troisième saison", si l'on peut dire, se compose donc des épisodes 29 à 44, que l'on retrouve aujourd'hui disséminés sur les volumes 4 et 5 de l'édition PANINI désormais disponible.

 Tomes 4 et 5 de l'édition Panini actuelle, pour retrouver les épisodes de la troisième année de Cat's Eye.

  Troisième saison qui suit par ailleurs un rythme bien différent des précédents volumes! Certes, nos cambrioleuses de charme continuent leurs escapades de haut vol, mais cet aspect pourtant majeur de leur existence est relégué au second plan de ces 16 épisodes. En effet, Tsukasa HOJO se penche davantage sur la vie privée de nos héroïnes et le quotidien, disons, presque "domestique" des sœurs Kisugi, comme à la façon d'un aperçu en "backstage". Moins de courses-poursuites, quelques coups d'éclats, mais surtout des chassés-croisés sentimentaux...

  Au début, T.HOJO s'axe majoritairement sur la relation Hitomi (Tam)/ Toshio (Quentin), mais avec une nouvelle dynamique intéressante... si le gros du problème restait jusqu'ici la double-vie que la jeune fille dissimulait à son fiancé, une nouvelle dimension de ce secret la travaille désormais : la jalousie. Pas vraiment de cette satanée Mlle ASATANI, même si quelques éléments sont évoqués par moment en ce sens mais... d'elle-même! Car ce qui perturbe autant la jeune fille, c'est la fascination presque amoureuse de Toshio pour Cat's Eye! En plus de cette thématique, le mangaka n'oublie pas les sœurs d'Hitomi et créé de nouveaux personnages masculins, deux collègues de Toshio qui se font soupirants charismatiques de Rui (Cyla) et Aï (Alex).


Un triangle amoureux Toshio/Hitomi/Asatani? Ou plutôt Toshio/Hitomi et... Cat's Eye ?!

  Ces deux nouveaux personnages, Takeshi et Tetsuro, apportent beaucoup d'humour dans ce volume. T.HOJO se lâche même peut-être un peu trop avec eux, les mettant dans des situations parfois vaudevillesques (mais drôles tout de même, comme ce magnifique graaaand moment de solitude où le premier se retrouve presque nu dans les couloirs de la maison Kisugi...). Heureusement, restent quelques épisodes avec leur quota d'action qui rappellent qu'on lit toujours le même manga. On notera ainsi une rencontre au "sommet" si l'on peut dire, entre Cat's et le Rat : en fait une confrontation périlleuse entre Hitomi et son concurrent, tous deux suspendus à la paroi d'un building, au-dessus d'un vide meurtrier. Côté révélation, on n'apprend aucun autre secret concernant le père de nos trois héroïnes, mais la tension psychologique montera d'un cran lorsque Toshio fera une déduction très pointue concernant les vols de Cat's...



Hitomi en périlleuse situation lors d'un face à face avec le Rat (en haut)
et Takeshi en mauvaise posture, nu comme un ver chez les soeurs Kisugi suite à un mauvais coup du hasard (en bas).

  De façon générale et une fois ce volume terminé, je réalise que les changements de rythme et de ton, s'ils m'ont un peu surpris, ne m'a pas déplu. On passe plus de temps dans l'intimité des trois soeurs, on découvre davantage leurs passe-temps, leur loisirs... on les suit dans leur salon pour boire un café, on écoute leurs secrets dans leur chambre, et on les suit même en cours au lycée. Bref, on développe presque une certaine complicité, et elles en paraissent d'autant plus réelles!

 En bref : changement de rythme pour cette troisième année avec les Cat's Eye... Plus axé sur la vie privé des héroïnes et sur l'humour, ce volume reste finalement très bon et nous les fait découvrir sous de nouveaux aspects!

Et pour aller plus loin:

dimanche 16 août 2015

Gourmandise littéraire : Collation nocturne diététique pour Emma Peel.



