jeudi 20 septembre 2012

Rouge Rubis : Affiche teaser et premier trailer du film adapté de Kerstin Gier!

Après plusieurs mois de tournage, une première affiche teaser de Rouge Rubis, film adapté du best-seller young adult éponyme de Kerstin Gier, a enfin été dévoilée par la production:


J'avais découvert ce roman tout à fait par hasard en tombant sur un exemplaire en parfait état, abandonné dans une poubelle, et étais sorti de cette lecture agréablement surpris : loin d'être le roman bit-litt fantastico-romantico-nais que j'imaginais, Rouge Rubis s'était avéré être un très sympathique roman fantastique mêlant voyage dans le temps, société secrète et ésotérisme, le tout relevé d'une bonne dose d'humour! Sans être un roman révolutionnaire, il en restait donc un ouvrage des plus plaisants si l'on souhaite passer un bon moment, et c'est avec grand plaisir que j'avais enchainer avec le tome 2, tout aussi agréable. Dans la foulée, j'avais appris que ce livre allemand était en cours d'adaptation cinématographique, les premières images étant très prometteuses...

Non contente de nous faire baver devant cette affiche des plus esthétiques, la production a également dévoilé ce jeudi le tout premier trailer officiel du film! Je ne vous fais pas attendre plus longtemps, voici la vidéo:


Alors? Qu'en disent ceux qui on lu le roman original? Et les autres? Je pense que ceux qui ne connaissent pas encore la trilogie de Kerstin Gier vont y trouver l'envie de la découvrir sans plus attendre, non? ;-)

mercredi 19 septembre 2012

Possession - A.S. Byatt

Possession, Chatto & Windus, 1990 - Editions Flammarion, 1993 - Le livre de poche, 1995.

Entre universitaires, la lutte est âpre autour de Randolph Henry Ash, grand poète victorien. Tous les coups sont permis, y compris dérober des manuscrits ou détourner telle information. Alors que ces querelles de spécialistes battent leur plein, Roland Michell, jeune chercheur, découvre une lettre du maître adressée à une inconnue. Le jeu de piste est ouvert : sur les traces du grand homme, le Dr Michell visite les manoirs du Lincolnshire, croise les daims du parc de Richmond, relit les légendes de la fée Mélusine et de la ville d'Is, non sans avoir convoqué préraphaélites et spirites pour interrogatoire. Epistoles volées, amour clandestines, suicide romantique peuplent l'aventure. Ainsi, de Petrarque au Département d'études féminines, du style gothique au jargon sémiotique, se déploie ce foisonnant puzzle à la manière de.
Cathédrale de mystères, bibliothèque d'idées, labyrinthe de passions ; enquête policière, roman d'amour, pastique littéraire, satire d'un milieu avec ses jargons et ses petitesses : on a pu évoquer les chef-d'oeuvre d'Umberto Eco à propos de ce roman total, couronné par le Booker Prize en 1990. Dans cette chasse au trésor, les uns chercheront les clefs (de Robert Browning à Emily Dinckinson) et les autres se laisseront porter par l'écriture capiteuse et le souffle de la narration.
Au croisement du roman sentimental et du roman parodique, Antonia Byatt réinvente l'énigme littéraire, le roman romanesque.

***
 Possession (2002), film de N. Labute d'après le roman d'A.S. Byatt, avec Aaron Eckhart et Gwyneth Paltrow.

  Ma "rencontre" avec Possession date de mes 13 ou 14 ans : je m'étais attardé devant la télévision en compagnie de Mum et nous étions par hasard tombés sur l'adaptation cinématographique de ce roman, film de Neil Labute dont le titre m'avait alors laissé imaginer une histoire de fantômes comme je les aimais déjà à l'époque. Si le titre était en cela trompeur, je n'avais en revanche pas été le moins du monde déçu par ce film, qui réunissait d'autre thèmes déjà chers à mon cœur : brumes victoriennes, atmosphère gothique, enquête reliant personnage du présent et événements secrets du passé... J'ignorais cependant que cette production était tirée d'un livre et, avec le temps, l'avais plus ou moins oubliée jusqu'à ce je tombe par hasard sur le roman original dans les étagères d'une librairie d'occasion que je fréquente assidument.


