vendredi 31 janvier 2014

La Reine des Neiges - A.Royer d'après Andersen, illustré par Anne Cresci.

Éditions Lito (collection "Minicontes classiques"), 2013.

  Il était une fois un garçon nommé Kay et une fille appelée Gerda, qui s'aimaient comme un frère et une sœur. Leur plus grand plaisir était de jouer à l'ombre des rosiers. Un jour, un méchant sorcier fabriqua un miroir maléfique dans lequel tout ce qui se reflétait de beau devenait laid. Alors qu'il volait dans le ciel, le miroir lui échappa et se brisa en milliards d'éclats qui vinrent se ficher dans les yeux ou le cœur de ceux qui se trouvaient sur leur passage. C'est ce qui arriva à Kay. À partir de cet instant, il devint méchant et se mit à détester tout ce qui était beau, en particulier les roses… 



  Comme prévu tout dernièrement avec ma mini-selection d'ouvrages sur la Reine des Neiges, voici un tout premier article consacré à l'un des albums présentés. J'ouvre le bal avec La Reine des Neiges adapté pour les jeunes enfants par Anne Royer pour la collection "minicontes classiques" des éditions Lito, et illustré par Anne Cresci.
  Je ne sais si vous connaissez les éditions Lito mais pour ma part, ma bibliothèque d'enfance regorge d'ouvrages de chez eux. Maison fondée en 1951 et spécialisée dans la littérature de jeunesse, elle a notamment eu pour mot d'ordre de toujours rendre l’œuvre accessible à la petite enfance, le tout sous un format ludique et à un prix attractif. C'est encore plus le but de cette petite collection : ces albums d'une dizaine de pages, au texte aéré et à la couverture souple, adapte les versions traditionnelles pour les rendre compréhensibles des plus jeunes qui n'ont pas forcément encore acquis la lecture. Si j'ai longtemps été "contre" la simplification des contes, mon avis sur le sujet s'est nuancé et j'ai tendance à être moins réfractaire à cette idée selon l'âge du bambin auquel on s'adresse, lui permettant en fait par ce biais une première entrée des plus positives et honorable dans le monde de la littérature!

Illustrations originales d'Anne Cresci pour La reine des Neiges.

  Cela est encore plus justifié lorsque l'ouvrage fait la part belle aux illustrations! Dans le cas de la collection "minicontes classiques", on apprécie de retrouver des artistes souvent discrets mais au coup de crayon atypique et caractéristique, illustrateurs et illustratrices que l'on croise souvent chez les grandes marques de papeterie ou d'accessoires (La marelle en papier, Pylones ou Matilou...). Ici, c'est Anne Cresci qui met en images le conte d'Andersen, et de fort belle manière!

Quelques pages intérieures de l'ouvrage...

  Car si le texte expédie vite l'histoire (dont la longueur originale est tout même de plus de 100 pages, sa forme s'apparentant davantage à un roman divisé en chapitres) pour la faire tenir en 12 pages et en gros caractères, les illustrations justifient à elles seules l'achat. Le style graphique d'A.Cresci, plein de finesse et de détails, est tout ce qu'il y a de plus rafraîchissant et enchanteur : Chaque apparition de la Reine est marquée de magnifiques aplats aux mille nuances possibles de bleu, rehaussés ça et là de touches pastelles plus vives qui donnent au tout des allures d'aurore boréale. A l'inverse, les couleurs plus chaudes et pétillantes accompagnent les deux héros de l'histoire et rendent ainsi compte de la joie de vivre qu'ils symbolisent. D'ailleurs, j'ai remarqué que, loin d'une allure proprement glaciale ou d'un air machiavélique, A.Cresci donne à sa représentation de la Reine une expression davantage triste et mélancolique, ce qui offre une vision différente des autres artistes l'ayant mise en image par le passé.

  En bref: Une édition à découvrir, d'autant que son prix est des plus attractif! Point fort de cette version, pleines de charme et empruntes d'un souffle à la fois coloré et enchanteur, les illustrations pleine d'une douce candeur d'Anne Cresci permettent une première découverte de ce conte complexe aux plus jeunes.

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Pour aller plus loin:
-Le blog d'Anne Cresci ICI, pour découvrir ses superbes illustrations et création de papèterie et accessoires.
-L'article rédigé par Mya, rédactrice de Mya's books, sur ce même livre ICI.

dimanche 26 janvier 2014

"...Qui traite du miroir et de ses morceaux" : Mini-sélection d'ouvrages autour de "La Reine des Neiges".