  Dans Le flambeur flambé, première des quatre novélisations de la série Chapeau Melon et Bottes de Cuir par John Garforth, nos deux agents favoris enquêtent dans le milieu sombre d'un casino clandestin où les plus grands hommes de l'Etat britannique se sont vus corrompus. Emma, entre deux courses-poursuites mortelles au cours de ses investigations nocturnes, s'arrête à Westminster Mews, chez Steed, pour lui rendre compte de son enquête. Malgré l'heure tardive, notre gentleman d'agent secret épicurien en diable, vêtu d'une robe de chambre confortable mais toujours élégant, s'affaire aux fourneaux. Sensible au train de vie sain et sportif de sa partenaire, il lui a confectionné une petite collation très detox (dont le très britannique porridge), même si lui préférera s'offrir un verre de cognac!

" Steed vint lui ouvrir, d'une amabilité décevante, en robe de chambre de velours bleu, comme s'il avait attendu ce plaisir toute la nuit.
- Je crains d'être indiscret en vous offrant un cognac, Mrs Peel, en dépit de votre vie dissolue. Un jus de tomate vous plairait sans doute davantage (...). Puis-je vous offrir une assiette de Porridge?
- Non. Contentez-vous de veiller sur votre personne."

Le Flambeur flambé (Chapeau Melon et Bottes de Cuir #1), John Garforth, Editions Solar, 1967.

Steed, décontracté, attend sa collègue pour une collation nocturne...

  Si le jus de tomate trouve davantage sa source dans les pays méditerranéens, il est depuis longtemps reconnu dans le monde entier pour ses bienfaits détoxifiant,s et on le sert parfois avec de la sauce Worceistershire, typiquement anglaise. 
  Le porridge, en revanche, est perçu comme un inconditionnel du petit-déjeuner britannique. Pour autant, on le retrouve dans de nombreuses cultures, sous des noms divers tel que "bouillie" ou "gruau", équivalenst francophones. Le porridge constitue donc en un mélange de céréales mondées ou transformée en semoule ou flocons, que l'on fait bouillir dans de l'eau ou du lait, en version salée ou sucrée. Historiquement, ce plat des plus simples et des plus nourrissants serait l'une des plus anciennes façon de se nourrir dans le monde entier, et ce bien avant la création du pain. Si toutes les céréales peuvent convenir, on utilise le plus fréquemment des flocons d'avoine, ce qui aurait peut-être donné le nom du plat puisqu'on l'appelait Porage en Ecosse, en référence à la marque d'avoine alors utilisée... à moins que l'étymologie de Porridge ne vienne de l'ancien français porray (poireaux, dont le jus de cuisson était souvent utilisé pour cuire l'avoine). Dans tous les cas, il en reste un aliment simple, sain, et nourrissant que l'on imagine parfaitement à la table du breakfast de nos héros anglais!

Porridge version salée:

  Ingrédients pour 2 - 3 personnes:

-100g de flocons d'avoines,
-800 ml d'eau pour une version neutre, ou de bouillon de légume pour une version plus parfumée (voire même, du jus de cuisson des poireaux préalablement conservés, si vous avez cuisiné des poireaux à la Steed),
- Une pincée de sel.

  A vos tabliers!

-Versez les flocons d'avoine dans une casserole avec l'eau (ou le bouillon de légume) et une pincée de sel.
-Portez à ébullition puis laissez cuir à feu moyen pendant 5 à 10 minutes en remuant régulièrement pour éviter que le mélange ne colle à la casserole.

Jus de tomates:

  Ingrédients:

-500g de tomates biologiques bien mûres,
-le jus d'1/2 citron,
-sel de céleri,
-sauce Worcestershire (ou, à défaut, du tabasco si vous aimez les saveurs bien relevées).

  A vos tabliers!

-Epluchez et découpez grossièrement les tomates.
-Placez-les dans le bol d'un blender avec le jus de citron puis mixez à vitesse moyenne jusqu'à obtention d'un jus onctueux.
-Assaisonnez de sel de céleri puis servez, proposé de sauce Worcestershire selon les goûts.

Sans aucun doute, même à cette heure tardive, Emma ne serait pas contre une goutte de champagne!