  Petit retour sur le synopsis, qui avait donc tout pour me plaire : Roland Michell, jeune universitaire consacrant sa carrière à un grand poète victorien du nom de Randolph Ash, découvre dans un livre lui ayant appartenu le brouillon d'une lettre écrite de sa main, destinée à une mystérieuse inconnue à qui il déclare sa flamme. Ash étant connu pour sa vie de couple bien rangée, voire austère, l'éventualité qu'il ait eu une maîtresse et que cela ait échappé à tous ses biographes pourrait faire l'effet d'une bombe dans l'Histoire de la littérature. Comme possédé par cette missive et son contenu, Roland ne résiste pas à la tentation de voler le précieux manuscrit et de mener l'enquête pour découvrir l'identité de la femme à laquelle le courrier était destiné. Un minutieux travail de reconstitution permet de mettre à jour le nom de la soupirante en question : Christabel Lamotte, poétesse féministe que tout oppose pourtant à Randolph Ash dans ses valeurs et son idéal de vie. Pour mieux faire la lumière sur toute cette affaire, Michell partage sa découverte avec une jeune femme mystérieuse et secrète, Maud Bailey, spécialiste de Christabel Lamotte. Ensemble, ils remontent le cours du temps et décodent les énigmes dissimulées dans les œuvres des deux artistes pour finalement retrouver leur correspondance secrète. A la lecture des missives échangées par les deux poètes, Roland et Maud se laissent peu à peu gagner par le romantisme torturé de cet amour d'un autre âge et y trouve une résonance obsédante à leur propre personnalité et relation naissante...


  Redécouvrir cette histoire enivrante via le roman d'origine était un vrai plaisir, et autant dire que j'ai moi-même été "possédé" par bien des aspects de cette intrigue. Tout d'abord, même si le style d'A.S. Byatt est d'une grande complexité, voire d'une certaine lourdeur par moment, c'est principalement dans les passages consacrés à la correspondance des deux amants ou aux documents "issus" de l'ère victorienne, ce qui en fait alors un vrai tour de force littéraire. En effet, face à la multiplicité des personnages et des époques correspondantes, l'auteure adopte elle-même une pluralité de styles qui confère donc une vraie authenticité et un réalisme saisissant à chaque protagoniste. La qualité des poèmes de Randlolph Ash et Christabel Lamotte est telle qu'on en viendrait presque à croire qu'ils ont réellement existé et que ces textes sont véridiques... pas de doute, A.S. Byatt connait bien la poésie anglaise et sait lier son savoir à sa propre maîtrise de la plume pour un résultat qui mérite qu'on la salue bien bas.

  Cette maîtrise du style littéraire victorien qu'elle parvient si bien à nous restituer n'a d'égale que sa connaissance des thèmes chers aux auteurs de ce siècle, et que l'on retrouve également dans Possession : de nombreuses références au mouvement Préraphaélite (dont je suis un grand admirateur) et à ses sujets de prédilection (légendes elfiques et mythes antiques remis au gout du jour dans poèmes et peintures au style bien caractéristique de ce mouvement artistique) nous permettent de nous laisser porter au rythme des mythes de Merlin et Viviane, de la ville engloutie d'Ys, ainsi que du conte de la fée Mélusine - qui occupe d'ailleurs une place particulièrement importante et que j'ai pris grand plaisir à redécouvrir au travers de ce livre.


   Les deux personnages principaux, anti-héros ambigus mais non moins fascinants, ont des personnalités fouillées et particulièrement complexes: Roland, par exemple, dissimule derrière son apparence des plus banales (voire presque fade, inintéressante) un esprit torturé qui a érigé l'amour romantique victorien en idéal de vie inaccessible, qui l'empêche de croire en toute relation amoureuse qu'il pourrait vivre au sein d'une époque contemporaine. Maud, quant à elle, dissimule sa sublime chevelure blonde dans un turban aussi sévèrement serré qu'elle cache sa fragilité derrière le masque d'une femme froide, presque hautaine. Tous deux "abimés" par des expériences personnelles et relationnelles difficiles, les deux universitaires se révèlent peu à peu l'un à l'autre en même temps qu'ils découvrent les amours secrètes de R. Ash et C. Lamotte et que le lecteur réalise à quel point le couple Roland/Maud, hanté par cette idylle d'un autre âge, ressemble étrangement au couple Randolph/Christabel. Au point de se confondre avec lui et de lui réagir en échos au fur et à mesure des allés et retours chronologiques du récit.

"Il supposait que le romanesque devait céder le pas au réalisme social, même si la tendance esthétique de l'époque était contre."

