dimanche 19 novembre 2023

Le livre perdu des sortilèges (saison 2) - Une série de J. Donoughue & D. Gardner-Paterson d'après les romans de Deborah Harkness.

Le livre perdu des sortilèges

(A discovery of witches)

- saison 2 -

Une série de Jamie Donoughue et Debs Gardner-Paterson d'après le second tome de la trilogie All Souls, de Deborah Harkness

Avec Teresa Palmer, Matthew Goode, Malin Buska, Owen Teale, Alex Kingston, Lindsay Duncan, Edward Bluemel...
 

Date de diffusion originale : 8 janvier 2021 sur Sky One
Date de diffusion française : 4 mars 2021 sur Syfy
Sortie dvd française : 7 juillet 2021 (chez Koba Films)
 
 
    Diana Bishop, jeune historienne issue d'une puissante lignée de sorcières, et le vampire Matthew Clairmont ont brisé le pacte qui leur interdisait de s'aimer. Déterminés à percer le mystère du Livre de la Vie et à échapper à la Congrégation, Diana et Matthew fuient dans le Londres du XVIème siècle...
 
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     Après avoir présenté il y a peu la saison 1 adaptée de la saga de Deborah Karkness, nous vous proposons de découvrir la suite de la série, transposition du deuxième tome de la trilogie All Souls, L'école de la Nuit. A sa publication il y a maintenant plus de dix ans, on avait été tout particulièrement emballé par la richesse de l'intrigue qui, sans qu'on l'ait vu venir, nous proposait un voyage dans le temps à l'époque de l'Angleterre élisabéthaine. Une fois encore, la dimension historique, maîtrisée d'un bout à l'autre par l'autrice, s'était avérée extrêmement convaincante. 
 
Trailer de la saison 2
 
     Pour la série, cette seconde saison représente en cela un challenge conséquent : l'intrigue basculant de la fantasy urbaine à la fantasy historique, l'adaptation se trouve contrainte de s'approprier tous les codes du costume drama. La période élisabéthaine a en outre été l'objet de nombreuses transpositions sur le grand et le petit écrans britanniques, aussi certaines personnalités politiques et/ou aristocratiques du cercle royal sont connues des potentiels téléspectateurs et risquent gros au jeu des comparaisons. Véritable défi en termes de réalisation et de reconstitution, cette nouvelle salve d'épisodes au changement complet de paradigme l'est donc aussi du point de vue de l'interprétation.
 

    On vous rassure d'emblée : le résultat est à la hauteur de l'attente (deux ans séparent la diffusion de la première et de la deuxième saison). Si la dimension historique était moins présente dans la saison précédente, le cadre spatio-temporel de celle-ci permet mieux que jamais de rappeler l'origine des romans de Deborah Harkness et l'inspiration soufflée par la Renaissance anglaise. Dès les premiers épisodes, on est littéralement subjugué par la beauté des décors : le Londres élisabéthain, reconstitué autour d'un manoir du XVIème siècle perdu en pleine campagne britannique, est criant de réalisme. Maisons biscornues à colombages, ruelles étroites pavées, enseignes par centaines... l'ambiance de fourmilière est là également et rappelle le caractère furieusement cosmopolite de l'Albion. Pour les intérieurs, on alterne entre des décors reconstitués en studio et de réels édifices religieux d'époque, dont les voutes et les pilastres apportent tous le cachet qu'on imagine au château de Whitehall ou à l'asile de Bedlam.
 


    Changement d'espace-temps oblige, on accueille de nouvelles têtes au casting. Parmi celles-ci, comme évoqué plus haut, de nombreux personnages historiques : Christopher Marlow (Tom Hugues), William Cecil (Adrian Rowlins), Rodolphe II (Michael Jibson), ou encore, the last but not the least, Elizabeth I (Barbara Marten). Si cette dernière met peut-être plus de temps à convaincre que les autres dans son rôle, c'est aussi parce que, jouée de multiples fois à l'écran, il est difficile aujourd'hui d'imaginer la célèbre reine Glorianna sous d'autres visages que ceux de Cate Blanchett ou Helen Mirren. Les ultimes scènes aux côtés de Matthew Goode nous la montrent dans toute sa complexité et ses contrastes, lui donnant alors toute sa légitimité pour ce rôle. Parmi les personnages fictifs, la talentueuse sorcière Goody Alsop est interprétée par la tout aussi talentueuse comédienne Sheila Hancock ; peu connue de ce côté-ci de la Manche, cette actrice très célèbre au théâtre anglais livre une prestation profonde, touchante et pleine de sagesse.


