vendredi 18 mai 2012

Les oiseaux noirs - Faustina Fiore

Éditions Casterman, 2012.

Comme tous les habitants du village de Seelenheim, Arno, 12 ans, se terre dans la maison familiale à chaque attaque des oiseaux noirs. Voilà plusieurs générations déjà que ces grands oiseaux effrayants terrorisent périodiquement le village et ceux qui y vivent, devenus fatalistes. Personne ne s’explique l’origine réelle de la malédiction qui frappe Seelenheim, ni la véritable nature de ces terrifiants volatiles, que la rumeur désigne comme des mangeurs d’âmes.
Tout va changer, pourtant, après une attaque au cours de laquelle Arno voit mourir Bern, son cousin et meilleur ami. Accablé par la culpabilité, le garçon prend la route, seul. Son but : trouver le Vieux de la montagne, dans l’espoir fou d’obtenir un moyen de lever la malédiction...

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    Traductrice depuis plusieurs années, Faustina Fiore transpose en langue française des ouvrages jeunesses anglais, italiens et espagnols. Après avoir permis de faire connaître dans l'hexagone de nombreux romans à succès, elle fait publier aujourd'hui son premier livre aux éditions Casterman : Les Oiseaux Noirs. Une aventure dont on s'est délecté d'une seule traite.

    Bien que classé sous le libellé "fantastique", ce roman s'apparente davantage à un conte ; on a d'ailleurs beaucoup pensé à l’œuvre des frères Grimm. S'ils avaient été de notre époque, aucun doute qu'ils auraient pu écrire ce livre! Ainsi, comme dans tout conte qui se respecte, le cadre spatio-temporel de l'action n'est pas clairement défini : la ville où se déroule l'histoire a beau être nommée, on ignore dans quel pays elle se trouve et encore moins à quelle époque, ce qui confère au récit une dimension d'étrangeté fascinante, une toile de fond mystérieuse. Les description et l'atmosphère merveilleusement mises en mots laissent imaginer des décors et une ambiance semblables à ceux du film Le Village, ou parfois même au Sleepy Hollow de Tim Burton. Ces bourgs partagent en effet avec Seelenheim la particularité d'être comme coupés du monde, loin de tout, en plus d'un même sentiment de crise et de peur archaïque que fait naître chez ses habitants une légende surnaturelle.

Seelenheim: un petit côté "Sleepy Hollow"?

    Tout mythe a son histoire et chaque malédiction, une origine ; il en est de même pour ces Oiseaux Noirs. Dans les deux semaines qui suivent un décès survenu à Seelenheim, un malaise s'empare de ses habitants: une appréhension, un pressentiment synonyme du passage à venir des Oiseaux, qui ne tardent pas à arriver en masse pour s'attaquer aux villageois. Dès que les cloches du beffroi retentissent, ils savent qu'il leur faut rassembler leurs familles et courir se barricader dans leurs demeures, voire se terrer dans les caves. Mais il y a toujours un retardataire qui ne s'est pas caché à temps, un villageois qui n'a pas entendu la cloche, ou une porte qui n'était pas assez solide. A chaque passage des oiseaux à Seelenheim, il y a donc au moins un mort. Ce fléau s'abattrait régulièrement sur la petite bourgade depuis qu'un de ses anciens habitants, des décennies plus tôt, aurait passé un pacte magique avec le Vieux de la Montagne, dont certains sont naturellement persuadés qu'il est le Diable en personne.

    Le résumé pourrait laisser imaginer un scénario classique et sans surprise (le jeune garçon part à l'aventure, trouve le Vieux de la Montagne, s'en suit une bataille épique où il gagne le combat, levant ainsi la malédiction du village) mais il n'en est rien. Loin de tomber dans la facilité, l'auteure nous raconte un voyage initiatique où le jeune Arno – et à travers lui, le lecteur – voit ses certitudes vaciller et est amené à remettre ses croyances en question. Ce roman nous offre donc des révélations originales et surprenantes, ainsi qu'une réflexion pertinente sur la philosophie de la vie et la mort.



En bref : Les Oiseaux Noirs est un roman initiatique à l'intrigue à la fois forte et surprenante, porté par une plume fluide et travaillée. A mi chemin entre le conte et le récit philosophique, ce premier roman est profond et enchanteur à la fois.

2 commentaires:

  1. Waouuuuh je ne connaissais pas mais maintenant je veux absolument le lire ! Tu me donnes trop envie. J'adore ce genre d'histoires et ce genre d'atmosphères... En plus si tu parles du Village et de Sleepy Hollow pour le lieu, alors là je suis encore plus convaincue !

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    1. Ce que j'ai aimé c'est que les descriptions faites du village et de l'atmosphère laissent vraiment le lecteur se le représenter comme il le souhaite; Le côté huit-clos et légende maléfique avec ces créatures qui déciment les habitants pris dans leur peur archaïque (mais sans pour autant fuir) m'ont de suite fait penser à ces deux films. Je ne sais pas si d'autres lecteurs ont pensé comme moi... Le reste de l'histoire, en revanche, s'apparente plus à un voyage initiatique ou un conte philosophique =) Si tu le lis, tu me diras ce que tu en penses!

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