Juin 1789, l’Ancien Monde bascule. Les Villemort forment une longue
lignée d’aristocrates, un clan soudé par l’idée ancestrale de leur sang
pur, un sang dont précisément cette famille se délecte. Les Villemort,
ces « talons rouges », sont aussi des vampires. Deux d’entre eux
veulent renoncer au sang de la race pour se fondre dans la communauté
des égaux. Ils sont les héros de ce roman oscillant entre le fantastique
et le réel des journées révolutionnaires. Voici William, l’oncle revenu
d’Amérique, qui a pris là-bas le goût de la liberté et épouse la cause
des esclaves affranchis, s’entourant d’une garde couleur ébène. Voici
Louis, le neveu exalté, beau, précipité dans l’action révolutionnaire,
épris de Marie de Méricourt jusqu’à lui donner la vie éternelle. Comment
échapper à la malédiction venue du fond des âges ?
***
C'est tout à fait par hasard que je suis tombé sur ce livre, peu de temps avant notre Challenge Halloween cuvée spéciale France obscure : la Révolution française? Des vampires? Mais c'est parfait ça! Premier roman d'Antoine de Baecque, Les talons rouges n'est cependant pas la première production écrite de l'auteur, essayiste spécialiste du cinéma et historien de renom. Son thème de prédilection, la Révolution française, a déjà fait l'objet d'une trilogie documentaire adaptée de sa thèse universitaire et sa bibliographie est on ne peut plus impressionnante.
Le postulat de base du roman Les talons rouges a de quoi séduire : mêler Histoire française et vampirisme, le tout par un spécialiste de la Révolution, laisse rêveur quant à la qualité de l'intrigue et à sa véracité. D'ailleurs, admettons qu'il y a dans ce livre quelque chose qui relève d'un certain tour de force : relater avec une exactitude de la plus grande érudition les événements socio-politiques survenus entre 1789 et 1797 par le prisme d'une famille d'aristocrates vampires, d'emblée, c'est prometteur. Fort est de constater que le début du roman tient ses promesses.
L'auteur plante un décor tout ce qu'il y a de plus rigoureux, qui confère une réelle densité à son roman. Les amateurs et spécialistes d'Histoire y trouveront leur bonheur : entre les événements annonciateurs de la révolte, les passages mettant en scène un Louis XVI et son épouse sur le déclin, ou l'effervescence des tribunes, Antoine de Baecque dresse un véritable tableau vivant du Paris de la Révolution. Certaines scènes, à l'image de la prise des Tuileries, sont décrites dans les moindres détails avec à la fois le talents de l'historien et les effets de style du romancier. Parallèlement à cet axe narratif criant de vérité, l'auteur amène avec doigté ses protagonistes fictifs et leur caractéristique, disons, très... spéciale : les Villemort (dont le nom est déjà tout un programme), cette famille de nobles, de "talons rouges" (Sous l'Ancien Régime, les talons de souliers colorés en rouge étaient réservés à la haute noblesse), est marquée du sceau du vampirisme depuis que le patriarche Henry de Villemort s'est relevé de la tombe en 1611.
Si tous les membres de la famille Villemort ont réussi à se fondre dans la masse au point de ne plus souffrir des particularités les plus importunes inhérentes à la race des vampires, cette condition reste un poids pour certains des plus jeunes de la lignée. A une époque où la condition des nobles se voit remise en question, William de Villemort et son neveu Louis, libertaires dans leur espèce comme en politique, décident de s'affranchir de leur rang comme de leur sang. Tous deux décident de s'engager dans la Révolution en faveur d'une république et espèrent en même temps s'adapter à un mode de vie plus commun, c'est à dire plus humain. Dès lors, la question du vampirisme dépasse la simple anecdote et prend des allures de métaphore : qu'il s'agisse de cette malédiction dont Louis et Henry souhaitent s'émanciper, ou de l'apanage des nobles à cette date remis en cause, tout est question de transmission par le sang et de la transition d'un monde ancien vers un monde nouveau. Mais comme le dit le vieil adage, bon sang ne saurait mentir.