    Contrairement au roman qui se déroule essentiellement au XVIème siècle (et n'offre que quelques scènes à notre époque), la série propose une alternance entre les deux temporalités, ce qui nous permet de découvrir davantage les Bishop et les de Clairmont et d'approfondir certains éléments survolés par le livre : la cohabitation des tantes de Diana avec Ysabeau, la rencontre et les premiers temps de la relation entre Marcus et Phoebe, mais aussi l'introduction anticipée de Benjamin (annoncée dès la première saison alors que le personnage n'apparait réellement que dans le troisième opus). Ces scènes inédites nous permettent de les appréhender en dehors de leur relation à Diana ou Matthew, dont ils apparaissent ici moins comme les faire-valoir. On apprécie suivre Marcus (Edward Bluemel) dans son quotidien londonien et de le voir prendre la tête de l'Ordre de Saint Lazare (avec tout le tempérament révolutionnaire digne de son ascendance américaine), et on est ému de voir le visage d'Ysabeau (toujours aussi géniale Lindsay Duncan) s'adoucir tandis que le château de Sept Tours reprend vie sous l'effet de ses nombreux occupants.
 

    Teresa Palmer, qui laissait deviner son potentiel dans la première saison, se révèle ici tout-à-fait lumineuse en digne héritière de la déesse Diane. Elle prête son énergie au personnage, qui se dévoile à chaque épisode un peu plus fort et combatif tandis qu'elle apprend l'art ancien de la magie. Matthew Goode donne quant à lui à voir son rôle sous un nouveau jour, celui de la fureur sanguinaire (qui était également révélée dans le second tome) : là où de nombreux acteurs auraient semblé ridicules ou auraient rejoué ce qui a déjà été vu et revu en matière d'interprétation de vampire, il parvient à se montrer particulièrement convaincant, son visage et son regard se déformant presque sous la fureur.
 


    Fidèle aux huit premiers épisodes, cette seconde saison conserve le rythme initié depuis le début de la série, bien que cela amène le scénario à réagencer différemment l'ordre des péripéties ou modifier certains éléments. Au lieu de résider dans la demeure oxfordienne de Matthew, Diana et lui-même habitent tout du long en plein cœur de Londres, ce qui favorise la proximité avec les autres personnages et notamment les personnages politiques (Elizabeth I, le père Hubbard, etc.). Plusieurs personnages historiques secondaires sont supprimés (ou, du moins, ne font qu'un bref passage), si bien que la fameuse "École de la Nuit", assez importante pour donner son titre au livre en VF, n'est que peu représentée ou nommée à l'écran. Probablement pour des questions de reconstitution, Matthew et Diana ne vont pas à Prague comme dans le livre, mais rencontrent Rodolphe II en pleine campagne, dans un de ses pavillons de villégiature. Les voyages, d'ailleurs, semblent se faire plus vite et, en effet, le scénario accélère les transits entre Angleterre, France et Bohème pour ne pas perdre en cadence.
 
 
    Cette seconde saison doit aussi sa somptuosité à la beauté des costumes de Sarah Arthur (également designer pour Sherlock et The sandman), très représentatifs de la Renaissance, à la toujours sublime musique de Rob Lane, et à une mise en scène sensible et poétique, à l'image des fils de tisseuse qui apparaissent subtilement à l'écran lors des leçons de magie de Diana. La réalisation, tout comme l'extrême réalisme des ouvrages de Deborah Harkness en dépit de leur registre imaginaire, a donc trouvé où placer le curseur de la fantasy au sein d'un écrin furieusement crédible.
 
Générique de la saison 2.
 

En bref : Entre reconstitution historique et imaginaire, cette seconde saison du Livre perdu des sortilèges adaptée de la trilogie de Deborah Harkness s'impose comme une fiction audacieuse et originale qui tient autant du costume drama que de la fantasy. On se laisse immerger avec délice dans le Londres élisabéthain aux côtés de Matthew et Diana, entre manigances politiques et secrets d’alcôve, mythes alchimiques et énigme historique. Les décors, superbes, sont mis en valeur par une mise en scène subtile, mais très efficace. Comme la première, cette deuxième saison se termine de telle sorte qu'on ne peut qu'avoir hâte de voir la suivante !
 
 
 
 
 
Et pour aller plus loin... 


- Redécouvrez la trilogie de Deborah Harkness.
 


- Découvrez les saisons 1 et 3 (prochainement).
 


 

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