Royal flush (Royan spyness #3), Berkley, 2009 - Editions Robert Laffont, coll. La bête noire (trad. de B.Longre), 2020.
Londres, 1932. Les affaires de Georgie sont loin d’être au
beau fixe. Afin de se faire un peu d’argent, elle a alors l’idée du
siècle (selon elle) : tenir compagnie à des gentlemen de passage dans la
capitale. Une pièce de théâtre, un bon dîner, un brin de conversation
et le tour est joué ! Sauf que son premier client attend visiblement une
conclusion bien différente à cette soirée...
Pour éviter un scandale, Georgie est renvoyée fissa en Écosse. Mais il ne s’agit pas seulement d’une punition. En effet, Scotland Yard lui confie une tâche de la plus haute importance : surveiller la partie de chasse royale qui se tient au château de Balmoral. Quelqu’un vise les héritiers du trône britannique, et qui d’autre que Georgie, avec son flair légendaire, pourrait démasquer le coupable ?
Sa troisième mission : protéger la famille royale.
Après la sortie simultanée du tome 1 et du tome 2 l'an dernier, voici qu'arrivent en même temps le troisième et quatrième volumes de cette pétillante série policière so British et vintage en diable. Quel plaisir de retrouver Georgie, 34ème dans la liste des prétendants au trône d'Angleterre, aristocrate désargentée et détective improvisée à ses heures perdues. Ce sont les années 30, le prince de Galles fricote avec Wallis Simpson (au grand dam de la reine), les complots communistes et nazis se multiplient, et Georgie a créé (anonymement) une entreprise de ménages à domicile pour subvenir à ses besoins! Enjoy!
"— Tu aurais dû lui sauter dessus à la première occasion, répliqua Belinda. Un homme comme Darcy ne va pas attendre pendant des lustres.
— J'en suis consciente. C'est à cause de l'éducation que j'ai reçue au château de Rannoch et tous mes ancêtres. Je ne cesse de penser à Robert Bruce de Rannoch, qui a tenu bon lors de la bataille de Culloden et qui s'est défendu jusqu'à être taillé en pièces.
— J'ai du mal à comprendre le rapport entre cette histoire et ta virginité, ma chérie."
Pour ce troisième opus, Lady Georgie est de nouveau dans la panade : sa société de ménages n'est pas florissante et elle en a assez de ne se nourrir que de thé et de toasts, aussi décide-t-elle de fonder une nouvelle entreprise. Après avoir remplacé au pied levé son amie Belinda à un dîner avec un vieil américain, Goergie passe une petite annonce dans la presse pour proposer de tenir compagnie – le temps d'un repas et contre rétribution – avec des hommes qui aimeraient fréquenter la haute société. L'innocente jeune fille n'envisageait pas de passer pour une escort girl et son idée tourne rapidement au vinaigre ; tirée d'affaire de justesse par le séduisant Darcy O'Mara, Scotland Yard la contacte comme par hasard le lendemain pour lui demander de quitter la ville quelques temps afin d'éviter un scandale. Voilà donc Georgie dans le Flying Scotman, direction : le château de Rannoch! Pendant son voyage en train, elle est accostée par un éminent membre des services secrets britanniques : une garden party est annoncée à Balmoral, non loin du château de Rannoch, et plusieurs des membres de l'aristocratie déjà sur place ont réchappé de peu à des tentatives de meurtre. Même Binky, le frère ainé de Georgie, est alité à la suite d'un accident suspect... La jeune femme est missionnée pour faire la lumière sur cette affaire. Une fois à destination, elle découvre la demeure familiale envahie par des Américains : le cercle de Balmoral refusant de loger Wallis Simpson, la maîtresse du prince et tout son cercle d'amis ont été envoyés à Rannoch où Fig, la belle-sœur de Georgie, est au bord de la crise de nerfs. Entre le monstre du loch voisin, des apparitions fantomatiques nocturnes, le haggis au petit déjeuner et les réveils en fanfare au son de la cornemuse, Georgie mettra à jour un sombre secret précieusement gardé par l'aristocratie...