En plus de la force symbolique de son intrigue, Antoine de Baecque dresse des personnages fouillés dont les multiples facettes ne sont pas sans évoquer le romantisme (dans le sens littéraire premier du terme) des protagonistes d'Anne Rice, lorsque cette dernière s'adonne elle-aussi aux histoires de vampires sous l'Ancien Régime. Cependant, on ne peut nier que, contrairement aux écrits de sa consœur américaine, Les talons rouge s'essouffle bien trop rapidement avant la fin. Les scènes de sexe, souvent gratuites et inutilement orgiaques, s'accumulent comme pour retenir l’œil du lecteur amateur de libertinage qui se serait égaré en ces pages, et l'équilibre initialement instauré entre Histoire et fiction s'effondre. Quel intérêt de faire de ses personnages des vampires et de si bien en parler pendant le premier tiers du livre si c'est pour tomber subitement et exclusivement dans la chronique historique? Si l'on avait voulu un regard strictement documentaire sur la Révolution, on se serait contenté d'un essais sur le sujet... C'est fort dommage, car on se trouve à ramer jusqu'au dénouement, celui-là étant d'ailleurs parfait (les dernières lignes sont impeccables et la chute, incisive) mais l'ensemble nous laissant un peu las.
En bref : En dépit d'un postulat de base prometteur (mêler fiction vampirique et chroniques de la Révolution française, le tout par la plume d'un historien), Les talons rouges s'essouffle de ne pas maintenir l'équilibre entre les différents univers qu'il exploite jusqu'à son terme. Il y avait pourtant de très bonnes choses, principalement dans la métaphore que l'auteur dressait entre la condition de l'aristocrate et du vampire.
En plus de la force symbolique de son intrigue, Antoine de Baecque dresse des personnages fouillés dont les multiples facettes ne sont pas sans évoquer le romantisme (dans le sens littéraire premier du terme) des protagonistes d'Anne Rice, lorsque cette dernière s'adonne elle-aussi aux histoires de vampires sous l'Ancien Régime. Cependant, on ne peut nier que, contrairement aux écrits de sa consœur américaine, Les talons rouge s'essouffle bien trop rapidement avant la fin. Les scènes de sexe, souvent gratuites et inutilement orgiaques, s'accumulent comme pour retenir l’œil du lecteur amateur de libertinage qui se serait égaré en ces pages, et l'équilibre initialement instauré entre Histoire et fiction s'effondre. Quel intérêt de faire de ses personnages des vampires et de si bien en parler pendant le premier tiers du livre si c'est pour tomber subitement et exclusivement dans la chronique historique? Si l'on avait voulu un regard strictement documentaire sur la Révolution, on se serait contenté d'un essais sur le sujet... C'est fort dommage, car on se trouve à ramer jusqu'au dénouement, celui-là étant d'ailleurs parfait (les dernières lignes sont impeccables et la chute, incisive) mais l'ensemble nous laissant un peu las.
Les talons rouges, symbole du chic aristocratique.
En bref : En dépit d'un postulat de base prometteur (mêler fiction vampirique et chroniques de la Révolution française, le tout par la plume d'un historien), Les talons rouges s'essouffle de ne pas maintenir l'équilibre entre les différents univers qu'il exploite jusqu'à son terme. Il y avait pourtant de très bonnes choses, principalement dans la métaphore que l'auteur dressait entre la condition de l'aristocrate et du vampire.
oh les scenes de sexe qui n'ont aucun rapport cela m'enerve aussi...bien dommage, car ce livre avait du potentiel....des vampires dans une revolution sanglante....ouach...dommage quoi..;)
RépondreSupprimerExactement! Le concept était surprenant mais les thèmes s'accordaient à merveille! Mais les parties de jambes en l'air qui s'éternisaient, ça devenait lassant :/
SupprimerAh c'est dommage, ça semblait prometteur! Je l'avais repéré en grand format, je l'aurais acheté en poche!
RépondreSupprimerTon avis m'aurait intéressé, tu seras peut-être plus convaincue que moi par ce livre... qui sait? :)
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