samedi 31 janvier 2015

Gourmandise littéraire : Tarte à la crème taffetas ("Taffety Tart") de Mrs Midge pour un Noël chez les Dee.



  Dans ses romans jeunesse connus et reconnus, Mary Hooper parvient à restituer avec une méticulosité quasi-sociologique la réalité historique choisie comme cadre de son histoire. Ainsi la plus riche des fictions ou la plus passionnante des intrigues se voit-elle doublée d'un décor et d'un contexte dont la restitution force à chaque fois l'admiration. Le lecteur, sans le réaliser, engrange alors autant (sinon plus) d'information et de détails historiques que s'il suivait un cours sur l'Angleterre Victorienne ou Élisabéthaine. L'Angleterre élisabéthaine, justement, elle celle que M.Hooper nous raconte dans la trilogie La Maison du Magicien. Dans cette passionnante saga, on suit la jeune Lucy, domestique chez le Dr Dee, astronome royal de Sa Majesté. Et avec toute la famille Dee à nourrir, la jeune fille n'est pas de trop pour venir en aide à Mrs Midge, la cuisinière au caractère bien trempé! Dans le second tome de la trilogie, toutes deux s'attèlent à la réalisation d'une Taffety Tart, tarte à la crème taffetas, dessert choisi pour le repas du 25 Décembre...


"  Tout en abaissant un yard de pâte feuilletée au rouleau à pâtisserie, Mrs Midge entonna :
"Un cruchon de bière de Noël, Monsieur, et l'on chantera de grand cœur!
Des pièces d'argent au fond de nos poches, à la bonne heure!"
(...)
  Elle se mit à abaisser au rouleau à pâtisserie la pâte entrant dans la confection d'une tarte à la crème taffetas, dessert destiné au grand dîner du lendemain de Noël auquel étaient convié les Walsingham."

Espionne de sa Majesté (La maison du Magicien#2), Marie Hopper, Gallimard Jeunesse, 2010 (chapitre X)


  Que d'aventures pour retrouver la recette originale de ce dessert médiéval ! Après de multiples recherches et traductions, je peux donc enfin la partager avec vous et vous en dire un peu plus. Traditionnelle de la cuisine moyenâgeuse anglaise, la Taffety tart porte ce nom en raison de la crème au beurre (ou plutôt du beurre de rose) utilisée entre chaque couche de pâte : ce beurre, fondu et mélangé à de l'essence de rose, prend alors une consistance onctueuse d'aspect soyeux qui évoque le taffetas. Cette tarte, constituée de plusieurs étages de disques de pâte feuilleté, de crème de rose et de pommes, est un dessert très apprécié des grandes tablées médiévales. La trace écrite la plus ancienne de la recette est celle consignée par le gastronome Robert May dans  The Accomplicht Cook, une anthologie culinaire de 1685.


Ingrédients (pour une petite tarte de 20cm de diamètre environ):
 
-400g de pâte feuilletée
-2 à 3 pommes (type Boscoop, Reinettes grises du Canada, ou mieux encore, des pommes de verger) pelées et détaillées en quartiers les plus fins possibles.
-50 g de sucre brun
-1 cuillère à soupe de graines de fenouil
-le zeste d'un-demi citron
-50g de beurre en pommade ou de margarine.
-2 cuillères à soupe d'eau de rose.


Réalisation:

-Préparer tout d'abord la crème taffetas, c'est à dire le beurre de rose: Faire fondre le beurre (ou la margarine) puis y mélanger au fouet des deux cuillères à soupe d'eau de rose. Réserver.
-Préparer ensuite le sucre parfumé en mélangeant dans un récipient le sucre, le fenouil, et les zestes de citron. Réserver également.
-Séparer la pâte en 4 parts égales puis les étaler au rouleau à pâtisserie de manière à obtenir quatre cercles de même taille (ici 20cm de diamètre approximativement). Vous pouvez utiliser un plat ou un saladier de cette dimension comme repère ou en guise d'emporte-pièce.
-Déposer un premier disque de pâte sur un plat chemisé de papier cuisson. Au pinceau, badigeonner-le de beurre de rose puis saupoudrer de sucre parfumé. Déposer ensuite des quartiers de pomme avant de les saupoudrer également de sucre.
-Réitérer l'opération pour faire une second étage : déposer un second disque au-dessus des pommes puis le beurre, le sucre, à nouveau des quartiers de pomme et, enfin, du sucre.
-Faire un dernier étage de la même manière puis couvrir du dernier disque de pâte, que vous pourrez embellir et décorer à votre guise, voire le dorer d'un jaune d’œuf.
-Faire préchauffer le four à 210°C puis enfourner la tarte. Au bout de 10 minutes de cuisson, diminuer à 180°C puis laisser encore 25 minutes maximum avant de la sortir du four.


  Ne reste plus qu'à la servir directement à vos convives un soir de Noël, en rêvant de Manoirs Tudor et de l'Angleterre Élisabéthaine...

jeudi 29 janvier 2015

Les affreusement sombres histoires de Sinistreville, tome 1: Hubert très très méchant - Christopher william Hill.


Osbert the Avengers (Tales from Schwartzgarten #1), Orchard Bokks, 2012 - Éditions Flammarion (trad d'A.Goacolou), 2015.


  Hubert naquit un mardi, dans une famille respectable qui résidait dans un recoin obscur de Sinistreville. Ses parents, qui rêvaient d'élever un génie, accueillirent avec une allégresse non dissimulée la tête aux dimensions impressionnantes et le front haut du petit Hubert.
- Je ne serais pas surpris que votre garçon devienne l'habitant le plus intelligent de notre grande ville, annonça le docteur.
Ainsi commença son histoire...
Hubert ne tarda en effet pas à le montrer d'une manière tout à fait singulière...