Et maintenant, il ne reste plus qu'à savourer le tout avant de retourner enquêter dans la nuit brumeuse londonienne!

samedi 15 août 2015

La mort dans une boule de cristal (Flavia de Luce #3) - Alan Bradley

A red herrig without mustard, Delacorte Press, 2011 - Editions du Masque, collection MSK (trad.de H.Hiessler), 2012 - Editions 10/18, 2014.

  En accueillant une vieille diseuse de bonne aventure sur les terres de Buckshaw, Flavia ignore qu’elle vient de mettre le pied dans une toute nouvelle aventure. En quelques jours, la gitane échappe de peu à une tentative de meurtre, un jeune vaurien est retrouvé pendu à une fontaine non loin du manoir, et on déterre le corps d’un enfant disparu des années plus tôt. Pour faire la lumière sur cette affaire sans queue ni tête, Flavia va devoir recourir à sa science des poisons et à son sens de la débrouille, car M. de Luce et les inspecteurs de police sont bien décidés à ne pas la laisser faire.
  Qui a agressé la gitane ? Quel est ce groupe étrange appelé les Hobblers ? Brookie Harewood est-il un faussaire ? Et d’ailleurs, d’où vient cette horrible odeur de poisson ?

***

  Oyez, oyez, le nouveau Flavia est arrivé! Non, en réalité, je l'ai acheté à sa sortie il y a plus de deux ans, mais il avait rejoint ma PAL jusqu'à ces dernières semaines, où s'est présentée une brusque envie de retourner mener l'enquête à Buckshaw! Car un Flavia de Luce, ça ne se lit pas n'importe où et n'importe comment : c'est comme un vin de grande qualité que l'on garde précieusement et que l'on sort de derrière les fagots pour une occasion ou une envie spéciale, afin de le savourer comme il se doit...

Chez Flavia... (photographie de G.LeMoyne)

  Dans cette nouvelle enquête, nous retrouvons donc notre intrépide héroïne passionnée de chimie confrontée à plusieurs événements déroutants : entre l'agression d'une diseuse de bonne aventure avec qui elle a sympathisé, la découverte d'un cadavre tué avec une fourchette à homard frappée des armoiries des de Luce, et une vieille histoire de bébé enlevé, Flavia ne sait plus où donner de la tête! Avec l'humour caustique qu'on lui connait et la petite supériorité qu'elle aime à prendre sur les événements, la jeune fille suit les différentes pistes à travers la campagne anglaise, toujours à cheval sur Gladys, sa fidèle bicyclette.


"Epargnez moi le coup de la moue, il y a assez de lèvres pincées en ce bas monde pour en rajouter une paire."

  Après deux tomes aussi jubilatoires que passionnants, Alan Bradley sert ici un troisième opus à succès : La mort dans une boule de cristal s'inscrit dans la digne série des Flavia de Luce, toujours aussi réussi que les deux précédents. Fidèle à ses inspirations classiques, A.Bradley débute son histoire en pleine kermesse de village digne d'un livre d'Agatha Christie : au sein de ce petit microcosme britannique en diable issu de toutes les classes sociales qui s'affaire autour des jeux de fêtes foraines, Flavia débusque un mystère. En introduisant l'univers des gitans et de la divination dans celui maintenant familier de Bishop Lacey, l'auteur pimente l'atmosphère so british et flegmatique de ses livres. Du reste, bien sûr, il nous régale encore une fois d'une intrigue à tiroirs complexe, digne des plus grands auteurs policiers classiques, ce qui vaut toujours à cette série de se destiner aux plus jeunes lecteurs comme aux adultes.


"Les globules rouges, ainsi que j'avais pu l'expérimenter dans mon laboratoire, n'étaient qu'une joyeuse soupe d'eau, de sodium, de potassium, et de chlorure de phosphore. Mélangez ces ingrédients dans les proportions adéquates et ils formeront un liquide visqueux : une gelée dont la complexe structure écarlate pouvait receler non seulement de la noblesse mais aussi une certaine duplicité."