  Suite à mon article concernant les adaptations cinématographiques de La reine des neiges d'Andersen, j'avais évoqué l'idée d'une sélection d'ouvrages autour de ce conte, comme je l'ai fait pour Blanche Neige il y a deux ans et l'univers d'Oz il y a peu. Par manque de temps, il s'agira cette fois d'une "mini"-sélection composée de trois albums. Pour découvrir d'autres livres sur ce thème, je vous recommande l'excellent blog de Mya qui s'était justement prêtée à un jeu similaire cet hiver. Elle a ainsi chroniqué de nombreuses variantes et adaptations livresques de La reine des neiges de fort belle manière, comme toujours!

  Au menu de books-tea-pie, nous avons donc:

- La Reine des Glace, adaptation de La Reine des Neige par Marie Diaz et superbement mis en image par l'artiste Miss Clara.
- La reine des Neiges, une adaptation simplifiée d'Anne Royer pour les plus jeunes, illustrée par Anne Cresci.
- La reine des Neiges, un album Disney adapté du long-métrage animé sorti en salle cet hiver.

...Et c'est parti pour un petit périple littéraire féérique à dos de renne!...


La mécanique du coeur - Mathias Malzieu

Éditions Flammarion, 2007 - Éditions France-Loisirs, 2008 - Éditions J'ai Lu, 2009, 2014.

  Édimbourg, 1874. Jack naît le jour le plus froid du monde et son cœur en reste gelé. Mi-sorcière mi-chaman, la sage-femme qui aide à l'accouchement parvient à sauver le nourrisson en remplaçant le cœur défectueux par une horloge. Cette prothèse fonctionne et Jack vivra, à condition d'éviter toute charge émotionnelle : pas de colère donc, et surtout, surtout, pas d'état amoureux. Mais le regard de braise d'une petite chanteuse de rue mettra le cœur de fortune de notre héros à rude épreuve : prêt à tout pour la retrouver, Jack se lance tel Don Quichotte dans une quête amoureuse qui le mènera des lochs écossais jusqu'aux arcades de Grenade et lui fera connaître les délices de l'amour comme sa cruauté. 

  Conte désuéto-moderne mâtiné de western-spaghetti, La Mécanique du Cœur vibre d'une rugueuse force poétique où l'humour est toujours présent. Mathias Malzieu soumet aux grands enfants que nous sommes une réflexion très personnelle sur la passion amoureuse et le rejet de la différence, donnant naissance à un petit frère de Pinocchio qui aurait fait un tour chez les Freaks de Todd Browning.


 Illustration de Benjamin Lacombe pour les éditions étrangères.

  Oh, le petit trésor de livre que voici, OVNI de la littérature française mais véritable petit bijou de fantaisie noire et de prose néo-gothique! On ne présente plus Mathias Malzieu, le célèbre chanteur du groupe Dyonisos. Même s'il est désormais tout aussi célèbre pour ses talents d'écrivain, cette deuxième corde à son arc a longtemps été plus discrète avant d'être révélée au grand jour par ce roman, son troisième livre publié en librairie. Ses chansons étant toujours en lien étroit avec ses écrits, la sortie de La mécanique du cœur coïncidait avec celle d'un album au titre éponyme qui conférait une dimension musicale supplémentaire à l'histoire (ainsi que quelques magnifiques clip dont je ne résiste pas à vous fournir un petit exemple...).

Tais-toi mon cœur, chanson phare de cette envoutante mécanique...

  Découvert à sa sortie alors que j'étais au lycée, je ne pouvais qu'être charmé par la couverture, évoquant la filmographie de Tim Burton (M.Malzieu ayant toujours avoué se sentir très proche de l'univers du célèbre réalisateur). Ne croirait-on pas en effet assister à la rencontre entre Victor et le cadavre d'Emily dans Les noces funèbres? (The Corpse Bride, 2005)? Mais siiii, regardez!

  Et l'histoire n'aurait probablement pas été reniée de Burton lui-même: A sa naissance en plein hiver victorien, Little Jack voit son coeur fragile remplacé par un mécanisme d'horloge pour survivre. Un seul bémol toutefois : les sentiments trop forts font s'emballer mécanismes et aiguilles, risquant de faire imploser son palpitant de fortune! Dans de telles conditions, interdiction de tomber amoureux! Pas facile de se tenir à cette règle lorsque notre héros tombe sous le charme d'une petite danseuse de rue flamboyante, entêtée et insaisissable qu'il se jure pourtant de conquérir coûte que coûte...
  Touchant d'innocence, Jack, en héros mi-homme, mi-machine mécanique, évoque un Edward Aux Mains d'Argent ou un Bucheron en Fer Blanc échappé d'Oz. Petite créature dégingandée et fragile, il est l'archétype du rêveur obstiné plongé dans un monde sombre, injuste et douloureux ; Au fil d'un périple que l'on s'imagine nimbé d'une atmosphère très Steampunk, Jack parcourt une Europe du XIXème siècle entre paysages de Conte et théâtre de l'Histoire. Il croise ainsi Jack l'Eventreur, devient ami avec George Méliès, et joue même les monstres de foire dans un cirque fantasmagorique ambulant. Au gré des rebondissements et tournures toujours inattendus de son intrigue, l'auteur s'amuse à emmener ses personnages et ses lecteurs au croisement de multiples références et inspirations toutes plus éclectiques et fantaisistes.


