mardi 25 juin 2013

La jeune fille au miroir vert - Elizabeth McGregor

The Girl in the green glass mirror, Bantam, 2004 - Éditions J.C.Lattes, 2008.

  Experte en art, Catherine voit sa vie basculer quand son mari si discret la quitte brutalement, sans explication. Sa rencontre avec John, un architecte solitaire retiré du monde qui souhaite se débarrasser d'une partie de ses tableaux, va bouleverser son existence. Tous deux partagent la même fascination pour l'insolite peintre victorien Richard Dadd, qui passa sa vie dans un asile où il peignit ses plus belles toiles. Alors qu'ils tombent profondément amoureux l'un de l'autre, John montre à Catherine plusieurs œuvres de Dadd dont il a hérité avec sa sœur Helen. Il est temps pour lui de se délivrer d'un lourd secret de famille... 

  Une magnifique histoire sur la transmission des sentiments, où le récit se partage entre l'intrigue contemporaine et la vie mystérieuse du peintre disparu à l'époque victorienne. Un roman poignant sur l'emprise que l'art peut exercer sur nos vies.



  Pour continuer dans les "énigmes artistiques" après vous avoir parlé de l'Ensorceleuse d'Elizabeth Hand, voici La jeune fille au miroir vert, qui me faisait de l'oeil depuis un moment et que je me suis finalement décidé à commander en occasion sur le net il y a peu. Tout comme pour l'Ensorceleuse, il est ici question d'art préraphaélite puisque le peintre mis à l'honneur dans l'intrigue n'est autre que Richard Dadd, représentant renommé de ce mouvement pictural, célèbre pour ces toiles de créatures féériques et représentent du "Petit Peuple".

 Couvertures des éditions grand format et poche originales.


  Si le synopsis avait tout d'alléchant, j'avoue cependant être légèrement déçu. L'histoire se concentre autour de Catherine, jeune femme fraîchement séparée de son époux, ce dernier l'ayant soudainement quitté pour une raison qu'elle ignore et qui la laisse profondément dubitative. Le roman suit surtout la reconstruction de cette femme qui, face à cet événement, fait un retour sur elle-même et sur ses expériences familiales douloureuses passées tout en cherchant à affronter l'avenir. On découvre ainsi comment elle en est venue à s'intéresser au monde des arts pour en faire son métier, ainsi que sa fascination pour Richard Dadd, auquel elle a consacrer un livre. Alors qu'elle traverse ce tournant de sa vie de femme, elle rencontre John, architecte veuf encore hanté par le souvenir de sa défunte épouse et le mal-être d'une sœur cadette suicidaire fichtrement étrange. Alors que John et Catherine se découvrent la même passion pour l'oeuvre de Dadd, ils tombent peu à peu profondément amoureux l'un de l'autre et leur quotidien semble habité, traversé par l'oeuvre de l'artiste. Mais bientôt, Claire, la soeur cadette de John, survient dans leur quotidien en amenant avec elle son lot de troubles... fragile et manipulatrice à la fois, elle fait rapidement comprendre à Catherine que sa famille n'est pas sans lien avec Richard Dadd et qu'un secret depuis longtemps gardé la relie au peintre...


 The fairy feller's master stroke et The child's problem, deux œuvres de Dadd au centre de cette intrigue.

  Comme vous le ressentez probablement vous-même à la lecture de ce synopsis, on ne peut s'empêcher de conjecturer quant à ce que nous réserve ce roman... attendant, langue pendante, LA révélation, LE tournant romanesque, LE retournement de situation... Bref, on s'imagine, tout comme pour l'Ensorceleuse ou Les voleurs de Cygne, un récit captivant mêlant Histoire de l'art, thriller psychologique et énigme picturale... mais non. Le style -néanmoins excellent, il faut le reconnaître- est davantage lyrique et le monde de l'art sert plutôt de toile de fond à la mise en scène et en mots des sentiments amoureux et de l'attachement de deux êtres l'un pour l'autre. Par moment, j'ai eu peur de sombrer dans un récit similaire à Ainsi puis-je mourir et à la déception qu'il avait suscité face à mes attentes de lecteur. Heureusement, les chapitres rétrospectifs consacrés au quotidien de Richard Dadd enfermé à l'asile de Bedlam ajoutent une dimension intéressante, de même que le "mystère artistique" révélé à la fin et ce même s'il n'était pas à la hauteur de mes espérances. Reste cependant l'aura secrète et obsédante du préraphaélisme, qui suffit à elle seule à donner de l'épaisseur à l'histoire et se complète de fort belle manière tout de même à la plume de qualité d'Elizabeth McGregor.

Photographie de Richard Dadd.

2 commentaires:

  1. Oh zut. Le synopsis est très alléchant mais vu ce que tu en dis, je pense que je serai un peu déçue également. J'espérais du suspense, beaucoup de suspense... Ca m'intrigue quand même donc je le note. :)

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    1. Disons que si l'on a lu "Lensorceleuse" ou "les voleurs de cygnes", on ne peut s'empêcher d'imaginer une histoire au moins aussi bien que ces deux ouvrages... Le résumé donne cette impression et nous place dans cette attente, du coup, le soufflé "retombe" à cause de l'effet de comparaison. Cependant, si l'on part avec l'idée que ce sera différent, je pense qu'on sera moins frustré que je l'ai été car il en reste tout de même un roman plaisant et vraiment bien écrit! =)

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