Mary Poppins in the
park, Collins, 1952 - Éditions Hachette (trad. De
J.Reschofsky), 1966.
Qui mieux que Mary Poppins pour emmener les enfants Banks dans de merveilleuses aventures? Avec elle, ils découvriront le conte de la gardeuse d'oies, voyageront jusqu'à une planète habitée par des chats, feront connaissance avec ceux qui vivent sous les pissenlits, et feront la fête avec leurs propres ombres! Et ce n'est qu'un début!
Qui mieux que Mary Poppins pour emmener les enfants Banks dans de merveilleuses aventures? Avec elle, ils découvriront le conte de la gardeuse d'oies, voyageront jusqu'à une planète habitée par des chats, feront connaissance avec ceux qui vivent sous les pissenlits, et feront la fête avec leurs propres ombres! Et ce n'est qu'un début!
***
Après trois tomes qui
semblent constituer une véritable trilogie, voilà que Pamela
L.Travers rempile avec une quatrième aventure de Mary Poppins.
Encore ? Les enfants seraient-ils devenus si désobéissants, ou
Mary Poppins deviendrait-elle tellement nécessaire à la famille
Banks que la maisonnée ne puisse plus tourner sans elle ?
Admettons. Mais comment l'auteure va-t-elle justifier d'un énième
retour de la nurse alors qu'une boucle semblait définitivement
bouclée ?
Eh bien elle ne le
fait pas, tout simplement ! Le roman, constitué de cinq
chapitres, ne raconte pas dans quelles conditions Mary Poppins
revient au 17 de l'allée des cerisiers ou comment elle le quitte
en fin de volume : elle ne part pas, elle n'arrive pas, elle est
là, c'est tout. L'explication ? Ces cinq historiettes (car on
rappelle que chez P.L.Travers, les chapitres constituent chacun une
mini-intrigue qui se suffit à elle-même) sont en fait des chapitres
inutilisés issus des manuscrits initiaux du Retour de
Mary Poppins et des Bonnes idées de Mary Poppins.
« -Mary Poppins
aussi, elle doit être déguisée. Tout le monde est déguisé.
-Oh non, affirma
Michael, très sûr de lui. Pas Mary Poppins.
Justement, la nurse
venait de rentrer.
-De quoi s'agit-il ?
Qui n'est pas quoi ?
Supprimés par
l'éditeur ou simplement mis de côté par l'auteure, on ne saura
jamais lequel des deux a véritablement relégué ces chapitres au
tiroir et lequel les en a sortis. On peut néanmoins subodorer que
l'idée de ce volume aux allures de spin off vient
du premier, probablement pour des visées purement commerciales
(les lecteurs réclament encore du Mary Poppins mais l'auteure
n'ayant pas encore écrit ni même prévu un nouveau tome, on les
satisfait avec une compilation de chapitres inédits – quelque
chose qui fonctionnerait encore très bien de nos jours!).
Malheureusement, un tel
procédé, s'il a ses avantages, a aussi ses défauts.
Parmi les avantages, on imagine le succès en librairie lors de la
sortie de ce quatrième tome probablement inespéré (rappelons tout
de même que la publication des six tomes de la série – voire huit
ou neuf si on compte Mary Poppins in the kitchen, Mary
Poppins from A to Z ou encore Stories from Mary Poppins,
trois ouvrages qui ne sont pas tout à fait des romans composant le
« canon » mais plutôt des ouvrages dérivés – s'est
étalée de 1934 à 1988!). Aussi, on peut concéder que ces
quelques chapitres permettent de confirmer ce qu'on supposait
déjà des pouvoirs de Mary Poppins.
Le plan du parc de l'Allée des Cerisiers, illustration de l'édition originale.
« -Quelle
horrible soirée ! Quel vent ! Comment se fait-il qu'il ne
vous aut pas emportée ?
Mary Poppins sourit
d'un air supérieur. Le vent ne l'emportait que lorsqu'elle le
voulait bien. »
C'est tout
particulièrement le cas pour le chapitre 4, malgré sa longueur
interminable : Jane et Michael lisent un conte mettant en scène
trois princes et le laissent ouvert à une page illustrée
représentant les trois personnages, eux-mêmes face à un livre
ouvert à une page enluminée du dessin de deux enfants. La magie
opère quelques minutes plus tard : les princes sortent du conte
et leur univers se confronte de plein fouet à celui de l'Allée des
Cerisiers, où la licorne qui les accompagne provoque un certain...
effet de masse. Les trois princes sont ravis de rencontrer Jane et
Michael, qu'ils disent être les personnages du livre qu'ils étaient
en train de lire, tandis que Jane et Michael, eux, soutiennent que ce
sont les trois princes qui viennent de leur histoire favorite. De
plus, la discussion entre les princes et Mary Poppins semblent
induire qu'ils se connaissent et qu'elle aurait également été leur
nounou... Le tout vient confirmer que la nurse a donc bien le pouvoir
d'ouvrir des passages entre les mondes et, surtout, de passer
de l'un à l'autre. En outre, ce n'est pas la première fois que Mary
Poppins donne vie à des personnages de fiction (même si, cette
fois, on ne sait plus très bien qui relève de la fiction et qui
serait le véritable lecteur, une situation là encore très « Lewis
Carrollienne ») et que le discours de Pamela Travers sur
la littérature et ses effets transparaît à travers son texte :
elle vient ici rappeler le pouvoir immuable des livres et des contes
ancestraux.
