The dress (Everyday Magic #1), Ruby Slippers Publishing (autoédition), 2011 - Bonnier Zaffre, 2016 - Editions Préludes (trad. de M. Charrier), 2017.
Fabia Moreno vient de s’installer avec sa fille, Ella, dans la petite
ville de York, où elle a ouvert un magasin de vêtements vintage. Une
boutique de rêve, comme les femmes de York n’en ont encore jamais vu.
Car Fabia possède un don pour dénicher la robe idéale et l’ajuster à
chaque cliente. Autour de son commerce, bientôt, les destins se
croisent, les identités se révèlent et les amours s’épanouissent… mais
naissent aussi la méfi ance et la jalousie.
L’exubérance de Fabia dérange, et la jeune Ella, à la peau cuivrée, est une adolescente bien mystérieuse. Parviendront-elles à s’intégrer dans la communauté ? Quel sombre secret cache Fabia derrière ses tenues flamboyantes et son accent chantant ? Sa fille elle-même sait-elle tout de l’histoire familiale ?
Dans la lignée du roman Chocolat de Joanne Harris, adapté au cinéma avec Juliette Binoche et Johnny Depp, Une robe couleur de vent est un véritable bonheur de lecture, ode à la tolérance et hymne à la vie.
"Grâce à son talent, Sophie Nicholls se fera une place de choix parmi les auteurs qui comptent".
Indie Book Review
"Un roman délicieux et inspirant qui, sous son romantisme assumé et son côté feel good, n’oublie pas de traiter des sujets profonds."
"Un roman délicieux et inspirant qui, sous son romantisme assumé et son côté feel good, n’oublie pas de traiter des sujets profonds."
Yorkshire Post
***
Voilà une lecture qui est tombée entre nos mains par le plus grand des hasards, alors que rien – strictement rien : ni le titre, ni la couverture, ni l'éditeur – ne le laissait présager. Ledit hasard s'est invité au cours d'une discussion avec Mother Rabbit qui, de sélections littéraires glanées sur le net en wishlists pour sa bibliothécaire, est un jour revenue de la médiathèque avec la trilogie de Sophie Nicholls dans sa récolte mensuelle. La curiosité attisée par les excellents avis publiés sur la blogosphère, on lui empruntait le premier opus afin de nous forger notre propre avis.
"L'histoire que je vais vous raconter n'est pas si simple, toute de
coutures complexes et d'agrafes cachées, de poches profondes et
d'entoilages rétifs à un ajustement précis. Je vais la tailler pour vous
comme mamma m'a appris à le faire, en roulant l'ourlet entre mes doigts
et en peignant les fils égarés le plus délicatement possible."
L'intrigue nous emmène à York, cité pittoresque de la vieille Angleterre, où la belle et mystérieuse Fabia Moreno vient d'emménager avec sa fille Ella pour ouvrir une boutique de vêtements. Mais pas une boutique quelconque, non, une boutique de vêtements vintage : des pièces uniques que Fabia ajuste à la silhouette de chacune de ses clientes, la commerçante étant également une couturière hors pair. Dotée d'un œil aguerri et d'un don pour dénicher la perle rare qui embellira quiconque passera la porte de son magasin, Fabia séduit bientôt les habitants même les plus retors de la ville, au point que personne ne s'attarde bientôt plus sur son accent ou sur ses origines. Personne ou presque, car Monsieur Pike, le conseiller municipal, ne voit pas l'arrivée de cette femme d'un bon œil – comme il n'apprécie rien qui sorte du cadre, du rang ou, de façon générale, de ce que la société bien pensante conçoit ou tolère. Il en est ainsi du jeune Billy et de sa famille : le garçon, ami d'Ella depuis son arrivée, n'entre pas non plus dans les critères élitistes de M. Pike, bien décidé à semer le trouble. Mais c'est sans compter sur Fabia qui, comme toutes les femmes de la sa famille, semble avoir hérité d'un sixième sens et d'une intuition pour le moins particulière...
Tout d'abord auto-édité en 2011, ce roman de Sophie Nicholls, premier tome d'une trilogie, a rencontré un incroyable succès auprès des lecteurs. Best-seller de la plateforme Kindle Publishing, il fut même publié en édition classique quelques années plus tard, ce qui permit d'ouvrir les portes du marché étranger avec le rachat des droits par plusieurs éditeurs européens, dont l'Hexagone. Hexagone où le très sobre titre The dress est devenue Une robe couleur de vent, fantaisie que l'on doit au titre italien (Une vestito color del vento) qui a apparemment soufflé l'idée dans l'oreille des éditions Préludes ; une liberté au final aussi audacieuse qu'évocatrice puisqu'elle restitue très justement l'atmosphère magique du roman.
"Je vais monter cette histoire de mon mieux à partir de mes souvenirs, de
ce que j'ai deviné et ce que, sans doute, j'ai inventé en la racontant