***


   Proposé dans le cadre de mon nouveau partenariat avec Flammarion, ce livre avait tout pour retenir mon attention : titre évocateur, synopsis alléchant, et couverture illustrée par Chris Riddle (auteur et dessinateur de Lili Goth!). Tout présumait donc un petit bijou grinçant et gothique en diable!

couverture originale.
  L'histoire prend pour cadre un petit bourg étroit et biscornu qu'on imagine aisément situé dans une Europe rhénane du début du XXème : Sinistreville (Schwartzgarten en VO). La ville, triste et sordide, est quasiment gouvernée par l'INSTITUT, une université très sélecte où l'on rêve de voir son enfant scolarisé, mais où l'on craint tout autant de l'y voir entrer... et pour cause : les professeurs, tous plus horribles les uns que les autres, sont connus pour y torturer les enfants des manières les plus ingénieuses et les plus abominables à la fois. Aussi, lorsque le petit Hubert réussit le concours d'admission, il se trouve vite confronté aux pires sévices de ses instructeurs. Mais le jeune surdoué est allé à bonne école : élevé par Fraülen, gouvernante très particulière, il a bénéficié d'une éducation d'un esprit un peu spéciale Cette dernière, veuve plusieurs fois (on vous laissera deviner pourquoi...), s'est spécialisée dans le meurtre au point d'en faire un art.
  Malmené par des professeurs qui enragent de voir Hubert si intelligent, celui-ci décide d'utiliser à bon escient les conseils de sa nourrice et se retourne contre eux de la manière la plus radicale qui soit. Se prenant à un petit jeu criminel amusant par bien des points, il élimine progressivement chacun des instructeurs...

Plan de Sinistreville, en frontispice du livre.

  L'éditeur ne se trompe pas en faisant référence aux Désastreuses aventures des orphelins Baudelaire de L.Snicket car on y retrouve un ton très similaire. Dépeignant une réalité exagérément (on pourrait dire "théâtralement") morne et sordide, l'auteur offre à ses jeunes lecteurs une approche grinçante et fantaisiste des malheurs humains, pimentée d'un humour décalé pleinement revendiqué. Pour autant, même prévenu, j'ai été surpris de l'audace de C.William-Hill qui va plus loin encore que Lemony Snicket dans l'humour noir : plus qu'une atmosphère caustique, il invente là un héro qui a tout d'un jeune Norman Bates, d'un lointain cousin de Sweeny Todd, ou d'un petit frère d'Hannibal Lecter ; et le politiquement correct, dans tout ça? Il n'y en a pas, et le résultat est jubilatoire!


Carte postale de Sinistreville?

  On s'attache au personnage et on se laisse séduire par la plume de l'auteur, d'une élégance et d'un flegme tout ce qu'il y a de plus britannique, surprenante pour nous conter une telle histoire. Là est toute la réussite de l'ouvrage : d'un style presque précieux et tout en atmosphère parsemée d'éléments faussement candides (détails de décor capiteux et des charmantes boutiques de la ville, descriptions appétissantes de pâtisseries et autres gourmandises alléchantes...), il rend tout l'aspect criminel de l'histoire acceptable, voire délectable (je vous l'ai dit, il n'y a pas de politiquement correct! ;) ). Le plus sanglant des meurtres ou le crime calculé avec la méticulosité la plus chirurgicale est ainsi toujours contrebalancé de détails truculents, d'une mise en scène délirante ou d'un modus operandi tordant à souhait. Les enfants de Timblebach jouent à Jack l'éventreur, et on adore ça!

En bref: Plaisir coupable politiquement incorrect, ce roman grinçant est un petit bijou de noirceur et de fantaisie. N'existent que des oxymores pour le présenter de la plus juste manière : Les affreusement sombres histoires de Sinistreville, c'est une torture gourmande, un délice assassin, du crime enfantin, un sanglant raffinement... A réserver à un public avisé tout de même!



Un grand merci aux éditions flammarion pour cette découverte!


Et pour aller plus loin:

Contes à rebours...


Source: pinterest.com

  Ceux qui me connaissent (ou commencent à me connaître...) savent que je suis très friand de tout ce qui touche de près ou de loin à l'univers des contes de fées, d'adaptations en réinterprétations, tout autant que les textes d'origine pour lesquels j'ai toujours nourris une sombre fascination. Aussi ne pouvais-je qu'être enthousiasmé par les sorties cinéma de 2015 qui, de janvier jusqu'à cet cet été, nous réservent de belles transpositions en perspective...

Au programme en janvier:

INTO THE WOODS - Promenons-nous dans les bois, de Rob Marshall pour les studios Disney.


  Les intrigues de plusieurs contes de fées bien connues se croisent afin d’explorer les désirs, les rêves et les quêtes de tous les personnages. Cendrillon, le Petit Chaperon rouge, Jack et le haricot magique et Raiponce, tous sont réunis dans un récit où interviennent également un boulanger et sa femme qui espèrent fonder une famille, mais à qui une sorcière a jeté un mauvais sort… 


 Si le mythique Into the woods n'évoque pas grand chose au public français, c'est qu'il s'agit avant tout d'un élément de culture toute américaine. En effet, au départ, il s'agit d'un spectacle musical de Stephen Sondheim et James Lapine, tous les deux inspirés dans les années 1980 pas les écrits psychanalytiques de Bruno Bettelheim sur les contes de fées. Joué sur scène depuis plus de vingt ans, ce musical emblématique de Broadway est donc aujourd'hui transposé sur grand écran dans une atmosphère certes disneyenne mais qui évoque aussi La compagnie des loups d'A.Carter et son adaptation cinématographique. Avec en tête d'affiche Meryl Streep et Johnny Depp, ce film prometteur reprend les musiques et chants du spectacle, nous permettant ainsi à nous autres spectateurs français de découvrir ce mythe de la culture américaine. Sorti ce mercredi 28 janvier, Into the woods est déjà nominé pour 6 récompenses cinématographiques...



Au programme en Mars:

CENDRILLON, de Kenneth Branagh pour les studios Disney.



