samedi 30 décembre 2023

Bonnes fêtes de Gwendalavir !

 


    Nous avions annoncé la couleur avec notre article introductif : les fêtes de fin d'année se dérouleraient à Gwendalavir, dans l'univers d'Ewilan imaginé il y a 20 ans par Pierre Bottero. Dans ce monde parallèle où bascule la jeune Camille, vêtements et architecture évoquent le Moyen-Âge et la magie qu'on y pratique s'appelle le Dessin, possible dès lors que les détenteurs de ce pouvoir ont la capacité de se plonger mentalement dans l'Imagination. L'Imagination avec une majuscule, pour signifier ici une dimension psychique où ce qu'on crée peut basculer dans la réalité et prendre corps.
 
"Un dessinateur peut rendre réel ce qu'il imagine. Pour ce faire, son esprit passe dans une dimension qui s'appelle l'Imagination et y progresse grâce à des chemins, les Spires. Plus le dessinateur est puissant, plus il va loin dans les Spires et plus il peut jouer avec la réalité."

    Et quoi de mieux pour illustrer l'Imagination (avec un petit ou un grand i, d'ailleurs), que le Paper Art ? Cette approche plastique, si elle s'exploite avec n'importe quel type de papier, a notamment été popularisée par Su Blackwell ou encore Jodi Harvey Brown, des artistes qui conçoivent de véritable sculptures d'après des livres vintage, et qui nous inspirent depuis de nombreuses années. Cet hiver, nous avons donc marché dans leurs pas pour célébrer le 20ème anniversaire de La quête d'Ewilan. Prêts pour le voyage ?

***
 


"Camille était âgée exactement de quatre mille neuf cents jours, soit un peu plus de treize ans, la première fois qu'elle effectua 'le pas sur le côté'. Elle en était certaine, puisque c'est au moment où elle entreprenait des calculs savants pour connaître son âge avec précision qu'elle descendit du trottoir sans s'en rendre compte et se retrouva au milieu de la chaussée face à un énorme camion. Elle fut tirée de sa rêverie mathématique par le mugissement du klaxon."

"Non, Camille ne cria pas, elle se prit simplement les pieds dans une racine et tomba de tout son long dans l'herbe, le nez à quelques centimètres d'un superbe bolet (...). Elle ne se trouvait plus au milieu de la chaussée, mais dans une forêt plantée d'arbres immenses !"
 

"Nous savons depuis longtemps que deux mondes coexistent et qu'il est possible de passer de l'un à l'autre (...). Ce passage s'appelle le pas sur le côté. Le grand pas, pour être plus précis."


"Une silhouette se matérialisa devant eux, croisement incertain d'une mante religieuse géante et d'un lézard non moins démesuré qui se serait tenu debout sur ses pattes arrière. Un des avant-bras de l'être hybride, prolongé au-delà de sa main par une lame osseuse à l'aspect redoutable, s'abattit en un meurtrier arc de cercle (...). Camille sentit son sang se figer dans ses veines. La créature, haute de plus de deux mètres, était drapée dans une étoffe constituée d'anneaux métalliques entrelacés. Ses yeux immenses aux pupilles verticales brillaient d'un éclat sauvage et maléfique, tandis que de sa gueule aux crocs acérés sortait un sifflement surhumain que Camille comprit pourtant clairement.
— Te voici donc, Ewilan. Nous t'avons longtemps cherchée, mes frères et moi, afin d'achever ce qui avait été commencé, mais tu étais introuvable. Et aujourd'hui le hasard nous offre ta mort..."
 


" Camille se trouvait à une vingtaine de mètres de portail, adossée à un arbre. Elle faisait face à trois monstrueuses araignées noires. Salim sauta de l'autre côté et courut en hurlant vers la créature la plus proche."
 
*
 
 
 "— Nous devons partir très vite.
— Pour aller où ? s'étonna Camille.
— A Al-Jeit. Dans la capitale, près de l'Empereur. C'est le seul endroit où tu seras en sécurité et où tu pourras apprendre ce que tu dois savoir pour regagner l'autre monde."


"Al-Jeit n'était pas une ville, mais un miracle de clarté, de couleurs et d'eau.
Jaillissant de la pleine comme un bastion inexpugnable, un plateau rocheux aux bords verticaux s'élevait à une cinquantaine de mètres. La capitale était construite à son sommet, tours défiant le ciel, coupoles de nacre, passerelles arachnéennes.
Chacun des toits semblait tissé de lumière et l'ensemble tenait davantage du chef-d’œuvre prêt à l'envol que de la ville classique."