encore et encore au fil des années.
Certaines pièces capricieuses me glissent entre les doigts comme un jersey de qualité ou se plissent sous mon aiguille comme un brocart. Il me suffit d'en lisser d'autres sur mes genoux pour les découvrir aussi légères et complaisantes qu'un vichy, aux lignes matérialisées par le fil que je tire entre les évènements - entre les mots."
Certaines pièces capricieuses me glissent entre les doigts comme un jersey de qualité ou se plissent sous mon aiguille comme un brocart. Il me suffit d'en lisser d'autres sur mes genoux pour les découvrir aussi légères et complaisantes qu'un vichy, aux lignes matérialisées par le fil que je tire entre les évènements - entre les mots."
Magique, oui, mais toute en subtilité : si de nombreux détails donnent l'impression de s'affranchir du strict réel, c'est toujours avec parcimonie. Fabia et sa fille sentent des choses sans pouvoir se l'expliquer ? Certes, mais elles n'en sont pas encore à voler sur des balais ou à lire dans les pensées. Cette intuition, sorte d'héritage familial, est aussi utile qu'encombrante en ce qu'elle semble s'accompagner d'une habitude proche de la malédiction pour s'attirer des problèmes. L'atmosphère et certaines thématiques ne sont ainsi pas sans évoquer la magie très suggérée des Ensorceleuses d'Alice Hoffman ou les dons de Vianne Rocher dans le très célèbre Chocolat. Ce n'est d'ailleurs pas anodin si l'éditeur compare le roman de Sophie Nicholls au best-seller de Joanne Harris – il y a en effet de nombreux points communs dans la trame, mais surtout Une robe couleur de vent se réclame du même registre : le réalisme magique.
Un registre qui permet, au-delà de quelques éléments vaguement fantastiques et de son atmosphère délicatement sucrée, d'enraciner l'intrigue dans un réel extrêmement concret avec toutes ses aspérités. L'autrice aborde ainsi sans détour des sujets profonds, loin de la chick lit dans laquelle on serait tenté de classer ce livre au premier abord : le gouffre qui sépare les classes sociales de York et comment s'exerce la domination de l'une sur l'autre, la xénophobie et la peur de l'étrange comme de l'étranger, le poids des transmissions familiales (celles qu'on choisit de faire siennes et celles qu'on tente de fuir, en vain). Le propos est parfois convenu, mais il n'est jamais maladroit et Sophie Nicholls manie suffisamment bien la plume pour que la forme marque le lecteur. Le vocabulaire de la couture y sert en effet avec poésie de multiples métaphores et la langue s'y pare de textures et de couleurs.
"Il lui semblait que mamma tissait autour d'elles deux un cocon aux
couleurs suaves - bleu pastel et rose argenté agrémentés d'une touche de
jaune pâle -, hors duquel persistaient pourtant une pulsation, une
palpitation plus énergétiques mêlant vibrations rouges, traînées
blanches aveuglantes et arêtes noires anguleuses."
Les protagonistes, tous attachants, sont conçus pour illustrer les différents sujets dont l'intrigue se fait le support. Avec la relation entre Fabia et Ella, l'autrice aborde la continuité de l'héritage familial complexe avec lequel elles tentent de composer et évoque les perturbations qui peuvent venir bousculer un lien mère-fille lorsque les secrets et l'adolescence s'en mêlent. Toujours comme dans Chocolat, mais aussi à la façon d'Amours et autres enchantements, la ville qui sert de décor amène avec elle une vaste galerie de portraits, chaque habitant portant avec lui un peu de son histoire. Les personnages y sont archétypaux, mais le lecteur s'en contente : l'ensemble a quelque chose de réconfortant et de confortable, sans jamais tomber dans la facilité. On lira la suite sans déplaisir aucun.
En bref : Délicat mais jamais précieux, classique mais jamais facile, Une robe couleur de vent est une agréable surprise. Personnages et thématiques, même s'ils relèvent des grands archétypes du genre, sont extrêmement bien amenés ; l'autrice les sert en effet dans l'écrin du réalisme magique, qui rend l'ensemble à la fois doux et mystérieux.
Et pour aller plus loin...
Si vous avez aimé Une robe couleur de vent, vous pourriez aimer :
- Les Ensorceleuses d'Alice Hoffman, trésor de réalisme magique où le réel flirte avec le poids des superstitions, et où don rime souvent avec malédiction.

- Amours & autres enchantements, de Sarah Addison Allen, dans la même lignée spirituelle et littéraire, le côté cosy en plus.

- Vengeance Haute-Couture, de Rosalie Ham, qui entremêle habilement couture, histoire familiale et confrontation sous le soleil d'un petit village australien.

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