Un récit diabolique, en forme de puzzle, d'une
intelligence effrayante, par un maître de la manipulation.
Londres, 1880. La maison Barton est au bord de la crise. Depuis que le père, Joseph, obscur biologiste, a décidé que sa fille de 4 ans, Angelica, devait désormais quitter la chambre de ses parents pour aller dormir seule dans la sienne, de mystérieux événements se produisent. Constance, la mère d'Angelica, qu'un retour à l'intimité conjugale ne réjouit guère, sent une menace planer sur sa fille. Au grand dam de Joseph, qui ne veut rien entendre. Quand Constance fait appel à Anne Montague, une ancienne actrice reconvertie dans le spiritisme, pour veiller sur Angelica, le quatuor est en place pour un drame dont il serait criminel de dévoiler l'argument. Les quatre protagonistes relatent chacun leur tour les événements qui suivent, quatre versions qui parfois s'accordent, parfois se contredisent, chacune jetant une lumière nouvelle, mais aussi une part d'ombre, sur les personnages, leurs peurs, leurs désirs et leurs secrets. Avec Angelica, Arthur Phillips, nouvel enfant chéri des lettres américaines, nous offre une brillante relecture du roman victorien. Le lecteur, mi-enquêteur, mi-psychanalyste, participe activement à ce récit labyrinthique, derrière les lignes duquel il doit essayer de percevoir la vérité avant le coup de théâtre final, tous les indices disséminés dans le livre apparaissant alors en pleine lumière. Un coup de maître.
Londres, 1880. La maison Barton est au bord de la crise. Depuis que le père, Joseph, obscur biologiste, a décidé que sa fille de 4 ans, Angelica, devait désormais quitter la chambre de ses parents pour aller dormir seule dans la sienne, de mystérieux événements se produisent. Constance, la mère d'Angelica, qu'un retour à l'intimité conjugale ne réjouit guère, sent une menace planer sur sa fille. Au grand dam de Joseph, qui ne veut rien entendre. Quand Constance fait appel à Anne Montague, une ancienne actrice reconvertie dans le spiritisme, pour veiller sur Angelica, le quatuor est en place pour un drame dont il serait criminel de dévoiler l'argument. Les quatre protagonistes relatent chacun leur tour les événements qui suivent, quatre versions qui parfois s'accordent, parfois se contredisent, chacune jetant une lumière nouvelle, mais aussi une part d'ombre, sur les personnages, leurs peurs, leurs désirs et leurs secrets. Avec Angelica, Arthur Phillips, nouvel enfant chéri des lettres américaines, nous offre une brillante relecture du roman victorien. Le lecteur, mi-enquêteur, mi-psychanalyste, participe activement à ce récit labyrinthique, derrière les lignes duquel il doit essayer de percevoir la vérité avant le coup de théâtre final, tous les indices disséminés dans le livre apparaissant alors en pleine lumière. Un coup de maître.
Après le succès de L'Égyptologue, le nouveau roman d'Arthur Phillips.
Un récit diabolique, en forme de puzzle, d'une intelligence effrayante,
par un maître de la manipulation.
***
C'est après avoir lu l'excellent La séance (délicieux et effrayant pastiche des histoires de fantômes victoriens) de la collection Néo au Cherche-Midi que je me suis penché sur les autres ouvrages que l'éditeur avait publié dans cette même collection, dédiée aux récits fantastiques et imaginaires. Je trouvais en bonne place cet Angelica, dont le résumé ne pouvait qu'inciter le victorianiste que je suis à l'achat, bien decidé à m'offrir avec ce roman de nouvelles nuits de frisson (comme çela avait été le cas avec La séance...Brrh, rien que d'y penser, je me remémore ces soirées à lire sans oser affronter les couloirs de mon appartement ne serait-ce que pour aller à la salle de bain!). Lu il y a déjà quelques années, ce livre était parfait pour le rendez-vous "histoires de fantômes" du challenge Halloween de Lou & Hilde !
L'histoire nous plonge dans une Angleterre bourgeoise typique du XIXème siècle, dans le quotidien de la famille Barton. L'histoire est tout d'abord raconté par la fragile Mrs Constance Barton, dont problèmes de santé à la suite de son accouchement interdisent désormais tout rapport intime. Il en va de sa vie, aussi est-elle rassurée que sa fille Angelica, aujourd'hui âgée de quatre ans, partage encore la chambre parentale : une présence qui casse l'intimité conjugale et empêche le violent pater familias d'exiger de Constance de remplir ses devoirs d'épouse. Mais voilà que Joseph Barton, le mari en question, envoie la fillette dormir dans sa propre chambre... Constance est terrifiée : bientôt, son mari exigera d'elle qu'elle lui donne du plaisir, faisant fi de sa santé et alors, qu'adviendra-t-il? Cette simple pensée de se donner à cet homme qu'elle craint et n'aime plus la répugne, en plus de l'effrayer. Alors que la panique la gagne, des événements inexpliqués se manifestent dans la maison familiale. Une présence surnaturelle semble avoir pris possession des lieux, orientée vers la fillette. Seule solution pour la fragile Constance : faire appel à une spirite, Anne Montague, une pratique que décrie pourtant Mr Barton. Face aux événements, Anne se fait experte et medium rassurante... puis...