 Couvertures des éditions anglaises (poche et grand format), espagnole
turque, hongroise, et chinoise.

  Mais la vraie richesse de La mécanique du Cœur réside dans son écriture. A l'image de l'auteur, la plume de Malzieu est comme sa musique : délicieusement anachronique, barrée, Rock'N'Roll et viscérale. Également mélancolique, son style se prête à merveille à la métaphore et restitue ainsi de fort belle façon la naissance du sentiment amoureux et les affres parfois acides et destructeurs de la passion. Traduit dans de nombreux pays étrangers (s'offrant même le luxe d'une couverture illustrée par Benjamin Lacombe en Espagne et en Angleterre), La mécanique du Coeur sort également le mois prochain sur les écrans. Co-dirigé par Malzieu lui-même, ce film musical est réalisé en images de synthèse sur la base d'une somptueuse bible graphique de l'artiste Nicoletta Ceccoli (dont le style n'est d'ailleurs pas sans rappeler Benjamin Lacombe) et nous laisse pantois devant sa bande-annonce fort agréable aux yeux:

 Affiche et bande-annonce du film Jack et la mécanique du Coeur, adapté du roman de Malzieu.

En Bref: Un splendide OVNI de littérature française et de poésie ; Un conte pour adultes inégalé dans le genre, aux accents burtonniens et au style néo-romantico-gothico punk inimitable. Un délice de beauté, de mélancolie et d'étrangeté...


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samedi 25 janvier 2014

Sophie et la princesse des Loups - Cathryn Constable

The Wolf Princess, Chiken House, 2012 - Éditions Gallimard Jeunesse, 2013 - folio junior (poche), 2014.

   Pour Sophie et ses amies, le voyage scolaire en Russie prend un tour inquiétant. Abandonnées dans un train, les trois jeunes filles sont recueillies par la princesse Volkonski. Leur hôtesse, fascinante et effrayante, raconte de terribles histoires de révolution, de diamants disparus et de tragédies passées. Quels lourds secrets recèle son palais délabré? Ces loups blancs que Sophie semble être la seule à voir dans la forêt sont-ils bien réels?

  Au cœur d'une Russie magique, embarquez pour un voyage de légendes et de mystères : une aventure envoûtante et romantique, l'incroyable destin de Sophie.

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  C'était obligé : une telle couverture ne pouvait que me forcer à l'achat! Le titre, la typographie, le pouvoir d'évocation de la photographie... l'ensemble évoque presque une affiche de film et n'est justement pas sans évoquer celle de La jeune fille et les loups (mais si, regardez!). Mon attention a été particulièrement retenue par la jeune fille, dont le faciès me faisait énormément penser à la toute jeune Scarlett Johansson du temps de L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux (Oh, mais puisque je vous le dis, voyez par vous-même!). Le résumé de la quatrième de couverture ne pouvait que finir de me convaincre : Russie enneigée, palais glacé, meute de loups sauvages et secrets de famille... Miam miam! Mais qu'est ce que ça raconte, au juste?

Couvertures des diverses éditions grand format successives (souples et cartonnées) originales anglaises.
(Si la blondinette de la première couverture m'évoquait la jeune S.Johansson, ne trouvez-vous pas que celle toute à droite ressemble à Elle Fanning? ^_^)