  Dans cette histoire, le père de la jeune Ella, un marchand, s’est remarié après la mort tragique de la mère de la jeune fille. Pour l’amour de son père, Ella accueille à bras ouverts sa nouvelle belle-mère, Lady Tremaine, et ses filles Anastasia et Drisella. Mais lorsque le père d’Ella disparaît à son tour d’une manière aussi soudaine qu’inattendue, la jeune fille se retrouve à la merci de sa nouvelle famille, jalouse et cruelle. Les trois méchantes femmes font d’elle leur servante, et la surnomment avec mépris Cendrillon parce qu’elle est toujours couverte de cendres. Pourtant, malgré la cruauté dont elle est victime, Ella est déterminée à respecter la promesse faite à sa mère avant de mourir : elle sera courageuse et bonne. Elle ne se laissera aller ni au désespoir, ni au mépris envers ceux qui la maltraitent. Un jour, Ella rencontre un beau jeune homme dans la forêt. Ignorant qu’il s’agit d’un prince, elle le croit employé au palais. Ella a le sentiment d’avoir trouvé l’âme sœur. Une lueur d’espoir brûle dans son cœur, car le Palais a invité toutes les jeunes filles du pays à assister à un bal. Espérant y rencontrer à nouveau le charmant « Kit », Ella attend avec impatience de se rendre à la fête. Hélas, sa belle-mère lui défend d’y assister et réduit sa robe en pièces… Heureusement, comme dans tout bon conte de fées, la chance finira par lui sourire : une vieille mendiante fait son apparition, et à l’aide d’une citrouille et de quelques souris, elle va changer le destin de la jeune fille…


  Voilà une production disneyienne pure jus! En effet, forts du succès d'Alice au pays des merveilles, du Monde fantastique d'Oz, mais surtout du récent Maléfique, les studios Disney continuent leur franchise d'adaptations de contes classiques au cinéma. Mais plus qu'une simple transposition de l'un des textes fondateurs, le but est ici plus proche de celui visé par Maléfique, qui prenait surtout comme base de départ la première interprétation de la Belle au Bois Dormant en animation par Disney, et donc toute la mythologie propre à cette adaptation plutôt qu'au texte souche de Perrault ou de Grimm. Ici, la bande annonce affiche la couleur et on croirait à une version live du Cendrillon animé réalisé par Disney dans les années 50, à la réplique près! Le visuel est enchanteur à plus d'un titre, et le casting prestigieux... mais espérons que cette production saura exister pour elle-même et non seulement comme copié-collé filmé du dessin-animé...


Au programme en Juillet:

PAN, deJoe Wright pour Warner Bros.


  Proposant un nouveau regard sur l'origine des personnages légendaires créés par J.M. Barrie, le film s'attache à l'histoire d'un orphelin enlevé au Pays Imaginaire. Là-bas, il vivra une aventure palpitante et bravera maints dangers, tout en découvrant son destin : devenir le héros connu dans le monde entier sous le nom de Peter Pan.


  Attention les oreilles, petit moment d'euphorie : ... AAAAAAHHHHHHHHHHHH PETEEEER PAAAAAAN! *ahem*, désolé, mais ceux qui me connaissent savent que j'ai une relation toute particulière à ce conte, que j'honore chaque année d'une lecture thématique rituelle pour mon anniversaire. Alors là, une nouvelle variation autour des origines de Peter Pan, vraiment, c'est tout bonnement LA sortie 2015 que je ne louperai pas (et pour pousser le vice, tout comme la première du Alice de Burton où je me suis pointé déguisé en Mad Hatter, je pourrais bien aller voir ce Pan accoutré en Captiaine Crochet! =D). J'ai hâte de voir ce que cela va donner et si le fil aura des airs des préquelles déjà écrites ou tournées, à la façon de la BD de Loisel, de l'album Le journal de Peter, du roman Peter et la poussière d'étoile, ou encore de la mini-série Neverland : Peter Pan et le pays imaginaire de Scyfy... 




***

  Alors maintenant, on coche les cases du calendrier pour se tenir fin prêt devant les portes du ciné, et en attendant, on relit les classiques! Pour ma part, tout cela va certainement s'accompagner de mes traditionnels florilèges thématiques de livres pour chacune de ces sorties... (puisqu'on vous le dit, que je suis un obsessionnel ;)...)

mercredi 28 janvier 2015

Gourmandise littéraire : Lamingtons comme les aime Miss Fisher.



  Dans sa série policière Les folles enquêtes de Phryne Fisher, Kerry Greenwood restitue tout le faste insouciant des années 1920. Aussi, entre deux frasques de son héroïne indépendante et émancipée n'hésite-t-elle pas à glisser les détails culturels qui nous plongent dans le bouillonnement des Roaring Twenties, notamment tout ce qui touche à l'art culinaire de l'époque. Le tome 2, Trafic de haut vol, ne fait pas exception à la règle : après avoir retrouvé la fille kidnappée d'un célèbre aviateur, Miss Fisher est conviée à une petite fête en l'honneur de l'enfant. Y sont servis les pâtisseries et gourmandises les plus célèbre de l'Australie de l'époque, dont les fameux Lamingtons, particulièrement appréciés de notre héroïne détective...

  "Les gamins des rues étaient réunis devant le buffet, avec tous leurs mets préférés à portée de main. Lucy avait extrait une pomme d'amour de la bouche de Mickey pour lui faire manger du gâteau à la crème pendant qu'elle mangeait une grosse barre de chocolat comme une souris, et Jim et Elsie étaient plongés dans de la gelée arc-en-ciel jusqu'aux yeux... (...) Phryne venait de prendre un Lamington, par pure nostalgie..."


Les folles enquêtes de Phryne Fisher #2 "Trafic de haut vol", K.Greenwood, Editions 10/18, 2006 (chap.XIII).


  Les Lamingtons sont une spécialité toute australienne qui doivent leur nom à Lord Lamington, gouverneur du Queenland. Ces gâteaux, très appréciés des enfants et souvent servis aux goûters mais aussi lors des fêtes de Noël, se constituent en fait d'un biscuit de type génoise enrobé de chocolat et de noix de coco. S'ils sont parfois servis sous forme d'un gâteau unique, on les trouve plus souvent divisés en petites parts individuelles (en "squares"), plus commode pour êtres dégustés à un tea time. Comme beaucoup de pâtisseries, on retrouve les Lamingtons dans de nombreux autres pays et sous des noms différents, à l'exemple de la France où on peut les croiser sous l'intitulé de Pattes d'ours.