Après les deux précédentes enquêtes qui prenaient essentiellement pour décor le tumulte londonien et qui amusaient le lecteur des déboires financiers de Lady Gorgiana, on apprécie de suivre cette jeune et pétillante héroïne dans le dépaysement de son Ecosse natale : le château (fictif mais tellement authentique) de Rannoch et la (réelle) demeure de Balmoral deviennent les décors de choix de cette nouvelle aventure. Sur fond de carte postale écossaise, on se régale littéralement de la restitution du quotidien de l'aristocratie en ce début de XXème siècle : l'étiquette toute britannique, les us et coutumes de la haute société, les parties de chasse à travers la campagne... Rhys Bowen met en scène un univers sur lequel elle s'est minutieusement documentée et dans lequel elle glisse sa propre fantaisie : une audacieux mélange d'Agatha Christie, d'une chronique à la Nancy Mitford, et d'un roman d'Helen Fielding!
Si, comme dans les tomes précédents, le premier tiers du livre sert essentiellement à poser le décor avant que ne survienne un meurtre, on est désormais habitué à ce qui semble être un code propre à ces romans. Cette plongée progressive mais toujours pleine de style dans l'histoire permet à l'auteure de rappeler les bases de la série, de poser celles nécessaires à l'intrigue policière à venir, et à dépeindre le décor sociologique évoqué ci-dessus. Cette première partie est de mieux en mieux amenée par la romancière, qui l'utilise à profit pour distiller l'ambiance du roman. On se laisse porter avec délice dans l'atmosphère rétro et guindée des parties de campagne anglaises, du tea time réglementaire, et des codes désuets de l'aristocratie en trépignant d'impatience à l'attente du crime...
L'humour reste évidemment très présent : ce contexte est toujours un excellent prétexte à la parodie ou aux détournements jubilatoires. Mais après avoir donné dans le cocasse sans retenue dans les deux précédents opus, Rhys Bowen l'utilise ici avec davantage de parcimonie. La légèreté est toujours de mise mais, beaucoup plus nuancée, elle permet à l'auteure de consacrer tout son talent à la complexité de l'intrigue criminelle, fort bien réussie (par ailleurs la plus aboutie des trois premiers tomes)!
En bref : Tea time et meurtre à Balmoral! Un troisième tome qui, sans se départir de la légèreté propre à cette série, fait la part belle à l'intrigue policière, finement construite. Le scénario gagne en densité et l'esprit enlevé reste de la partie ; on a déjà hâte de découvrir le tome suivant.
Pour aller plus loin...
Pour éviter un scandale, Georgie est renvoyée fissa en Écosse. Mais il ne s’agit pas seulement d’une punition. En effet, Scotland Yard lui confie une tâche de la plus haute importance : surveiller la partie de chasse royale qui se tient au château de Balmoral. Quelqu’un vise les héritiers du trône britannique, et qui d’autre que Georgie, avec son flair légendaire, pourrait démasquer le coupable ?
Sa troisième mission : protéger la famille royale.
***
Après la sortie simultanée du tome 1 et du tome 2 l'an dernier, voici qu'arrivent en même temps le troisième et quatrième volumes de cette pétillante série policière so British et vintage en diable. Quel plaisir de retrouver Georgie, 34ème dans la liste des prétendants au trône d'Angleterre, aristocrate désargentée et détective improvisée à ses heures perdues. Ce sont les années 30, le prince de Galles fricote avec Wallis Simpson (au grand dam de la reine), les complots communistes et nazis se multiplient, et Georgie a créé (anonymement) une entreprise de ménages à domicile pour subvenir à ses besoins! Enjoy!
"— Tu aurais dû lui sauter dessus à la première occasion, répliqua Belinda. Un homme comme Darcy ne va pas attendre pendant des lustres.
— J'en suis consciente. C'est à cause de l'éducation que j'ai reçue au château de Rannoch et tous mes ancêtres. Je ne cesse de penser à Robert Bruce de Rannoch, qui a tenu bon lors de la bataille de Culloden et qui s'est défendu jusqu'à être taillé en pièces.
— J'ai du mal à comprendre le rapport entre cette histoire et ta virginité, ma chérie."