  Orpheline depuis la mort de ses parents dans un accident de voiture, Sophie Smith vit à l'année dans un prestigieux pensionnat anglais. Bien que sans le sou et dédaignée de sa tutrice, elle bénéficie de cette scolarité grâce aux lois imposants à toutes les hautes écoles un pourcentage d'élèves provenant de milieux moins aisés et accueillis gracieusement par principe d'égalité des chances. Malgré cette opportunité, la jeune Sophie, du haut de ses 14 ans, reste bien différente de ses camarades de classe : plus simple et réservée, elle est aussi plus torturée de n'avoir de sa famille aucun souvenir, si ce ne sont quelques réminiscences floues évoquant des forêts enneigées peuplées de loups. A la suite d'un étrange concours de circonstance, la jeune fille se voit proposer par son collège un voyage scolaire en Russie, pourtant bien au-dessus de ses moyens... Saisissant l'occasion, elle s'y rend avec ses deux meilleures amies de classe Delphine et Marianne. Mais une fois sur place, alors qu'elles doivent être hébergée en famille à St Petersbourg, elles se retrouvent plus ou moins kidnappées et abandonnées au milieu de la campagne enneigée.
  Un train privé, ancien et luxueux, vient alors les cueillir pour les conduire jusqu'à la résidence de leur hôtesse: la Princesse Volkonski.Cette descendante de la famille impériale occupe un palais d'Hiver au milieu d'un lac gelé, une demeure splendide même si elle souffre des ravages du temps et des stigmates douloureux de l'Histoire. Une fois sur place, Sophie est happée par l'atmosphère poétique et mélancolique des lieux, se laisse gagner par sa magie et rattraper par la mémoire des murs. Ses rêves se font de plus en plus récurrents, une berceuses russe qu'elle ne connait pourtant de nulle part semble remonter à sa mémoire, on lui parle d'héritage et de diamants disparus... sans compter tous cette meute de loups blancs qui tourne autour du palais! Le comportement de la princesse n'est pas sans poser question, lui non plus : cette femme froide à la beauté glaciale mène un train de vie électrique, au gré de ses envies et de ses caprices, mais sans jamais quitter la solitude de son palais. Soumise à ses sautes d'humeur et son caractère lunatique parfois inquiétant, Sophie découvre peu à peu qu'elle ne la pas faite venir ici par hasard... très vite, des secrets de famille se révèlent et les querelles politiques du temps de la Révolution refont surface... Alors que l'atmosphère dans le palais de la princesse se fait de plus en plus pesante, Sophie découvre les véritable raisons de sa présence en Russie et ce qui l'unit à l'Histoire des Volkonski.

Couvertures alternatives avant l'apparence définitive de l'édition originale anglaise.

  Que vous dire de ce roman jeunesse? Notons tout d'abord l'originalité : pour une fois, ni le récit, la couverture ou les thèmes abordés ne cherchent à s'inscrire dans une quelconque vague à la mode et l'ensemble respire la fraîcheur. Particulièrement fasciné par la magie de la Russie, sa culture, son iconographie et son Histoire, je ne pouvais que me laisser tenter par cette nouveauté livresque, attirante à plus d'un titre.
  Son auteure, Katrhyn Constable, signe ici son premier roman. Elle aussi fascinée depuis son enfance par ce pays, elle ne l'a jamais visité mais s'est basée sur les nombreuses recherches accumulées au fil des années précédentes, et sur les émotions que cela lui provoquait pour faire éclore son histoire. Elle s'est ainsi imprégnée de toute une filmographie culte mettant à l'honneur la Russie, mais aussi d'images de mode ou de books d'artistes slaves pour l'aider à rédiger son intrigue et mieux en cerner les décors. Pour mieux se plonger dans cet univers, elle avait ainsi rassemblé de nombreuses photographies issues de ses recherches et les avait toutes épinglées sur un grand panneau juste au-dessus de son bureau, afin d'y être tout le temps confrontée pendant son travail de rédaction.

Couvertures de l'édition allemande, de la réédition britannique de 2015, et de l'édition poche française.

  Et aucun doute, cette mise en condition se ressent à la lecture! Car si le style est très simple et facile d'accès (Eh oui, l'éditeur recommande cet ouvrage "à partir de 9 ans", et même si la couverture le fait oublier, nous sommes bien là dans le la littérature jeunesse et non young-adult), le point fort de ce roman est sans nulle doute son atmosphère et sa forme. On baigne dans des décors fastueux de palais gelés à l'abandon (inspirés à C.Constable par le film Docteur Jivago), des paysages glacés cotonneux et hypnotiques, des réminiscences de la Révolution... le tout au rythme de chevauchées en Troïka, de voyages en train luxueux façon Orient-Express et de légendes historiques locales. En vraie passionnée, l'auteure nous transmet également un tas d'informations sur la culture russe qu'elle glisse çà et là au fil de son histoire, toujours de façon appropriée (sans oublier quelques recettes traditionnelles qui ne sont pas sans faire saliver!). Quant aux personnages, mention spéciale à la Princesse Volkonsky, charismatique et bizarre à souhait que l'on parvient sans peine à s'imaginer grâce aux nombreuses descriptions : cette beauté blanche à la psychologie instable et électrique fascine autant qu'elle intrigue et nous pousse à continuer la lecture pour mieux la cerner. Oh, et n'oublions pas la présence de cette meute de loups, leitmotiv du roman qui ajoute encore plus à l'étrangeté de l'histoire et au pouvoir addictif de ce livre!

Le panneau d'inspiration de Catrhyn Constable...

