Coffeehouse Angel, Walker Childrens, 2009 - Editions Flammarion (collection "Tribal"), 2012.
« Vous
croyez aux signes ? La foudre qui frappe une voiture dont vous sortez à
l'instant, un chat noir qui traverse votre chemin... Vous voyez ce que
je veux dire ? Le hasard, peut-être. Moi, je n'y ai jamais cru, à ce
genre de trucs. Avant de le rencontrer, lui. »
Chez Anna est un petit café où le temps s'est arrêté. Katrina y vit
paisiblement avec sa grand-mère. Jusqu'au jour où la magie et la poésie
s'immiscent dans sa vie : Alors qu'elle vient
d'offrir un café à un sans-abri, ce dernier lui propose d'exaucer son vœu le plus cher.
Comme vous commencez certainement à le savoir, j'apprécie de m'offrir de temps à autres ce que j'appelle une "lecture gourmande", c'est à dire un de ces romans légers et sucrés qui fait la part belle à la popote et à la cuisine, propres à faire saliver et inspirer des recettes à reproduire! L'an dernier, j'avais entendu parler de Café Givré par l'excellent blog de Mya's books et me l'étais par la suite procuré au Salon du Livre de Paris. Sa couverture et le résumé promettaient tous deux une histoire légère à l'ambiance hivernale, parfumée d'émanations de torréfaction et de pâtisserie. Parlons peu mais parlons bien, tout laisse à penser une bien jolie guimauve, mais Dieu sait que ça peut faire du bien quand on a besoin d'une "lecture détente" qui ne prenne pas la tête et qui envoie du rêve! Personnelement, je ne dis pas non et le revendique, comme pour les téléfilms de l'après-midi sur M6! :-P Peu motivé par la fin des vacances de Noël et plutôt tristounet de reprendre les cours et le stage, je me suis donc permis cette petite lecture pour coller à l'atmosphère enneigée qui régnait alors au-dehors, histoire de me réchauffer les neurones, installé dans un fauteuil au coin du feu et une tasse de cappuccino à la main.
Couverture de l'édition originale grand-format.
Katrina est une adolescente de 16 ans qui vit à Nordby, petit village côtier de l'Etat de Washington ancré dans ses coutumes et son atmosphère scandinaves. Orpheline depuis sa petite enfance, la jeune fille, simple et sans histoire, vit chez sa grand mère et l'aide à tenir Chez Anna, son petit café norvégien traditionnel. Mais le petit troquet parvient à peine à survivre dans cette Amérique moderne où le commerce voisin, Java Heaven, est devenu LE lieu à la mode, le carrefour où toute la jeunesse dorée et populaire se retrouve autour de cafés bios et originaux. Alors que Chez Anna est menacé de fermeture par son concurrent direct et que la situation empire de jour en jour, Katrina fait par hasard la connaissance d'une jeune sans abris endormi dans les poubelles et lui offre un café pour le réchauffer. Le garçon, prénommé Malcolm, se dit alors être un "messager", envoyé en mission par des forces supérieurs, et qu'il se doit désormais d'honorer le vœu le plus cher de Katrina pour la remercier. L'adolescente, à qui il n'est jamais rien arrivé d'extraordinaire et qui estime sa vie trop banale pour qu'un tel prodige soit possible, refuse d'y croire... mais les événements surprenants et inexpliqués s'enchaînent et bientôt, elle ne sait plus que penser. Après tout, si tout cela était vrai? Et puis de toute façon, elle ne perdrait pas grand chose à formuler un souhait... Mais alors, quel serait-il, que voudrait-elle par-dessus tout? Réussir dans la vie? Devenir populaire? Trouver l'amour? Ou encore sauver le café et ainsi venir en aide à sa grand-mère?...
Couverture de l'édition originale en format poche.
Que dire de cette lecture? Même avec quelques semaines de recul, j'ai encore des difficultés à me prononcer. Je dirais que je suis mitigé, en fait: il y a là d'excellentes idées, une excellente base à un pure roman de détente, et en même temps, j'ai eu le sentiment que ce potentiel n'était pas abouti. En effet, tout dans le résumé laisse envisager une intrigue sympathique, à l'image de ces téléfilms à la guimauve d'M6, comme je le disais plus haut. Mais Suzanne Selfors, jusque là habituée à écrire de la littérature enfantine, semble avoir du mal à donner du "corps" à ses personnages et -à mes yeux en tout cas- à les rendre crédibles. Leurs personnalités est trop caricaturales et pas assez exploitées à mon goûts, alors qu'il y avait vraiment une matière de départ intéressante à développer. Le tout donne une galerie de portraits qui lorgne plutôt du côté des teen-movies et des ficitions télévisées à la petite semaine des chaînes Disney: une héroïne tout ce qu'il y a de plus banal, son meilleur ami, sa pire ennemie du lycée (hyper populaire mais potiche type, et qui plus est fille du proprio' du café voisin... so prévisible!), un personnage fantastique débarque et propose de réaliser les rêves de la jeune fille grâce à des grains de café magiques (*ahem*, mouais...); s'en suit un enchaînement de rebondissements qui frôlent par moment le ridicule (le chat qui, après avoir avalé un grain de café, devient mondialement célèbre - jusqu'au Japon - et attire les foules de touristes) et amène à un dénouement plutôt prévisible.
"Hot shots Java", à Poulsbo, coffeehouse où l'auteure à passer le plus de temps à rédiger son livre... ce lieu aurait-il inspiré le café "Java Heaven" du roman? Rien n'est moins sûr!
MAIS, mais...car il y a un "mais"... chacun sait que je suis plutôt bon public (ou "bon lecteur" dans le cas présent) et que je trouve toujours des points positifs à une lecture. Ici, c'est l'atmosphère hivernale du roman, si semblable à celle qu'il y avait de l'autre côté de la vitre, qui m'a aidé à accroché à l'histoire et à mieux m'imprégner de son atmosphère. Même si le style littéraire n'y était pas forcément, je me suis laissé happé par l'ambiance de Nordbye et visualisais parfaitement les décors de cette petites villes côtière -extérieurs enneigés et intérieurs chaleureux - encore habité par ses coutumes nordiques. En faisant des recherches sur le site officiel de l'auteure, j'ai découvert qu'elle s'était inspirée de la vraie ville de Poulsbo, petite bourgade scandinave de l'Etat de Washington, pour créer Nordby. Les photos visibles sur le site correspondent en tout point à l'image que je m'étais faite de la petite ville de Katrina et ont quelque peu redoré l'image que j'avais du roman ^_^. Les recettes du café d'Anna, issues de la cuisine scandinave, font également partie des détails que j'ai apprécié et qui m'ont permis de profiter de ce livre pour ce qu'il est: une lecture qui a le mérite de ne pas prendre la tête et de laisser les méninges au repos! Dans un sens, ce roman aura donc remplis sa mission, preuve qu'il n'est donc pas totalement raté à défaut d'être vraiment abouti.
Poulsbo, ville scandinave qui a servi de source d'inspiration à l'auteure pour créer la bourgade de Nordby.
Petit commerce de Poulsbo qui a servi de source d'inspiration au café Chez Anna.
Au final, j'en retiens donc un livre qui avait un bon potentiel de base, des idées de départ intéressantes et une atmosphère sucrée prometteuse, mais dont le traitement de l'histoire aurait mérité d'être plus exploité, plus travaillé, pour en faire un roman réussi.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire