The Avengers #1 : "The floating Game", Berkley, 1967 - Éditions Solar, trad. de Marie-France Watkins, 1967 - Éditions Fleuve Noir (intégral), 1995.
Emma devient croupier,
Steed se présente aux élections.
Si Emma s'apprête à partir pour les Etats-Unis afin d'y épouser une séduisante espionne russe, c'est du fait de la nouvelle affaire dont elle est missionnée aux côtés de Steed. Steed qui, lui, pendant ce temps, traque pour les mêmes besoins les gangsters les plus revêches de la mafia jamais débarqués en Grande Bretagne pour renverser le gouvernement de Sa Gracieuse Majesté.
Voilà les faits : Une force criminelle s'est mise en devoir de décimer petit à petit les hauts fonctionnaires du Parlement britannique en leur faisant subir une nouvelle technique de lavage de cerveau. Appelés à mener l'enquête, Steed et Madame Peel remontent la piste des indices jusqu'à une alliance entre un diabolique cerveau criminel venu d'Orient, la mafia, et les services secrets russes... Qu'il faut à tout prix arrêter, évidemment!
***
Smeck-Hudson, haut fonctionnaire du parlement britannique, meurt soudainement. Cela aurait pu passer totalement inaperçu si son comportement des mois derniers n'avait pas été si bizarre : enchaînant les voyages, dilapidant son argent aux jeux, fricotant avec une ancienne espionne russe... le doute s'instaure dans les couloirs du MI5 : N'aurait-il pas vendu quelque secret d'état à l’ennemi? La Couronne s'inquiète et craint que la Chambre des députés ne devienne une poudrière. Pour y mettre bon ordre, Steed est envoyé en infiltration au sein même du Parlement, où il se présente à la place de député laissée vacante par Smeck-Hudson. Se frottant ainsi au milieu plein de faux-semblants de la politique, Steed met bientôt à jour que son défunt prédécesseur, non content de fréquenter une espionne russe, avait noué quelques liens avec la mafia, ainsi que d'autres gangsters de multiples horizons. Leur point commun? Tous semblent reliés à un port d'attache, un somptueux palace flottant - réelle showboat importé d'Amérique et accosté sur les rives de la Tamise - reconverti en casino. Emma, envoyée par Steed pour y jouer les croupières en costume de cow-girl, réalise vite que tout le gratin du parlement y passe ses nuits pour dilapider son argent dans la joie et la bonne humeur...seul un lavage de cerveau peut expliquer qu'ils perdent tous leur fortune aux jeux! Mais d'ailleurs, cette fortune, à qui profite-t-elle au bout du compte...?
Couvertures des éditions originales britannique et américaine.
Après les deux excellentes novélisations écrite par Patrick MacNee lui-même (celui-là même qui incarnait John Steed à l'écran), toute œuvre adaptée de la série par un autre auteur risquait de souffrir de la comparaison. Ce roman, premier d'une série de quatre tomes (publiés séparément chez Solar en 1967 puis en intégral chez Fleuve Noir en 1995), est écrit de la plume de John Garforth, qui jouit cependant de la réputation d'écrivain professionnel anglais doublé d'un passionné de séries télévisées. Alors, le verdict?
Eh bien, du bon et du mauvais. Alors que MacNee restituait l'atmosphère particulière de la série autant dans ses intrigues que dans son style narratif, Garforth ne parvient pas à atteindre cette excellence. Tout d'abord, le sujet aborde des faits bien trop ancrés dans le réel, à mille lieues des thèmes décalés du feuilleton d'origine. Même si certains épisodes -voire de nombreux- ont parfois traité de la mafia ou du parlement, c'était toujours en compensation d'un scénario loufoque ou d'une intrigue fantaisiste qui assurait ainsi les codes propres au cahier des charges de The Avengers. Le flambeur flambé, au contraire, s'englue dans une histoire de mafia et d'espionnage assez plate, dont les seuls aspects intéressants sont les passages se déroulant au casino, et qui évoquent un James Bond de Flemming. De surcroit, le style de Garforth manque cruellement d'élégance, et sa plumes parfois crue est souvent inappropriée à la mythologie Chapeau Melon..., de même que certains dialogues ou passages tombent régulièrement dans la vulgarité.
Heureusement, la lecture est tout juste sauvée de quelques autres passages, ceux-là plus dignes de la série. Les scènes d'appartement, par exemple (l'occasion d'un délicieux en-cas concocté par Steed, à déguster sur la table de son salon en faisant le point sur l'enquête – entre deux course-poursuites), ou encore les répliques pleines de non-sens ou de flegme de l'un ou l'autre personnage (l'interrogatoire de Steed sur ses opinions politiques lorsqu'il se présente au parlement est d'ailleurs à se tordre de rire!). Et si la phrase "On a besoin de nous" est vite expédiée, on retrouve en revanche une scène de clôture à l'image de la saison 4, avec nos deux héros partant battre la campagne au volant de leur voiture!
" - Que pensez-vous de la peine de mort, Monsieur Steed?
- Que ce doit-être infiniment désagréable pour le condamné."
(Le flambeur flambé, chapitre 3)
En Bref: En dépit de quelques rares passages, cette novélisation est trop éloignée de l'esprit Chapeau Melon et Bottes de Cuir pour séduire totalement les amoureux du feuilleton. L'ensemble, trop ancré dans le réel, s'englue dans une intrigue de mafia et de lavage de cerveau dans la lignée d'un polar de série B plutôt qu'un épisode de la mythique série.
Pour aller plus loin:
-Préférez les novélisations écrites par John Steed lui-même, alias l'acteur Patrick McNee. L'article de la mort et Canard mortel.
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