  Au croisement de La Reine des Neige, d'Anastasia et avec une construction qui m'a parfois évoqué la trame du Secret de Moonacre d'E.Goudge, Catrhyn Constable nous sert un roman fluide et virevoltant qui, sans comporter de réels éléments fantastiques, capte le lecteur par son atmosphère étrange de conte hivernal. A la fois simple et élégant, Sophie et la princesse des loups est donc une excellente lecture qui séduira le lecteur et le plongera jusqu'à l’immersion totale dans son ambiance aérienne et confinée.

 La demeure qui a inspiré le palais Volkonski à C.Constable,
l'actrice russe Barbara Brylska (sa source d'inspiration pour l'étrange princesse Volkonsky), et le château du film Dr Jivago, dont le décor lui a suggéré celui de son roman...

En bref : Un premier roman jeunesse séduisant et exotique qui nous entraine avec brio dans une Russie hypnotique. Un livre addictif à l'originalité rafraîchissante de par ses thèmes et son atmosphère, profondément enchanteurs, fastueux et un brin mélancoliques, bref, profondément slaves! A découvrir d'urgence en ces période hivernales!
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Et pour aller plus loin...

lundi 20 janvier 2014

La quête d'Ewilan #1 : D'un monde à l'autre - Pierre Bottero


Rageot Editeurs, 2003 - Editions France Loisirs (collection "graffiti fantastique"), 2005 - Edition Rageot, intégrale de la trilogie, 2010 - Éditions Le livre de poche, 2012.


  La vie de Camille, adolescente surdouée, bascule quand elle pénètre par accident dans l'univers de Gwendalavir avec son ami Salim. Là, des créatures menaçantes, les Ts'liches, la reconnaissent sous le nom d'Ewilan et tentent de la tuer. Originaire de ce monde, elle est l'héritière d'un don prodigieux, le Dessin, qui peut s'avérer une arme décisive dans la lutte de son peuple pour reconquérir pouvoir, liberté et dignité. Epaulée par le maître d'armes de l'empereur et un vieil érudit, Camille parviendra-t-elle à maîtriser son pouvoir ?




  Voilà un roman, premier tome d'une trilogie (elle-même première trilogie d'un cycle en comportant plusieurs), qui a marqué notre adolescence, resté depuis l'un de nos favoris. Nous sortions alors tout juste de la lecture des Chroniques de Narnia, lorsque ce titre a retenu notre attention dans le catalogue France Loisirs. Alors sortie depuis deux ans aux éditions Rageot, la trilogie de La Quête d'Ewilan avait déjà fait sa place dans l'univers de la fantasy, et était reconnue par ses lecteurs autant que par les critiques comme une œuvre de grande qualité, bien au-delà de ce qu'on peut attendre d'un roman jeunesse classique. Pour notre part, nous avons découvert Ewilan, sa quête et son univers, au cours de délicieux instants de lecture à la nuit tombée, chaleureusement pelotonné pendant que la neige tombait dru au-dehors. L'immense plaisir de cette première lecture nous invite, par nostalgie, à y replonger régulièrement.

 Ilustration de J-L.Thouard.

  Mais assez de blabla inutile, parlons donc un peu de l'intrigue : Camille Duciel est une atypique jeune fille de 13 ans : adoptée alors qu'elle était toute petite par une famille très BCBG (mais surtout froide et peu démonstrative question sentiments), l'adolescente surdouée est une libre penseuse et une autodidacte, atteignant toute à la fois une autonomie, une réflexion, une imagination et une maturité rares pour son âge. Pour autant, elle n'en reste pas moins une jeune fille dynamique et spontanée qui aime avant tout passer du temps avec Salim, son ami de toujours, issu d'une famille camerounaise aux antipodes sociaux de la sienne. Alors qu'elle n'a aucun souvenir de ses parents biologiques, le destin rattrape rapidement Camille pour la mettre sur leur trace : manquant de se faire renverser par un camion, elle se trouve comme par magie propulsée dans un monde parallèle peuplé de créatures reptiliennes et autres arachnides gigantesques. Pouvant effectuer des allés et retours entre les deux mondes, elle se découvre parallèlement l'étrange don de rendre réel tout ce qu'elle imagine. Partageant ces deux secrets avec Salim, celui-ci est alors emporté avec elle dans l'aventure et l'accompagne lorsqu'elle bascule de nouveau dans l'Autre-Monde : l'Empire de Gwendalavir. Là-bas, on lui apprend que son pouvoirs s'appelle le Dessin, l'Art de se plonger dans l'Imagination - sorte de dimension de pensée invisible - pour rendre réel, palpable et concret tout ce que l'on désire. Mais Camille n'est pas au bout de ses surprises... Très vite, elle découvre sa véritable identité : elle s'appelle en réalité Ewilan, et se trouve être de la fille des deux plus grands Dessinateurs que l'Autre-Monde ait connu, mais qui ont mystérieusement disparu après avoir été trahis par d'autres Dessinateurs haut-placés. Désormais accompagnée d'un vieux sage, d'un mercenaire et d'un chevalier - sans oublier Salim - Ewilan part en quête de ses racines pour retrouver ses parents et renouer avec ce monde oublié qui est le sien. Mais dans l'ombre de l'Empire, des traitres sévissent encore, sans compter les danger que recèlent la faune et la flore pour le moins atypiques de ce monde parallèle.

