Der Kleine vapir zieht um, Rowohlt Taschenbuch Verlag, 1979 - Editions Hachette, coll. Bibliothèque Rose (trad. d'A.Royer), 1982, 1990.
Une vague lueur crépusculaire tombait des soupiraux du garage. Anton finit par distinguer deux silhouettes enveloppées dans une cape et aux visages blancs comme de la craie. Des vampires ! Il reconnut son ami Rüdiger, le plus maigrelet des deux.
"Rüdiger ? demanda Anton, vaguement inquiet.
— Oui... Viens t'asseoir à côté de nous sur le cercueil !"
Cette grande caisse était donc un cercueil !
Un horrible soupçon traversa l'esprit d'Anton. Il avait lu des histoires de gens en bonne santé devenus vampires tout à coup...
"Voilà, dit Rüdiger, gêné. Je suis interdit de caveau. Je viens loger chez toi."
Un hôte bien encombrant pour Anton ! Comment cacher la chose aux parents ?
***
Il y a quelques années, on découvrait cette pépite aujourd'hui (malheureusement) tombée dans l'oubli – sauf bien sûr pour celles et ceux qui l'ont connue il y a de cela quelques décennies. Peu rééditée, la série du Petit Vampire d'Angela Sommer-Bodenburg (à ne pas confondre avec la BD de Joann Sfar), c'est un bonbon au goût d'antan, et ce alors qu'elle n'a pas pris une ride. Encore très populaire en Allemagne, Le petit vampire est notamment connu dans le reste du monde par les adaptations télévisées puis surtout les adaptations cinématographiques qui ont vu le jour. Après avoir savouré le premier tome il y a de cela déjà dix ans, on vous parle aujourd'hui du second opus de cette série devenue aussi rarissime que cultissime.
Anton est devenu ami avec Rüdiger, un vampire. Un vrai de vrai. Évidemment, ses parents, deux adultes très "comme il faut" (c'est à dire très terre à terre), ne sont pas au courant. S'ils l'apprenaient, ils préféreraient voir là une élucubration inspirée par les lectures horrifiques de leur fils, qui aime dévorer pendant de longues heures des romans mettant en scène monstres et créatures. Mais les deux mondes risquent une confrontation de taille lorsque Rüdiger s'installe avec son cercueil, sa brosse à dents et son oreiller dans la cave d'Anton ! Expulsé de son caveau familial parce qu'il fréquente trop les humains, le petit vampire n'a eu d'autre choix que de se réfugier ici. Combien de temps durera la sentence ? Comment tenir les parents d'Anton éloignés de la cave ? Le pauvre garçon n'est pas au bout de ses peines, d'autant que Tante Dorothée, vampire sanguinaire à l'origine de la terrible sanction, sait où il vit, et ne serait certainement pas contre se repaitre de son sang...
La lecture de ce deuxième tome a renforcé notre affection pour les protagonistes imaginés par Angela Sommer-Bodenburg, de même qu'elle a confirmé notre intérêt pour cette série pleine de charme. Le jeune lecteur se reconnaîtra à travers le personnage d'Anton et frissonnera à ses côtés dans ses différentes mésaventures : au bal des vampires où il devra se faire passer pour l'un d'entre-eux, ou lors de ses promenades nocturnes au cimetière, où il faudra éviter de se faire capturer par Tante Dorothée. Comme le jeune héros, on se laisse totalement gagner par la panique à l'idée que quelqu'un tombe sur le cercueil dissimulé à la cave et on partage sa joie à chaque nouvelle stratégie qui s'avère victorieuse.
On rit des situations cocasses dans lesquelles le petit vampire entraîne son ami, ainsi que de l'écart – disons culturel – qui les sépare l'un et l'autre et qui est souvent la source de quiproquos et de rebondissements. Mais on est aussi touché par le personnage d'Anna, petite sœur de Rüdiger, qui ne laisse d'ailleurs pas Anton insensible et qui rêverait très certainement d'être humaine tout comme lui. Les chapitres qui la mettent en scène donnent ainsi à voir des passages particulièrement émouvants.
L'édition française de ce deuxième titre est toujours illustrée par Denise et Claude Millet, également connus pour leur travaux pour la revue Astrapi. Leur univers visuel, aussi simple qu'identifiable, donne vie au monde du petit vampire avec son charme suranné au goût de madeleine de Proust. Alors que la littérature enfantine a continué de mettre en scène l'archétype du gentil vampire à travers de nouvelles séries qui n'ont jamais réinventé le concept, on regrette vivement la disparition de celui-là, probablement premier modèle du genre.
En bref : Oubliez toutes les séries et les sagas de littérature enfantine mettant en scène de gentils petits vampires : Salut les vampires, Amelia Fang, Globuline, Isadora Moon et leurs autres sosies. Le petit vampire d'Angela Sommer-Bodenburg reste probablement leur inspiration première. La lecture de ce second tome confirme que le personnage conserve toute sa légitimité et sa place aux côtés de ses nombreux successeurs, faisant ainsi regretter l'absence de réédition de cette série pleine de charme.
J'ai l'impression, en te lisant, de l'avoir lu il y a longtemps... (enfin, pas si longtemps comparé à une vie de vampire mais quand même ;-p)
RépondreSupprimerFaut dire que malheureusement, ce petit vampire commence à dater... il n'y a eu aucune réédition depuis les années 90 (et encore, le début des années 90). Même l'adaptation au cinéma en 2000 n'avait pas incité l'éditeur à remettre en avant les livres originaux :(
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