... Puis, retour en arrière : la même histoire nous est racontée par Anne Montague. Le récit nous glace, nous saisit : tout ce que l'on tenait jusque là pour vrai s'effondre, ainsi éclairé de ce nouveau point de vue. L'on pense s'en tirer, mais c'est sans compter la troisième partie, cette fois racontée du point de vue de l'époux Barton. Toutes nos certitudes s'écroulent et l'image que l'on avait jusqu'ici de chaque personnage est totalement modifiée, au point qu'on ne sait plus qui croire et où se trouve la vérité. Véritable présence spectrale? Charlatanisme? Manipulation? L'ultime éclairage par la narration de la petite Angelica, objet les manifestations, plusieurs années plus tard, finira d'abattre nos restes d'hypothèse.
Vous l'aurez compris, nous avons là une histoire de fantôme qui joue avec les codes du récit fantastique classique et avec sa construction narrative, en nous offrant un roman gothique polyphonique dans la pure tradition du genre. Cependant, on sent le ton plus moderne (mais jamais décalé ou malvenu) dans l'approche de l'auteur : plutôt que de se suivre dans la chronologie de l'histoire, les différentes "voix" qui composent le récit racontent chacune de leur point de vue les mêmes faits, chamboulant ainsi les certitudes que l'on se construit au terme de chaque partie. Par ce procédé particulièrement intelligent, Arthur Pillips intègre le lecteur dans son histoire et le laisse à sa propre appréciation des faits tout en s'amusant à le manipuler continuellement.
Si l'on peine à en tirer une vraie conclusion (personnellement, je ne suis pas certain d'avoir abouti à LA vérité au terme de cette lecture, mais peut-être y a-t-il plusieurs vérités possibles?) et qu'il nous reste surtout l'impression de passer à côté de la solution (s'il y en a une), être pris à parti dans l'intrigue nous happe totalement dans l'ambiance pesante et terrifiante du quotidien des Barton. On réalise alors que, plus encore que l'éventuel fantôme qui occupe les lieux, ce sont les codes sociaux étouffants de l'époque qui, recoupés à l'ambiance lourde d'un XIXème siècle obscur, nous mettent si mal à l'aise. Car on a là un excellent tableau de la société victorienne : familles patriarcale, autorité conjugale, santé infantile précaire, et... traitements psychiatriques douteux de l'hystérie féminine (oui, oui, aussi...promis, je n'en dis pas plus). Ajoutez à cela une petite dose de spiritisme et d'indicible, et l'on a matière à réfléchir sur ce qui peut véritablement hanter une famille si corsetée dans les convenances de son temps, nous amenant de l'hypothèse surnaturelle vers celle de la folie, puis à une réalité beaucoup plus sordide.
Info autrement intéressante : je viens d'apprendre qu'une adaptation a été tournée l'an dernier et sortirait prochainement dans les salles. Réalisé par Mitchell Lichtenstein, créateur du dérangeant film Teeth il y a quelques années, cet Angelica présente dans ses premières images un visuel sobre mais une ambiance lourde et pesante où l'accent semble mis sur la tension sexuelle de l'histoire (voir dans la bande-annonce ICI)...
En bref: Un récit à la fois effrayant et psychologiquement déroutant. Mené par le bout du nez au fil des différents points de vue narratifs qui viennent éclairer cette histoire de fantôme, on se laisse happer par l'atmosphère victorienne et brumeuse en s'essayant à toutes les conjectures possibles pour trouver la solution de ces événements terrifiants. Mais y a-t-il seulement une explication? Et, après tout, en souhaite-t-on vraiment une? Un questionnement qui pourra dérouter le lecteur encore longtemps après avoir fermé ce roman.
Et pour aller plus loin:
- Si vous avez aimé ce livre, vous adorerez La séance, de J.Harwood.