 Carte de Gwendalavir, par J-L.Thouard.

  Après ce synopsis détaillé, revenons-en à un discours plus critique ; autant l'avouer d'emblée, il sera des plus élogieux. Vous avez certainement pu lire à de nombreuses reprises sur ce blog que plusieurs de nos lectures fantastiques ou fantasy jeunesse avaient, à nos yeux, souffert de la comparaison avec cet ouvrage. Il était donc temps de lui rendre enfin l'hommage qu'il se doit, et de montrer à quel point le chef-d’œuvre de P. Bottero -décédé bien trop vite d'un accident de la route - reste inégalé dans le genre. Laissons pour cela la parole aux professionnels, avec cette critique extraite de Je cherche un livre pour un enfant - Le guide des livres pour les 8-16 ans, de Tony Di Mascio: "Il existe une telle production de romans de fantasy que lorsqu'une série allie à la fois un grand respect du genre, des personnages attachants, un récit entraînant et un réel plaisir de lecture, il faut le saluer comme il se doit. C'est le cas avec la quête menée par la jeune Ewilan. (...) Malgré leur taille imposante, ces romans peuvent être lus par des plus jeunes et par les parents qui voudraient découvrir le genre. P.Bottero, disparu en 2009, était vraiment un magicien de l'écriture."

  Tout est ainsi dit en peu de lignes car, si on aime l'imaginaire, la high fantasy n'a jamais remporté notre adhésion ; La quête d'Ewilan est à ce titre la seule exception en la matière. Même avec le recul, il est difficile d'expliquer exactement par quel talent d'auteur P.Bottero parvient ainsi à captiver le lecteur, si ce n'est un éventuel...pouvoir magique.

Couvertures des éditions françaises : l'originale de chez Rageot, et la réédition récente au Livre de Poche.

  L'auteur nous sert en effet une intrigue où les grands codes du genre sont respectés et nous offre un monde parallèle fonctionnant comme un Empire, présentant un cadre médiéval avec ses castes bien à lui. Comme souvent dans les romans mettant en scène de jeunes héros, c'est bien sûr la transition vers l'âge adulte et le cheminement de l’adolescence qui sont évoqués en filigrane de l'histoire. Mais sur ces préceptes familiers, l'auteur développe des trésors d'imagination qui, au-delà des habituels monstres fantastiques et schémas maintes fois vus et revus par ses prédécesseurs, confèrent une réelle originalité à son récit. Plutôt que de se limiter à une banale magie pratiquée par de simples sorciers, il invente un pouvoir bien à lui qu'il baptise l'Art du Dessin, capacité qui donne à ses rares possesseurs (les Dessinateurs, évidemment) la possibilité de faire basculer dans la réalité tout ce qu'ils imaginent, par la seule force combinée de leur volonté et créativité. Tout l'univers développé par P. Bottero autour de ce don ajoute une marque de fabrique inédite, audacieuse et fichtrement bien pensée. Si les univers et codes imaginés par les auteurs de Tara Duncan ou Oksa Pollock nous renvoient instantanément à ce qui a été écrit dans telle ou telle saga antérieure, les idées de P.Bottero apportent une réelle fraîcheur et sonnent comme une évidence. Tout s'enchaîne, s’imbrique et se développe avec naturel.


 Les superbes couvertures des éditions allemande, espagnole et italienne.

  En plus de cet atout majeur, les personnages sont eux aussi particulièrement bien conçus : de par une psychologie subtilement travaillée, ils dégagent ici un profond réalisme. Doit-on cette impression à la profession d'instituteur de l'auteur, et à sa bonne connaissance du jeune public? Les jeunes héros - mais aussi les protagonistes adultes - ont des personnalités fouillées, toutes en relief, et leurs sentiments nous renvoient à nos propres émotions avec une évidence touchante. Loin de tout manichéisme, chaque personnage a sa part d'ombre et ses aspérités, et le lecteur s'y retrouve forcément à un moment ou un autre. L'aspect stylistique, maintenant : bien qu'enseignant, la plume de l'auteur est loin d'être trop scolaire. Fluide et accessible, elle n'en est pas moins poétique. Pierre Bottero manie les mots et la syntaxe avec brio, sans chercher à se donner un genre, tout en faisant passer les émotions avec profondeur.
  
