jeudi 16 novembre 2017

Le Rocky Horror Picture Show, projection interactive au Studio Galande



The Rocky Horror Picture Show,

Un film de Jim Sharman en projection interactive au Studio Galande par la troupe des Deadly Stings.



Avec : Tim Curry, Susan Sharandon, Barry Bostwick, Richard O'Brien, Patricia Quinn...

  Une nuit d'orage, la voiture de Janet et Brad, un couple coincé qui vient de se fiancer, tombe en panne. Obligés de se réfugier dans un mystérieux château, ils vont faire la rencontre de ses occupants pour le moins bizarres, qui se livrent à de bien étranges expériences.

  Bide absolu lors de sa sortie, cette comédie musicale Rock’n roll, sortie en 1975, a été sauvé par ses fans qui revenaient chaque semaine déguisés. Le plus culte des films cultes, le Rocky Horror Picture Show est projeté partout dans le monde et les séances prennent la forme de vraie messe où le spectacle se passe autant à l’écran que dans la salle Les séances du Rocky Horror Picture Show ne sont pas des séances comme les autres. Vous pourrez non seulement chanter, mais vous pourrez aussi jeter de l’eau et du riz (pendant les mariages et l’orage) et faire la danse traditionnelle du Rocky Horror Picture Show: le Time Warp. Mais ce n’est pas tout, chacune des séances sera animée par une troupe de bénévoles qui rejouera, devant vos yeux, le film dans la salle et sera prête à tout pour vous faire passer une séance de ciné que vous n’êtes pas près d’oublier.

***

« As-tu entendu parler du Rocky Horror Picture Show ? » me demande l'amie parisienne chez qui je passe le weekend, et avec qui nous discutions alors de pop culture horrifique.
-Oui, je connais, de nom seulement. Je sais que c'est une sorte de film d'horreur parodique des années 70 mais rien de plus, pourquoi ?
-Il est sur ma liste de films à voir, ajoute-t-elle, et un ami m'a dit que si je devais le visionner, il fallait absolument que je le fasse au Studio Galande : un cinéma parisien où le film est projeté depuis plus de 30 ans sans interruption, avec une animation faite par une troupe de comédiens.

   Après tout, pourquoi ? En pleine période d'Halloween, ce serait de circonstance... Nous nous renseignons sur internet en attendant la dernière amie qui composera la trio infernal de ce weekend parisien, admettant très vite que nous ne tenterions pas l'expérience en solo. Pourquoi « expérience » ? Pourquoi pas en solo? Le site officiel duStudio Galande promet un ciné spectacle tonitruant, pendant lequel il est autorisé de jeter du riz pendant les scènes de mariage, de l'eau pendant les scènes d'orage, et des toasts (!) pendant la scène du repas. Hum. Si les toasts sont beurrés, ce sera une autre paire de manche...

   Nous sommes vite rejoints pas Ficelle/Pouchky, à qui nous présentons l'éventuel programme du soir : « Cela te dit de passer une soirée pendant laquelle on va se prendre du riz, de l'eau, et des toasts en pleine figure ? »
-Vous connaissez un restaurant où l'on sert si mal ? Interroge-t-elle avec son flegme habituel.
A peine lui précise-t-on qu'il s'agit d'un film que, forte de ses connaissances en culture pop, elle s'exclame : « Aaaah, mais c'est le Rocky horror !».

...

Le programme de la soirée était donc décidé.

(Note : la suite de cet article pourrait heurter la sensibilité des plus jeunes... haha...). Poursuivez la lecture à vos risques et périls.




Trailer du film.

  Nous imaginons tout, le pire comme le meilleur, craignant tout d'abord d'être les seuls à ne pas s'y présenter déguisés (le site internet précisait que l'on pouvait venir costumé, avec ses … accessoires...). A notre arrivée devant le cinéma, une longue file de personnes toutes vêtues de façon très ordinaire nous nous rassure ... puis les comédiens, la troupe des Deadly Stings (qui anime les projections du samedi), apparaissent petit à petit. D'abord une superbe rousse en robe de soirée écarlate ( "Elle, c'est Magenta, la gouvernante dans le film", nous explique Ficelle) accompagnée d'un blond emperruqué en costard crème, puis, à l'accueil du cinéma, un majordome effrayant qui tenait davantage du monstre Igor .