"La nuit était presque tombée et la viande rôtie à point lorsque Salim et Ellana regagnèrent le camp."


"Perdue dans ses pensées, elle faillit ne pas voir l'énorme masse d'un gris luisant qui filait sous l'eau à quelques mètres du bateau. Elle tourna les yeux juste avant qu'elle ne disparaisse et poussa un cri. Un marin, qui se tenait non loin, l'interpella :
— Tu as vu ? Une dame.
— Une dame ? Mais c'était énorme, on aurait dit une baleine !
— Quelle perspicacité ! se moqua le marin. C'était bien une baleine grise, mais nous les appelons les dames.
— C'est impossible ! Pas dans un fleuve !
— Les dames vont où elles veulent. Eau douce, eau salée, quelle importance pour elles, ce sont des déesses."


"La Dame était là, à quelques mètres du navire.
Son dos luisant était de la couleur des flots et sa taille rendait insignifiant tous les êtres vivants. Elle était dix fois plus grosse que celle que Camille avait entrevue et aussi immuable qu'une montagne. Elle ne bougeait pas et sa tête à moitié enfoncée dans l'eau dépassait le pont du bateau.
Un œil, plus haut qu'un homme, s'ouvrit et Camille vit qu'il était pareil à l'océan, profond, sage et incompréhensible. Un iris, immense et mordoré, se braqua sur elle. Camille y plongea son âme."


"Haut de vingt mètres alors que ses pattes étaient toujours repliées sous lui, une immense paire d'ailes couchées sur son dos, une gueule garnie de crocs aussi grands qu'un homme, le Gardien était un dragon !"
 
*


"— Bjorn, est-ce normal qu'il neige en été ?
Le chevalier gratta sur son menton les quelques poils qu'il essayait de transformer en barbe.
— Je n'en sais rien, Ewilan, je n'en sais fichtre rien ! déclara-t-il finalement. Nous arrivons dans les Marches du Nord, le pays des Frontaliers. De nombreuses légendes courent au sujet de cette contrée, mais une chose est sûre, rien n'y est comme ailleurs."


"Peu à peu, une forme s'esquissa dans la clairière. D'abord translucide, presque illusoire, elle gagna en opacité jusqu'à caresser la réalité (...).
Un bloc iridescent aux angles arrondis, haut de près d'un mètre et long de deux, reposait sur un socle de marbre rose veiné de blanc, rayonnant de puissance (...).
C'était un tombeau.
Un hommage infini à la femme qui y reposait, coupée du monde par un couvercle de cristal, prodigieusement belle. La mort n'avait su gommer la douceur et la noblesse de ses traits, ni ternir l'éclat de sa peau."


"La Citadelle était vertigineuse.
Elle se dressait sur un piton rocheux qui surplombait la plaine, ses hautes murailles se fondant parfaitement avec les dalles verticales qu'elles prolongeaient (...).
Edwin désigna le dôme illuminé par le soleil du matin.
— La Vigie ! s'exclama-t-il."

*


"Une pierre bleue suspendue au bout d'une chaîne. Les mailles et le fermoir étaient ciselés avec finesse, mais c'est la pierre qui retint son attention. Parfaitement sphérique, elle avait un aspect irisé, des reflets mouvants et dégageait une fascinante beauté, en totale opposition avec avec l'agrafe qui la reliait à la chaîne et qui reproduisait dans ses moindres détails une main hideusement griffue."

***

    Nous espérons que vous avez apprécié cette escapade dans le monde de l'Empire aux côtés d'Ewilan et de ses compagnons de route, que vous y avez retrouvé la magie de votre lecture si vous êtes connaisseurs de l'oeuvre de P. Bottero ou, peut-être, que cela vous a donné envie de la découvrir si ce n'est pas encore fait.

    Et comme de coutume, nous en profitons pour vous présenter nos meilleurs vœux d'entre-deux fêtes :
 

Un très joyeux Noël
(légèrement en retard)
 
&
 
une belle et heureuse année !
(avec une petite avance)
 


*
 
    Bien évidemment, les festivités ne sont pas terminées : comme tous les ans, nous poursuivons les chroniques et les lectures thématiques jusque fin janvier, afin de faire vivre la magie encore quelque temps... 






