Into the Woods : Promenons-nous dans les bois ;
(Into the Woods)
Un film de Rob Marshall pour Disney (sorti le 28 Janvier 2015),
d'après la comédie musicale de Steohen Sondheim et James Lapine.
Avec : Meryl Streep, Johnny Depp, Chris Pine, Emily Blunt, Anna Kendrick...
Les intrigues de plusieurs contes de fées bien connues se croisent afin
d’explorer les désirs, les rêves et les quêtes de tous les personnages.
Cendrillon, le Petit Chaperon rouge, Jack et le haricot magique et
Raiponce, tous sont réunis dans un récit où interviennent également un
boulanger et sa femme qui espèrent fonder une famille, mais à qui une
sorcière a jeté un mauvais sort…
***
Si le mythique Into the woods n'évoque que peu de chose au public
français, c'est qu'il s'agit avant tout d'un élément de culture toute
américaine. En effet, au départ, il s'agit d'un spectacle musical de Stephen Sondheim et James Lapine, tous les deux inspirés dans les années 1980 pas les écrits psychanalytiques de Bruno Bettelheim sur les contes de fées. Joué sur scène depuis plus de vingt ans, ce musical emblématique de Broadway est donc aujourd'hui transposé sur grand écran dans une atmosphère certes disneyenne mais qui évoque aussi La compagnie des loups d'A.Carter et son adaptation cinématographique.Grand passionné que je suis des contes et de leurs multiples adaptations, j'aime tout particulièrement les histoires originales qui s'amusent à tous les mélanger. Ce film était donc à ne pas manquer ; Alors, verdict?
Il faut le reconnaître : la méconnaissance du matériau scénique d'origine en France handicape sérieusement la réussite du film dans les salles : les spectateurs qui n'auront pas la curiosité de chercher davantage d'informations ou même d'extraits du spectacle ne trouveront certainement que peu d'intérêt au film. Sans mauvais jeux de mots musical, Into the Woods apparait comme un "film choral" de l'univers des contes de fées, ambiance Broadway à la prime. En effet, l'histoire est réellement cousue de bribes de Cendrillon, le petit chaperon rouge, Raiponce, Jack et le haricot magique, etc... qui se brodent autour d'une nouvelle trame où les protagonistes se croisent et s'entrecroisent autour du thème des désirs de chacun. Cette thématique se veut leitmotive de l'intrigue, rappelé par le thème musical phare "I wish" : Ainsi, voilà chacun lancé dans une quête personnelle propre au conte merveilleux.
Il est alors nécessaire de bien connaître les contes classiques car ceux-ci ne sont pas racontés dans leur intégralité et prennent part dans cette nouvelle histoire à des moments clefs de leur déroulement respectif. Le scénario fait donc de nombreuses ellipses narratives, supposées connues de tous mais amenant aussi à des interactions décousues caractéristiques d'un Musical mais qui sied beaucoup moins bien à une mise en scène cinématographique. Aussi, l'ensemble pourra vraiment déstabiliser un public qui n'est pas familier de cette culture toute anglo-saxonne. En revanche, si l'on aborde le film sous l'angle du Musical, il s'agit d'une merveilleuse adaptation, beaucoup moins édulcorée que le laisse penser une production Disney. L'histoire elle-même a de quoi amuser et prend le contrepied du schéma traditionnel du conte : Après le happy end tant attendu, alors que l'on croit l'histoire terminée, hop, voilà qu'un événement perturbateur survient et contraint chaque personnage à oublier sa quête. Tous sont alors amenés à mettre de côtés leur rêves et aspirations personnelles pour fédérer leurs atouts dans un ultime défi. Ce deuxième acte replace ainsi chaque protagoniste sur un pied d'égalité sans notion de "bons" et de "méchants", et revoie l'univers féérique traditionnel d'une dose de cynisme grisante!
Au-delà de toute sa dimension d'adaptation, le film reste visuellement irréprochable. A la fois somptueuse et pourtant très sobre, l'esthétique est emprunte d'un côté très traditionnel loin d'un style burtonnien ou d'un visuel trop travaillé comme on en voit souvent dans les contes transposés à l'écran de nos jours. Les décors rappellent l'Allemagne rurale des frères Grimm et les branchages de la forêt sont tortueux juste ce qu'il faut pour lui donné un petit accent fantastique. Anecdote amusante : la scène chantée du début, où le petit chaperon rouge traverse les ruelles de maisons à colombage, m'a fortement rappelé la scène du Disney La Belle et la Bête où Belle arpente les rues du marcher en chantant, avec son village européen à l'ancienne. Mention spéciale également à l'intérieur de la Boulangerie, qui ferait presque naître des parfums de céréales et de pâtisseries à nos narine, tant on s'émerveille des nuages de farine flottant au milieu des jolis étals en bois.
Les costumes, signés Coleen Atwood (couturière attitrée de Burton, mais aussi de Blanche Neige et le Chasseur ou des Orphelins Baudelaire), respirent eux-aussi la mode traditionnelle du XVIIIème siècle rhénan. L'ambiance visuelle générale m'a ainsi fortement évoqué une version un peu plus classieuse de l’esthétique déjà très léchée des Contes de Grimm, série télévisée allemande adaptée des récits de notre enfance et diffusée en France sur NT1.