Ingrédients:

-Pour le biscuit:
 -2 œufs entiers
 -1 cuillère à soupe de sucre
 -1 cuillère à soupe de farine
 -1 sachet de levure chimique
 -1 cuillère à soupe de lait
 -1 cuillère à soupe d'huile
 -1 sachet de sucre vanillé

-Pour l'enrobage:
 -200g de chocolat noir pâtissier
 -1 cuillère à soupe d'eau
 -60g de sucre
 -25 cl de lait
 -120g de noix de coco râpée.

Réalisation:

-Pour le biscuit : Mélanger progressivement les ingrédients dans l'ordre indiqué jusqu'à l'obtention d'une pâte homogène. Verser le tout dans un plat à tarte ou un grand plat rectangulaire huilé, puis enfourner à thermostat 5 / 6 environ pour 30 minutes.
-Pour la sauce au chocolat : Faire fondre le chocolat avec la cuillère à soupe d'eau, ajouter le sucre et le lait tout en mélangeant en fouet à main jusqu'à obtenir une consistance lisse. Reserver.
-Une fois la génoise cuite, sortie du four et refroidie, la découper en carrés. A l'aide d'un pic, tremper chaque carré dans la sauce au chocolat pour les enrober, avant de les rouler dans la noix de coco. Poursuivre ainsi jusqu'à épuisement des ingrédients. Une fois les lamingtons terminés, les conserver dans une boite hermétique au réfrigérateur jusqu'au service.

  A déguster au tea time,  ou à une fête d'inspiration "Années folles", entre deux danses de Charleston, évidemment!



dimanche 25 janvier 2015

Les sorcières d'Astria #1, "Une funeste malédiction" - Marliese Arold

Der verhängnisvolle Fluch (Magic Grils #1), Ars Edition, 2008, 2011 - Editions Bayard Jeunesse (trad. de Sylvie Roussel), 2014.


  Accusé de pratiquer la Magie Noire, le sorcier Léon Bredov a été transformé en iguane, et sa famille a été déchue de ses biens. Une seule solution pour que les Bredov lavent leur honneur : ils doivent quitter leur monde, Astria, et partir incognito chez les humains pour étudier leurs moeurs et remettre à jour les connaissances des sorciers à leur sujet. C’est ainsi que toute la famille se retrouve chez les humains où tout les étonne. Cependant, la petite Éléna ne croit pas une seconde à la culpabilité de son père...  


***

   C'est tout à fait par hasard que je suis tombé sur cette nouveauté, premier tome d'une série allemande par une auteure apparemment renommée outre-Rhin. Si le ton de la trilogie des Charmettes m'avait rappelé le dessin-animé de mon enfance Les petites Sorcières, c'est ici la couverture illustrée par Lucie Durbiano qui m'a renvoyé à la même série, de par son style graphique pétillant très similaire. Mon attention ainsi retenue, le résumé finissait de me convaincre, rappelant fortement l'ambiance d'un Sabrina l'apprentie Sorcière ou Ma Sorcières Bien aimée, deux feuilletons qui ont captivé mes toutes jeunes années (... pas si lointaines *ahem*). Bref, parlons peu mais parlons bien, avec toute cette nostalgie réveillée, je ne me retenais pas longtemps avant de le mettre dans mon caddie!

 Des petites sorcières pour le visuel, à Ma sorcière bien aimée et Sabrina l'apprentie sorcière pour l'histoire,
autant de souvenirs qui me sont revenus en mémoire à la découverte de ce livre...

  L'histoire débute dans le monde d'Astria, royaume des sorciers qui ressemble fortement au nôtre, si ce n'est que la magie y est monnaie courante. Ce monde est d'ailleurs géré par un vrai gouvernement digne d'un État tout ce qu'il y a de plus moderne, aussi connait-il son lot de lois à ne pas enfreindre! D'ailleurs, Léon Bredov, accusé d'avoir pratiqué la Magie Noire, en a payé le prix : condamné à finir sa vie sous la forme d'un iguane, toute sa famille a en plus été déchue de ses privilèges. Voilà donc Yolanda, sa femme, et leurs enfants, Daphné, Eléna et Rufus, condamnés à vivre dans le quartier réservé aux parias et cantonné à la magie bas-de-gamme. Mais c'est sans compter l’excentrique Mona, matriarche haute en couleurs de la famille. Cette dernière propose à sa famille de partir en MAGEXIL, nom donné aux voyages prolongés des sorciers dans le monde des humains. Le but est purement scientifique : le magicien qui part en MAGEXIL doit en fait se fondre dans la masse pour récolter, consigner et ainsi agrandir les connaissances sur les mortels et leur mode de vie. Une vraie enquête sociologique de terrain, dont les résultats permettrait à la famille Bredov de retrouver leur honneur! Ni une ni deux, voilà toute la maisonnée qui s'installe dans notre monde... mais non sans difficulté et autres situations cocasses...

"La nouvelle maison des Bredov était impressionnante. Elle s'ornait de bow-windows, de tourelles, de balcons brodés de balustrades en pierre. Un coq en cuivre rouge était perché sur le toit et la cheminée était surmontée d'une girouette en forme de sorcière" (chap.5).

Mona et son chapeau?
  Verdict? Mes attentes furent pleinement satisfaites, car Les Sorcières d'Astria s'inscrivait tout à fait dans la lignée des références télévisuelles précédemment citées, mêlant magie et humour. En effet, tout comme dans Sabrina ou Ma Sorcière bien aimée, le monde des sorciers est cet "Autre Royaume" qui co-existe au nôtre, où la famille Bredov est contrainte de se rendre et de vivre sans la facilité de la magie. Le choc des cultures amène à des quiproquos pleins de drôlerie et des passages cocasses en diable, dus aux méconnaissances et incompréhensions de nos héroïnes (L'exemple le plus drôle étant celui de Mona se confectionnant un chapeau décoré d'un homard pour se fondre dans la masse, parce qu'elle a lu quelque part que "les humains aimaient le homard". Un accessoire de mode qui aura au moins de quoi retenir l'attention...).