"Ils étaient les enfants d'un siècle et d'une culture qui se méfiaient de l'amour, du sentiment de l'amour, de l'amour romanesque, du romanesque dans son ensemble."


  Roman d'ambiance à l'atmosphère ensorcelante et capiteuse, Possession n'est pas sans rappeler une intrigue policière doublée d'une chasse au trésor, l'énigme amoureuse Ash/Lamotte attirant comme un aimant les universitaires et historiens avides de découvrir le fin mot de cette histoire : l'ultime secret que cachaient les deux amants et qu'ils ont emporté avec eux dans la tombe.

"L'amour s'éteint (...) comme une bougie dans un bocal d'Humphrey Daivy, s'il n'a plus d'air pour respirer, s'il est délibérément affamé et étouffé."

En Bref:  Comme vous l'aurez compris, j'ai adoré mener l'enquête avec Roland et Maud, parcourir les landes verdoyantes et humides de la Grande-Bretagne, arpenter les couloirs poussiéreux des manoirs victoriens et déchiffrer les missives à l'écriture pleine de volutes et de préciosités d'amants maudits par le destin.

"Les vocabulaires sont des cercles et des boucles qui s'enjambent. Nous sommes définis par les lignes que nous choisissons d'enjamber ou laissons nous enfermer."

Je vous recommande donc expressément ce chef-d’œuvre, dont j'ai hâte de retrouver l’atmosphère ensorcelante en visionnant en boucle l'adaptation cinématographique...

 Trailer du film...sur la subliiiiiime et très appropriée musique de Loreena McKennitt <3

jeudi 6 septembre 2012

Sorties littéraires attendues depuis longtemps...

Toujours à fouiner sur les blogs littéraires ou sites d'éditeurs étrangers, je repère régulièrement des titres dont les très alléchantes couvertures originales me font m'attarder sur les résumés. Parfois je passe mon chemin, parfois je prends note dans l'idée de commander le titre en VO, imaginant que je peux toujours espérer si j'attends une traduction française. Et pourtant...

Pourtant, il faut croire que je jouis de chance cette année! Car de nombreux romans anglo-saxons qui avaient retenu mon attention vont prochainement être publiés dans l'hexagone (et sous des couvertures tout aussi agréables aux yeux, par-dessus le marché)... Petit point sur ces quelques bouquins que j'attends donc avec impatience:

Graveminder, Melissa Marr:

Couvertures originales de Graveminder.
Je ne connais cette auteure que de nom, pour avoir aperçu les couvertures de la série Ne jamais t'embrasser (Ne jamais te croire, etc...), dont les titres et mises en page bien gnangnantes à souhait ne me faisaient d'ailleurs aucune envie. Les couvertures de ce Graveminder (présenté comme le premier roman à destination d'un lectorat adulte et non young adult de Melissa Marr), en revanche, ne sont pas moches du tout (surtout la première!), ce qui explique que je me sois penché sur le résumé malgré ce à quoi me renvoyait le nom de l'écrivaine.

Synopsis: 
 Rebekkah "Bek" Barrow n'a jamais oublié les attentions que Maylene, sa grand-mère accordait aux défunts de Claysville, où elle a passé son adolescence. Maylene ne manquait jamais un seul enterrement et répétait chaque fois le même rituel étrange: trois gouttes d'un petit flacon d'argent suivis des mots « Dormez en paix et restez là où je vous ai placés. »
Maylene décédée, Bek doit retourner à Claysville pour régler les formalités notariales et autres paperasses administratives. Mais alors qu'elle se confronte à son passé, elle découvre que sa grand-mère a été assassinée et que cela n'est pas sans lien avec ses mystérieuses traditions mortuaires. Très vite, il apparait que Claysville est frappé d'une malédiction qui amène les défunts à hanter les vivants si leurs sépultures ne sont pas honorées selon la tradition, c'est à dire ce même rituel répété par chaque génération de Barrow avant Bek...

Certes, le résumé semble indiquer une histoire qui utilise des ficelles déjà bien usées par la fiction fantastique (m'évoquant des éléments récurrents chez Alice Hoffman, entre autres...) mais après tout, il peut en rester une lecture sympathique si on veut juste passer un bon moment sans se triturer les méninges! Graveminder paraitra en France sous le titre Meurs bien à jamais aux éditions City le... oups, il est déjà sorti depuis le 3 Septembre dernier en fait! En tout cas, la couverture française, bien qu'un peu trop bit-lit, reste visuellement accrocheuse:



The book of Blood and Shadow, Robin Wasserman:

Couvertures originales de The Book of Blood and Shadow.