-Et pour d'autres lectures dans la veine "fantômes british", vous pourrez retrouvez celles-là sur le blog:
Vous l'aurez compris, nous avons là une histoire de fantôme qui joue avec les codes du récit fantastique classique et avec sa construction narrative, en nous offrant un roman gothique polyphonique dans la pure tradition du genre. Cependant, on sent le ton plus moderne (mais jamais décalé ou malvenu) dans l'approche de l'auteur : plutôt que de se suivre dans la chronologie de l'histoire, les différentes "voix" qui composent le récit racontent chacune de leur point de vue les mêmes faits, chamboulant ainsi les certitudes que l'on se construit au terme de chaque partie. Par ce procédé particulièrement intelligent, Arthur Pillips intègre le lecteur dans son histoire et le laisse à sa propre appréciation des faits tout en s'amusant à le manipuler continuellement.
Si l'on peine à en tirer une vraie conclusion (personnellement, je ne suis pas certain d'avoir abouti à LA vérité au terme de cette lecture, mais peut-être y a-t-il plusieurs vérités possibles?) et qu'il nous reste surtout l'impression de passer à côté de la solution (s'il y en a une), être pris à parti dans l'intrigue nous happe totalement dans l'ambiance pesante et terrifiante du quotidien des Barton. On réalise alors que, plus encore que l'éventuel fantôme qui occupe les lieux, ce sont les codes sociaux étouffants de l'époque qui, recoupés à l'ambiance lourde d'un XIXème siècle obscur, nous mettent si mal à l'aise. Car on a là un excellent tableau de la société victorienne : familles patriarcale, autorité conjugale, santé infantile précaire, et... traitements psychiatriques douteux de l'hystérie féminine (oui, oui, aussi...promis, je n'en dis pas plus). Ajoutez à cela une petite dose de spiritisme et d'indicible, et l'on a matière à réfléchir sur ce qui peut véritablement hanter une famille si corsetée dans les convenances de son temps, nous amenant de l'hypothèse surnaturelle vers celle de la folie, puis à une réalité beaucoup plus sordide.
Info autrement intéressante : je viens d'apprendre qu'une adaptation a été tournée l'an dernier et sortirait prochainement dans les salles. Réalisé par Mitchell Lichtenstein, créateur du dérangeant film Teeth il y a quelques années, cet Angelica présente dans ses premières images un visuel sobre mais une ambiance lourde et pesante où l'accent semble mis sur la tension sexuelle de l'histoire (voir dans la bande-annonce ICI)...
En bref: Un récit à la fois effrayant et psychologiquement déroutant. Mené par le bout du nez au fil des différents points de vue narratifs qui viennent éclairer cette histoire de fantôme, on se laisse happer par l'atmosphère victorienne et brumeuse en s'essayant à toutes les conjectures possibles pour trouver la solution de ces événements terrifiants. Mais y a-t-il seulement une explication? Et, après tout, en souhaite-t-on vraiment une? Un questionnement qui pourra dérouter le lecteur encore longtemps après avoir fermé ce roman.
Et pour aller plus loin:
- Si vous avez aimé ce livre, vous adorerez La séance, de J.Harwood.
-Et pour d'autres lectures dans la veine "fantômes british", vous pourrez retrouvez celles-là sur le blog:
Voilà un titre qui me tente bien, je prends note ! Avec en prime les titres de fantômes proposés, merci !
RépondreSupprimerVoilà un titre qui me tente bien, je prends note ! Avec en prime les titres de fantômes proposés, merci !
RépondreSupprimerOups j' ai oublié de mettre des liens vers chaque article pour chacune des couvertures de titres "fantomatiques", ce sera quand même plus pratique pour les retrouver sur le site ^_^
SupprimerJ'ai lu ce roman à sa sortie et il fait malheureusement partie de ces romans prêtés un jour mais disparus de la circulation depuis... :(
RépondreSupprimerC' est comme ces livres qu' on nous rend corné ou avec la tranche striée de pliures. :( C' est pourquoi je ne prête plus qu' à des amoureux de la lecture et des maniaques 😁
SupprimerLe résumé donnait déjà envie mais ta critique a fini de me charmer. Je l'ajoute à ma liste de livres à lire :)
RépondreSupprimerContent d' avoir pu te convaincre ;)
SupprimerAh c'est bien vendu! Grande perturbée de la Séance également. Et puis j'ai adoré Jena Malone dans the Neon Demon, il faudra que je voie cet Angelica!
RépondreSupprimerMême s' il est moins pastiche, j' ai trouvé des similitudes étranges ce roman et "la séance" (dont certains prénoms en commun). Mais "Angelica" a quelque chose de plus classique, dont un contexte plus étroit et intimiste, ce qui donne un côté huit clos plein de tension. Je ne connais pas cette actrice mais le film dont tu parles m' intriguait énormément lorsqu' il est sorti!
Supprimerquand je pense qu'il est dans ma pal mais que je ne l'ai pas encore ouvert ! Il vient de sortir des étagères grâce à ton article ! Merci
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