dimanche 26 octobre 2014

L'insoutenable légèreté des Scones (Les chroniques d'Edimbourg #5) - Alexander McCall-Smith

The unbearable lightness of scones (The 44 Scotland Street series, book 5), Polygon Books, 2008 - Editions 10/18 (traduction  de Nadège de Peganow), 2014.

  Pour un simple observateur, l'admirable ville d'Édimbourg - lieu d'élection des philosophes éclairés où l'on déguste de savoureuses pâtisseries avec le thé - peut sembler préservée des émotions fortes. Pourtant, au 44 Scotland Street, quand Matthew et Elspeth s'engagent dans l'aventure risquée du mariage, l'extravagant peintre Angus Lordie a le pressentiment d'un désastre. Irène quant à elle est sidérée d'apprendre que son fils Bertie nourrit un projet inacceptable tandis que le superficiel Bruce subit le premier refus de sa vie. Sans parler d'un énorme gangster qui arrive de Glasgow avec des cadeaux...
   Toujours aussi fantaisiste, sensible et ironique, voici de retour la joyeuse bande écossaise. Un cinquième rendez-vous à ne pas manquer au 44 Scotland Street !

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  Pas de repos pour les braves! Avoir avoir commenté les quatre premiers tomes de ces chroniques écossaises, je continue de partager avec vous les péripéties de nos truculents locataires du 44 Scotland Street! Si la fin du troisième opus avait laissé craindre l'arrêt de la série, c'est finalement le quatrième tome qui achève un cycle dans cette saga. En effet, il laisse planer un changement sans retour iminent, à savoir le départ de Pat. Si elle n'était pas à proprement parler l'héroïne du feuilleton, elle était néamoins l'un de ses personnages symboliques et celle par qui le lecteur s'était peu à peu immiscé dans le quotidien de ses voisins de palier. Aujourd'hui, Pat a quitté Edimbourg et ce cinquième tome se poursuit sans elle... la sauce prendra-t-elle malgré tout?

"Les vieux amis, comme les vieilles chaussures, sont confortables."

 Couvertures de l'édition originale britannique et de l'édition américaine.

  Eh bien oui! On réalise que l'on s'est tout autant attaché aux autres personnages (même les pires!) et on les retrouve avec le même plaisir jubilatoire. D'autant que cette fois, chacun sera soumis au changement ou même à la tentation : Domenica l’anthropologue voudra venger le vol supposé d'une de ses tasses par sa voisine tandis qu'Angus le peintre tombera tout à fait par hasard sur une toile de maître prétendue disparue, Matthew sera confronté aux joies et interrogations de sa nouvelle vie conjugale, et Bruce paiera le prix de son ego surdimensionné. Oh, et n'oublions pas Bertie qui trouve en son père un allié de choix contre le tempérament castrateur de son embourgeoisée de mère : quoi de mieux pour la faire enrager que de s'inscrire chez les Scouts?!

"Après avoir assister à une tragédie, même mineure, on recherche la compagnie de ses semblables et on redoute la solitude."

Alexander McCall Smith, l'auteur à la plume si flegmatique...

  Du palier du numéro 44 jusqu'à Drummond place, en s'arrêtant au café de Big Lou ou à la galerie d'Art de Matthew, ce nouvel opus est une fois encore rythmé de la plume vigoureuse de son auteur. Alternant commentaires piquants sur la société contemporaine et ses relations humaines avec une plume plus onirique lorsqu'il nous fait partager son amour pour l'Ecosse, McCall-Smith fait mouche une fois encore. A défaut d'avoir Pat, on s'attache encore un peu plus au personnage du petit Bertie et au regard certes plein d'innocence mais étrangement perspicace qu'il porte sur le monde actuel, analyse fine, pleine d'humour, et presque accidentellement sociologique!

"Quant aux rituel, ne trouvez-vous pas qu'ils sont le ciment de tout société? Les rituels et les principales institutions. Et quand on les fragilise, quand on déclare que le roi est nu, on découvre un grand vide. Il ne reste qu'un ensemble d'individus, tous étrangers les uns aux autres."

Illustration intérieure de l'édition originale, représentant le plan d'Edimbourg et les décors clefs de l'histoire.

En bref : Mordant sans rien perdre de sa profondeur, ce cinquième tome des Chroniques d'Edimbourg est d'une qualité égale au précédent et ce malgré les changements dans les tranches de vie des protagonistes. Aussi délectable que les scones du titre, cet opus égaillera les premières froidures automnales!

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Et pour aller plus loin...

-Découvrez les 4 premiers tomes, ICI, le tome 6 ICI, et les autres à venir.

-Jetez un œil sur le site officiel de l'auteur, ICI.

1 commentaire:

  1. Bon, j'ai craqué: j'ai commandé l'intégrale plus le tome 5. Je crois que je vais repartir 17 ans en arrière dès le début. Les premières pages dispo en lecture sur A**zon m'ont déjà téléportée dans cette vie d'avant. Merci Pierrot.

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