  La magie est pensée avec humour et originalité, pleine d’amalgames facétieux et d'anachronismes. Là encore, on pense à Sabrina l'apprentie Sorcière avec son mélange de sorcellerie et de modernisme et son lot d'éléments détournés (dans la série, le grimoire de magie tenait plus du catalogue de commandes par correspondance et le grille-pain distribuait le courrier ; à Astria, les cheminées sont les services bas-de-gamme de livraison de colis, et on passe d'un monde à l'autre en prenant un escalator!).

 Couverture de l'édition originale allemande.

  Côté personnages, on s'attache à la jeune et discrète héroïne, Elena, qui fait tout pour se conformer à l'univers des mortels. Ses incertitudes et sa timidité face aux situations nouvelles permettront l'identification des jeunes lectrices, aussi grâce aux sentiments communs et éternels questionnements de la pré-adolescence et de toute vie collégienne. Pou les autres protagonistes, mention spéciale à Mona, sa grand-mère : cette rousse piquante et exubérante au style excentrique fait immédiatement penser à Endora de Ma sorcière bien aimée (oui, encore!), avec ses manières théâtrales et un humour que j'ai bien envie de qualifier de "sardonique" (sans omettre une aversion extrême pour son gendre!) ; le genre de personnage horripilant mais qu'on adore.
Mona : une nouvelle version d'Endora 
(ici jouée par Agnes Moorehead dans Ma sorcière bien aimée)

  Enfin, détail qui a son importance, le livre est enrichi d'une dimension graphique originale. Chaque chapitre est ourlé d'enluminures et entrecoupé d'encarts de journaux, d'impressions à l'ancienne, gravures, extraits de grimoires ou de quotidiens journalistiques du monde d'Astria. Ce petit plus esthétique apporte une touche sympathique et offre une immersion dans l'univers gentillement barré de ces sorcières...

 Quelques exemples des sympathiques enluminures et encarts illustrés intérieurs.

  En bref : Un petit roman fantastique rafraîchissant, sans prétention mais plein d'entrain. Dans la pure lignée de Ma Sorcière Bien aimée et de Sabrina l'apprentie sorcière, Les Sorcière d'Astria réactualise avec humour le thème de la sorcellerie avec des situations drolatiques à souhait, à grand renfort de trouvailles originales et d'un univers richement imaginé.

Pour aller plus loin:

dimanche 18 janvier 2015

Chapeau Melon et Bottes de Cuir #2 : "Drôles de Morts" - John Garforth

The Avengers #2 : "The laugh was on Lazarus", Berkley, 1967 - Éditions Solar, trad. de Marie-France Watkins, 1967 - Éditions Fleuve Noir (intégral), 1995.


  Qu'est-ce qu'un zombie? C'est un mort ressuscité qui se promène parmi les vivants. Élémentaire. Mais Mrs Peel n'appréciait pas. Elle avait peur, la chérie. Il faut avouer qu'il n'y a pas de quoi rire dans un cimetière, par une nuit noire, quand on se retrouve soudain enfermé dans un caveau avec des cadavres ambulants qui ne cherchent rien d'autre qu'à vous expédier là d'où ils viennent. Heureusement que Steed a plus d'un tour dans son parapluie roulé et qu'Emma est assez habile pour persuader un vicaire fou de ne pas bombarder le Pentagone à la bombe H. Encore une aventure pleine d'humour du couple numéro 1des feuilletons télévisés.


*** 


  Temps tristounet et froid au-dehors : voilà une atmosphère hivernale propre à la nostalgie de cette époque où l'on passait ses samedis après-midis devant les rediffusions Chapeau Melon et Bottes de Cuir. Quel meilleur remède, donc, pour panser la mélancolie passagère, que de s'offrir la lecture de l'une des novélisations de la série, justement conservée en cas de besoin ? Après les romans écrits par Patrick McNee lui-même (l'interprète du personnage principal à l'écran) et le premier ouvrage (tout juste réussi) adapté par John Garforth, essayons-nous à la seconde novélisation de ce dernier...

Couvertures des éditions originales anglaise et américaine.

  Le cimetière de Highgate est le théâtre d'événements étranges ces derniers temps : des morts y sortent des tombes! On y retrouve en effet plusieurs individus, officiellement décédés et inhumés, en train d'errer dans un état d'apathie évoquant les zombies des films d'horreur. Il n'en faut pas plus à Emma et Steed pour se lancer dans de nouvelles investigations. Entre deux planques nocturnes au cimetière et quelques cocktails au "Dragon", le pub qui a pignon sur rue de l'autre côté des grilles, nos deux agents remontent la piste jusqu'à un étrange laboratoire spécialisé dans la réanimation et les possibilité de vie après la mort. Là bas, les scientifiques ont même conservé le cerveau de leur défunt savant en chef dans du formol, afin de continuer à utiliser ses connaissances! Entre cet institut aux expériences douteuses et un vicaire extravagant qui se passionne pour l'affaire de façon obsessionnelle, Steed et Emma n'ont pas fini d'en voir...

Le célèbre cimetière de Highgate, qui sert de décor à l'histoire de J.Garforth, 
et le réel pub "the green dragon", qui a certainement inspiré le bar de de l'intrigue.

  Des quatre tomes assez critiqués écrits par J.Garforth, ce second opus est unanimement reconnu comme étant le plus réussi et le plus en accord avec l'esprit de la série. Et pour cause, la trame de fond n'est pas sans évoquer l'épisode Le mort vivant de la saison 5 (on y retrouve le décor très gothique du cimetière, les morts sortant de leur tombe, et même le pub avoisinant les tombes, où nos héros débattent de leur enquête entre deux verres). De plus, J.Garforth a la bonne idée de situer son histoire à Watford et Radlett (des lieux de tournage emblématiques de la série), auxquels il ajoute le décor du très célèbre cimetière de Highgate, la nécropole la plus renommée de Londres pour son cadre gothique en diable et ses nombreuses légendes de vampires et de fantômes...