C'est tout à fait par hasard que je suis tombé sur un article consacré à ce roman young adult au détour d'un blog littéraire américain ; il avait alors retenu mon attention à cause de sa superbe couverture et de son titre (traduisez: Le livre du sang et de l'ombre) qui m'avaient l'une et l'autre énormément rappelé ceux du Livre perdu des Sortilèges (que j'ai dans ma PAL depuis un moment d'ailleurs...): des titres proches et une image de jeune fille de dos, évoluant au milieu de bâtiments historiques anciens... De plus, quelques recherches m'ont appris que ces deux romans, bien que de genres totalement différents (Le roman de Deborah Harkness étant fantastique, contrairement à celui de Robin Wasserman) n'en étaient pas moins tous deux assimilés au Da Vinci Code! Ces quelques points communs et coïncidences n'ont fait qu'attiser ma curiosité et j'avoue être impatient de découvrir ce roman.

(Une légère ressemblance?)

Synopsis:
C'était comme un cauchemar, mais sans réveil possible : à la suite d'une nuit mouvementée dont elle ne garde que des bribes de souvenir, Nora retrouve le cadavre de son meilleur ami Chris dans un bain de sang et la petite-amie de ce dernier dans un état catatonique. Au vu des éléments rassemblés par la police, tout accuse Max, le fiancé de Nora, mystérieusement disparu...
Persuadée de son innocence, la jeune fille part à sa recherche à travers Prague pour faire la lumière sur cette sombre affaire. Mais au fil des vieilles rues de cette ville historique, son enquête la conduit à un mystère bien plus grand où sociétés secrètes et conspirateurs ténébreux se disputent un manuscrit vieux de plusieurs siècles révélant les secrets de la communion avec le pouvoir divin. Nora devient alors malgré elle la clef d'une énigme séculaire mêlant Histoire et ésotérisme...


Précédemment annoncé sous le titre Le livre de la Lumière et de l'Ombre, The book of Blood and Shadow sortira finalement aux éditions de La Martinière Jeunesse le 4 Octobre 2012 sous le titre Lumen. La couverture française, dévoilée cette semaine, est bien différente des éditions originales mais non moins sympathique, même si je lui préfère celle qui avait accroché mon regard sur le net. Il n'y a plus qu'à espérer que le contenu soit tout aussi captivant!


The Night Circus, Erin Morgenstern:

Couvertures originales de The night circus.

J'ai toujours adoré le milieu bohème des foires ambulantes et autres cirques itinérants victoriens tels qu'on en croise dans La mécanique du coeur de Mathias Malzieu ou Que le spectacle commence d'Ann Featherstone. C'est sûrement pour cette raison que le titre et la couverture de ce roman ont retenu mon attention lorsque je l'ai vu sur un blog littéraire anglo-saxon. Sans savoir de quoi il retournait exactement, je me suis senti irrémédiablement attiré par ce livre dont le packaging joue à merveille son rôle accrocheur: titres, typographie, esthétique... tout incite le lecteur potentiel à mettre la main au porte-monnaie. Mais bien plus qu'une belle image, The night circus a su convaincre lecteurs et critiques puisqu'en plus d'être un best-seller, ce premier roman d'Erin Morgenstern a remporté de nombreux prix pour la qualité de son intrigue et de son écriture!

Synopsis:
Le cirque arrive sans préavis. Aucune annonce ne le précède. Il est simplement là, alors qu'hier il n'y était pas. Avec de grande tentes de noir et blanc, on ne peut que recevoir une expérience unique dont de nombreux évènements qui nous coupent le souffle. Il est appelé Le cirque de Rêves, et il est ouvert uniquement la nuit.
Mais derrière les scènes, une dure compétition se cache, un duel entre deux jeunes magiciens, Célia et Marco, qui ont été entrainés depuis leur enfance dans ce seul et unique but par leur propre instructeur. Ce jeu, dont ils ne connaissent rien, ne peut se terminer que quand un seul demeurera, et le cirque en est la scène pour une remarquable bataille d'imagination et de volonté. Malgré eux, pourtant, Célia et Marco tombent profondément amoureux - un amour profond et magique qui électrise un endroit et qui réchauffe une pièce avec seulement un effleurement de la main.
Véritable amour ou non, le jeu doit s'arrêter; et le destin de chacun est en péril, des petits employés du cirque au patron. Ils sont tous dans la balance, suspendus aussi précairement qu'un acrobate au dessus du vide...

