Le bien-être de Voltaire est menacé. On a retrouvé sa protectrice, la
baronne de Fontaine-Martel, assassinée dans son lit, et pour l’heure
aucun suspect. S’il ne veut pas se retrouver à la rue en ce froid
février 1733 (ou pire, à la Bastille !), il lui faut faire preuve de
ressources et retrouver le criminel avant que celui-ci n’aille s’en
prendre à d’autres honnêtes gens, lui par exemple… Heureusement, de
ressources, Voltaire n’en manque pas. Car il sera bientôt rejoint par
Émilie du Châtelet ! Brillante femme de sciences, enceinte jusqu’au cou,
elle va l’accompagner dans son enquête, résolvant plus d’une énigme.
Mais leur mission n’est pas sans dangers : il leur faudra affronter de
redoutables héritières en jupons, des abbés benêts, des airs de flûte
assassins, des codes mystérieux, et un lieutenant-général de police qui
guette la première occasion d’embastillonner notre philosophe…
Un roman historique à la fois rigoureux et très amusant, qui répond avec brio aux engouements du public : Frédéric Lenormand a un ton et une plume qui donnent aux personnages une répartie et une vivacité rares. Après le succès des 16 volumes du Juge Ti, la réputation de l'auteur n'est plus à faire...
Un roman historique à la fois rigoureux et très amusant, qui répond avec brio aux engouements du public : Frédéric Lenormand a un ton et une plume qui donnent aux personnages une répartie et une vivacité rares. Après le succès des 16 volumes du Juge Ti, la réputation de l'auteur n'est plus à faire...
***
"A petit homme, petit bagage, mais à grand esprit, grande bibliothèque."
Edition France Loisirs, édition au livre de poche et édition du Masque.
Voilà quelques temps déjà que cette série policière française me faisait de l’œil. Polar historique, ok, mais avec Voltaire reconverti en enquêteur, là, il y a matière à retenir l'attention, surtout que le philosophe a passé une partie de sa vie non loin de chez moi, au château de la renommée Emilie du Châtelet. Alors quand en plus l'ouvrage est écrit par un nom mainte fois primé de la littérature policière française, on y va presque les yeux fermés...
"Il allait
falloir beaucoup prier si l'on voulait éviter à la défunte de bouillir
dans les enfers qui l'attendaient comme une marmite son lot de moules."
Et on a raison! En tout cas, ce le fut pour moi : La baronne meurt à cinq heures est un bijou d'humour classieux et irrévérencieux, doublé d'une enquête drôle à l'excès noyée, jusqu'au cou dans le savoureux siècle des Lumières. On y découvre, ou redécouvre, plutôt, un Voltaire intime, plein d'énergie et de gouaille, qui vit surtout en parasite car profite de la générosité de grands protecteurs qui acceptent de l'héberger. En échange? L'homme de Lettres, d'autant plus prisé que ses pensées et écrits font scandale, fait à chaque fois de la maison de son hôte le nouveau salon à la mode. Mais quand sa dernière bienfaitrice est retrouvée à la fois poignardée, étouffée, empoisonnée et étranglée, là, le grandiloquent philosophe se trouve en mauvaise posture. Le commissaire de police Herault, qui cherche par tous les moyens à embastillonner Voltaire, use cependant de la situation : surchargé de travail face aux crimes qui pullulent dans Paris, il n'a que peu de temps à consacrer à ce meurtre et charge Voltaire de mener l'enquête, avec la menace d'un l'emprisonnement s'il échoue. Notre penseur se trouve alors dans une étrange affaire d'héritage : les successeurs potentiels affluent au rythme des nombreux (faux) testaments, et des secrets inavouables de la défunte...
"-Ne soyons pas manichéens, objecta Emilie, nulle chose ne serait être toute blanche ou toute noire.
-Certes, dit le philosophe. Il y a aussi des choses toutes grises."
Voltaire, philosophe et enquêteur?
Voltaire, philosophe et enquêteur?
"C'était
une sorte de moment où l'on regrette de ne pouvoir faire appel au dieu
des chrétiens parce qu'on a le malheur de penser par soi-même."
Trépident, truculent, et en même temps d'une grande finesse dans la narration et les dialogues, ce roman est vraiment une excellente surprise! L'écriture de F.Lenormand est à la fois classieuse et farfelue, désuète juste qu'il faut mais jamais ennuyeuse. A grand renfort de périphrases tordantes et tortueuses pour narrer les scènes les plus cocasses, l'auteur provoque le fou-rire sans jamais faire tomber son histoire dans la farce trop appuyée, mais plutôt le pastiche léger. L'intrigue policière est bien ficelée quoi que très classique, avec un petit côté british qui ne serait pas sans évoquer un whodunit à la Agatha Christie, avec son lot de morts, de testaments trafiqués et de légataires assassins. Aussi, bien que l'enquête s'offre parfois quelques ellipses ou raccourcis, on ne s'en formalise pas, tant on est pris dans le bouillonnement du XVIIIème siècle et la gouaille de la narration.
"L'argent corrompt plus vite que les sentiments, c'est pour cela qu'on l'a inventé."
Emilie, marquise du Châtelet.
Emilie, marquise du Châtelet.
"Emilie
s'interposa. Avec sa robe couverte de pompons, on aurait dit une
belette mécontente passant la tête à travers un buisson de roses."
"L'abbé le fit asseoir dans son fauteuil, Voltaire parut vouloir y installer son agonie. Mme du Châtelet fulminait.
-Levez vous donc! Vous finirez par laisser votre nom à ce meuble!
"Tous
les charognards le savent : il convient de se repaître en silence,
faute de quoi on alerte des carnassiers plus gros que soi."
En bref : Ce polar historique plein d'humour, entre classicisme et courant novateur, est un savoureux whodunit à la française façon siècle des Lumières. Pétillant et truculent, on en redemande!
"On
estime que les hommes illustres appartiennent à tout le monde, c'est
inexact : ils appartiennent à chacun, et tous ceux qui ont une opinion à
leur sujet s'indignent de voir que vous n'avez pas la même qu'eux. Vous
leur volez leurs certitudes, une chose à laquelle on tient davantage
qu'à son libre arbitre."
Et pour aller plus loin...