  En comparaison du précédent opus (Le flambeur flambé), on notera cette fois des efforts appréciables dans l'écriture de l'auteur : le style est en effet d'une ambiance nettement plus "avengeresque", ponctué de nombreuses notes d'ironie et d'un sarcasme délicieusement décalés. Cette atmosphère va de paire avec la personnalité de Steed, fort bien restituée également et avec qui les thèmes de la religion ou de la vie après la mort sont tournés en dérision avec le flegme et la légèreté propres au personnage tel qu'on le connait. De plus, J.Garforth a la bonne idée de retenir l'attention des téléspectateurs les plus fans en glissant ça et là des détails bien connus de la série : des scènes d'appartements aux passages culinaires appétissants, jusqu'au bloc de ciment sculpté par Emma au beau milieu de son salon!


  Ces éléments bien choisis et bien restitué suffisent heureusement à compenser d'autres moins respectueux de l'univers télévisuel. En effet, certains passages souffrent encore du style naturellement cru et parfois même vulgaire de l'auteur, qui gâchent un peu les efforts de style et de subtilité fournis par Garforth ("chassez le naturel..."). Reste la scène finale au Pub du Dragon, pleine de non-sens et d'extravagance, pour clore l'histoire en beauté : on y retrouve nos deux héros "naturalisés" citoyens de Highgate selon l'antique tradition du district, au cours d'une soirée un peu trop arrosée qui se termine d'une façon bien cocasse!

Gravure représentant une cérémonie de naturalisation traditionnelle de Highgate, avec chapeau à cornes comme emblème!
... Imaginez donc ce que ça donnera avec Steed...

En bref: Meilleur que le premier tome du même auteur, cette seconde novélisation témoigne de vrais effort de subtilité de J.Garforth. Davantage dans l'esprit de la série, cette histoire pleine d'humour, so british à souhait, rappellera à juste titre l'épisode Le mort vivant et contentera les fans malgré quelques passages qui détonnent encore.


Et pour aller plus loin...

Gourmandise littéraire : Blinis et thé russe pour train de nuit - "Sophie et la Princesse des Loups".



  L'an dernier, le passionnant Sophie et la princesse des loups m'avait enchanté de son histoire pleine de mystère à la rencontre des fastueux palais de la Russie d'antan et de leurs secrets séculaires. Dans ce roman jeunesse au croisement du conte et de l'aventure, Cathryn Constable nous régalait de culture slave et, forcément, de spécialités culinaires russes

  La découverte commence très tôt et dans un cadre des plus atypiques : Sophie et son amie, tout juste arrivées en Russie, se retrouvent à voyager de nuit à bord d'un luxueux train vide de voyageurs filant à travers la campagne enneigée. A la fois inquiètes mais comme ensorcelées par la magie du moment et le faste du décor, elles se voient offrir un goûter traditionnel le temps du voyage...

***

" - Le train se conduit pratiquement tout seul, dit l'homme en souriant. J'aurai donc le temps de vous servir un pic-nique de Minuit avec votre premier verre d'authentique thé russe. Je vais préparer le samovar!
  Il se frotta les mains et fit un sourire radieux aux filles, comme s'il venait de leur faire un cadeau.(...)
  L'homme venait de réapparaitre avec une petite assiette de crêpes épaisses.
- Des blinis! annonça-t-il fièrement.
  Chaque crêpe était recouverte d'une cuillerée de crème épaisse avec des billes gris clair sur le dessus.
- Avec du caviar! (...)
  Yvan sortit un plateau chargé de verres et un petit bol de confiture rubis, puis tourna un robinet au-dessus du bec verseur. Du thé  brulant coula dans le premier verre.
- Mets une cuillerée de confiture dans ton thé, c'est comme ça que les Russes le boivent!
  Sophie remua la cuillerée de confiture dans le liquide sombre et fumant, puis porta le verre à sa bouche et huma son parfum fumé, amer, qui évoquait de l'écorce trempée dans du sucre."

Sophie et la princesse des loups, C.Constable, Gallimard Jeunesse, 2013 (chapitre 8).

***

Pour les blinis:

-Ingrédients (environ dix blinis):

 - 50 grammes de farine de seigle,
 - 50 grammes de farine blanche (ou 25 grammes de farine blanche et 25 grammes de farine d'épeautre)
 - 1/2 sachet de levure de boulanger,
 - 200 ml de lait tiède,
 - le blanc et le jaune séparés d'un œuf,
 - 5 grammes de sel,
 - une pincée de poivre,
 -Pour la garniture : crème aigre (ou crème fraiche épaisse classique, ou encore du yaourt bulgare épais) et des œufs de lompe ou d'autre poisson (à défaut de caviars, évidemment très onéreux).

-Préparation:

  Dans un grand récipient, mélanger les farines, le sel et le poivre. Réserver.
  Dans un autre récipient, délayer la levure dans 60 ml de lait avant d'ajouter le restant progressivement.
  Ajouter le jaune d’œuf au mélange de farines et incorporer petit à petit le mélange de levure pour former une pâte lisse. Couvrir d'un film et laisser reposer 1 heure au chaud.

  Battre le blanc d’œuf en neige pas trop ferme et l'incorporer à la pâte. Huiler et faire chauffer une petite poêle à fond épais.
  Verser environ 45ml de pâte pour faire une crêpe ronde de 10cm de diamètre. Laisser cuire jusqu'à ce que la surface commence à sécher. Retourner avec une spatule et faire cuire encore 1 à 2 minutes.
  Répéter l'opération jusqu'à épuisement de la pâte.

  Servir les blinis chauds, couverts d'une cuillerée de crème et d’œufs de lompe.


Pour le thé traditionnel russe:

-Ingrédients pour une théière d'environ 1,5 L:
 - 4 cuillères à café de thé Russian Earl Grey.
 -Confiture de cerise noire.

-Préparation:
  
  Faire porter l'eau à ébullition puis la verser dans la théière. Y laisser infuser le thé trois minutes.
  Retirer le thé puis verser le liquide dans les tasses que vous pourrez sucrer à votre convenance avec la confiture de cerise.


  Et il ne vous reste plus qu'à déguster le tout, en rêvant de paysages russes enneigés défilants depuis le wagon d'un train...

jeudi 15 janvier 2015

Souvenirs d'un Noël élisabéthain au fond d'un terrier enneigé...


