dimanche 30 juillet 2023

Meurtre au château de Blackburn (Une lady mène l'enquête #2) - Sara Rosett.

Murder at Blackburn Hall (High Society Lady Detective #2)
, McGuffin Ink (autoédition Amazon), 2019 - McGuffin Ink (autoédition Amazon) (trad. d'E.Velloit et Valentin translation), 2022.
 
    Septembre 1923. Après avoir résolu sa première affaire, la détective mondaine Olive Belgrave n’a pas trouvé de nouveaux clients. Elle a donc accepté un poste de mannequin pour chapeaux afin de payer sa minuscule chambre en pension de famille. C’est alors qu’on lui propose une nouvelle mission : enquêter discrètement sur la disparition d’un célèbre écrivain. Olive sillonne la campagne anglaise à la recherche de l’auteur de romans policiers disparu. Peu après son arrivée dans un paisible village anglais, un cadavre est découvert. Mais un second meurtre attire l’attention de la police sur Olive. Maintenant, elle doit blanchir son nom au plus vite avant que le piège du meurtrier ne se referme sur elle.
 
    Meurtre au Château de Blackburn est le deuxième tome d’Une lady mène l’enquête, une série policière historique à la lecture légère qui se déroule dans l’Angleterre des années 1920. Si vous aimez les romans qui vous font revivre l’Âge d’or de la fiction policière avec des rebondissements inattendus, des décors élégants et des énigmes à élucider, vous adorerez Sara Rosett, auteure de best-sellers au classement du USA Today, et sa série Une lady mène l’enquête.
 
***
 
    L'an dernier, nous vous avions parlé de Meurtre au Manoir d'Archly, premier opus de la série Une lady mène l'enquête. Toute ressemblance avec Son espionne royale est tout à fait... normale ! Comme on l'avait expliqué dans notre précédente chronique, ces romans de l'autrice Sara Rosett, autoéditée et traduite via Amazon, sont une alternative de bonne facture aux enquêtes de Lady Georgiana par Rhys Bowen. Bien que les intrigues ne se situent pas ici dans le milieu de la haute noblesse, la jeune Olive Belgrave est également une jeune fille de la bonne société sans le sou, confrontée à des meurtres dans de grandes et belles demeures de la campagne britannique. Si la traduction laissait franchement à désirer (car en partie assurée par... un logiciel), l'univers, également très proche d'Agatha Christie, et l'intrigue policière nous avaient convaincu.
 

    Dans ce second tome, on retrouve Olive quelque temps après la résolution de sa première enquête au Manoir d'Archly. La jeune fille a ouvert son entreprise de détective mondaine, mais elle n'est contactée que pour retrouver les chiens disparus de vieilles ladies. Alors qu'elle s'apprête à accepter un poste dans une chapellerie, son meilleur ami Jasper lui présente une affaire qui pourrait être dans ses cordes : l'auteur de polar le plus célèbre de la décennie, R. W. May, a mystérieusement disparu. Les éditions Hightower ne l'ont d'ailleurs pas encore annoncé et tentent de garder l'information secrète en espérant que l'écrivain donnera signe de vie. Plus étrange encore, il s'est évaporé alors qu'il s’apprêtait à rendre le tout dernier manuscrit d'une série qui rencontrait un très beau succès auprès du public. La seule information que l'éditeur a pu obtenir de R. W. May avant qu'il ne disparaisse, c'est qu'il vivait dans le petit village de Hadsworth. Or, il se trouve que réside là-bas, au château de Blackburn, Lady Holt, qui a proposé aux éditions Hightower son manuscrit (aussi barbant qu'on l'imagine) sur l'étiquette et les bonnes manières dans la haute société. Sous couvert d'une relecture en vue d'une publication, les éditions Hightower envoient Olive au château de Blackburn sous la fausse identité d'une assistante éditoriale afin qu'elle puisse discrètement enquêter sur la disparition de R. W. May...
 

    Avec ce second tome, Sara Rosett confirme son talent d'autrice de polars à l'anglaise. Sa reconstitution d'un petit village britannique typique des années 20 comme on en voit chez Agatha Christie, avec tous les secrets qu'on imagine derrière le vernis, fonctionne à merveille. A la façon de la Grande Dame du Crime, S. Rosett nous fait rencontrer une galerie de personnages des plus fascinants au plus farfelus : le Dr Finch, charmant médecin de campagne et sa fille Anna, le fils de Lady Holt, jeune flambeur et séducteur tout droit sorti d'un roman de Nancy Mitford, et sa sœur Serena, scientifique extravagante doublée d'une ingénieure en puissance (en pleine recherche sur la décomposition sous toutes ses formes et en cours de conception du parfait aspirateur silencieux !). Outre le château de Blackburn – qui sera le théâtre d'un drame, comme chacun s'en doute – le décor de ce charmant village de carte postale comprend un golf qui n'est pas sans rappeler, une fois encore, l'univers de la grande Agatha.
 
Squerryes Court, qui a servi d'inspiration à Blackburn.
 
    A cette atmosphère réussie s'ajoute une intrigue efficace et très bien construite où vont se télescoper deux affaires : la disparition de R. W. May d'un côté et, plus tard, la mort suspecte d'un habitant de Hadsworth. Comme souvent dans ce type de roman, on découvrira que rien n'est jamais un hasard et que les apparences sont souvent trompeuses. C'est probablement là que se situe toute la subtilité de Meurtre au château de Blackburn : dans l'enchaînement des péripéties et dans leurs mécanismes sous-jacents, qui mènent habilement le lecteur par le bout du nez. Le tout est étoffé des minutieuses recherches de l'autrice, que ce soit concernant les poisons ou des affaires qui ont défrayé la chronique anglaise au tournant du XXème siècle (à l'image de l'affaire des Fées de Cottingley, qui inspire à Sara Rosett tout un pan de son livre).


    On retrouve avec plaisir le personnage d'Olive, cette jeune fille débrouillarde et perspicace prête à tout pour vivre de manière autonome malgré son manque de moyens financiers. A ses côtés, on fait davantage connaissance avec Jasper, son ami d'enfance et – on le devine peu à peu – potentiel soupirant. Ces deux-là nous font évidemment penser à Georgie et Darcy : tout comme le duo de Rhys Bowen, Olive a fait une école de bonnes manières en Suisse et Jasper disparait régulièrement de la circulation pour participer à des affaires classées secrètes. Pour autant, les personnalités restent bien distinctes et Sara Rosett sait apporter une dimension très authentique à son propre univers. Petit plus qui mérite d'être souligné : la traduction de ce second tome est meilleure que celle du premier, même si on n'évite pas quelques tournures de phrase encore très relatives.
 
La célèbre affaire des fées de Cottingley.
 
En bref : Un deuxième tome qui nous fait évoluer du milieu de l'édition des premiers polars à succès aux paysages typiques de l'Angleterre pour une enquête dans la pure lignée d'Agatha Christie. Mieux traduit que le premier opus, ce titre de Une lady mène l'enquête confirme de surcroît le talent de Sara Rosett pour reconstituer la haute société britannique des années 20 et élaborer une intrigue policière à tiroirs. Le tout se lit cette fois encore comme une très sympathique alternative aux romans de Rhys Bowen, à côté desquels Sara Rosett n'a pas à rougir. Vivement le suivant !



Et pour aller plus loin...
 

- Découvrez toute la série Une lady mène l'enquête : le tome 1 et les suivants à venir...


- Si vous avez aimé Une lady mène l'enquête, vous aimerez Son espionne royale.
 
 

- Découvrez le site officiel de Sara Rosett ICI.


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