Images Paper Art : © Pedro Pan Rabbit / P. Druart - tous droits réservés.
Source images personnages : Andarta Picture
 

vendredi 29 décembre 2023

Les Arsène #1 : La clef aux trois joyaux - Bertrand Puard.

Éditions Poulpe Fictions, 2023.
 
    1930. Arsène Lupin, le célèbre gentleman cambrioleur, a pris sa retraite et s’est trouvé des apprentis aussi ingénieux qu’habiles dans l’art du vol et des énigmes : Libellule, Diane et Octave. Ils vont user de leurs talents pour aider M. de Rossigny, trahi par d’anciens employés, à récupérer sa fortune. Pour cela, les enfants doivent récupérer les morceaux d’une mystérieuse clé composée de trois joyaux précieux. Une quête qui les amènera à traverser le tout Paris, face à de réels dangers… Nos trois jeunes héros parviendront-ils à faire éclater la vérité ?

La relève d’Arsène Lupin est assurée !
 
Un roman d’aventure où l’histoire se mêle à la légende d’Arsène Lupin.
 
***
 
    Comme tous les grands classiques, Arsène Lupin, le personnage créé par Maurice Leblanc, n'a cessé d'inspirer la littérature, le grand et le petit écran au fil du temps :  les nombreuses adaptations au cinéma, les séries télévisées et les réécritures (dont certaines très récentes) attestent de sa popularité sans fin. Après les aventures apocryphes du gentleman cambrioleur par Boileau & Narcejac et Frédéric Lenormand au rayon adulte, ou celles qui imaginent son enfance au rayon jeunesse (Sherlock, Lupin et moi et Les aventures du jeune Lupin), on nous propose ici une continuité aux péripéties du célèbre voleur. Une suite, donc ? Oui, mais avec un petit quelque chose en plus...
 

    Lorsque l'aventure commence, c'est bien évidemment sur les toits qu'on retrouve notre célèbre Lupin. Coiffé de son haut-de-forme et drapé dans son élégante cape, il s'apprête à commettre un nouveau forfait... mais c'est sans compter le vieil âge qui le rattrape ! En ce début d'année 1930, le gentleman cambrioleur n'est plus tout jeune. Alors qu'il manque de peu de s'écraser sur le trottoir parisien, il est sauvé de justesse par une fillette du nom de Libellule, qui se présente elle aussi comme une voleuse. Et malgré son jeune âge, la gamine a plus d'un tour dans son sac ! Quelques jours plus tard, grâce à son flair (qui, lui, n'a pas pris une ride), Lupin parvient à retrouver la fillette, qui ne tarde pas à lui présenter Octave, son meilleur ami dans le crime. Le voleur a une offre à leur faire : il propose de les embaucher, afin de poursuivre ses aventures. Il sera la tête, ils seront les jambes. Et justement, il a une première affaire à leur confier.

 
    Sherlock avait ses irréguliers, Lupin aura ses Arsène. L'idée est on ne peut plus séduisante et même, reconnaissons-le, vraiment bonne. Le pitch a ainsi tout de prometteur et les premiers chapitres jouent habilement la carte de la familiarité : un jeune néophyte aura envie de découvrir davantage l'oeuvre de M. Leblanc, et les plus âgés qui se risqueront à y jeter un œil s'amuseront des références et des allusions, qui témoignent d'une véritable connaissance des aventures originales d'Arsène Lupin et aussi très certainement de la passion de l'auteur pour cet univers. Plus qu'un nom sur une couverture, la filiation est donc bien réelle : cette aventure inédite présente plusieurs liens avec le recueil Les huit coups de l'horloge, sans omettre bien sûr de nombreux clins d’œil à L'aiguille creuse, la demoiselle aux yeux verts, ou encore à Maurice Leblanc comme vrai-faux biographe du personnage. Enfin, l'intrigue imaginée par Bertrand Puard possède l'essence des romans et nouvelles d'origine, faisant de ce premier tome un hommage sympathique au plus grand des voleurs.


    Mais (car il y a un mais), un bon pitch ne fait pas forcément la réussite entière d'un livre ; en l’occurrence, on est d'avis que Les Arsène présente malgré tout plusieurs faiblesses. Il y a tout d'abord quelques anachronismes, mais surtout des facilités de scénario qui viennent faire froncer les sourcils et grincer des dents. Si l'intrigue partait d'un bon pied, les invraisemblances se multiplient à notre sens trop souvent pour que ce soit totalement excusable. Parmi les éléments qui nous ont fortement fait tiquer, l'utilisation totalement gratuite d'un code secret qui n'a aucune raison d'être (si ce n'est celle de placer un code secret parce que c'est éminemment lupinesque) participe à casser la crédibilité de l'histoire. On pourrait nous faire remarquer qu'on ne fait pas partie du public cible et que l'ouvrage s'adresse à la jeunesse, mais il nous semble que la vraisemblance n'est pas uniquement l'apanage de la littérature adulte...
 

    La superbe couverture restitue merveilleusement bien l'ambiance des romans de Maurice Leblanc : le visuel y est léché, avec un travail sur les ombres qui rend l'ensemble vraiment très esthétique. Les années 30 sont là, ça ne fait aucun doute. L'atmosphère nous évoque à ce titre celle de la série animée Les exploits d'Arsène Lupin, diffusée en 1996, qui se déroulait également dans les années 30, dans un style entre le film noir et le comic. Les illustrations intérieures souffrent malheureusement du noir et blanc, qui met un peu moins en valeur le sympathique coup de crayon de Jeanne Hammel, dont l'univers graphique a au demeurant tout pour séduire le jeune lectorat.


En bref : Une idée très séduisante que cette série jeunesse racontant les aventures d'un Lupin vieillissant et de ses jeunes recrues. Si l'auteur convoque le meilleur de l'univers de Maurice Leblanc pour construire les fondations de son roman, son intrigue souffre malheureusement de trop nombreuses invraisemblances et facilités. Avis mitigé, donc, mais on reste très curieux de ce que peut donner cette nouvelle série : nous lirons la suite avec plaisir et curiosité, d'autant qu'elle reste une façon originale de faire découvrir le gentleman cambrioleur aux plus jeunes.
 
 

 Un grand merci à Babelio et à Poulpe Fictions pour cette lecture !

mardi 26 décembre 2023

La quête d'Ewilan #2 : Les frontières de glace - Pierre Bottero.

Éditions Rageot, 2003, 2013, 2023 - Éditions France Loisirs, 2005.


    Revenus dans l’Empire de Gwendalavir, Ewilan et Salim partent avec leurs compagnons aux abords des Frontières de Glace pour libérer les Sentinelles. Ils repoussent en chemin les attaques de guerriers cochons, d’ogres et de mercenaires du Chaos, alliés des Ts’liches, mais se découvrent un peuple allié : les Faëls. Salim se lie d’amitié avec une marchombre, Ellana, dont les pouvoirs le fascinent ; tandis que, face au maître d’armes, Ewilan assoit son autorité et affermit son Don. Malgré les attaques d’une goule la petite troupe parvient à destination. Là Ewilan découvre le secret du Dragon…
 
***
 
    Comme annoncé au programme de nos fêtes hivernales, nous célébrons les 20 ans de la saga Ewilan en mettant à l'honneur les deux trilogies de Pierre Bottero. Après avoir abordé le premier tome il y a presque dix ans, nous nous offrons une nouvelle relecture de La Quête d'Ewilan et poursuivons les chroniques où nous les avions laissées. Aujourd'hui, on vous parle donc du deuxième opus, Les frontières de glace.
 

    Nous y retrouvons Camille (alias Ewilan), de retour avec Salim à Gwendalavir. Après avoir retrouvé son frère dans le monde réel, il s'est avéré qu'il n'était pas l'élu que l'Empire attendait et que la jeune fille était la seule à posséder le pouvoir pour libérer les Figés et sauver ses parents. Alors que les deux adolescents retrouvent leur équipe de choc tout juste remise de leurs derniers combats, les alliés de Camille comprennent que le destin de Gwendalavir repose entre ses mains et poursuivent l'aventure à ses côtés pour rejoindre Al-Jeit, la capitale, afin de s'entretenir directement avec l'empereur. La suite de leur périple sera plus dangereuse encore, puisqu'il leur faudra gagner Al-Poll, où les Figés sont retenus prisonniers d'une cité souterraine. Sur les sommets enneigés ou sur un fleuve, à cheval ou en bateau, le voyage ne sera pas sans périls...