Noël élisabéthain pour conte d'hiver shakespearien...

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 J'avais annoncé la couleur dans un récent article, peu de temps avant les fêtes de noël : mes aspirations étaient de nature élisabéthaines! Eh oui, encore tout habité des ambiances capiteuses post-médiévales de l'Angleterre des Tudors suite à ma lecture de la trilogie La maison du Magicien, je ne jurais plus que par Elizabeth I de toutes les vacances - pause solennelle : Goooood save the queeeeeen! - *ahem*, donc nous disions? Ah, oui...Une décoration appropriée était donc de rigueur! Ni une ni deux, je me suis mis en quête de fruits écarlates aux parfums épicés, que j'ai joint aux branchages de saison et aux cervidés dorés, sans oublier quelques verreries et autres pierreries royales en diable.
  Ajoutez à cela quelques musiques baroques d'époque (ou des reprises par les connus et reconnus Sting ou Loreena McKennit), ainsi que quelques séances à buller devant Elizabeth avec Cate Blanchet, et l'ambiance était quasi-parfaite pour ce Noël à la cour des Tudors!

Houx, biches et cerfs dorés, bougies épicées....

  Par ailleurs, devant mon obsession de la saison, Pouchky/Ficelleforever m'a envoyé une citation tout à fait appropriée à ma folie passagère, pour me taquiner gentillement :un extrait de Queen Lucia, de E.F.Benson. Lucia Lucas est une bourgeoise anglaise dans l'entre-deux guerre, qui se pique de Shakespearianisme et de Elisabethologie, au point d'en faire un art de vivre obsessionnel : 

  "Par la suite on ajouta aux deux maisons basses une aile nouvelle, perpendiculaire au corps du logis. Ce greffon avait un air un tout petit peu plus ostensiblement élisabéthain que le tronc sur lequel il était accroché car il abritait le fameux fumoir au sol jonché de paille avec un dressoir, où s'alignaient des chopes d'étain, aux fenêtres garnies de carreaux scellés de plomb et dont les vitres étaient si anciennes qu'on n'y voyait pratiquement pas au travers. Ce fumoir s'agrémentait d'une énorme cheminée encadrée de poutres de chêne avec, de part et d'autre du foyer équipé d'une plaque de fer, des sièges disposés dans un renfoncement sous le manteau. Un chaudron de fer pendait au-dessus du brasier. Ici, et bien que dans le reste de la maison Madame Lucas eût consenti, pour des raisons de commodité, à l'installation de la lumière électrique, nulle concession de ce genre. Des appliques murales supportaient des lampes de fer qui dispensaient une lumière falote de telle sorte que seules les personnes dotées d'une vue excellente parvenaient à lire sous cet éclairage...et encore! La lecture était rendue difficile du fait que les rayons du pupitre de table ne contenaient que quelques grimoires aux lettres noires entortillées datant au moins du début du dix-septième siècle et il vous fallait être dans un état d'âme furieusement élisabéthain pour vous y sentir à l'aise. Cependant Madame Lucas y passait souvent ses rares instants de loisir, jouant sur le virginal casé dans l'embrasure de la fenêtre, ou bien elle se faisait enfumer au feu de bois tandis que, les yeux tout larmoyants, elle déchiffrait Horace dans un volume d'Elzévir, plutôt tardif pour un incunable authentique mais une excellente affaire en tout cas. (...) Le jardin s'appelait jardin de Shakespeare et la plate-bande qui longeait les fenêtres de la salle à manger avait nom "bordure d'Ophélie" car elle ne comprenait que les fleurs que cette pauvre fille à l'esprit dérangé distribuait à ses amis alors qu'elle aurait dû être internée dans un asile de fous."

  Comme le ridicule ne tue pas, que je ne suis pas allergique à l'auto-dérision, et que que je me revendique amoureux du kitch et membre du parti vintage extrémiste, j'avoue sans honte aucune que je me reconnais presque dans cet extrait, qui m'a tout bonnement fait hurler de rire! 


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Et sous le sapin, dans tout ça?

  De l'utile (pneus toutes saisons, encore dans leur bel emballage M*chelin... pour une fois, on cède l'esthétique au pratique!) mais aussi, entre quelques cartes cadeaux, des petites bricoles toutes simples mais pleines d'attention comme je les aime (ne serait-ce que pour le plaisir, même quand on est grand, d'avoir des paquets cadeaux à déchiqueter en sautillant d'excitation!). De la part de Pouchky/Ficelleforever, que j'ai retrouvé au Fantomeeting annuel : un sachet de sauge du jardin, encore un superbe snood tricoté mains (un snood d'intérieur, oui, oui : il se renroule et se déroule selon que l'on ait plus ou moins froid, pour ne pas avoir à porter une écharpe qui risquerait de tremper dans la casserole pendant que l'on popotte!) et, le must du must, un VRAI DE VRAI CASSE-NOISETTE rapporté de Berlin, comme je ne pensais jamais en trouver un jour! Vraiment, je ne pensais être aussi gâté! De la part de ma tendre Clochette/TinkerBell: une collection de marque-pages glanés de-ci de-là, un délicieux thé "gâteau aux pommes viennois" et l'inimitable thé bio au chocolat des Aztèques, le tout accompagné du magnifique ouvrages de contes de Grimm réécrits par P.Pullman! De la part de Mum Rabbit, des petites choses toutes symboliques comme elle sait que je les affectionne : une toute nouvelle sacoche pour aller travailler (style "grand voyageur à la Phileas Fogg"), un peignoir british en diable (tout-tartan-tout-doux comme en ont Steed et S.Holmes eux-mêmes  =D), des chaussettes en laine contre le froid et ma circulation de schtoumpf, un torchon rétro à souhait pour aller avec ma cuisine de style bistrot , et une belle boite à biscuits spéciale gourmandises de Noël! De la part de Dad, le plus petit des potimarrons de son potager, un thé épicés et parfumé et -suprême merveille- un flacon de safran (production locale, qui plus est!).


