vendredi 29 juillet 2016

Shakespeare, l'oeuvre au rouge - Henriette Chardak.

Editions de l'Archipel, 2016.

  1595. William Shakespeare vient de composer  Roméo et Juliette, et s’apprête à écrire une nouvelle pièce : Hamlet. Ayant rejoint la troupe du Lord Chamberlain, il prend ses quartiers au Théâtre du Globe.
 
Hamlet, inspiré du destin de l’astronome danois Tycho Brahe, lui permet d’évoquer ses propres troubles psychologiques. Sous la mise en scène codée, le crâne devient la Terre en mouvement : cosmogonie de l’œuvre d’un homme qui cherche à fuir le monde. Mais ce génie a un talon d’Achille : l’amour, et sa peur panique de mourir de la syphilis.
  Quand le théâtre prend feu, Shakespeare se retire loin des intrigues, dans le village de son enfance. Père d’enfants légitimes et illégitimes, il entre dans l’intimité du nouveau roi d’Angleterre, James Ier. Mais certains affirment que William lui-même serait né des amours de la reine Elizabeth et de Robert Dudley ? Être ou ne pas être soi-même, telle était la question qu’il se pose et impose aux autres.
 
  Dans le second volume de cette biographie romanesque, Henriette Chardak éclaire les zones d’ombre que Shakespeare a conçues pour se protéger.

***

  Au mois de Mars dernier, j'avais chroniqué la première partie de cette biographie, envoyée en partenariat par les éditions de l'Archipel. Vous vous souvenez certainement de mon enthousiasme : l'ouvrage, à la fois méticuleux et fouillé, s'offrait le luxe d'un style original proche du roman sans négliger le sérieux des données historiques. A la suite de mon article, j'ai eu l'immense chance de recevoir un mail d'Henriette Chardak et d'échanger quelques messages avec elle, l'occasion pour moi de lui réitérer mon admiration pour son travail d'écriture. D'une amabilité et d'une humilité sans borne, Mme Chardak a qui plus est eu la gentillesse de me dédicacer ce second ouvrage, reçu au Printemps dernier...


  On retrouve le dramaturge là où l'auteure l'avait laissé au terme du premier opus de cette grande investigation historique. Après l'enfance, les débuts itinérants à Londres et les premières pièces, William est maintenant un auteur et comédien reconnu qui explose sur la grande scène du monde. Là où l'intensité et le tumulte de l'époque élisabéthaine montaient en gradation dans l'ouvrage précédent, on y est cette fois plongé avec bruit et fureur. Henriette Chardak nous pousse dans ce tourbillon bruyant et fascinant avec un réalisme qui force l'admiration, l'écriture toujours servie par sa plume si caractéristique.

 Gravure et reconstitution du théâtre du Globe.

  Cet opus est aussi plus noir, plus complexe, plus introspectif : Flirtant avec les arcanes du Pouvoir en place quand il n'utilise pas la métaphore de ses pièces pour dénoncer ses frasques, Shakespeare est sur une position ambivalente et doit sans cesse passer de l'ombre à la lumière pour se protéger. Son œuvre est comme un miroir révélateur qui peut tantôt le glorifier, tantôt le pousser à sa perte, et entrainer les siens avec lui.

  Vient alors la grande question : Comment se protège-t-il? De quels masques se pare-t-il pour sauver sa réputation et son honneur? Entre autres parades dignes du personnage, Henriette Chardak en vient à explorer l'origine même de sa naissance et de son réel statut : serait-il protégé par une quelconque noblesse de sang? Et auquel cas, cette noblesse serait-elle légitime ou non? Sans substituer William Shakespeare à un autre écrivain ou un nègre qui serait le véritable auteur de ses pièces, H.Chardak lie ses propres théories à d'autres spéculations déjà évoquées dans les enquêtes relatives à la généalogie Shakespearienne, dont une éventuelle filiation avec Lord Robert Dudley et... la Reine Elizabeth I! 



  Cette théorie, si elle a comme toutes les autres ses partisans et ses détracteurs, a le mérite d'être une fois encore défendue avec style et talent. Après tout, l'avantage de toutes ces zones de flou qui persistent autour de Shakespeare, c'est qu'elles nous permettent, encore aujourd'hui, de nous perdre avec délice dans toutes les conjectures possibles...

En bref : Une deuxième partie qui ne fait pas défaut au premier ouvrage. On retrouve tout ce qui avait fait la réussite de l'espion des âmes, l'aspect psychologique en plus. On redécouvre avec fascination un Shakespeare torturé et secret dans un Londres historique palpitant, monde à la fois obséquieux et fallacieux... Quelle meilleure lecture pour continuer de célébrer les 400 ans du décès de cet homme illustre ?



Un grand merci à L&P Conseil pour ce partenariat,
ainsi qu'à Henriette Chardak pour sa grande gentillesse.

2016 : 400ème anniversaire de la mort de Shakespeare.

Et pour aller plus loin...
- Retrouver la première partie de la biographie ICI.
-Un roman enchanteur au style hypnotique : Le portefeuille rouge, l'histoire d'une jeune artiste relieur qui découvre des manuscrits inédits concernant la jeunesse de Shakespeare. Un récit extrêmement bien documenté, magnifiquement bien raconté. 

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