  Vous comprendrez donc que je me suis délecter de cette troisième aventure de Flavia : j'ai adoré retrouver le petit monde de Buckshaw et de ces environs, ce petit microcosme britannique à souhait et vintage comme je les aime, ainsi que les éléments typiquement "Flaviens" devenus emblématiques de la série (la bicyclette presque personnifiée de Flavia, les blagues tyranniques des sœurs De Luce...). Mais surtout, je me dois de faire une véritable déclaration d'amour à ... Flavia elle-même. Vraiment, j'adore cette gamine, dont l'auteur explore un peu plus la sensibilité dans ce tome. En effet, j'ai eu le sentiment qu'il faisait éclore chez elle quelques brusques relents d'émotions, qu'elle-même peine à comprendre d'ailleurs, au fur et à mesure qu'elle tombe sur des vestiges du passé en lien avec sa défunte mère. A travers ces bribes de fragilité, Alan Bradley rend son héroïne, enfant surdouée et sarcastique, encore plus intéressante : quelle étrange et fascinante personnalité se dissimule derrière se mélange d'insolence, d'ironie et de facétie, à mi-chemin entre puérilité et précocité? Une question qui sera certainement abondamment développée au fil des futurs tomes, que j'attends de lire avec impatience!


"Réfléchir et prier, c'est presque la même chose, de toute façon. Enfin, je me comprends. La prière monte vers le haut tandis que la réflexion a plutôt tendance à faire le mouvement inverse."

En bref: Entre noirceur et facétie mêlée avec le même flegme britannique qu'on lui connait, Alan Bradley signe ici encore une petite perle policière atypique et digne des classiques du genre. Ce troisième tome de Flavia de Luce, entre arts divinatoires et meurtres sanglants, est une intrigue à tiroirs savamment bien menée qu'on savoure comme un plat de scones.

 Pour aller plus loin:

lundi 10 août 2015

Silver (livre premier) - Kerstin Gier

Silber, Das erste Buch der Träume (Silber #1, Fisher FJB, 2013 - Editions Milan (collection Macadam), 2015.


 Un 31 octobre, près de Londres, Grayson fête Halloween avec quatre de ses amis. Par ennui, par jeu, par défi, ils invoquent un démon...Sans avoir idée des conséquences.
  Un matin de septembre, aéroport d'Heathrow, Liv, 15 ans, et sa soeur Mia débarquent de Suisse pour s'installer avec leur mère chez le nouveau compagnon de celle-ci. Grayson est son fils. Très vite, Liv comprend que le jeune homme cache un secret. Un secret qui dépasse tout ce qu'elle imaginait.



*** 

  C'est avec enthousiasme que j'ai accueilli cette nouvelle saga de l'excellente Kerstin Gier, auteure de la trilogie Rouge Rubis, déjà maintes fois évoquée en ces pages. Nostalgique des aventures de Gwendolyn et du ton humoristique propre à l'auteure, je me suis donc jeté sans attendre sur cette nouvelle série, en espérant la même agréable surprise. Les éditeurs eux-mêmes auront joué du succès de la première saga : La couverture de Silver ressemble à s'y méprendre à une affiche de film de Rouge Rubis, au point de passer pour un spin-off! Il n'en est rien, bien sûr, et ce n'est probablement qu'une façon d'attirer l’œil des fans de la première heure... Reste à voir si le contenu sera à la hauteur...

 hum hum...une couverture qui lorgne du côté du visuel des films Rouge Rubis...