« Vous êtes vierge ? » nous demande la rouquine de sa voix flutée.
Un ange passe, vite abattu par l'une de mes deux amies:
-J'ai quatre enfants, si c'est là votre question.
-Ah, non, je voulais savoir si vous étiez vierge du Rocky.
Nous acquiesçons, sur quoi elle dégaine son rouge à lèvre et nous trace sur le front le V de la virginité avant d'entrer en salle.

  Au secours. Où avons mis les pieds ? Cela sent le bizutage à plein nez.

  La salle ne contient que 90 places environ, et ses murs sont protégés de larges bâches. Ouch... plus on avance dans cette histoire, plus c'est prometteur.


  On nous explique ce qui nous attend: " Tout ce qui se passe dans le film se passe dans la salle". Et le public va être mis à contribution. Magenta précise que ce spectacle est très ouvert d'esprit et que tous les spectateurs sont égaux au Rocky Horror : "Si vous êtes hétéro, on se foutra de votre gueule. Si vous êtes gay, on se foutra de votre gueule. Si vous êtes bi? On se foutra deux fois plus de votre gueule." Autre chose importante? Ah oui, qui fête son anniversaire ce soir? Un pauvre spectateur est de suite vendu par ses compagnons (qu'on devine d'infortune, vu dans quel mouise on se trouve tous désormais), les comédiens lui font comprendre que le pauvre va prendre cher. Oui, mais dans la bonne humeur. Avant de lancer le film et entre deux ou trois blagues bien bien potaches, on nous apprend la choré emblématique du film, le Time Warp, car oui, c'est aussi une comédie musicale! Avant d'être adaptée au grand écran, le Rocky était un Musical né dans le West End de Londres. Le cours, donné à la va-vite et schémas à l’appui, est un peu laborieux et sujet aux quiproquos hilarants.

 Le Time Warp, ou comment avoir une choré et une chanson dans la peau pendant plusieurs semaines...

 Puis la troupe, toute de paillettes vêtue, lance le film. Pendant un générique chanté par une énooooorme bouche au rouge à lèvre ostentatoire, la très belle Magenta offre au public un effeuillage certes très élégant, mais surtout très déjanté avant de sautiller sur place (faisant tournoyer quelques pompons suspendus ... euh... oui, des pompons suspendus, quoi, enfin bref, allez voir vous même.) pendant que tous les comédiens nous souhaitent la bienvenue en chœur, signe que le spectacle commence et qu'il est trop tard pour faire demi-tour. De toute façon, nous sommes soit trop effrayés ou soit trop curieux pour quitter la salle, même si l'on sait qu'on va tous y perdre notre honneur.

Un générique inoubliable...

Résultat des courses ? J'ai adoré. Si, si, je vous jure!

   Le film, tout d'abord (même s'il était difficile de suivre l'histoire en intégralité parce mon attention était davantage occupée par les âneries des comédiens) est donc soit une très bonne parodie de mauvais films d'horreur, soit un nanar qui s'est oublié (ou s'assumait totalement). Il détourne avec exagérations et jubilation les codes du film d'horreur classique en y ajoutant de la musique, de la danse, et des bas résille. Car oui, derrière son côté série B revendiquée, Le Rocky Horror, c'est avant tout la révolution sexuelle des années 70 (« C'est très gayfriendly » nous disait Ficelle avant notre départ). En effet, nous avons droit à un Tim Curry en pseudo vampire travesti (corset de cuir, talons hauts et collants) qui séduit tour à tour mari et femme pourtant bien rangés, alors qu'il vient lui-même de se fabriquer un joujou humain aux allures de gogo danseur bodybuildé (LE fameux Rocky du titre, un musclor simple d'esprit aux abdos huilés qui se promène en minishort doré tout le long du film). Totalement improbable encore aujourd'hui, on imagine le bruit que ce film a du faire à sa sortie. Et pourtant, il faut bien avouer qu'il mérite son statut de cul(te) -oups- et de film avant-gardiste, car le message derrière la comédie et les chansons est toujours d'actualité (Le Rocky, un film plus engagé qu'il n'y parait? Je vous invite à lire à ce sujet cet excellent article pour en connaître plus sur l'histoire du film). Une chose est sûre, qu'on aime ou qu'on n'aime pas, les chansons sont excellentes et très entraînantes, au point qu'on ne se fait même plus prier en fin de spectacle pour danser le Time Warp et faire la chenille avec nos hôtes en talons et maquillages outranciers ( De toute façon, on est tous corrompus alors...).