  Et parce qu'il faut bien aussi se faire plaisir, le fantomeeting a été l'occasion de m'offrir, en la compagnie de mes amis fantophiles, une sortie au Théâtre Mogador pour assister au Bal des Vampires. C'est la première fois que j'assistais à une comédie musicale et j'en suis encore subjugué : le spectacle était une merveille technique et artistique, un régal "gothmantique" pour les yeux et les oreilles. =D
  Pour ce qui est des autres auto-cadeaux, le fantomeeting sur Paris était l'occasion de passer par la Griffe-Noire, la célèbre librairie de Gérard Collard!  J'y ai trouvé un ouvrage documentaire sur Shakespeare pour satisfaire mes aspiration élisabéthaines, un superbe album de La Belle et la Bête illustré par David Sala, et le livre Histoires de Dickens illustrées de chez Usborne, récemment chroniqué. Pour continuer mes décorations lapin, j'ai également déniché un compagnon à mon fauteuil crapaud : un coussin rabbit qui avait été définitivement conçu pour rejoindre mon intérieur (quoi, moi, obsessionnel? pff, n'importe quoi!).
  Enfin, toujours dans la famille du petit animal à grandes oreilles, il était difficile de ne pas craquer pour l'agenda 2015 de Benjamin Lacombe, illustré pour sa couverture du célèbre personnage d'Alice au Pays des Merveilles ^_^'.


  Mon Dieu, j'allais presque oublier le colis hivernal de Pouchky! Peu de temps avant les retrouvailles au fantomeeting, Miss Ficelleforever m'avait déjà bien gâté avec un paquet aux dimensions gigantesques, dont on se demande comment il avait pu voyager sans exploser, tant il était exagérément bien garnis! Au menu : Des thés de Noël de toutes sortes dans une jolie boîte, de la tisane anti-froid, des potages bio, les chants de Noël de Loreena McKennit (ahah, encore elle!), une écharpe de plusieurs kilomètres de points mousse toute douce, sans oublier de quoi décorer, lire et gribouiller avec ce joli carnet "out of Narnia"! =D le genre de chose que j'adore trouver dans ma boite à lettres et qui me comble de joie!


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Côté bricolage et fourneaux, ça dit quoi?

  Pour Noël, je n'étais pas en reste non plus côté bricolages à offrir! Commençons donc avec le traditionnel paquet hivernal thématique pour Pouchky/Ficelleforever, justement! Vous me taperez sur les doigts si vous voulez, mais le paquet en question était bien évidemment lui aussi marqué du sceau de la Reine Elizabeth et d'une ambiance de conte hivernal toute shakespearienne! Hop hop, une boite en carton rhabillée avec quelques chutes de papier rocher patinées de doré à l'extérieur, et d'échantillons de tapisserie à l'intérieur, et voilà un coffret médiéval plus vrai que nature (qui eut cru que c'était un paquet à enveloppe, avant? ^^).


  Et au dedans? quelques flyers moyenâgeux minutieusement récoltés, de la décoration de Noël et un éteignoir à tête de cerf de Noël dignes d'un pavillon de chasse médiéval, des dessous de verre home made façon miniatures royales à l'effigie de la Reine Vierge et de son soupirant Robert Dudley,  et le film Anonymous (avec la sublime Vanessa Redgrave en Reine Elizabeth). N'oublions pas quelques gourmandises : un pain d'épices à l'ancienne et les "caissettes de Wassy", spécialité régionale qui auraient été conçues par Mary Stuart elle-même lors de son séjour près de chez nous (une pâtisserie on ne peut plus appropriée à ce paquet, non?). Enfin, la pièce maîtresse de ce paquet était une réalisation en pâte fimo - en "trompe l'oeil", je dirais : la reproduction d'une broche ayant appartenu à la Reine Vierge, d'après un tutoriel trouvé dans l'excellent ouvrage Bijoux de musée à faire soi-même (oui oui, même la perle est en polymère!).


  Du coup, bien échauffé par ce défi créatif et contaminé par l'enthousiasme bricoleur de Mum Rabbit (qui m'a, au passage, volé une partie de mes outils de modelage), j'ai repris avec elle notre "fimotage" pour quelques cadeaux de Noël, notamment des boucles d'oreilles originales : paquets cadeaux dignes d'une soirée de réveillon, ou encore ces pelotes de laine plus vraies que nature et ces vrais-faux sablés que l'on aurait presque envie de croquer avec un thé! Enfin, petit cadeau d'inspiration très "couture" pour ma chère et tendre Clochette/Tinkerbell : un sautoir décoré du chapeau du Mad Hatter (le mérite de la création revient à Madame Lapin, qui, je crois, n'a plus rien à apprendre côté modelage...). Et pour pousser le souci du détail jusqu'au bout, pourquoi ne pas offrir les similo-gourmandises dans des boites métalliques customisées en boites à biscuits?

Petits paquets cadeaux et sablés alsaciens à pendre aux oreilles, bijoux en fausses pelotes de laine, sautoir 'chapelier fou', 
et boites à biscuits thèmes Noël et Boulotte (la célèbre comparse gourmande de Fantômette)




  Continuons avec les loisirs réellement comestibles : La popote et les casseroles! Ma toute nouvelle boite à biscuits aura été baptisée avec ma première fournée de speculoos faits maison, tandis que j'aurais affronté les premiers froids de l'hiver avec des plats de saison bien revigorants. Au menu : un curry végétarien sur riz safrané (pour l'exotisme) et mon premier pot-au-feu de légumes accompagné d'une palette à la Diable (pour la tradition). =D


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  Deux semaines bien remplies qui ont donc passé beaucoup trop vite, mais dont le contenu aura permis de se ressourcer sur bien des points! Maintenant que votre humble serviteur est remonté à bloc pour affronter l'hiver, il peut de nouveau sortir de son terrier entre deux pages de lecture à chroniquer, armé de son appareil photo pour gambader dans la neige qui s'est récemment installée ici. Quelques clichés en attendant un bel album photo hivernal au prochain article de blabla saisonnier:


Valons enneigés, pommes d'hiver et -véridique!- framboises du 25 Décembre!...

  Rendez-vous au prochain épisode! ;-)