Le tout dernier chapitre est également une excellente surprise et renvoie aux inspirations mystiques et païennes chères à l'auteure : intitulé « La nuit de la Toussaint », il se déroule bien évidemment le soir du 31 octobre et nous plonge dans une atmosphère de mystères et de légendes très bien restituée. Pas de fantômes, certes, mais on retrouve Mrs Corry et ses filles (les vendeuses de pains d'épices du premier tome, aussi croisées lors des adieux à Mary Poppins dans le troisième volume), Mrs Corry étant le personnage qui se rapproche le plus de la bonne sorcière (ou de la fée-marraine de contes) traditionnelle. Elle et Mary Poppins conduisent une cavalcade d'ombres qui, le soir d'Halloween, se détachent de leur propriétaires pour aller danser au parc de l'Allée des Cerisiers. En outre, ce qui est dit sur les ombres dans ce chapitre n'est pas sans rappeler ce qu'en raconte James Barrie dans son Peter Pan, qui était l'un des ouvrages favoris de Pamela L.Travers...
Le bal des ombres, la nuit de la Toussaint.
« Il faut prendre
soin de vos ombres, sinon elles ne prendront jamais soin de vous.
Cela vous ferait-il plaisir de vous éveiller un matin et de vous
apercevoir qu'elles se sont sauvées sans vous ? Qu'est-ce
qu'une personne qui n'a pas d'ombre ? Rien du tout. »
Parmi les gros
défauts de ce quatrième volume qui n'en est pas vraiment un, on
ne peut que regretter l'absence de trame : s'il y en
avait déjà assez peu dans les trois premiers volumes, des liens
pouvaient néanmoins se tisser de chapitre en chapitre au fur et à
mesure, et les allées et venues de Mary Poppins suggéraient tout de
même une certaine chronologie. Ici, le seul semblant de lien
existant est celui qui donne son nom au titre, en français mais
surtout en version originale : Mary Poppins in the park,
puisque tous les chapitres se déroulent essentiellement pendant les
sorties et balades au parc en face de la maison Banks, théâtre des
mésaventures de cet ouvrage.
L'aventure de Michael au royaume des chats évoquerait presque un conte de Mme d'Aulnoy...
De plus, si ce livre
vient confirmer certaines suppositions quant aux pouvoirs de Mary
Poppins, il ne nous apprend guère voire pas du tout
d'informations supplémentaires sur la célèbre et toujours
aussi énigmatique nounou. Même, les chapitres que l'on sent bien
calqués sur les schémas qu'affectionnent P.L.Travers commencent à
nous lasser, et ne nous restent que quelques passages bien
écrits pour compenser de l'ensemble.
« Personne ne
disait rien. Il y a des choses qu'on ne peut exprimer. Du reste,
qu'importait ? Les ombres qui voisinaient sur le plancher
avaient tout compris. »
En bref :
Un volume qui tient davantage du spin off en ce qu'il compulse
des chapitres supprimés des tomes précédents. Mary Poppins en
promenade est un livre inégal qui laisse l'impression d'être
assez artificiel de par son manque de liens et de chronologie, et
dont l'intérêt tient à trop peu de choses, malheureusement.
Et pour aller plus loin...
- Découvrez toute la série...
Et pour aller plus loin...
- Découvrez toute la série...
- Mary Poppins : la maison d'à côté / dans l'allée des Cerisiers.
- Lisez notre avis sur le musical donné au Prince Edward Theatre de Londres ICI !
Merci pour ces précieuses informations. Les passages que tu as retenu semblent vraiment intéressants. Rien que pour cela, ça donne envie ! A quand une édition intégrale en français ? Ce serait vraiment chouette... J'avais espéré qu'avec la sortie du second film... mais non. :(
RépondreSupprimerNon, malheureusement. La traduction inédite des deux derniers tome c'est déjà beaucoup, mais on aurait au moins pu espérer une réédition du tome 3, pour avoir les meilleurs tomes de la saga, qui constituent ensemble une trilogie avec début, milieu et fin. Il n'y a peut-être que "Mary Poppins en promenade" qui ne necessiterait pas de réédition, quoi sue le tout dernier chapitre sur les ombres est vraiment très très bon!
Supprimer