Alors que j'envisageais depuis un moment de le commander en VO, un petit tour sur les sites d'éditeurs m'a appris que The Night Circus allait être publié dans l'hexagone aux éditions Flammarion le 17 Octobre prochain sous le titre Le cirque des rêves. Il me tarde maintenant de me laisser charmer par cette histoire des plus prometteuses... Reste encore à voir si la couverture française, encore secrète à ce jour, sera aussi attirante que l'originale!


Voilà donc les quelques tentations littéraires qui m'occupent l'esprit actuellement... des réactions, avis ou commentaires? Avez-vous entendu parler de ces quelques titres? N'hésitez pas à partager vos impressions! ;-)

mardi 4 septembre 2012

Le portrait de Madame Charbuque - Jeffrey Ford

The portrait of Mrs Charbuque, William Morrow & Company, 2002 - Éditions Pygmalion, 2004 - Éditions le Livre de Poche, 2008.

C'est un véritable défi qu'accepte de relever le peintre à succès Piambo à la fin du dix-neuvième siècle : faire le portrait d'une femme qu'il ne verra jamais mais qui lui parlera d'elle, cachée derrière un paravent.
Au fil des séances naît alors une atmosphère étrange. Par le récit de son enfance où elle découvre ses dons de voyante à l'aide de deux flocons de neige, par les mystérieuses et épouvantables révélations qu'elle lâche par bribes, madame Charbuque envoûte inexorablement l'artiste. Obsédé par ce modèle invisible qui détruit lentement sa vie, son talent se paralyse, à la grande frayeur de la femme qu'il aime.
Qui est donc cette magicienne énigmatique et malfaisante et quel but poursuit-elle ? Le lecteur va peu à peu apprendre le terrible secret qu'elle dissimule. Un secret lourd, oppressant dont personne ne peut sortir indemne.


***

Grand lecteur d'une catégorie de récits que je me plais à surnommer des "énigmes artistiques", j'aime me perdre dans des fictions mêlant beaux-arts (le plus souvent la peinture) et mystère. Cet attrait, né avec ma lecture de La prochaine fois de Marc Levy alors que j'avais 14 ans, s'était accentué l'année suivante avec l'inévitable Da Vinci Code de Dan Brown et, plus récemment, avec des romans tels que Les voleurs de cygnes (E. Kostova) ou encore La femme dans le miroir (T-V Tran-Nhut). Ce roman de Jeffrey Ford, mêlant lui aussi mystère et monde artistique, avait donc toutes les qualités requises pour rejoindre ma bibliothèque...


  L'auteur nous plonge donc dans les Etats-Unis urbains et industrialisés de la fin du XIXième siècle, où nous faisons connaissance avec le pragmatique et terre-à-terre Piambo, artiste renommé pour ses nombreux portraits d'aristocrates. Afin de toujours mieux combler ses commanditaires et pour s'assurer un salaire toujours plus convenable, le peintre n'hésite pas à prendre de nombreuses libertés avec le physique réel de ses modèles et à les embellir davantage. L'homme voit en effet son métier comme un gagne-pain, lui offrant l'opportunité de prendre le temps, parfois, de se consacrer au plaisir de reproduire des paysages qui ne lui permettraient cependant pas de subvenir aux besoins du ménage. C'est pourquoi la promesse d'un gros pactole retient son attention lorsqu'un soir, le serviteur aveugle d'une mystérieuse commanditrice lui propose de faire le portrait de sa maîtresse contre une somme d'argent qui lui permettrait de couler des jours heureux jusqu'à la fin de sa vie. La difficulté? La Dame de qualité en question, Madame Charbuque, restera dissimulée derrière un paravent tandis qu'il devra "deviner" le visage à peindre en l'écoutant seulement parler. Attiser par la curiosité et l’appât du gain, notre héros relève le défi et, au fil de séance de peinture toujours plus étranges, tente de s'imaginer le physique de cette femme qui a choisi de rester invisible à ses yeux mais aussi à ceux du monde. Mais alors qu'elle lui relate sa biographie comme seul indice de son apparence, la situation prend peu à peu une tournure plus étrange, sombre et effrayante:  l'ombre de l'ex-époux de Madame Charbuque, bien qu'absent, se fait de plus en plus menaçante tandis que parallèlement, les rues brumeuses du dehors deviennent le théâtre de morts fortement suspectes, chaque nuit laissant derrière elle le cadavre d'une femme retrouvée morte après avoir pleuré des larmes de sang. Ésotérisme, camées antiques à l'effigie de la Gorgone Méduse, folie créatrice et frénésie artistique sont les éléments de cette intrigue prenante au parfum capiteux de thriller victorien...