  Liv, 15 ans, habituée avec sa jeune soeur Mia à parcourir l'Europe pour suivre les multiples mutations de leur mère, pose enfin ses valises à Londres. Cette fois, l'emménagement sera définitif : leur mère a trouvé un nouveau compagnon, veuf et de surcroit père de deux adolescents : l'étrange Grayson et horripilante Florence ; Les voilà donc tous réunis sous un nouveau toit, ce qui n'est pas sans tumulte et quiproquos. Parallèlement, Liv tente de se faire à son nouveau lycée, la Frognal Academy, qui vit au rythme d'un blog de potins scolaires tenu par une énigmatique "Secrecy", dont tout le monde ignore l'identité. Là-bas, Grayson et sa bande d'amis sportifs issus de riches familles sont les beaux partis à conquérir... et pourtant, depuis son arrivée, Liv reste insensible à leurs charmes. Plus bizarre, surtout, voilà plusieurs fois qu'elle rêve d'eux , au cours de songes étrangement réels, dont Grayson et ses camarades se souviennent également. L'origine de cet étrange manifestation remonte à l'année précédente : au cours d'une soirée d'Halloween, Grayson et sa bande, dont une jeune fille répondant au nom d'Anabel, ont invoqué le démon des rêves au cours d'une cérémonie de sorcellerie. Ce qui n'était qu'un "jeu pour se faire peur" a malheureusement tourné au drame. Aujourd'hui, s'ils ont le pouvoir de voyager dans les rêves d'autrui, le démon réclame son du, et si Anabel a mystérieusement disparu depuis, Liv découvre rapidement qu'elle a un rôle à jouer dans l'histoire...

 couverture de l'édition originale allemande et de l'édition italienne, mise en image par la même artiste que les couverture de Rouge Rubis.

  Verdict? Oserais-je avouer une légère déception? Bon, je serais tolérant dans la mesure où il était impossible d'égaler Rouge Rubis en originalité et en qualité, tant les éléments et rebondissements de la première saga de K.Gier sortaient du lot. Silver ne pouvait donc qu'emprunter un chemin plus classique... On sent que K.Gier tente de pimenter son univers d'éléments inattendus mais, pour autant, la sauce ne prend pas aussi bien.

  Ainsi, le milieu lycéen à la rencontre de celui de la sorcellerie évoque fortement Le cercle secret de L.J.Smith, avec des relents de la série télévisée britannique Hex (Mais siiiii, souvenez vous, début des années 2000, une jeune fille entrait dans un pensionnat anglais gothique en diable où pullulaient démons et maléfices!), auquel Kerstin Gier vient ajouter une bonne dose de... Gossip Girl! Eh oui, car impossible de ne pas y songer avec les articles du blog à potins de "Secrecy" qui viennent rythmer l'histoire au fil des chapitres. Cependant, cet élément tombe là comme un cheveu sur la soupe et sied mal à l'histoire de sorcellerie ; J'ai eu le sentiment que l'auteure tentait un mélange des genres comme cela avait pu fonctionner dans Rouge Rubis, mais malheureusement pas avec le même succès. Ici, cet amalgame de plusieurs tons et univers sonne faux, laissant l'impression que l'auteure passe d'une atmosphère à une autre sans trouver la ligne de conduite adéquate à son histoire, la faisant ainsi souffrir d'une ambiance inégale et parfois ennuyeuse.

 Couvertures des éditions grand format et poche en langue anglaise.

  Restent quelques bonnes idées, notamment dans la description de l'univers des songes : ce grand couloir parsemés de portes ouvrant sur les rêves des uns et des autres est divinement Lewis Carollien! J'ai également apprécié les références poético-morbides avec le cimetière de Highgate et les nombreuses allusions aux artistes maudits que sont mes chers peintres préraphaélites. Les personnages, quant à eux, parviennent également à sauver ce roman : Liv, sans être une Gwendolyn (et en même temps, c'est tant mieux) est l'adolescente banale en laquelle chacun se reconnait, qui use de cet humour pince-sans-rire et tordant que j'adore chez les protagonistes de K.Gier. Ces bonnes notes d'humour à contre-courant de la littérature YA traditionnelle suffisent à tenir jusqu'à la fin du livre et donner envie de poursuivre l'aventure tout de même.


En bref: Loin d'égaler Rouge Rubis, cette nouvelle saga de K.Gier emprunte des éléments et ressorts plus classiques à la littérature YA, mais les mélangeant entre eux avec moins de réussite. En effet, l'intrigue mêle sorcellerie et univers à la Gossip Girl dans un gloubiboulga qui sonne parfois un peu faux. Heureusement, reste quelques bons personnages et un humour détonnant qui sauvent in-extremis ce roman du tout-venant Young Adult... La suite au prochain numéro!

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