Les acteurs sont très convainquant, même Johnny Depp qui nous gratifie d'une courte mais plutôt convaincante apparition en Grand Méchant Loup. Son jeu rappelle fortement le chasseur lycanthrope de La Compagnie des Loups, surtout dans sa chanson qui révèle toute la dimension sexuelle contenue dans la morale réelle du Petit Chaperon Rouge. Le petit Chaperon Rouge, d'ailleurs, merveilleusement bien incarnée par la méconnue Lilla Crowford, excellente en gamine mi peste, mi attendrissante. Anna Kendricks incarne quant à elle une excellente Cendrillon, plus consistante que la blondinette de la mythologie disney : cette beauté brune simple et naturelle au visage volontaire renvoie davantage à l'interprétation impétueuse et merveilleuse de Drew Barrymore dans A tout jamais, une histoire de Cendrillon. Emily Blunt offre elle aussi une prestation toute nouvelle dans sa filmographie, avec le rôle ambigu mais attachant de la femme du Boulanger, plus dirigiste que son tendre époux et prête à mettre de côté toute morale pour arriver à ses fins. Mais de toutes les interprétations de cette production, celle qui tire le plus l'admiration est probablement Meryl Streep en sorcière assoiffée de jeunesse et de beauté : chacune de ses apparitions (ou mêmes retentissantes disparitions), explose d'un charisme théâtrale et grandiloquent en diable! Enfin, parmi les personnages secondaires, petite mention spéciale aux demi-sœurs et à la marâtre de Cendrillon : j'ai a-do-ré ce trio de pimbêche à l'érotisme latent et aux accents vulgaires qui ressemblaient à de réels sosies de lady Gaga!
En bref : Si la dimension Musical et le cynisme propre à cet immanquable de la culture américaine pourra rebuter le publique français, Into the woods reste une splendide adaptation du spectacle d'origine. Si le film peine cependant à exister autrement qu'en sa qualité d'adaptation d’œuvre scénique, il pourra encore convaincre les plus réticents aux films chantés par la magnificence de ses décors et costume et l'excellent jeu des acteurs!
Au-delà de toute sa dimension d'adaptation, le film reste visuellement irréprochable. A la fois somptueuse et pourtant très sobre, l'esthétique est emprunte d'un côté très traditionnel loin d'un style burtonnien ou d'un visuel trop travaillé comme on en voit souvent dans les contes transposés à l'écran de nos jours. Les décors rappellent l'Allemagne rurale des frères Grimm et les branchages de la forêt sont tortueux juste ce qu'il faut pour lui donné un petit accent fantastique. Anecdote amusante : la scène chantée du début, où le petit chaperon rouge traverse les ruelles de maisons à colombage, m'a fortement rappelé la scène du Disney La Belle et la Bête où Belle arpente les rues du marcher en chantant, avec son village européen à l'ancienne. Mention spéciale également à l'intérieur de la Boulangerie, qui ferait presque naître des parfums de céréales et de pâtisseries à nos narine, tant on s'émerveille des nuages de farine flottant au milieu des jolis étals en bois.
Les costumes, signés Coleen Atwood (couturière attitrée de Burton, mais aussi de Blanche Neige et le Chasseur ou des Orphelins Baudelaire), respirent eux-aussi la mode traditionnelle du XVIIIème siècle rhénan. L'ambiance visuelle générale m'a ainsi fortement évoqué une version un peu plus classieuse de l’esthétique déjà très léchée des Contes de Grimm, série télévisée allemande adaptée des récits de notre enfance et diffusée en France sur NT1.
Les acteurs sont très convainquant, même Johnny Depp qui nous gratifie d'une courte mais plutôt convaincante apparition en Grand Méchant Loup. Son jeu rappelle fortement le chasseur lycanthrope de La Compagnie des Loups, surtout dans sa chanson qui révèle toute la dimension sexuelle contenue dans la morale réelle du Petit Chaperon Rouge. Le petit Chaperon Rouge, d'ailleurs, merveilleusement bien incarnée par la méconnue Lilla Crowford, excellente en gamine mi peste, mi attendrissante. Anna Kendricks incarne quant à elle une excellente Cendrillon, plus consistante que la blondinette de la mythologie disney : cette beauté brune simple et naturelle au visage volontaire renvoie davantage à l'interprétation impétueuse et merveilleuse de Drew Barrymore dans A tout jamais, une histoire de Cendrillon. Emily Blunt offre elle aussi une prestation toute nouvelle dans sa filmographie, avec le rôle ambigu mais attachant de la femme du Boulanger, plus dirigiste que son tendre époux et prête à mettre de côté toute morale pour arriver à ses fins. Mais de toutes les interprétations de cette production, celle qui tire le plus l'admiration est probablement Meryl Streep en sorcière assoiffée de jeunesse et de beauté : chacune de ses apparitions (ou mêmes retentissantes disparitions), explose d'un charisme théâtrale et grandiloquent en diable! Enfin, parmi les personnages secondaires, petite mention spéciale aux demi-sœurs et à la marâtre de Cendrillon : j'ai a-do-ré ce trio de pimbêche à l'érotisme latent et aux accents vulgaires qui ressemblaient à de réels sosies de lady Gaga!
En bref : Si la dimension Musical et le cynisme propre à cet immanquable de la culture américaine pourra rebuter le publique français, Into the woods reste une splendide adaptation du spectacle d'origine. Si le film peine cependant à exister autrement qu'en sa qualité d'adaptation d’œuvre scénique, il pourra encore convaincre les plus réticents aux films chantés par la magnificence de ses décors et costume et l'excellent jeu des acteurs!