    On retrouve l'univers de Gwendalavir et la quête d'Ewilan et de ses amis avec plaisir. Alors que tout laissait à penser que Camille devait se contenter de retrouver son frère pour que celui-ci mène l'Empire à la victoire, l'adolescente se retrouve sous le feu des projecteurs et endosse pleinement le rôle d'héroïne qui se dessinait peu à peu depuis le premier tome. En cela, les enjeux sont désormais différents et, même si le voyage occupe tout comme dans le précédent tome une grande partie de ce deuxième livre, Pierre Bottero évite tout sentiment de redite.
 
"Hulm est une jungle impénétrable, peuplée de monstres sauvages et d'êtres mystérieux. Un endroit idéal pour un pique-nique."
Merwyn Rill'Avalon

    Les personnages sont passés de compagnons de voyage occasionnels à amis soudés : les relations entre les uns et les autres évoluent, gagnent en profondeur et en émotion. On découvre Edwin aussi implacable que touchant lorsqu'on en apprend un peu plus sur son passé et les liens qui l'unissent à Ewilan, on tombe tous amoureux d'Ellana (laquelle révèle ici quelques uns des secrets les mieux gardés de la guilde Marchombre) et même Altis Valpierre le rêveur, malgré ses ambiguïtés, se dévoile sous un jour nouveau. On rencontre évidemment de nouveaux personnages tels que l'Empereur ou Chiam Vit, le Faël à la langue aussi bien pendue que ses flèches sont aiguisées, mais on aime surtout creuser la psychologie des protagonistes déjà existants, dans leurs qualités comme dans leurs défauts. En cela, Camille, malgré son impressionnante maturité, reste une adolescente dont les quelques coups de sang occasionnent de beaux rebondissements.


    Dans le fond et dans la forme, Pierre Bottero apporte de nouveaux éléments qui permettent d'élargir la mythologie de son univers : le premier chapitre, visant à restituer les événements du premier opus, prend pour cela la tournure d'un cours donné à des étudiants de Gwendalavir. Les débuts de l'histoire d'Ewilan y sont une leçon d'histoire qui permet au lecteur de raccrocher les wagons avec subtilité, tout en créant une judicieuse mise en abyme. Mise en abyme qui se poursuit tout le long du roman, puisque chaque en-tête de chapitre est amorcée par une citation extraite d'un célèbre ouvrage historique alavirien : on découvre ainsi par bribes les mémoires de tel ou tel grand auteur local, quand ce ne sont pas les pensées hilarantes du grand Merwyn Rill'Avalon en personne.
 
"L'Art du Dessin n'est rien à côté d'une bonne salade de champignons."
Merwyn Rill'Avalon

    Le résultat confirme cette pépite qu'est La quête d'Ewilan en même temps que le talent de son auteur, dont la poésie se dessine encore un peu plus dans ce deuxième livre. Tout est à la fois fluide et rythmé, et l'on comprend que  cette saga soit depuis devenue un classique de la littérature de fantasy française. Sitôt ces frontières de glace franchies, on ne souhaite rien de moins que poursuivre l'aventure avec le troisième tome.


En bref : Tout dans ce deuxième opus fonctionne aussi bien – si ce n'est mieux – que dans le précédent. Aventure, rythme, humour, poésie et émotion sont justement dosés et le style de Pierre Bottero s'affirme dans le fond comme dans la forme, tout en continuant d'élargir son univers. De la fantasy jeunesse de haute volée.

 
Et pour aller plus loin...

dimanche 24 décembre 2023

Concours d'écriture "Le repas de Noël", par l'école Généapsy et Le Pèlerin magazine.

 

    On en a vaguement parlé dans notre bilan automnal : votre humble serviteur fera cet hiver partie d'un jury littéraire dans le cadre d'un concours d'écriture sur le thème du repas de Noël, ouvert à tous.
 
    Co-organisé par l'école de formation à l'analyse transgénérationnelle Généapsy et les éditions Bayard via l’hebdomadaire Le Pèlerin, ce concours vous propose de coucher sur le papier (ou plutôt sur le clavier) vos souvenirs de repas de fête en racontant une scène de repas de Noël tirée de votre enfance.
 
    Ce texte de 4500 signes maximum devra faire la part belle au pouvoir immersif de votre plume en racontant la scène "à hauteur d'enfant", jonglant entre les aspects descriptifs du lieu et l'introduction, comme au théâtre, des différents protagonistes. Et pour poursuivre sur la métaphore dramaturgique, une fois le décor planté, il faudra bien évidemment un coup de théâtre... 