 Moins réussies mais attestant du succès rencontré à l'étranger tout de même : les couvertures des éditions portugaise et tchèque.


  En bref: un roman de fantasy jeunesse poétique, étonnant et détonant qui respecte les codes inhérents au genre tout en le renouvelant d'une belle originalité. Intrigues, personnages et style atteignent un niveau de qualité rare et l'ouvrage dans son ensemble a une portée universelle, destinée à toutes les tranches d'âge. Preuve en est : la dernière réédition en date chez Le livre de poche (et non Le livre de poche Jeunesse) montre que la quête d'Ewilan est finalement destinée autant aux adolescents qu'aux adultes. Oubliez les Tara et autres Oksa : bien avant, il y avait Ewilan, souvent copiée mais jamais égalée.


Pour aller plus loin...

dimanche 19 janvier 2014

I'm late, I'm late : Merry Chritsmas and Happy New Year from Pedro White Rabbit...


  Il était temps! Après quelques menus dysfonctionnements informatiques limitant mon accès à internet (dysfonctionnements auquel nous ajouterons ma procrastination coutumière en ce qui concerne mes mise à jour du blog...) et journées de travail bien remplies, voilà enfin que je poste l'article hivernal annuel! J'en profite donc, en ce début 2014, pour vous souhaiter une très bonne et heureuse année! J'espère que les fêtes ont été tout aussi joyeuses que le seront les 365 prochains jours, et que ce nouveau cycle qui commence sera synonyme de bonheur, santé, enfin, bref : tout le blabla habituel auquel nous n’omettrons pas de souhaiter de nouvelles lectures toujours plus palpitantes! =D

Cela vaut bien la déco de Noël des vitrines des galeries Lafayette, non? ;-)

  J'en profite pour vous dévoiler (enfin!) ma décoration de Noël, dont j'avais évoqué les thèmes et inspirations à l'occasion de mon post du 25 Décembre. Tout habité par les images glacées des contes hivernaux d'Andersen, le gris-argent de La Belle et la Bête de Cocteau ou encore les chouettes et hiboux bien à la mode en déco actuellement, j'ai donc composé cette petite mise en scène, ressortant pour l'occasion mon vrai-faux sapin en ferraille (au moins, il ne perd pas ses plumes!). 

Arts et Plaisirs de la table...


  Forcément, la table du réveillon s'est parée des mêmes teintes et brillances! L'occasion de satisfaire mon amour des vieilles argenteries, quincailleries et autres casseroles des grand-mères oubliées au fond des placard (les argenteries, quincailleries et casseroles hein, pas les grand-mères!). Des plats parfaits pour les hors-d’œuvre : 
 Miettes de saumon fumé mi-cuit sur pâtamâche, verrines de crevette au guacamole et roulés de tomates cerises au cury.

   La table du 31 Décembre, en revanche, s'est revêtue de couleurs plus chaudes et festives, invitant à la dernière minute les lettres du scrabble pour jouer les marques-places:

 Tourte de saumon à la fondue d'endive, un régal!

   Et bien sûr, les petits plats de réveillon n'ont pas été les seuls aliments à bouillir sur ma marmite car autant dire que je me suis bien amusé en cuisine cet hiver! Le fantômeeting annuel a été l'occasion de mitonner de bonnes petites gourmandises, de même que d'autres délices ont fini dans des colis postaux gourmands partis dans les quatre coins de la France quand il ne pouvaient pas être remis en mains propres. L'occasion de tester de nouvelles recettes comme le nutella fait maison (pour l'occasion, j'ai ressorti mes étiquettes personnalisées, tiens!), ou d'en perfectionner d'autres comme celle des oursons guimauves home made (oui, oui, oui!).

 Giga-muffins poire-chocolat (une recette appréciée des fantôphiles), pâte à tartiner façon nutella faite maison, Ourson guimauve faits maison et les sacro-saintes gaufres à la façon de Lièges.


Au pied du sapin...


  AAh, le plaisir d'avoir des paquets à déballer! Souvent, l'âge avançant, on reçoit chaque année plus d'enveloppes ou d'étrennes que de "vrais" présents de noël avec papier et ruban. Même si le geste reste celui d'offrir, rien ne me fait plus plaisir qu'une toute petite bricole emballée dans son kraft doré. Je préfère sans fois un petit cadeau pas cher mais minutieusement choisi à une "enveloppe" à placer sur un compte et tellement moins personnelle. Mum m'a par exemple gâté de lainages comme je les aime (snood et gant-mitaines) ainsi que de la sublime adaptation en BD d'Ewilan), Sœurette m'a quant à elle offert un superbe livre-grimoire de notes de chez Paperbanks, et Pouchky-Ficelleforever m'a fait cadeau d'ouvrages bien pensés (recettes de bentos, j'en rêvais! Ainsi qu'un magnifique petit livre d'E.Brasey sur les créatures féériques qui me fait de l’œil depuis sa première édition il y a plus de 10 ans!) et du film des Frères Grimm après lequel je cours depuis quelques temps déjà! J'ai également été gâté par une collègue de travail que j'apprécie tout particulièrement et qui, connaissant mon goût pour la cuisine et les défis culinaire, m'a offert un kit à faire des sucettes ou pommes d'amour, et un autre pour confectionner de petits amuses-bouches sucrés ou salés à étages, puis à servir ou manger à même l'emporte-pièce comme un esquimau =D !

  Les vacances de Noël ont également été l'occasion, après un an sans se voir, de retrouver ma chère et tendre Clochette-Tinker Bell. Ces retrouvailles nous ont permis d'échanger autour d'un thé les cadeaux de nous avions chacun glanés l'un pour l'autre tout au long de cette année de pérégrination. Elle seule sait me toucher à ce point dans les présents qu'elle m'offre, trouver LA bricole, LE truc qui nous ressemblera tellement. Comme à chaque occasion, j'ai eu droit à un délicat et époustouflant melting-pot, un mélange des genre et des époques chiné de part le monde.

 
   Trouvés au fil des brocantes à Montréal, en Belgique, à Amiens et Paris : coffret à l'effigie de la Princesse Astride contenant porte-monnaie en cuir manufacturé du pays des érables, dés à coudre en porcelaine, flasque et longue-vue anciennes véritables (sûrement des vestiges de la collection privée du capitaine Crochet...) et une édition originale d'Oliver Twist de Dickens...

  N'oublions pas le cadeau rapporté du Fantômeeting, offert par notre charmante hôtesse Fofo, une pièce collector dont chaque fantophile a pu remmené un exemplaire à ranger dans son vaisselier:



Bricoles, fariboles et cadeaux bidouillés soi-même:

  Quelques congés, c'était l'occasion rêvée pour cuisiner, certes, mais aussi se remettre aux bricolages créatifs! Le premier gros ouvrage des vacances était destiné à  Fofo, en remerciement pour son accueil à l'occasion du fantomeeting. Pour l'anecdote: j'ignorais totalement qu'elle allait nous offrir une tasse illustrée de la justicière mais il se trouve que mon cadeau se situait dans la même veine puisqu'il s'agissait de la "théière de Fantômette"! Ayant déniché une superbe théière jaune, je n'avais plus qu'à lui adjoindre un teacosy (bidouillé maison à partir d'un bonnet pour enfant) digne du costume de la justicière! Le tout dans un coffret customisé lui aussi aux couleurs iconiques de l'héroïne, et le tour est joué!


  L'hiver est également synonyme du colis saisonnier de Noël destiné à Pouchky-Ficelleforever! Après le colis d'Halloween aux couleurs des baies d'Automne, je me suis laissé inspiré tout comme pour ma déco par les couleurs glacées que m'évoquait La Reine des Neiges d'Andersen:

  Le paquet contenait diverses choses collectées de-ci, de-là: un recueuil d'histoires de Noël, une étole rappelant les tissus russes ou encore un pain d'épice finement poivré.S'y trouvait également d'autres cadeaux bidouillés main: un manchon en (fausse) fourrure digne d'Anastasia, un pendentif en fiole contenant un renne argenté au milieu d'un écrin de coton pailleté, une pochette -au départ toute simple- customisée de rubans de dentelle et de fils argentés, ou encore un thé mélange maison!


   Côté bijoux, je me suis donc lancé dans les pendentifs-fioles. Outre celui renfermant le renne, je me suis inspiré de l'idée de la poussière de fée de la fée clochette pour ces deux petites bouteille à porter en sautoir (celle dorée de droite, avec feuille et grelot étant justement destinée à Tinker Bell ^_^). Et les contes de fées étant toujours une grande source d'inspiration, Blanche-Neige et le petit chaperon rouge se sont vues transformée (après de nombreuses heures de travail de pâte polymère) en bagues et pendentifs!

 Fioles "Fairy Dust": modèle gris argent elfique avec billes de verre et modèle doré avec paillettes et grelot.

"Once upon a time"...

  Encore des vacances bien remplies, en bref! Maintenant que cet article de blabla touche à sa fin, il serait peut-être temps de retourner mettre un peu le nez dans les bouquins pour de futurs articles et billet livresques, non? Histoire que je fasse un peu mon boulot, non mais! =P Terminons donc ce traditionnel post saisonnier par le dernier cliché en date de mon cher ami le saule du fond du jardin, qui s'est habillé de circonstance pour l'hiver (et en parfaite harmonie avec ma décoration intérieure et mes aspirations du moment, qui plus est!) =D