Pour ce troisième opus, Lady Georgie est de nouveau dans la panade : sa société de ménages n'est pas florissante et elle en a assez de ne se nourrir que de thé et de toasts, aussi décide-t-elle de fonder une nouvelle entreprise. Après avoir remplacé au pied levé son amie Belinda à un dîner avec un vieil américain, Goergie passe une petite annonce dans la presse pour proposer de tenir compagnie – le temps d'un repas et contre rétribution – avec des hommes qui aimeraient fréquenter la haute société. L'innocente jeune fille n'envisageait pas de passer pour une escort girl et son idée tourne rapidement au vinaigre ; tirée d'affaire de justesse par le séduisant Darcy O'Mara, Scotland Yard la contacte comme par hasard le lendemain pour lui demander de quitter la ville quelques temps afin d'éviter un scandale. Voilà donc Georgie dans le Flying Scotman, direction : le château de Rannoch! Pendant son voyage en train, elle est accostée par un éminent membre des services secrets britanniques : une garden party est annoncée à Balmoral, non loin du château de Rannoch, et plusieurs des membres de l'aristocratie déjà sur place ont réchappé de peu à des tentatives de meurtre. Même Binky, le frère ainé de Georgie, est alité à la suite d'un accident suspect... La jeune femme est missionnée pour faire la lumière sur cette affaire. Une fois à destination, elle découvre la demeure familiale envahie par des Américains : le cercle de Balmoral refusant de loger Wallis Simpson, la maîtresse du prince et tout son cercle d'amis ont été envoyés à Rannoch où Fig, la belle-sœur de Georgie, est au bord de la crise de nerfs. Entre le monstre du loch voisin, des apparitions fantomatiques nocturnes, le haggis au petit déjeuner et les réveils en fanfare au son de la cornemuse, Georgie mettra à jour un sombre secret précieusement gardé par l'aristocratie...
" Au bord d'un loch, 18 août 1932, temps frais et vivifiant (ce qui signifie, en termes écossais, qu'un vent mugissant souffle par rafales)."
Après les deux précédentes enquêtes qui prenaient essentiellement pour décor le tumulte londonien et qui amusaient le lecteur des déboires financiers de Lady Gorgiana, on apprécie de suivre cette jeune et pétillante héroïne dans le dépaysement de son Ecosse natale : le château (fictif mais tellement authentique) de Rannoch et la (réelle) demeure de Balmoral deviennent les décors de choix de cette nouvelle aventure. Sur fond de carte postale écossaise, on se régale littéralement de la restitution du quotidien de l'aristocratie en ce début de XXème siècle : l'étiquette toute britannique, les us et coutumes de la haute société, les parties de chasse à travers la campagne... Rhys Bowen met en scène un univers sur lequel elle s'est minutieusement documentée et dans lequel elle glisse sa propre fantaisie : une audacieux mélange d'Agatha Christie, d'une chronique à la Nancy Mitford, et d'un roman d'Helen Fielding!
Le château de Balmoral dans les années 30.
"Je chutai dans le vide. Tout en dégringolant, je tentai de m'agripper à la paroi, mais mes doigts lâchèrent prise. Je vis la roche défiler devant moi à toute allure, et des mots se formèrent dans mon esprit : "Je vais mourir. La barbe!" Et, pour une raison mystérieuse, j'étais agacée à l'idée d'être encore vierge."
Si, comme dans les tomes précédents, le premier tiers du livre sert essentiellement à poser le décor avant que ne survienne un meurtre, on est désormais habitué à ce qui semble être un code propre à ces romans. Cette plongée progressive mais toujours pleine de style dans l'histoire permet à l'auteure de rappeler les bases de la série, de poser celles nécessaires à l'intrigue policière à venir, et à dépeindre le décor sociologique évoqué ci-dessus. Cette première partie est de mieux en mieux amenée par la romancière, qui l'utilise à profit pour distiller l'ambiance du roman. On se laisse porter avec délice dans l'atmosphère rétro et guindée des parties de campagne anglaises, du tea time réglementaire, et des codes désuets de l'aristocratie en trépignant d'impatience à l'attente du crime...
Le couple royal et leur petite-fille, Elizabeth, dans les années 30.
"Fig n'aurait pas approuvé des démonstrations d'affection aussi indécentes. Ses parents et elle se bornaient à échanger des poignées de main. C'était à se demander comment le petit Podge avait été conçu – Je me figurais qu'elle s'était contentée de fermer les yeux et de penser à l'Angleterre, ainsi qu'on me l'avait conseillé."
Partie de chasse vintage!
En bref : Tea time et meurtre à Balmoral! Un troisième tome qui, sans se départir de la légèreté propre à cette série, fait la part belle à l'intrigue policière, finement construite. Le scénario gagne en densité et l'esprit enlevé reste de la partie ; on a déjà hâte de découvrir le tome suivant.
Pour aller plus loin...