    Retrouvez en détail la commande d'écriture de ce concours sur les sites de Généapsy et du Pèlerin magazine, qui vous renseigneront également sur la composition du jury et, bien évidemment, sur les lots à remporter (dont une offre sur une formation de votre choix au catalogue Généapsy et une master-class d'écriture avec un écrivain de renom, organisé par les éditions Bayard).
 
    Le texte est à déposer avant le 14 janvier Minuit sur l'espace dédié sur le site du Pèlerin, pour une délibération du jury le 24 janvier 2024 et une annonce des résultats le 1er février.

A vos plumes !


samedi 23 décembre 2023

Un Noël alavirien en préparation...

 

    Tous les ans, nous glissons quelques indices afin de vous laisser deviner la thématique de nos fêtes de fin d'année. Au terme de notre Noël à Downton Abbey, nous avions ainsi laissé entendre que les prochaines festivités hivernales se feraient aux couleurs d'un célèbre conte de Grimm en passe d'être adapté (on devrait même dire réadapté) par Disney, pour une sortie sur les écran prévue début 2024. Le projet étant finalement repoussé d'un an, nous y avons vu la très belle occasion de mettre à l'honneur une œuvre de fiction d'un autre genre, dont nous fêtons le vingtième anniversaire cette année (anniversaire par ailleurs amplement mis en lumière dans l'univers littéraire et éditorial au cours des derniers mois).
 

    Il y a 20 ans, une adolescente échappait à un accident de la route en se téléportant accidentellement dans un monde parallèle. Il y a 20 ans, cette même jeune fille découvrait qu'elle n'était pas de notre réalité comme vous et moi, mais qu'elle était originaire de ce même univers aussi terrifiant que fantastique. Il y a 20 ans, cette adolescente apprenait qu'elle ne s'appelait pas Camille, comme elle l'avait toujours cru, mais Ewilan. Détentrice de l'Art du Dessin, pouvoir qui permet de rendre concret tout ce qu'elle imagine, la jeune fille partait à la recherche de ses parents au cours d'une quête qui devrait également sauver le monde Gwendalavir.


    Il y a 20 ans (déjà) paraissait La quête d'Ewilan, première œuvre à marquer l'histoire de la fantasy jeunesse hexagonale. Coup d'essai devenu depuis un coup de maître au point d'ouvrir la voie à d'autres auteurs français qui se revendiquent aujourd'hui fièrement de son héritage, le cycle écrit par Pierre Bottero a profondément marqué la littérature jeunesse. Décédé brutalement en 2009, l'auteur a eu le temps de voir le retentissement de ses trilogies auprès des lecteurs français, mais pas l'inspiration suscitée par son univers, qui a depuis donné naissance à plusieurs transpositions en BD, en escape-book, en court-métrage, mais aussi très prochainement en série animée.
 

    Les éditions Rageot, qui éditent Ewilan depuis 2003, ont décidé cette année de célébrer comme il se doit cet anniversaire et la mémoire de Pierre Bottero : outre une réédition collector de la première trilogie en un superbe volume (on espère que les suites bénéficieront de la même mise en valeur dans les prochains mois), sont également parus les trois premiers tomes en version anniversaire et un guide de la saga quelque part entre l'essai, le documentaire et l'hommage, réunissant une foule de spécialistes de la littérature venus éclairer l'oeuvre de Bottero de leur regard d'experts. De nombreux événements ont bien sûr eu lieu ces derniers mois afin de commémorer le souvenir de l'auteur, disparu bien trop tôt.
 

    A notre tour, nous proposons de célébrer cet anniversaire en consacrant nos fêtes hivernales à l'univers d'Ewilan. Il y a déjà dix ans, nous avions relu et chroniqué le premier tome, D'un monde à l'autre ainsi que son adaptation en bande-dessinée ; dans les prochaines semaines, nous mettrons à l'honneur la suite de la saga.
 
    Ah, et bien sûr, comme tous les ans, nous rejoignons le traditionnel Challenge Christmas Time de Mya Rosa, qu'on ne manquerait évidemment pour rien au monde.
 
 
Alors, prêts à faire le pas sur le côte ?
Cette année, nous fêterons Noël à Gwendalavir !