Institut Saint-James de B..., Nathan, 17 ans, doit passer l’été à
préparer son diplôme de fin d’études. Un soir arrive un nouvel élève,
Arthur. Accueilli comme un prince par le directeur de l'établissement,
il exerce immédiatement une fascination troublante sur les élèves. L'un
après l'autre, les amis de Nathan succombent à l'étrange pouvoir de
séduction et disparaissent des nuits entières, sans que l'adolescent ne
puisse rien savoir de leurs escapades. Puis un soir, Arthur lui propose
de devenir à son tour un chevalier de la Table ronde…
Fabrice Colin
nous entraîne avec virtuosité dans
une quête du Graal d'un genre nouveau, où le mystère flirte avec la
folie, où la vérité avance toujours masquée.
***
On l'a dit il y a peu : on a fait entrer par cargaison toute une sélection d'ouvrages tirés de la bibliographie de Fabrice Colin, essentiellement des titres à côté desquels on était passé ces (vingt) dernières années. Camelot, roman jeunesse paru en 2007, faisait partie du lot – une (re)découverte qu'on ne regrette pas !
Quelque part dans la ville de B... se tient l'Institut Saint-James, un pensionnat de haut standing réservé aux enfants de familles huppées. L'été, l'établissement reste ouvert : on ne saurait tolérer que les élèves de Saint-James se distinguent autrement que par la réussite scolaire, aussi l'école propose-t-elle pendant les congés des cours de rattrapage pour ceux qui ont loupé leurs examens de fin d'études. Cette année-là, Nathan, Eric, David et Mathis font partie de la trentaine de lycéens qui ne rentreront pas chez eux pour les vacances. Les deux mois qu'ils s’apprêtent à passer dans l'enceinte de l'école s'annoncent des plus austères, mais voilà qu'arrive un soir Arthur, déposé en limousine par un chauffeur. Grand, pâle, incandescent et magnétique, l'adolescent suscite la curiosité autant que la méfiance, se drapant perpétuellement de mystère. Maniant habilement les mots, fin observateur du monde qui l'entoure et manipulateur hors pair, Arthur semble avoir toujours une longueur d'avance sur les autres. Son pouvoir d'attraction a tôt fait d'appeler dans son giron les trois amis de Nathan, que le garçon voit s'échapper en douce du dortoir chaque nuit pour rejoindre leur nouveau compagnon. L'adolescent, entre envie et appréhension, rejoint bientôt à son tour le cercle très fermé d'Arthur...
Voilà très longtemps qu'on n'avait pas goûté au plaisir d'une intrigue dans un pensionnat – un registre en soi en littérature que fiction, qui plus est qu'on affectionne tout particulièrement. L'Hexagone s'illustre assez rarement dans cette veine, les school stories relevant davantage d'une patte toute britannique. Mais y a-t-il auteur français plus anglais que Fabrice Colin ? Probablement pas. Celui-ci, très certainement féru lui aussi de ces histoires de pensionnat, évoque les origines de son livre en préface et cite Le grand Meaulnes et Les disparus de Saint-Agil parmi ses inspirations. Rien de très britannique au demeurant, et pourtant, il y a quelque chose de furieusement british entre ses pages, autant dans l'atmosphère que dans les personnages. Et de fait : la perfide Albion ne renierait certainement pas un internat du registre de Saint-James !
Avec le personnage de Nathan, narrateur et version moderne de François Seurel, le lecteur s'identifie et vit l'intrigue à travers son regard. Comme lui, on lutte entre fascination et aversion pour le mystérieux Arthur. Comme lui, malgré nos principes et nos réticences, on se laisse séduire par cet adolescent à l'aura hypnotique. Et bientôt, comme lui, on veut ardemment être de ce cercle secret qui se réunit chaque nuit dans les souterrains de l'école pour parler rêves, contes et poésie. Quoi qu'il en coûte. Car il est certain qu'il y aura un prix à tout cela. Dans l'univers de fables épiques que s'invente Arthur, féru des légendes de la Table Ronde dont il abreuve ses camarades et dont ils se rêvent tous les nouveaux chevaliers, la frontière entre réel et imaginaire se fait de plus en plus poreuse. La vie d'Arthur ressemble à s'y méprendre à un texte de Chrétien de Troyes, jusque dans les noms de ses protagonistes ou dans sa configuration familiale : de la fée Morgane au terrifiant Mordred, tout y est. Est-ce là une simple coïncidence ou bien le garçon, aussi intelligent soit-il, ne fait-il plus la distinction entre le mythe et le réel ? Fabrice Colin, conteur sans égal, nous invite à glisser avec les protagonistes sur le fil du rasoir : sa plume, vibrante d'émotion, est l'écrin parfait à ce conte noir qui explore toutes les extrémités de l'amitié.
En bref : Hommage aux intrigues de pensionnat et aux school stories d'antan, Camelot est un roman ciselé comme l'architecture d'une cathédrale gothique. Thriller psychologique, intrigue d'aventure et roman d'apprentissage, ce texte inclassable est aussi une ode aux amitiés sublimes parce que maudites. Un petit bijou entre ombre et lumière qui aborde tout ce qui fait l’adolescence : vie, mort, beauté et venin.
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