"L'odeur de l'autosatisfaction (...), un arôme pénétrant de muscade et de moisissure".

  Vous l'aurez certainement compris au synopsis détaillé que je viens de rédiger : j'ai énormément aimé ce roman! On se laisse complètement happer, dévorer, engloutir par la spirale infernale de cette énigme entêtante, sa foule d'éléments ésotériques, ses fausses-pistes et fascinants faux-semblants. Tout en alternant entre le récit de Piambo et les souvenirs relatés par Madame Charbuque, l'auteur nous captive et instaure une tension grandissante qui nous donne, à nous aussi, l'envie de renverser ce maudit paravent pour enfin découvrir le visage de l'énigmatique diseuse de bonne aventure.


  Cette dernière, d'ailleurs, est un personnage des plus riches et des plus fascinants qui soit: formée à l'art théâtral de la voyance et de la divination par son père, elle a passé sa vie à prédire l'avenir de foules entières d'aristocrates tout en restant dissimulée du public, ce qui ne faisait que renforcer sa légende. Mais plus encore qu'une simple astuce publicitaire, cet artifice rend aussi compte de la complexité de cette femme qui refuse que quiconque, même son mari, puisse poser ses yeux sur elle. Or, tout dans cette mystérieuse histoire semble tourner autour des regards : ceux que fuit sauvagement Mme Charbuque, ceux que reproduit Piambo pour donner vie à ses portraits, ou encore ceux ensanglantés des femmes retrouvées mortes dans les rues... De plus, bien qu'évitant la populace, le mystérieux modèle de Piambo ne semble pas se priver de sorties et parait avoir des yeux partout! Sortirait-elle le visage entièrement couvert pour mieux voir sans pour autant être vue?

Madame Charbuque en sortie?

  En alliant un scénario et des éléments classiques qui rappellent autant les écrits fantastiques d'E. Poe (Double assassinat dans la rue Morgue) que ceux d'O. Wilde (Le portrait de Dorian Gray) à l'écriture vive et entrainante d'un thriller moderne, Jeffrey Ford nous offre un roman sombre au rythme haletant et au contenu foisonnant, dont on regrettera cependant la rapidité du final, qui laisse une légère amertume sur les papilles après une intrigue d'une telle qualité scénaristique et rédactionnelle!

Éditions japonaise, chinoise et russes.

En bref : Un polar gothique victorien mêlant le capiteux des classiques fantastiques au ton entraînant d'un thriller moderne, Le portrait de Madame Charbuque est un récit suave, sombre, et mystérieux à souhait dans l'univers des portraitistes.

dimanche 2 septembre 2012

Jane Eyre sur Arte (*Enjoy!*)

Il y a quelques temps, je publiais ici un article sur le sublissime, mirifique et magnifique classique Jane Eyre, de Charlotte Brontë, évoquant en même temps ma fascination pour cette histoire depuis ma plus tendre enfance ainsi que pour ses nombreuses adaptations. Les programmes de cinéma étant toujours très... hum... comment dire?... "Au ras des paquerettes" par chez moi, je n'ai encore pas eu la chance de visionner la dernière version qui me fait tant envie, celle avec Mia Wasikowska dans le rôle titre =(

Heureusement, Arte ( ah, je voue un vrai culte à cette chaîne! ) a la bonne idée de diffuser une série télévisée adaptée du même roman, tournée en 2006 pour la BBC et encore inédite en France! *HAPPY!* 


Mettant en scène Ruth Wilson et Tobby Stephens dans les rôles principaux, cette version a rencontré un énorme succès lors de sa diffusion en Angleterre et les quelques images que j'avais déjà eu l'occasion de voir me faisaient grandement envie, laissant deviner une réalisation aussi soignée que les adaptations télévisées des romans de Jane Austen. J'ai vraiment hâte de voir le résultat...


Cette version se compose de 4 épisodes, dont Arte diffusera les deux premiers jeudi soir (le 6 Septembre 2012) à partir de 20h50, et, j'imagine, les deux derniers la semaine suivante. Vivement, vivement! =D