   Le spectacle assuré par les Deadly Stings était complètement barré: en plus de rejouer les scènes en simultané, les comédiens ajoutaient des répliques entre celles du films pour tourner les dialogues en dérision (encore plus qu'ils ne le sont déjà par l'histoire initiale), s'amuser de l'actualité sociale ou politique, ou encore intervenir dans le décor pour y ajouter un détail qui provoque l'hilarité générale. Le public se trouvait souvent mis à contribution, et je me suis malgré moi retrouvé avec Rocky (oui, le joujou bodybuildé en boxer à paillettes) sur les genoux (le voisin de devant a connu pire : La jolie rousse est venue régler un sérieux compte à son honneur pendant la séance). Et si j'ai du marmonner « Oh mon Dieu » au moins douze fois, le ton est tellement cinquième ou sixième degré (on ne parle plus de second, à ce stade!) que ce n'était jamais vulgaire même quand cela aurait pu l'être en d'autres circonstances (pour rappelle, ces projections sont tout de même interdites au moins de 16 ans).
  N'oublions pas d'évoquer les scènes de mariage et d'orage. Une tempête de riz (on en a retrouvé dans nos poches pendant plusieurs jours) à laquelle a succédé une véritable douche de la part de tous ceux qui avaient emmené leurs munitions (de nombreux habitués avaient pensé à se protéger de sacs poubelles ou même d'un parapluie, comme l'a fait une dame devant mes yeux écarquillés ).


   J'étais entré effrayé, j'en suis sorti déshonoré mort de rire. La preuve : j'ai même donné ma contribution à la troupe qui faisait sa quête à la sortie (dans le corset d'une des actrices, eh oui, on joue le jeu jusqu'au bout!). Car le prix de la place revient au projectionniste et au cinéma, mais la troupe est entièrement bénévole ! Donc pensez à votre monnaie si vous y faites un tour, ils le méritent vraiment, et parce que c'est une animation qu'il faut faire au moins une fois dans sa vie si vous aimé l'humour pastiche et potache à la fois, lorsqu'il revendique totalement ne pas se prendre au sérieux. Les comédiens tournent régulièrement et même les spectateurs peuvent présenter leur candidature pour jouer un rôle. En ce qui concerne ceux qui assuraient le spectacle le soir de notre présence ( le 21 Octobre 2017), chapeau à Magenta, Janet, Rif-Raf et Rocky (je ne sais pas qui étaient les interprètes mais s'ils passent par là et se reconnaissent sur les photos, bravo!).


En bref : Spectacle détournant un film qui détournait déjà l'univers du cinéma d'horreur, la projection animée du Rocky Horror au studio Galande est un show totalement décomplexé qui mêle burlesque et mise en scène de bric et de broc, dans une ambiance gentiment potache et musicale entrainante. Hilarant, à faire une fois dans sa vie ou plusieurs si vous voulez décompresser d'une semaine de boulot harassante (pour moi ça a fonctionné!) . (Et à Halloween, c'est encore mieux!).

(NB : les clichés viennent de la page Facebook des Deadly Stings, fan club officiel du Rocky qui anime bénévolement les projections du samedi. Si vous y assistez un soir, surveillez leurs publications, vous aurez de fortes chances d'y retrouver votre bobine!) 

5 commentaires:

  1. Ah oui, le Rocky Horror Picture Show du Studio Galande, c'est un must ! Once in a lifetime, au moins... Ma séance date de quand j'étais étudiante, donc il y a déjà bien longtemps, mais c'est comme si c'était hier ! Génial !!!

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    1. Je trouve très chouette que le show soit renouvelé depuis plusieurs années, et entretienne le statut culte du film! C'est en effet à voir une fois au moins! :D

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  2. oui il y a des films comme ca qui ont ete sauves par les fans...en tout cas tu donnes envie lala...dommage que paris soit si loin...;)

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  3. Ahaha je suis morte de rire en me remémorant la soirée grâce à ton billet. Tu devrais le mettre en lien sur la page FB des Deadly Sting.

    A Lyon, Rocky était interprété par une mince jeune femme, tu aurais pu la garder sans peine sur tes genoux!!!

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